En dehors des hommages où on voit de rayonnantes stars, la compétition choisit depuis quelques années des cinéastes qui n’ont au compteur qu’un ou deux réalisations. Le vedettariat est donc invité à prendre le chemin des vestiaires. Mais à bien y penser, nous avons peut-être prématurément tort. Ces jeunes réalisateurs sont amenés à se faire un nom, à devenir les grands cinéastes de demain et le FIFM dirait qu’ils ont débuté, en partie, chez lui. Pas bête l’approche. Mais avant, ce festival grouillait d’étoiles et se faisait remarquer par les cinémas de pays mis à l’honneur à chacune de ses éditions. Revenons à ceux qu’on célèbre cette année en commençant par la plus douce des douces actrices, partie le 5 octobre 2024, nous rappelant préalablement que la vie est faite pour qu’on la vive avec amour et respect. Au lendemain de son ultime voyage, nous la décrivions ici même ainsi : Que reste-t-il à dire lorsqu’un monument s’effondre ? La désolation, nous y sommes. L’amour pour une telle pyramide ne peut que gonfler jusqu’à ce que le cœur lâche pour se remettre à battre à la mémoire de tout ce qu’elle transmet, un bel aller-retour entre admiration et mélancolie. Pleurer la disparition de cette belle âme est finalement un hommage à un cœur dégoulinant de fortes sensibilités et à un agrégat de rôles campés avec douceur, douleur, délicatesse, humour… et cette finesse inouïe. Rien n’échappe à Naima Elmcherqui. Elle cogne en caressant, s’énerve en souriant. Unique et rigoureusement multiple, elle administre les plus intenses claques d’humilité. Belle jusqu’à son départ, elle montre la voie de la félicité. Avec l’homme de sa vie, de toute sa vie -le réalisateur et homme de théâtre Abderrahmane Khayat-, elle développe son art, fonde une famille et consomme librement son dada : « Un couple fusionnel », insiste leur fille Yasmine, journaliste à la télévision canadienne depuis quelques années (…) Artiste forte-en-thème, elle s’engage dans le social, siège au Conseil de la haute autorité de l’audiovisuel, encadre en sourdine de jeunes aspirants à la pratique de l’art de l’interprétation théâtrale et cinématographique. Elle dit tout, fait l’essentiel.
L’underground et l’horrifique
Les deux autres consacrés sont l’un Américain et le second Canadien. Le premier s’intitule Sean Penn et jouit depuis quelques décennies d’une réputation de dragueur d’écrans. Dans le texte partagé par la Fondation du FNFM, on lit que « Sean Penn, acteur, cinéaste et auteur récompensé par deux Oscars, est devenu une icône américaine au travers d'une carrière de plus de quarante ans. Il a été nommé cinq fois à l'Oscar du meilleur acteur, pour ‘’La Dernière Marche’’ (Tim Robbins, 1995), ‘’Accords et désaccords’’ (Woody Allen, 2000), ‘’Sam je suis Sam’’ (Jessie Nelson, 2002), avant que sa performance saisissante dans ‘’Mystic River’’ de Clint Eastwood lui vaille son premier Oscar du meilleur acteur en 2003, suivi de celui obtenu pour ‘’Harvey Milk’’ de Gus Van Sant en 2009. Il a également gagné le Prix du meilleur acteur au Festival de Cannes en 1997 pour son rôle dans ‘’She's So Lovely’’ de Nick Cassavetes. Parallèlement à sa carrière d’acteur, Sean Penn est également un cinéaste reconnu dont la filmographie compte des titres tels que le nommé aux Oscars ‘’Into the Wild’’, ‘’Flag Day’’, ‘’The Pledge’’, ‘’Crossing Guard’’ et son premier film, ‘’The Indian Runner’’. » Quant au Canadien, David Cronenberg, figure d’un nouveau cinéma depuis longtemps, il est décrit comme suit : « Sa réputation en tant que véritable auteur a été solidement établie grâce à l'œuvre unique et personnelle qu'il a produite en tant que réalisateur et scénariste. Depuis ses débuts dans le cinéma underground et le genre horrifique, il a développé une œuvre dramatique d'une profondeur et d'une ampleur exceptionnelles qui lui a valu d'être considéré comme l'un des réalisateurs les plus influents au monde. Acclamés par la critique, ses films lui ont assuré une reconnaissance internationale. En 1991, son film ‘’Le Festin nu’’ a été sélectionné à la Berlinale et en 1999, ‘’eXistenZ’’ y a remporté l'Ours d'argent. Ses films Crash, ‘’Spider’’, ‘’A History of Violence’’, ‘’Cosmopolis’’, ‘’Maps to the Stars’’, ‘’Les Crimes du futur’’ et ‘’Les Linceuls’’ ont tous été sélectionnés en compétition au Festival de Cannes, où ‘’Crash’’ a remporté le Prix spécial du jury. En 2006, la Quinzaine des cinéastes à Cannes lui a décerné le Carrosse d'Or pour l'ensemble de sa carrière. La Mostra de Venise lui a remis un Lion d'or également pour l'ensemble de sa carrière en 2018. » Espérons que ces deux stars planétaires cultivent le renoncement de soi cher à Naima Elmcherqui.$
Anis HAJJAM