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Actu Maroc

Le Maroc, futur dragon de l’industrie vaccinale


Rédigé par Saâd JAFRI Mardi 6 Juillet 2021

Le Maroc vient de franchir le premier pas vers la création d’un pôle d’excellence biopharmaceutique en Afrique, en signant des conventions relatives au projet de fabrication et de mise en seringue du vaccin anti-Covid-19.



Pas plus de 13 pays produisent actuellement ou ont la possibilité de produire localement les vaccins anti-Covid et grâce à la convention signée, lundi, au Palais Royal de Fès, sous la présidence de SM le Roi Mohammed VI, le Maroc fait désormais partie du « club select » des producteurs.

Ce projet qui s’inscrit dans le prolongement de l’entretien téléphonique du 31 août 2020 entre le Souverain et Xi Jinping, Président de la République Populaire de Chine, et qui mobilisera un investissement global de l’ordre de 500 millions de dollars, vise à promouvoir l’autosuffisance du Royaume et de faire du Maroc une plateforme de biotechnologie de premier plan à l’échelle du continent africain et du monde dans le domaine de l’industrie du « fill & finish ».

«Le mémorandum relatif à la coopération pour le remplissage et la mise en seringue du vaccin anti Covid-19 entre l’État marocain et le groupe chinois Sinopharm apportera un soutien solide à la prévention et au contrôle de la pandémie au Maroc», a affirmé Liu Jengzhen, Président-Directeur général du Groupe Sinopharm, qui s’exprimait en distanciel depuis Pékin lors de la cérémonie de lancement et de signature de ce projet d’envergure. «Le projet participera également à la prévention et au contrôle de la pandémie au niveau mondial», a-t-il poursuivi, notant que ce projet permettra de renforcer la résilience sanitaire des peuples du Royaume et de l’Afrique, comme il apportera une contribution importante à la consolidation de l’amitié sino-marocaine. Cela dit, le choix du Maroc comme partenaire dénote d’un certain pragmatisme, du fait que les relations sino-marocaines ont passé ces dernières années à la vitesse supérieure à la faveur des liens diplomatiques solides liant les deux pays et d’une volonté partagée d’insuffler une nouvelle dynamique à la coopération bilatérale multisectorielle.

D’autant plus qu’avec sa situation géographique de hub nord-africain, sans oublier son statut de leader régional et continental de l’industrie pharmaceutique, le Maroc se profile comme l’un des alliés les plus stratégiques et les plus fiables que la Chine puisse espérer au niveau du continent africain pour la production, la commercialisation et la distribution de son futur vaccin.

Vers une production de masse

Concrètement, le projet mis en branle vise à démarrer à court terme avec une capacité de production mensuelle de 5 millions de doses de vaccin anti Covid-19, avant de passer à la vitesse supérieure à moyen terme. Une telle production contribuerait à l’amélioration de la sécurité sanitaire nationale, comme elle favorisera les échanges avec les États partenaires africains en exportant dans les meilleurs délais les futurs vaccins nécessaires pour anticiper les vagues pandémiques. Selon Samir Machour, vice-président de Samsung Biologics, qui était également présent lors de la cérémonie de lancement et de signature, la vision Royale s’articule autour de trois étapes importantes, dont la première est une phase d’urgence, qui démarrera immédiatement. Cette étape, précise-t-il, permettra au Royaume d’utiliser la capacité de remplissage en flacons ou en seringues préremplies déjà existantes dans le pays. Une phase consiste plus spécifiquement à enclencher une coopération technique entre Sinopharm et la société Sothema, et ce, sous la supervision et en partenariat avec les ministères de tutelle, notamment le ministère de la Santé, le ministère des Affaires Etrangères.

La deuxième phase, qui démarrera en parallèle avec la première, implique un partenariat avec la société Recipharm (voir article ci-contre), le cinquième fabricant de médicaments dans le monde (CMO), un site de production de vaccins et de biothérapies ayant un niveau qualitatif et des standards réglementaires reconnus mondialement.

S’agissant de la dernière étape, le vice-président de Samsung Biologics indique qu’elle consiste à mettre en place un écosystème permettant au Maroc de faire partie des grands de ce monde, «reconnu comme plateforme sérieuse et crédible de développement et de production de vaccins et biothérapies vrac et produits finis».

Somme toute, le Royaume a désormais franchi la première véritable étape pour produire des vaccins anti-Covid 100% «Made in Morocco», et ce, dans un contexte où la bataille commerciale sur les vaccins bat son plein et l’ombre d’une nouvelle vague de contaminations plane sous nos cieux, suite à la propagation rapide des variants du virus. Aujourd’hui, tout l’enjeu est de mettre en place une stratégie bien ficelée à même d’attirer d’autres investisseurs, surtout que bon nombre de laboratoires nationaux maîtrisent déjà la technologie de l’injectable stérile, préalable indispensable à la fabrication des vaccins. Avec quelques adaptations des installations existantes, le Royaume pourrait donc devenir un hub industriel pharmaceutique à part entière.

« Le Maroc dispose d’une base solide qui garantit une production continue du vaccin »
Ali Sedrati, président de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP), a répondu à nos questions sur les conventions relatives au projet de fabrication et de mise en seringue des vaccins au Maroc.

- Que représente la signature de conventions relatives au projet de fabrication et de mise en seringue du vaccin anti Covid-19 au Maroc ?

- Ces conventions confirment la volonté de SM le Roi Mohammed VI d’assurer le bien-être de nos concitoyens, sans oublier la souveraineté du Maroc en matière de médicaments, de produits stratégiques et de vaccins. Ce projet reflète aussi la philosophie audacieuse et solidaire du Souverain à l’égard des pays de l’Afrique. Cette nouvelle étape franchie par le Maroc est source de grande fierté pour nous et c’est ce genre d’initiatives qui nous donne plus confiance en notre travail. Ainsi, l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP) assure son engagement total pour accompagner et soutenir ces initiatives royales dans l’intérêt des citoyens d’Afrique.

- Le Maroc dispose-t-il des infrastructures nécessaires pour produire les vaccins anti-Covid ?

- Nous avons toutes les compétences humaines nécessaires pour produire le vaccin localement. Nous avons aussi des laboratoires comme Sothema ou Pharma V qui en ont déjà les prérequis techniques et technologiques permettant d’assurer le « fill & finish » du vaccin anti-Covid. Il y a aussi des membres de notre fédération qui sont en discussion depuis plusieurs mois avec de potentiels partenaires, en vue de développer la production des vaccins. Donc, le Maroc dispose d’une base solide qui garantit une production continue des doses anti-Covid, sachant que les conventions signées prévoient également l’échange du savoir et des technologies.

- Pourrait-on s’attendre dans un futur proche à une production de vaccins entièrement marocains ?

- Il y a des compétences marocaines capables de créer et développer des vaccins 100% marocains, sauf qu’il faut se rendre à la réalité que la fabrication des vaccins, notamment ceux anti-Covid, nécessite beaucoup de moyens financiers et de ressources humaines. D’ailleurs, vous remarquerez que peu de pays ont travaillé sur le vaccin anti-Covid, puisqu’il dépend des brevets, de l’économie d’échelle et des ressources humaines. Ainsi, le projet lancé, lundi, par SM le Roi, va au-delà de la mise en seringue, il va également s’intéresser à la fabrication de A à Z, ça veut dire tout un apport technologique d’experts nationaux et internationaux, ce qui va permettre de développer ce secteur stratégique pour le pays.
 

Recipharm : Le continent en ligne de mire

L’un des principaux acquis des conventions conclues le lundi 05 juillet reste la diversification des acteurs pharmaceutiques au Maroc. Là où l’implantation de Sinopharm était programmée et s’inscrit dans le cadre de la coopération entre Rabat et Beijing, l’arrivée des Suédois de Recipharm vient ancrer l’approche multipolaire de la future plateforme biopharmaceutique marocaine.

La future unité de fabrication de Recipharm a vocation à se hisser en tant que « centre d’excellence de remplissage de vaccins injectables par voie parentérale au service du peuple marocain et de l’ensemble du continent africain », a précisé Marc Funk, directeur général de Recipharm. Le groupe suédois prévoit ainsi le déploiement d’une unité industrielle qui devrait occuper une superficie de 42 hectares. Ce site qui devrait être opérationnel en 2023 est appelé à devenir une version sous stéroïde de l’usine française de Monts qui devrait signifier un apport considérable en termes de transfert de technologie et aura une orientation largement tournée vers l’export.

Cette implantation vise ainsi à renforcer les campagnes de vaccination en Afrique, dont plusieurs pays dépendent en majeure partie des envois du programme Covax. Ce projet devrait également renforcer l’accès à moindre prix des pays africains aux futurs produits de biothérapie. Un segment qui représente un vecteur essentiel pour anticiper les futures vagues de maladies infectieuses endémiques ou pandémiques qui risquent de s’abattre sur le continent.








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