La journée du jeudi 12 mars et surtout celle du vendredi 13 constituent des tournants décisifs dans le feuilleton morbide de l’épidémie de Coronavirus qui s’installe parmi nous. Jeudi soir, le regard grave, le teint livide et le ton tremblant, Emmanuel Macron, Président de la république française, énonce un discours très suivi au Maroc. Il y proclame la fermeture des écoles et l’instauration d’un presque état d’urgence sanitaire dans l’Hexagone. Vendredi, les rumeurs concernant la fermeture des écoles au Maroc se confirment. Un communiqué diffusé par le ministère de l’Education nationale informe de l’entrée en vigueur de cette mesure le lundi 16 mars, ainsi que sa compensation par la mise en place d’un programme de «e-learning» et d’apprentissage à domicile qui, pour le moment, suscite plus de scepticisme que d’enthousiasme parmi les parents d’élèves déboussolés par l’enchaînement rapide des événements.
Au même temps, le pays annonce le gel de toutes les liaisons aériennes avec l’Espagne, l’Algérie, puis avec la France, ainsi que la fermeture de ses frontières terrestres avec l’Espagne et donc l’Europe, les seules en Afrique. Un communiqué du ministère de l’Intérieur revoit, lui, à la baisse le nombre maximum des participants autorisé lors des rassemblements. Celui-ci passe de 1000 à 50, alors que l’ensemble des compétitions sportives et manifestations culturelles ou autres sont interdites, entraînant par la même la fermeture des cinémas et autres espaces d’agréments. A tel point que même les restaurants revoient leur capacité d’accueil, quand ils ne ferment pas, pour se conformer aux nouvelles dispositions.
Au même temps, le pays annonce le gel de toutes les liaisons aériennes avec l’Espagne, l’Algérie, puis avec la France, ainsi que la fermeture de ses frontières terrestres avec l’Espagne et donc l’Europe, les seules en Afrique. Un communiqué du ministère de l’Intérieur revoit, lui, à la baisse le nombre maximum des participants autorisé lors des rassemblements. Celui-ci passe de 1000 à 50, alors que l’ensemble des compétitions sportives et manifestations culturelles ou autres sont interdites, entraînant par la même la fermeture des cinémas et autres espaces d’agréments. A tel point que même les restaurants revoient leur capacité d’accueil, quand ils ne ferment pas, pour se conformer aux nouvelles dispositions.
Mauvaises nouvelles
Cette rafale de mesures se conjugue avec l’annonce de l’augmentation du nombre de cas officiellement diagnostiqués atteints du Coronavirus. C’est ainsi qu’après la diffusion, vendredi d’un communiqué voulu rassurant annonçant la guérison du patient Zéro, ce jeune quadra qui fut le premier à ramener au Maroc le Coronavirus d’Italie, les mauvaises nouvelles s’enchaînent. Celles-ci font état d’une augmentation rapide du nombre de contaminations. Entre vendredi et dimanche, le compteur s’affole pour passer de sept à vingt-huit cas avérés, en l’espace de 24 heures. Dans le lot, un certain Abdelkader Amara, le ministre Pjdiste de l’Equipement et du Transport. Il n’en faut pas plus pour que la panique s’installe.
Que ce soit à Rabat ou à Casablanca, ainsi que dans toutes les villes marocaines, les citoyens, du moins ceux qui en ont les moyens, prennent d’assaut les grandes surfaces, les souks et autres magasins d’alimentation générale. Des scènes de pillage sont mêmes annoncées dans certains «Hris» des quartiers populaires de Takaddoum et Youssoufia à Rabat. Pourtant, dès vendredi, le fringant ministre du Commerce et de l’Industrie, Moulay Hafid El Alami, avait émis un communiqué rassurant sur l’état des stocks suffisant selon ses services pour une durée de quatre mois, ce qui couvre même la période d’hyperconsommation du mois de Ramadan. Un communiqué dont il fera lecture sur le plateau du journal télévisé de 2M. Idem pour certaines grandes surfaces qui émettent des messages rassurant sur l’état de leurs stocks. En vain.
Que ce soit à Rabat ou à Casablanca, ainsi que dans toutes les villes marocaines, les citoyens, du moins ceux qui en ont les moyens, prennent d’assaut les grandes surfaces, les souks et autres magasins d’alimentation générale. Des scènes de pillage sont mêmes annoncées dans certains «Hris» des quartiers populaires de Takaddoum et Youssoufia à Rabat. Pourtant, dès vendredi, le fringant ministre du Commerce et de l’Industrie, Moulay Hafid El Alami, avait émis un communiqué rassurant sur l’état des stocks suffisant selon ses services pour une durée de quatre mois, ce qui couvre même la période d’hyperconsommation du mois de Ramadan. Un communiqué dont il fera lecture sur le plateau du journal télévisé de 2M. Idem pour certaines grandes surfaces qui émettent des messages rassurant sur l’état de leurs stocks. En vain.
Loubia, mon amour
Des Marocains échaudés par les scènes de razzia sur les rayons des grandes surfaces en Italie et en Espagne se jettent tête baissée dans le piège de la panique consumériste, par crainte d’une prochaine disette. «Je me suis dite qu’en allant au Carrefour Gourmet du quartier Souissi à Rabat, je ne risquais pas d’y trouver foule. J’y ai trouvé les mêmes scènes de panique que partout ailleurs. Des Marocains bons chic bon genre, ainsi que beaucoup d’Européens, qui remplissaient à raz-bord leurs chariots avec des denrées non périssables prolongeaient des fils de plusieurs dizaines de mètres devant les caisses», témoigne Lamia. Même ambiance du côté de la Rahba de Rabat, cette halle aux grains qui est assaillie dès samedi par des milliers de clients apeurés venus faire des stocks décennaux de «Loubia» et de «3dess».
Au niveau des aéroports et autres passages frontaliers du pays, la panique prend des allures dramatiques avec ces milliers de touristes coincés au Maroc en raison de la rapidité de mise en oeuvre du lock-down. «Je suis venu pour un séjour d’une semaine qui allait se terminer dimanche. Dès jeudi, j’avais déjà claqué toutes mes ressources dans l’achat de souvenirs et cadeaux. Vendredi, j’apprends que les liaisons aériennes étaient interrompues. Je vous laisse imaginer la panique. Heureusement que d’autres vols ont été reprogrammés, ce qui m’a permis de rentrer chez moi. D’autres personnes, de nationalités diverses, n’ont pas eu cette chance. Je ne sais pas comment elles vont s’en sortir», nous dit depuis Paris Frédéric, fonctionnaire.
C’est dans cette ambiance pré-apocalyptique qu’intervient le face-à-face journalistique du chef du gouvernement, samedi soir, pour rassurer la population. L’exercice trop court en termes de temps et décousu en termes d’organisation, n’atteint pas l’objectif escompté. Un simple discours franc et autoritaire aurait été plus adapté. Le Maroc a perdu sa légendaire sérénité.
Au niveau des aéroports et autres passages frontaliers du pays, la panique prend des allures dramatiques avec ces milliers de touristes coincés au Maroc en raison de la rapidité de mise en oeuvre du lock-down. «Je suis venu pour un séjour d’une semaine qui allait se terminer dimanche. Dès jeudi, j’avais déjà claqué toutes mes ressources dans l’achat de souvenirs et cadeaux. Vendredi, j’apprends que les liaisons aériennes étaient interrompues. Je vous laisse imaginer la panique. Heureusement que d’autres vols ont été reprogrammés, ce qui m’a permis de rentrer chez moi. D’autres personnes, de nationalités diverses, n’ont pas eu cette chance. Je ne sais pas comment elles vont s’en sortir», nous dit depuis Paris Frédéric, fonctionnaire.
C’est dans cette ambiance pré-apocalyptique qu’intervient le face-à-face journalistique du chef du gouvernement, samedi soir, pour rassurer la population. L’exercice trop court en termes de temps et décousu en termes d’organisation, n’atteint pas l’objectif escompté. Un simple discours franc et autoritaire aurait été plus adapté. Le Maroc a perdu sa légendaire sérénité.
Lilya EL ALLOULI