Le mérou, poisson emblématique de la Méditerranée, est une espèce très convoitée par les chasseurs sous-marins. Cette pression, dont il fait l’objet, suscite souvent l’inquiétude des écologistes et des scientifiques qui craignent que les populations de mérous ne soient surexploitées. La cause à effet entre chasse et disparition du mérou a d’ailleurs clairement été établie par la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM) lors de sa 17ème mission scientifique de recensement des mérous menée la semaine dernière au large de Marseille : après la période de confinement où la chasse sous-marine s’est arrêtée, le nombre des mérous a sensiblement augmenté. « Au Maroc comme dans le reste de la Méditerranée, le mérou est menacé par la destruction de ses habitats et par la surpêche des mollusques et céphalopodes dont il se nourrit. La pression la plus importante vient cependant du braconnage et de la chasse sous-marine », confirme Houssine Nibani, biologiste et président de l’Association de Gestion Intégrée des Ressources qui s’active dans la conservation de la biodiversité du Parc National d’Al Hoceima.
Un poisson impressionnant
Le mérou brun de Méditerranée peut vivre plusieurs décennies (30 à 50 ans) et atteindre une taille de 1m40 pour un poids de 65 kg. Sédentaire et le plus souvent individuel, ce colosse des mers évolue dans les profondeurs rocheuses où il établit son périmètre dans des cavités pour trôner placidement parmi les autres espèces des habitats coralligènes. « Le fait qu’il soit inféodé à ce genre de biotopes marins riches en biodiversité, en fait un excellent bio-indicateur : quand il est là, c’est généralement une bonne nouvelle pour tout l’écosystème où il se trouve », explique Houssine Nibani. À cause de la taille qu’il peut atteindre, de son comportement et aussi de sa chair savoureuse, le mérou est un vrai saint Graal pour les amateurs de chasse sous marine. Il y a quelques décennies, il était encore possible de trouver sur les marchés de la façade méditerranéenne des mérous de grandes tailles chassés à proximité des côtes.
Une espèce qui s’est raréfiée
« À l’époque, les gens au Nord du Maroc l’appelait « Haouli » (mouton en Darija, ndlr) parce qu’il était grand et savoureux », raconte Houssine Nibani en ajoutant que cette abondance des gros calibres n’est plus d’actualité. « Les mérous qui sont consommés de nos jours sont le plus souvent de taille minimale. L’espèce a régressé surtout dans les habitats qui ne sont pas éloignés de la côte. Dans les profondeurs qui se trouvent au large, les mérous de très grande taille vivent encore dans des zones souvent peu étudiées », ajoute le biologiste. Contacté par nos soins, Younes Baghdidi, président de l’association Abtal Fnideq pour la Plongée Sous-Marine et la Protection de l’Environnement (AFPSMPE), relativise : « Notre activité nous permet d’observer la vie marine directement et régulièrement. Nous avons ainsi pu constater que les côtes méditerranéennes du Royaume hébergeaient encore des quantités non négligeables de mérous dont la majorité des individus est de petite taille ».
Confusion entre chasseur et braconnier
Les amateurs de chasse sous-marine au Maroc tiennent par ailleurs à « lever une confusion qui porte préjudice à leur réputation ». Younes Baghdidi nous explique ainsi que beaucoup de personnes confondent entre les chasseurs apnéistes qui ont des autorisations et qui sont engagés dans des associations et les individus qui font du braconnage illégal le plus souvent munis de bonbonnes d’oxygène. « Parmi tous ceux qui font de la plongée au Maroc, il n y a qu’une infime partie qui est assez qualifiée et expérimentée pour chasser le mérou. Les membres de notre communauté s’engagent à respecter la loi et assument leur responsabilité. Nous avons même demandé aux autorités d’étendre la période de repos biologique du mérou pour qu’elle englobe les deux dernières semaines de juin et les deux premières semaines de septembre », justifie le plongeur en précisant que cette suggestion est motivée par les observations de certains membres de l’association qui ont vu que la période de reproduction du mérou commence avant juillet et se prolonger au-delà d’août. « Il est important de faire la différence entre chasse durable et légale et braconnage illégal et destructeur, car, en tant que sportifs, les plongeurs de notre communauté veillent à ne pas nuire à la viabilité de l’espèce », assure le président des plongeurs de Fnideq.
Un poisson impressionnant
Le mérou brun de Méditerranée peut vivre plusieurs décennies (30 à 50 ans) et atteindre une taille de 1m40 pour un poids de 65 kg. Sédentaire et le plus souvent individuel, ce colosse des mers évolue dans les profondeurs rocheuses où il établit son périmètre dans des cavités pour trôner placidement parmi les autres espèces des habitats coralligènes. « Le fait qu’il soit inféodé à ce genre de biotopes marins riches en biodiversité, en fait un excellent bio-indicateur : quand il est là, c’est généralement une bonne nouvelle pour tout l’écosystème où il se trouve », explique Houssine Nibani. À cause de la taille qu’il peut atteindre, de son comportement et aussi de sa chair savoureuse, le mérou est un vrai saint Graal pour les amateurs de chasse sous marine. Il y a quelques décennies, il était encore possible de trouver sur les marchés de la façade méditerranéenne des mérous de grandes tailles chassés à proximité des côtes.
Une espèce qui s’est raréfiée
« À l’époque, les gens au Nord du Maroc l’appelait « Haouli » (mouton en Darija, ndlr) parce qu’il était grand et savoureux », raconte Houssine Nibani en ajoutant que cette abondance des gros calibres n’est plus d’actualité. « Les mérous qui sont consommés de nos jours sont le plus souvent de taille minimale. L’espèce a régressé surtout dans les habitats qui ne sont pas éloignés de la côte. Dans les profondeurs qui se trouvent au large, les mérous de très grande taille vivent encore dans des zones souvent peu étudiées », ajoute le biologiste. Contacté par nos soins, Younes Baghdidi, président de l’association Abtal Fnideq pour la Plongée Sous-Marine et la Protection de l’Environnement (AFPSMPE), relativise : « Notre activité nous permet d’observer la vie marine directement et régulièrement. Nous avons ainsi pu constater que les côtes méditerranéennes du Royaume hébergeaient encore des quantités non négligeables de mérous dont la majorité des individus est de petite taille ».
Confusion entre chasseur et braconnier
Les amateurs de chasse sous-marine au Maroc tiennent par ailleurs à « lever une confusion qui porte préjudice à leur réputation ». Younes Baghdidi nous explique ainsi que beaucoup de personnes confondent entre les chasseurs apnéistes qui ont des autorisations et qui sont engagés dans des associations et les individus qui font du braconnage illégal le plus souvent munis de bonbonnes d’oxygène. « Parmi tous ceux qui font de la plongée au Maroc, il n y a qu’une infime partie qui est assez qualifiée et expérimentée pour chasser le mérou. Les membres de notre communauté s’engagent à respecter la loi et assument leur responsabilité. Nous avons même demandé aux autorités d’étendre la période de repos biologique du mérou pour qu’elle englobe les deux dernières semaines de juin et les deux premières semaines de septembre », justifie le plongeur en précisant que cette suggestion est motivée par les observations de certains membres de l’association qui ont vu que la période de reproduction du mérou commence avant juillet et se prolonger au-delà d’août. « Il est important de faire la différence entre chasse durable et légale et braconnage illégal et destructeur, car, en tant que sportifs, les plongeurs de notre communauté veillent à ne pas nuire à la viabilité de l’espèce », assure le président des plongeurs de Fnideq.
Oussama ABAOUSS
Encadré
Société civile : Campagne de sensibilisation et de nettoyage des plages de Fahs-Anjra
Quand ce ne sont pas les associations des amateurs de plongée sous-marine qui prennent l’initiative d’organiser des opérations de nettoyage du fond marin, c’est la société environnementaliste « terrestre » qui se charge de nettoyer les diverses plages du littoral. La dernière activité en date a été menée du 1er au 3 septembre par l’association Oued Méditerranéen dont les membres ont pu collecter environ 2,13 tonnes de déchets sur les plages de la commune de Ksar Seghir dans la province de Fahs-Anjra. L’événement organisé sous le signe “Pour un espace marin propre” a ciblé les plages qui connaissent une importante affluence des vacanciers, notamment la plage de Zahara, d’Ezzeraraa et de Dahdah. Selon un communiqué de l’association, les déchets collectés par les jeunes bénévoles étaient principalement composés de canettes et de bouteilles en plastique et en verre. « L’affluence importante des vacanciers durant cet été sur ces plages a constitué une pression environnementale vu l’impact des déchets sur l’environnement local », indique la même source. La campagne éducative a par ailleurs eu pour objectif de sensibiliser aux dangers de la pollution marine et d’impliquer davantage les jeunes dans la préservation de l’environnement. A noter qu’à partir du 26 août, les autorités locales de la province de Fahs Anjra avaient décidé de fermer les plages de la province, dans le cadre du renforcement des mesures de prévention visant à lutter contre la propagation du nouveau Coronavirus (Covid-19).
Quand ce ne sont pas les associations des amateurs de plongée sous-marine qui prennent l’initiative d’organiser des opérations de nettoyage du fond marin, c’est la société environnementaliste « terrestre » qui se charge de nettoyer les diverses plages du littoral. La dernière activité en date a été menée du 1er au 3 septembre par l’association Oued Méditerranéen dont les membres ont pu collecter environ 2,13 tonnes de déchets sur les plages de la commune de Ksar Seghir dans la province de Fahs-Anjra. L’événement organisé sous le signe “Pour un espace marin propre” a ciblé les plages qui connaissent une importante affluence des vacanciers, notamment la plage de Zahara, d’Ezzeraraa et de Dahdah. Selon un communiqué de l’association, les déchets collectés par les jeunes bénévoles étaient principalement composés de canettes et de bouteilles en plastique et en verre. « L’affluence importante des vacanciers durant cet été sur ces plages a constitué une pression environnementale vu l’impact des déchets sur l’environnement local », indique la même source. La campagne éducative a par ailleurs eu pour objectif de sensibiliser aux dangers de la pollution marine et d’impliquer davantage les jeunes dans la préservation de l’environnement. A noter qu’à partir du 26 août, les autorités locales de la province de Fahs Anjra avaient décidé de fermer les plages de la province, dans le cadre du renforcement des mesures de prévention visant à lutter contre la propagation du nouveau Coronavirus (Covid-19).
3 questions à Younes Baghdidi, amateur de plongée sous-marine
Younes Baghdidi
La chasse sous-marine, un sport qui attire les femmes
Coordinateur de l’Union Marocaines des Associations de Chasse Sportive Sous-Marine et président de l’association Abtal Fnideq pour la Plongée Sous-Marine et la Protection de l’Environnement, Younes Baghdidi répond à nos questions.
- Est-ce que la chasse sous-marine est un sport qui devient de plus en plus populaire au Maroc ?
- C’est une activité sportive de loisir qui a été pratiqué par plusieurs Marocains depuis l’indépendance surtout sur la façade méditerranéenne. Actuellement, les amateurs de chasse sous-marine sont effectivement de plus en plus nombreux. L’activité continue
cependant à se concentrer principalement sur la façade méditerranéenne puisque les conditions pour la plongée y sont meilleures. En plus des hommes, il y a également des jeunes femmes qui commencent à pratiquer ce sport. Dans notre association, nous avons 2 filles qui sont déjà formées et une vingtaine qui sont en formation.
- Qu’en est-il des clubs et associations de chasse sous-marine dans le Royaume ?
À partir de 2005, de plus en plus de clubs et d’associations dédiés à ce sport ont commencé à voir le jour. D’abord à Tanger, puis dans d’autres régions de la façade méditerranéenne. Ces organismes ont beaucoup contribué à encadrer cette activité et à former les amateurs qui veulent évoluer dans ce sport de loisir.
- Est-ce que ces organismes font des efforts pour structurer la pratique de ce sport à un niveau national ?
C’est le cas. Depuis 2015, toutes ces associations ont commencé à intégrer une union nationale afin de coordonner et structurer ce sport au niveau du Royaume, organiser des sessions de formation et éventuellement donner aux meilleurs plongeurs marocains l’opportunité de représenter le Maroc dans les compétitions internationales.
Coordinateur de l’Union Marocaines des Associations de Chasse Sportive Sous-Marine et président de l’association Abtal Fnideq pour la Plongée Sous-Marine et la Protection de l’Environnement, Younes Baghdidi répond à nos questions.
- Est-ce que la chasse sous-marine est un sport qui devient de plus en plus populaire au Maroc ?
- C’est une activité sportive de loisir qui a été pratiqué par plusieurs Marocains depuis l’indépendance surtout sur la façade méditerranéenne. Actuellement, les amateurs de chasse sous-marine sont effectivement de plus en plus nombreux. L’activité continue
cependant à se concentrer principalement sur la façade méditerranéenne puisque les conditions pour la plongée y sont meilleures. En plus des hommes, il y a également des jeunes femmes qui commencent à pratiquer ce sport. Dans notre association, nous avons 2 filles qui sont déjà formées et une vingtaine qui sont en formation.
- Qu’en est-il des clubs et associations de chasse sous-marine dans le Royaume ?
À partir de 2005, de plus en plus de clubs et d’associations dédiés à ce sport ont commencé à voir le jour. D’abord à Tanger, puis dans d’autres régions de la façade méditerranéenne. Ces organismes ont beaucoup contribué à encadrer cette activité et à former les amateurs qui veulent évoluer dans ce sport de loisir.
- Est-ce que ces organismes font des efforts pour structurer la pratique de ce sport à un niveau national ?
C’est le cas. Depuis 2015, toutes ces associations ont commencé à intégrer une union nationale afin de coordonner et structurer ce sport au niveau du Royaume, organiser des sessions de formation et éventuellement donner aux meilleurs plongeurs marocains l’opportunité de représenter le Maroc dans les compétitions internationales.
Recueillis par O. A.
Repères
Mérou madame ou mérou monsieur ?
L’une des particularités du mérou est qu’il possède une glande hermaphrodite. Celle-ci est capable de produire des gamètes femelles puis mâles. Le poisson n’a pas de sexe déterminé jusqu’à l’âge de 4 ou 5 ans. Il devient alors femelle et à ce stade mesure entre 40 à 50 centimètres. Vers l’âge de 10 à 14 ans (entre 60 et 70 centimètres) il se produit un changement de sexe qui transforme le poisson en mâle qui terminera sa vie sous cette forme. On parle alors d’un mode de reproduction protérogynique.
Efforts de conservation du mérou
Menacé par le prélèvement excessif et, par la destruction de ses habitats, le mérou est protégé à l’échelle internationale par la Convention de Berne de 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. Au Maroc, sa pêche/chasse est interdite durant les mois de juillet et d’août durant lesquels a lieu sa période de repos biologique. En 1993, il a été classé espèce protégée et cette décision semble porter ses fruits puisqu’il réapparaît timidement dans quelques grottes du littoral.