La petite entreprise de communication et d’évènementiel, de Reda M., commençait tout juste à être bénéficiaire quand le confinement du printemps a ralenti ses activités. Aujourd’hui, la progression fulgurante du Coronavirus et un possible reconfinement risquent bien de l’achever.
Ce jeune entrepreneur passionné par le monde des affaires n’en a aucun doute: il pourra «mettre la clef sous la porte» si le gouvernement décrète un nouveau confinement. Ça sera la fin de son entreprise ouverte il y a 3 ans, dans les nouveaux quartiers de l’Oulfa à la capitale économique du Royaume, grâce à des années d’épargnes.
Un peu plus loin, dans le fameux souk «Korea», un des centres névralgiques du commerce à Casablanca, Hamid jeune trentenaire, chef d’une petite entreprise de céramique, craint fort le reconfinement qui selon lui «va enfoncer le clou». Son entreprise vendait sa production (vases, articles de tables et autres) aux commerçants locaux, en exportant une partie vers l’Europe, notamment en France et en Espagne. En décembre 2019, elle a réalisé son premier vrai bénéfice mensuel, après deux ans de labeur, envolé sitôt le confinement a été acté en mars dernier. «Une décision qui nous a été difficile que ce soit sur le plan financier ou moral», soupire Hamid, qui s’est retrouvé obligé de laisser partir deux de ses salariés pour apaiser sa trésorerie. S’agissant des perspectives d’avenir, ce jeune commerçant ne cache pas sa peur en signalant : «Les déclarations des dirigeants nous font peur et si vraiment ils prévoient un deuxième confinement, c’est qu’ils nous condamnent à la faillite».
En effet, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, a averti la semaine dernière que la situation est «préoccupante» du fait que le pays comptabilise des milliers de nouveaux cas Covid quotidiennement, alors que le secteur de la Santé accuse de plusieurs défaillances. Cela dit l’Exécutif, ne compte pas pour l’instant de suivre l’exemple de la France, de l’Angleterre ou encore quelques autres pays d’Europe de l’Ouest ayant reconfiné leur population. Néanmoins, Saâd Dine El Othmani, a clairement fait savoir, mardi à la Chambre des conseillers qui abritait la séance mensuelle des questions orales sur les politiques publiques, que si la situation sanitaire se dégradait davantage, le retour au confinement serait une option fortement envisageable.
Ne pas casser la relance !
Après avoir travaillé des années comme, biscuitière au sein de la célèbre enseigne de pâtisserie Amoud, Nadia, qui débute la quatrième décennie de sa vie, a ouvert en janvier un petit café dans les ruelles de d’Agdal à Rabat. Sinistrée par la crise, elle nous a informé qu’après l’annonce du déconfinement progressif, «le service de livraison et à empoter qui a été proposé par les autorités a aidé un peu à rester à flot, mais nos revenus ont chuté de plus de la moitié (…) nous avons donc été obligé de licencier un de nos serveurs et réduire les salaires du reste du personnel», déclare-t-elle. Et d’ajouter: «le trafic revient petit à petit et si les autorités décident d’un nouveau confinement, ça va complétement casser notre modeste relance».
«Il ne faut pas prendre une décision hâtive», nous déclarent nos interlocuteurs, qui n’ont pas manqué de pointé du doigt l’inefficacité de la première stratégie menée par le gouvernement pour endiguer la propagation du virus: «Nous avons été cloitrés dans nos maisons pendant cinq mois, et pour quel résultat?», s’interrogent-ils.
Le vice-président de l’Alliance des économistes istiqlaliens, Amine Nejjar, est du même avis. Il appelle à une décision qui soit mûrement réfléchie, vu les conséquences socio-économiques d’une telle mesure. Il ne faut pas négliger les conséquences dramatiques de cette décision sur les petites entreprises qui arrivent à peine à tirer leur épingle du jeu, et ce, à un moment où la trésorerie de l’Etat connait une pression inédite, indique-t-on. Ainsi, au lieu de reconfiner « il faut aller plus loin dans l’effort de sensibilisation sur la nécessité du respect des gestes barrières», précise Amine Nejjar.
Critiqué pour sa gestion de la pandémie, le gouvernement promet un programme de relance, doté d’une enveloppe globale équivalente à 11% du PIB. Néanmoins, les TPME sont sceptiques, Hamza Zahir, directeur de l’entreprise Digital Promedia, ait peur que «seule une partie des entreprises puisse bénéficier des aides de l’Etat». Dans ce sillage, il a également pointé du doigt le manque d’engagement des banques pour soutenir les entreprises en crise «du fait du manque de visibilité sur les tendances du marché». En cas d’un reconfinement, ce jeune entrepreneur s’attend encore une fois à ce que «les banques bloquent les crédits, au moment où durcissent les critères de sélection, puisque le retour sur investissement n’est pas garanti».
Très méfiants, les TPME, qui représentent 95% du tissu économique marocain, affirment que les mécanismes de relance actuels clairement ne répondent pas à leurs besoins de survie, ainsi, la moindre des choses serait de ne pas les mettre hors travail.
Ce jeune entrepreneur passionné par le monde des affaires n’en a aucun doute: il pourra «mettre la clef sous la porte» si le gouvernement décrète un nouveau confinement. Ça sera la fin de son entreprise ouverte il y a 3 ans, dans les nouveaux quartiers de l’Oulfa à la capitale économique du Royaume, grâce à des années d’épargnes.
Un peu plus loin, dans le fameux souk «Korea», un des centres névralgiques du commerce à Casablanca, Hamid jeune trentenaire, chef d’une petite entreprise de céramique, craint fort le reconfinement qui selon lui «va enfoncer le clou». Son entreprise vendait sa production (vases, articles de tables et autres) aux commerçants locaux, en exportant une partie vers l’Europe, notamment en France et en Espagne. En décembre 2019, elle a réalisé son premier vrai bénéfice mensuel, après deux ans de labeur, envolé sitôt le confinement a été acté en mars dernier. «Une décision qui nous a été difficile que ce soit sur le plan financier ou moral», soupire Hamid, qui s’est retrouvé obligé de laisser partir deux de ses salariés pour apaiser sa trésorerie. S’agissant des perspectives d’avenir, ce jeune commerçant ne cache pas sa peur en signalant : «Les déclarations des dirigeants nous font peur et si vraiment ils prévoient un deuxième confinement, c’est qu’ils nous condamnent à la faillite».
En effet, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, a averti la semaine dernière que la situation est «préoccupante» du fait que le pays comptabilise des milliers de nouveaux cas Covid quotidiennement, alors que le secteur de la Santé accuse de plusieurs défaillances. Cela dit l’Exécutif, ne compte pas pour l’instant de suivre l’exemple de la France, de l’Angleterre ou encore quelques autres pays d’Europe de l’Ouest ayant reconfiné leur population. Néanmoins, Saâd Dine El Othmani, a clairement fait savoir, mardi à la Chambre des conseillers qui abritait la séance mensuelle des questions orales sur les politiques publiques, que si la situation sanitaire se dégradait davantage, le retour au confinement serait une option fortement envisageable.
Ne pas casser la relance !
Après avoir travaillé des années comme, biscuitière au sein de la célèbre enseigne de pâtisserie Amoud, Nadia, qui débute la quatrième décennie de sa vie, a ouvert en janvier un petit café dans les ruelles de d’Agdal à Rabat. Sinistrée par la crise, elle nous a informé qu’après l’annonce du déconfinement progressif, «le service de livraison et à empoter qui a été proposé par les autorités a aidé un peu à rester à flot, mais nos revenus ont chuté de plus de la moitié (…) nous avons donc été obligé de licencier un de nos serveurs et réduire les salaires du reste du personnel», déclare-t-elle. Et d’ajouter: «le trafic revient petit à petit et si les autorités décident d’un nouveau confinement, ça va complétement casser notre modeste relance».
«Il ne faut pas prendre une décision hâtive», nous déclarent nos interlocuteurs, qui n’ont pas manqué de pointé du doigt l’inefficacité de la première stratégie menée par le gouvernement pour endiguer la propagation du virus: «Nous avons été cloitrés dans nos maisons pendant cinq mois, et pour quel résultat?», s’interrogent-ils.
Le vice-président de l’Alliance des économistes istiqlaliens, Amine Nejjar, est du même avis. Il appelle à une décision qui soit mûrement réfléchie, vu les conséquences socio-économiques d’une telle mesure. Il ne faut pas négliger les conséquences dramatiques de cette décision sur les petites entreprises qui arrivent à peine à tirer leur épingle du jeu, et ce, à un moment où la trésorerie de l’Etat connait une pression inédite, indique-t-on. Ainsi, au lieu de reconfiner « il faut aller plus loin dans l’effort de sensibilisation sur la nécessité du respect des gestes barrières», précise Amine Nejjar.
Critiqué pour sa gestion de la pandémie, le gouvernement promet un programme de relance, doté d’une enveloppe globale équivalente à 11% du PIB. Néanmoins, les TPME sont sceptiques, Hamza Zahir, directeur de l’entreprise Digital Promedia, ait peur que «seule une partie des entreprises puisse bénéficier des aides de l’Etat». Dans ce sillage, il a également pointé du doigt le manque d’engagement des banques pour soutenir les entreprises en crise «du fait du manque de visibilité sur les tendances du marché». En cas d’un reconfinement, ce jeune entrepreneur s’attend encore une fois à ce que «les banques bloquent les crédits, au moment où durcissent les critères de sélection, puisque le retour sur investissement n’est pas garanti».
Très méfiants, les TPME, qui représentent 95% du tissu économique marocain, affirment que les mécanismes de relance actuels clairement ne répondent pas à leurs besoins de survie, ainsi, la moindre des choses serait de ne pas les mettre hors travail.
Saâd JAFRI