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Culture

MAGAZINE : Jazzablanca, fête accomplie


Rédigé par Anis HAJJAM le Mercredi 19 Juin 2024

Une 17e édition et un nouveau souffle. Le festival caméléon casablancais se renouvelle en frappant là où cela peut faire du bien. Un engouement grandissant accompagne un évènement qui tient à élargir son audience quitte à faire gronder les puristes qui crient à la trahison de l’intitulé de cette bamboche annuelle. Et si le label « Jazzablanca » devenait une marque à maintenir face à de nombreux amateurs d’une musique perpétuellement changeante ? Vérifions.




Zucchero caresse à rebrousse-poil.
Zucchero caresse à rebrousse-poil.
Trois jours de sons venus d’horizons divers et invariables, un public largement conquis, une audience à la fête, une ambiance de fête. Trois jours où différentes générations se cognent l’ouïe, se partagent les expériences, s’embrassent et se congratulent. On donne du volume à l’émotion, on montre avec élégance le bonheur d’être là, the place to be. Jazzablanca a cette particularité de noyer le jazz dans des espaces musicaux qui l’immergent avec étonnement, ratissant large, faisant des heureux en programmant quelques têtes d’affiche confirmées et d’autres en belle voie d’évolution. On est sur trois lieux, mais nous nous occupons d’abord de la scène principale, celle de l’Anfa Park. Il y a, en vrac et dans un désordre de récit pernicieusement choisi, la tonitruante néerlandaise Candy Dulfer, cette saxophoniste généraliste qui mélange les inspirations jusqu’à se mettre aux prises avec la gnaouia marocaine Hind Ennaira en fusionnant sans préalable linguistique. La musique fuse lors d’un premier contact de mise en place et la magie opère sur scène devant un parterre aussi ravi qu’éberlué. Surgit également la fratrie UB40, ces reggae men britanniques rendus célèbres par une tapée de reprises et délestés depuis leur formation d’une partie de leurs membres fondateurs. L’assistance prend pourtant un immense plaisir à chanter en chœur avec eux. Quant à James Blunt, cet être folk, doué et ténébreux, il fait basculer ses fans dans un délire digne d’une recherche proche de l’irrationnel. Il y a également de la pop injectée par l’Italien Paolo Nutini, à l’inspiration détonante : Fleetwood Mac, U2, David Bowie, Oasis, Van Morrison. Mais aussi les Islandais Kaleo qui débite du blues mâtiné de rock garage. Au diable le jazz pur, bienvenue à la musique qui fait frissonner et trémousser ? Peut-être. Mais le jazz est bel et bien là, faut juste le détecter. 
 
Vagues à ressacs

La clôture, telles toutes les précédentes du Jazzablanca, affiche le plein à bords perdus. Et c’est l’Italie qui ferme la marche. Musicien blues-rock aux cordes vocales rauques, Zucchero caresse à rebrousse-poil, fait de ses admirateurs des adeptes inconsolables. L’ex futur vétérinaire de 68 ans s’amourache de gospel, de blues et de rhythm and blues. Il part en vadrouille et finit par faire des rencontres déterminantes : Miles Davis, John Lee Hooker, Luciano Pavarotti, Eric Clapton, Stevie Ray Vaughan, Sting, Bono, Paul Young… Avec cela, il avoue un lien fort avec la religion : « J’ai grandi dans une région très rouge, l’Émilie-Romagne.

Le public et son idole ont du mal à se séparer, au grand bonheur de l’organisateur, le dur à cuir Moulay Ahmed Alami. Et puis, on évoque les autres, ceux qui assurent les premières parties, celles dites jadis levées de rideaux. Les habitués de Jazzablanca débarquent dès l’ouverture des portes, longent les artères du village du festival, se restaurent, font les différents stands et assistent aux concerts de la Scène 21, conviviale et gracieuse. On y a croisé Makaya McCraven, Yussef Dayes, Kokoroko, le duo Sarah et Ismael. Sur la scène « Nouveau Souffle » parrainée par la Société Générale place des Nations Unies, se succèdent Anass Boublaid, The Laila, Folk Spirit, Snitra et Saad Tiouly. Voilà un festival qui n’a ni froid aux yeux ni la langue qui sèche. La preuve, le public suit et se fait de plus en plus nombreux. Jazzablanca devient une signature casablancaise, jouissant depuis l’an dernier du patronage royal. Une fête qui se déroule sans heurts ne peut que réjouir organisateurs, sponsors, convives et ceux qui mettent la main à la poche pour y assister. Y aller, cela devient une réunion de famille. Celle-ci de demande qu’à s’agrandir. 







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