I - La coopération Sud-Sud
Dès le seuil de son règne, le Roi Mohammed VI a fait de la coopération Sud -Sud la pierre angulaire de la politique étrangère du Royaume. A chacune des visites du Roi, les nombreuses quantités d’accords de coopération donnaient un contenu à son crédo-africain. Près de 1000 accords ont conduit à la réalisation de grands investissements dans les payés visités dans l’immobilier, l’infrastructure, les banques, l’industrie, l’agriculture, les télécommunications, les mines, les finances. Ainsi le modèle de co-développement économique mis en place est mutuellement bénéfique.
La vision Royale pour la coopération a rompu avec les équations classiques de coopération. En effet le Souverain a inauguré un partenariat axé sur le co-dévelpppement dont la valeur est basée sur le respect et la création des richesses communes.
Sur le plan international, le Roi Mohammed VI n’a pas cessé d’appeler pour le changement de paradigme des rapports entre l’Europe et l’Afrique, comme en témoignent ses discours d’Abidjan, de Riad, d’Ethiopie à l’occasion du retour du Maroc à l’Union Africaine.
En effet, il n’a pas cessé de mettre en garde contre la fracture diplomatique entre l’Europe et l’Afrique. Les européens n’ont pris connaissance que tardivement du fossé existant entre les deux continents ; d’où le nouvel partenariat proposé par l’UE aux Africains lors du sommet des 17 et 18 février 2022 à Bruxelles. L’Union Européenne a constaté qu’elle est en perte du terrain devant d’autres compétiteurs, qui ratissent large en Afrique
En évoquant les possibilités d’investissements sur le continent, les dirigeants africains ont souhaité à cette occasion un changement d’état d’esprit pour passer d’une relation donateur bénéficiaire à celle de partenariat. Ce concept de partenariat égalitaire a été repris dans la déclaration finale dudit sommet.
II Partenariat novateur Maroc-Emirats Arabe Unis
SM le Roi Mohammed VI et Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyan, président de l’Etat des Emirats Arabe Unis ont signé des mémorandums d’entente les 4 et 5 décembre 2023 pour mettre en place un modèle de coopération économique et d’investissement global par le biais de projets structurants dans les secteurs sociaux économiques et des infrastructures.
Cette dynamique de coopération vertueuse concerne les secteurs : Transport TGV, ports, aéroports, flotte marchande, Dakhla Gate Way to Africa, eau potable, agriculture, transition énergétique, immobilier, tourisme, gazoduc Maroc-Nigeria, formation et emploi.
La mise sur pied de ces partenariats communs pionniers cibleront les marchés régionaux et internationaux notamment dans l’espace africain. Ils cristallisent de nouvelles dynamiques dans la marche du monde.
Cette nouvelle architecture révèle un mouvement de fond qui affecte le marché des capitaux, un marqueur des relations internationales. Les fonds Emiratis ne cherchent pas à imposer des conditions au développement de leurs partenaires. Ce n’est pas un capitalisme vorace. Les EAU ont des excédents, ils veulent les placer efficacement et en diversifiant leurs économies.
Il convient de rappeler à cet égard que le Maroc et les Emirats-Arabes-Unis ont le même mode de vie, une proximité culturelle, une fraternité, une amitié et une solidarité remontant aux Roi Hassan II et Cheikh Sultan ben Zayed al nahyan.
Les E A U gèrent à bon escient leur épargne et les convertissent en même temps en vecteurs d’influence. Ainsi ils sont devenus un acteur sur la scène régionale et internationale ; leur entrée en BRICS en est la marque la plus tangible.
De son coté, le Maroc est une destination séduisante. Il a de nombreux atouts : une population jeune avec un niveau d’éducation, des ressources naturelles, des infrastructures, une économie libérale desserrée des contraintes, des perspectives de croissance prometteuses.
Ainsi, le Maroc et les EAU conscients des défis économiques et politiques majeurs accompagnent la mondialisation et cherchent des aménagements dans la structure existante. C’est un nouveau modèle de co- développement qui place les deux pays dans une trajectoire de convergence.
III - Le Maroc est une locomotive de développement en Afrique
Le Maroc détient des atouts pour exercer une force d’attraction et d’entraînement en Afrique.
C’est un Etat pivot à la jonction de deux continents, ouvert sur le monde par deux façades maritimes ; cela le dispose â être un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique à la croisée des routes maritimes entre l’Europe, le Moyen Orient, l’Afrique et l’Ouest et les Amériques.
Le Royaume a parfaitement conscience de l’avantage que représente sa situation géographique. Il profite de son attractivité et de sa position comme hub d’investissements pour l’Afrique afin d’attirer les multinationales.
Rabat mène aussi une politique multilatérale de rapprochement avec de nombreux acteurs stratégiques. Il s’appuie sur ses forces, ses alliances avec d’autres pays pour faire triompher ses ambitions. Son économie est l’une des plus modernes et des plus actives du continent africain. Il n’a cessé d’appeler lors des forums et des tribunes internationales d’accorder une importance cruciale à une renaissance de l’Afrique à la mesure de ses aspirations et de ses potentialités.
A- Sur le plan institutionnel
a- La zone de libre échange (ZiELKA)
Le Maroc est parmi les pays favorables à la liberté du commerce. Il a signé plus 50 accords de libre échange. Au moment où cette zone a suscité des inquiétudes chez certains pays africains, le Maroc a livré un message positif avant même de réintégrer l’Union Africaine lors de la conférence du sommet extraordinaire sur la zone de libre-échange continentale qui s’est tenu du 17 au 21 mars à Kigali : « La création de la zone de libre-échange la plus large au monde avec la population la plus jeune du monde représente un acte majeur de notre volonté commune de construire l’Afrique de demain »,
« En effet, elle inaugure de nouvelles perspectives, de nouvelles pratiques et de nouveaux mécanismes de solidarité. Une zone de libre-échange continentale stimule les capacités, le savoir, l’intelligence et surtout répond à l’envie et au désir de notre jeunesse de construire une Afrique forte et intégrée » a affirmé SM le Roi Mohammed VI dans son discours prononcé par Saad Eddine El Othmani.
B - La façade Atlantique de l’Afrique une plate forme de co-développement
Le 6 novembre 2023 à l’occasion de la commémoration de la marche verte SM le Roi a prononcé un discours historique soulignant la nécessité d’un plan de développement pour le Sahara et la côte atlantique de l’Afrique « si, par sa façade méditerranéenne, le Maroc est solidement arrimé à l’Europe, son versant atlantique lui ouvre, quant à lui, un accès complet sur l’Afrique et une fenêtre sur l’espace américain. »
Dans cet espace, SM le Roi ambitionne « d’entreprendre une mise à niveau nationale du littoral, incluant la façade atlantique du Sahara marocain. » Il s’est attaché à ce que cet espace géopolitique fasse l’objet d’une structuration de portée africaine, « un haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration, un foyer de rayonnement continental et international. »
Le Souverain est résolu à mener à bonne fin les projets d’envergure qui y sont lancés et de doter les provinces du Sud des services et des infrastructures indispensables à leur développement économique. L’économie intégrée dont bénéficient la région et sa population doit reposer sur les investissements des secteurs de la pêche, de dessalement de l’eau à des fins agricoles, de l’économie bleue, des énergies renouvelables, des prospections des ressources naturelles offshores et du tourisme.
SM le Roi, a évoqué « le projet stratégique du gazoduc Maroc-Nigéria, considéré comme un levier d’intégration régionale visant à réunir les conditions d’un décollage économique commun, à enclencher une dynamique propice au développement de la banda atlantique. Cette entreprise constituera aussi une source sûre d’approvisionnement des pays européens en énergie. »
Ainsi, est esquissée une nouvelle vision géopolitique et géostratégique d’une portée continentale incluant les payés enclavés.
C- L’accès des Etats du Sahel à l’Océan Atlantique
Dans le discours précité SM le Roi Mohammed VI a lancé une initiative de portée internationale favorisant l’accès des Etats de Sahel à l’Océan Atlantique pour résoudre les difficultés et les problèmes aux quels ils se trouvent confrontés en raison de leur enclavement. Selon SM le Roi « La solution ne peut être exclusivement sécuritaire ou militaire, mais elle doit se fonder sur une approche de coopération et de développement commun.» Le Monarque est « convaincu que cette initiative transformera substantiellement l’économie de ces pays frères et au delà, toute la région ; le Maroc est disposé à mettre à leur disposition ses infrastructures routières portuaires et ferroviaires.»
Cette vision, il faut le rappeler a commencé par l’organisation de trois réunions ministérielles dans le cadre du processus des Etats africains de l’Atlantique (PEAA). Ces réunions ont vu la participation de 20 Etats africains, soulignant leur engagement politique à mettre en œuvre un partenariat politique centré sur la façade atlantique.
Pour concrétiser cette initiative, Bourita Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l étranger a organisé le 23 décembre 2023 une réunion avec les chefs de la diplomatie du Burkina-Faso, du Mali, du Niger et du Tchad qui ont exprimé à cette occasion leur adhésion à cette initiative internationale de SM le Roi Mohammed VI, Initiative selon eux salutaire et en parfaite articulation avec leurs pays enclavés.
Depuis son intronisation SM le Roi Mohammed VI n’a cessé de mobiliser tous les moyens pour créer les conditions optimales de développement de l’Afrique et d’en faire un acteur influent sur la scène internationale.
En effet le Maroc est impliqué dans les différentes dossiers et chantiers de l’Afrique pour réussir le pari de développement .Notre pays est pour la mutualisation des ressources de développement, il est un grand investisseur. Il s’est imposé comme l’un des principaux investisseurs internationaux en Afrique aves des investissements directs étrangers (IDE) évalués à environ 4 milliards de dollars en 2020 dans des projets d’envergure, de développement durable. SM est leader en matière de climat, de migration, en matière d’assistance humanitaire, de sécurité et de paix. Elle offre sa médiation pour la résolution des crises en Afrique et dans d’autres régions.
Le Souverain est fortement impliqué dans une diplomatie religieuse .En effet, depuis son intronisation il a déployé tous ses efforts pour promouvoir le dialogue interreligieux et promouvoir la paix dans le monde. Rabat a entrepris la définition d’un modèle d’encadrement de l’enseignement et des pratiques religieuses comme levier contre l’extrémisme.
La visite au Maroc, jeudi 2 mars 2023 du Commissaire européen à la politique de voisinage et à l’élargissement Oliver Varhelyi a été marquée par la signature de 5 programmes coopération d’un montant de 5.5 milliards de dirhams , et sa déclaration : « Le Maroc est un pays phare et un pilier de stabilité dans la région mettant l’accent sur l’extrême importance du partenariat Maroc UE ;le responsable européen a mis en avant la difficulté de trouver des partenaires stables comme le Maroc dans un contexte mondial marqué par des multiples défis.
Dans sa déclaration datée du 13 décembre 2022, le Ministère allemand des Affaires étrangères a qualifié le Maroc de « lien important entre le Nord et le Sud, à la fois politiquement, culturellement et économiquement », et de « partenaire clé » de l’Union européenne et de l’Allemagne en Afrique du Nord. Le Ministère soulignait en outre que le Maroc « joue un rôle important dans la stabilité et le développement durable de la région ».
L’initiative de SM le Roi Mohammed VI pour les pays de la façade Atlantique et des pays enclavés du Sahel fait l’objet d’une attention particulière des observateurs et des acteurs internationaux, tant elle présage d’une nouvelle configuration des rapports politiques et économiques sur l’échiquier international.
Dr Driss CHABI