Pour un observateur extérieur, le fracas médiatique au sujet des casernes-pions sur l’échiquier géopolitique maroco-algérien tient plus du spectacle que d’un grand jeu. À l’ère où même des groupes armés sont capables de monter de manière artisanale des missiles balistiques et des drones à plus de la centaine de kilomètres de portée, où les satellites surveillent le moindre mouvement ou concentration de troupes, des casernes situées à proximité des frontières n’ont plus la même importance stratégique que jadis.
Bravoure virtuelle et paranoïa réelle
Conscient de la vacuité de la menace marocaine dénoncée et cherchant à justifier la dépense à engager dans la construction d’une base de l’Armée Nationale Populaire (ANP) à titre de « réciprocité » et afin que l’Algérie assure « la protection de ses frontières » et sa « sécurité nationale », les responsables algériens se sont cru obligés de s’enfoncer encore plus dans le ridicule.
La caserne des FAR en construction aux environs de Jérada, dont la taille même affiche les modestes ambitions, abriterait du matériel israélien d’espionnage électronique, fait-on filtrer dans la presse du pays voisin ! Avec, en musique de fond, le thème récurrent des films James Bond… Les agents du Mossad doivent s’en esclaffer.
Il y a dans ce message de vulgaire propagande tous les ingrédients de la politique-fiction par laquelle le régime algérien tente de garder la population algérienne hypnotisée.
Le sempiternel et providentiel ennemi « Maroc » est encore une fois désigné par Alger du doigt, même si c’est pour un motif totalement fictif, pourvu que les Algériens daignent oublier un peu le Hirak, pour l’instant confiné. « Le projet marocain est clairement dirigé contre l’Algérie », écrit un site d’information algérien.
Sachant que le « projet » en question n’est autre que l’édification d’une caserne des FAR juste destinée à améliorer le bien-être de la troupe, on mesure le degré de paranoïa dans lequel est maintenue la population algérienne.
Fusil braqué dans la mauvaise direction
Il s’agit également, pour Alger, de noircir cet ennemi marocain auprès de son opinion publique par l’accusation de collaboration avec Israël.
Et pour se donner une importance illusoire, qui fait justement cruellement défaut dans la réalité, faire croire aux Algériens que leur régime fait quelque chose pour la Palestine au point que les Israéliens ressentiraient le besoin de l’espionner. L’éventualité du transfert de la technologie algérienne de mauvaise gouvernance aux territoires palestiniens donnerait des sueurs froides à Tel-Aviv.
A voir la ribambelle de casernes algériennes étalées à quelques kilomètres des frontières Nord-Ouest avec le Maroc, on se demande si une telle démonstration de force, à l’importance stratégique toute relative, vaut les investissements qui lui ont été consacrés. On ne déploie pas des troupes, des blindés, de l’artillerie, des radars et des batteries anti-aériennes pour lutter contre la contre-bande.
Plus au Sud, à Tindouf, à 30 kilomètres des frontières avec le Maroc, le déploiement est encore plus consistant. C’est le parapluie militaire assuré aux mercenaires du polisario, le caillou placé par l’Algérie dans le soulier du Maroc, dernier vestige d’une stratégie de nuisance déployée par l’Algérie du temps où les pétrodollars coulaient à flot. Les moyens n’y sont plus, mais la haine est tenace.
Les « yeux qui voient tout »
Les dirigeants algériens savent pertinemment que le Maroc ne nourrit aucune ambition militaire hostile à son voisin de l’Est, ce qu’ils craignent vraiment est de le voir accélérer son développement une fois débarrassé de l’entrave polisarienne. C’est la même logique, d’ailleurs, qui explique le maintien des frontières fermées entre les deux pays. Le questionnement de touristes algériens sur la manière dont leur voisin de l’Ouest, sans richesses pétrolières, parvient à faire mieux que le leur, en termes d’aménagements et d’infrastructures, est plus dangereux qu’une salve de missiles.
Le message marocain est beaucoup plus subtil. Les photos des casernes algériennes sur les frontières avec le Royaume pourraient provenir des satellites de surveillance Mohamed VI A et B, lancés respectivement en novembre 2017 et 2018. Avec ses « yeux qui voient tout », alerte précoce et actions préventives deviennent aisées. Pas de bêtises, on vous tient à l’oeil.
Aucun pays voisin de l’Algérie, le Maroc pas moins que la Tunisie, la Mauritanie ou le Mali, ne tient à la voir déstabilisée, et ce, même si les intérêts divergent, au risque d’en subir les conséquences. La véritable menace pour l’Algérie provient de ses frontières Est, celles avec une Libye totalement déchirée par la guerre civile, où s’affrontent différentes milices et groupes de mercenaires contrôlés par différents acteurs régionaux.
Le régime algérien ne s’entend vraiment avec aucun des deux camps libyens opposés, même s’il a fini par se ranger dans le camp dirigé par les Emirats Arabes Unis, qui appuie le piètre maréchal Khalifa Haftar, ainsi que l’Egypte, la Russie, la France et… Israël.
Les Algériens savent donc qu’au moins en ce qui concerne la politique de leur régime relative à la Libye, les Israéliens n’ont nul besoin de base d’écoute pour en connaître le contenu.
L’hystérie jusqu’à l’épuisement
Il est difficile de qualifier ce que font les dirigeants algériens aux frontières avec le Maroc de stratégie, puisque ne répondant à aucune logique. Ils se dépensent en inutiles fortifications à l’Ouest, alors que le péril se profile à l’Est et qu’à l’intérieur même du pays gronde la colère populaire.
Il faut croire que l’hostilité envers le Maroc est tellement bien ancrée dans l’inconscient collectif des dirigeants algériens qu’elle tient non seulement lieu de boussole de ses politiques de défense et étrangère, mais aussi de principe invariant même si les temps changent. Jusqu’à l’épuisement des ressources encore disponibles, puisque le constat de faillite idéologique, politique et économique du régime a déjà été fait par les Algériens.
Face aux bases militaires à l’Est de l’Oued Isly, commerçants et hôteliers de la région de l’Oriental ne craignent pas du tout une invasion de touristes du pays voisins. Le soft power marocain se rit des crises d’hystérie militaristes d’Al Mouradia.
Bravoure virtuelle et paranoïa réelle
Conscient de la vacuité de la menace marocaine dénoncée et cherchant à justifier la dépense à engager dans la construction d’une base de l’Armée Nationale Populaire (ANP) à titre de « réciprocité » et afin que l’Algérie assure « la protection de ses frontières » et sa « sécurité nationale », les responsables algériens se sont cru obligés de s’enfoncer encore plus dans le ridicule.
La caserne des FAR en construction aux environs de Jérada, dont la taille même affiche les modestes ambitions, abriterait du matériel israélien d’espionnage électronique, fait-on filtrer dans la presse du pays voisin ! Avec, en musique de fond, le thème récurrent des films James Bond… Les agents du Mossad doivent s’en esclaffer.
Il y a dans ce message de vulgaire propagande tous les ingrédients de la politique-fiction par laquelle le régime algérien tente de garder la population algérienne hypnotisée.
Le sempiternel et providentiel ennemi « Maroc » est encore une fois désigné par Alger du doigt, même si c’est pour un motif totalement fictif, pourvu que les Algériens daignent oublier un peu le Hirak, pour l’instant confiné. « Le projet marocain est clairement dirigé contre l’Algérie », écrit un site d’information algérien.
Sachant que le « projet » en question n’est autre que l’édification d’une caserne des FAR juste destinée à améliorer le bien-être de la troupe, on mesure le degré de paranoïa dans lequel est maintenue la population algérienne.
Fusil braqué dans la mauvaise direction
Il s’agit également, pour Alger, de noircir cet ennemi marocain auprès de son opinion publique par l’accusation de collaboration avec Israël.
Et pour se donner une importance illusoire, qui fait justement cruellement défaut dans la réalité, faire croire aux Algériens que leur régime fait quelque chose pour la Palestine au point que les Israéliens ressentiraient le besoin de l’espionner. L’éventualité du transfert de la technologie algérienne de mauvaise gouvernance aux territoires palestiniens donnerait des sueurs froides à Tel-Aviv.
A voir la ribambelle de casernes algériennes étalées à quelques kilomètres des frontières Nord-Ouest avec le Maroc, on se demande si une telle démonstration de force, à l’importance stratégique toute relative, vaut les investissements qui lui ont été consacrés. On ne déploie pas des troupes, des blindés, de l’artillerie, des radars et des batteries anti-aériennes pour lutter contre la contre-bande.
Plus au Sud, à Tindouf, à 30 kilomètres des frontières avec le Maroc, le déploiement est encore plus consistant. C’est le parapluie militaire assuré aux mercenaires du polisario, le caillou placé par l’Algérie dans le soulier du Maroc, dernier vestige d’une stratégie de nuisance déployée par l’Algérie du temps où les pétrodollars coulaient à flot. Les moyens n’y sont plus, mais la haine est tenace.
Les « yeux qui voient tout »
Les dirigeants algériens savent pertinemment que le Maroc ne nourrit aucune ambition militaire hostile à son voisin de l’Est, ce qu’ils craignent vraiment est de le voir accélérer son développement une fois débarrassé de l’entrave polisarienne. C’est la même logique, d’ailleurs, qui explique le maintien des frontières fermées entre les deux pays. Le questionnement de touristes algériens sur la manière dont leur voisin de l’Ouest, sans richesses pétrolières, parvient à faire mieux que le leur, en termes d’aménagements et d’infrastructures, est plus dangereux qu’une salve de missiles.
Le message marocain est beaucoup plus subtil. Les photos des casernes algériennes sur les frontières avec le Royaume pourraient provenir des satellites de surveillance Mohamed VI A et B, lancés respectivement en novembre 2017 et 2018. Avec ses « yeux qui voient tout », alerte précoce et actions préventives deviennent aisées. Pas de bêtises, on vous tient à l’oeil.
Aucun pays voisin de l’Algérie, le Maroc pas moins que la Tunisie, la Mauritanie ou le Mali, ne tient à la voir déstabilisée, et ce, même si les intérêts divergent, au risque d’en subir les conséquences. La véritable menace pour l’Algérie provient de ses frontières Est, celles avec une Libye totalement déchirée par la guerre civile, où s’affrontent différentes milices et groupes de mercenaires contrôlés par différents acteurs régionaux.
Le régime algérien ne s’entend vraiment avec aucun des deux camps libyens opposés, même s’il a fini par se ranger dans le camp dirigé par les Emirats Arabes Unis, qui appuie le piètre maréchal Khalifa Haftar, ainsi que l’Egypte, la Russie, la France et… Israël.
Les Algériens savent donc qu’au moins en ce qui concerne la politique de leur régime relative à la Libye, les Israéliens n’ont nul besoin de base d’écoute pour en connaître le contenu.
L’hystérie jusqu’à l’épuisement
Il est difficile de qualifier ce que font les dirigeants algériens aux frontières avec le Maroc de stratégie, puisque ne répondant à aucune logique. Ils se dépensent en inutiles fortifications à l’Ouest, alors que le péril se profile à l’Est et qu’à l’intérieur même du pays gronde la colère populaire.
Il faut croire que l’hostilité envers le Maroc est tellement bien ancrée dans l’inconscient collectif des dirigeants algériens qu’elle tient non seulement lieu de boussole de ses politiques de défense et étrangère, mais aussi de principe invariant même si les temps changent. Jusqu’à l’épuisement des ressources encore disponibles, puisque le constat de faillite idéologique, politique et économique du régime a déjà été fait par les Algériens.
Face aux bases militaires à l’Est de l’Oued Isly, commerçants et hôteliers de la région de l’Oriental ne craignent pas du tout une invasion de touristes du pays voisins. Le soft power marocain se rit des crises d’hystérie militaristes d’Al Mouradia.
Ahmed NAJI
Repères
Tebboune prêche dans le désert de Libye
Plus le président algérien Tebboune prêche la fin des hostilités et une réconciliation entre les parties en conflit, dont l’Algérie serait la médiatrice médiatisée, moins il semble se faire entendre. Le fracas des armes ne semble pas prêt de se taire en Libye, plusieurs puissances régionales s’y affrontant par proxy interposés. Grande perdante, avec la Tunisie, de l’internationalisation du conflit en Libye, l’Algérie s’accroche à un autre plan perdant, celui de la conférence de Berlin. Dans la partie de pugilat Erdogan et Sissi, Tebboune n’a pas sa place.
L’hémorragie du polisario se poursuit
Au matin du jeudi 16 juillet, un officier de la milice du polisario se présente devant le mur de sécurité et se livre aux Forces Armées Royales. Monté à bord d’un véhicule 4x4 et armé d’un fusil d’assaut Kalachnikov et d’un chargeur, il a fuit les camps de la honte de Lahmada, en Algérie, où il occupait pourtant une fonction de cadre militaire. Le déploiement de la puissance de l’Armée Nationale Populaire ne semble pas dissuader les polisariens qui le peuvent de fuir l’enfer de Tindouf. Plus de casernes aux frontières Sud-Ouest ?
Entre forumistes
Pour commenter cette affaire de casernes aux frontières entre le Maroc et l’Algérie et les photos satellites publiées à ce sujet par le site Farmaroc, un forum d’observateurs passionnés des questions militaires, l’agence de presse russe Sputnik a fait appel aux lumières d’un journaliste algérien spécialisé en matière de défense, Akram Kharif, qui se trouve lui-même être un forumiste dans le site algérien équivalent à celui de Farmaroc. La blogosphère des passionnés maghrébins du domaine militaire a la cote.