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Culture

MAGAZINE : Yassine Balbzioui, dans l’ère du ton


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 23 Juin 2024

Jusqu’au 6 juillet, la galerie casablancaise Shart met en scène « Carousel », une nouvelle série de peintures enfantées par un créateur aussi énigmatique que franc du parler pictural. Un voyage dans les neurones d’un ratisseur large n’épargnant pas les murs qui accueillent ses toiles.



Cet artiste déroutant façonne et déchiquette tout ce qu’il aime. Il est son propre concurrent. Son identité, venue d’un ailleurs indéterminé, il la triture comme pour lui dire : « Eloigne-toi de ma vie. Tu peux y retourner lorsque les âmes qui m’habitent me permettent de te le permettre. » L’intellectuel qu’il devient, au fur de ses réalisations et à mesure de ses déterminantes rencontres, creuse la terre en partant du ciel. Il plafonne à chacune des ses apparitions, écrasant ce qui soutient ses pieds pour mieux sentir des secousses qui lui font aimer l’aérien. Donnez-lui un espace pour exposer et il le transforme en pendant de ses amples œuvres. Il repart et c’est à vous de voir comment gérer ce qui continue de sentir son passage, vos murs étant bouleversants d’une empreinte belle comme l’étourdissement. Yassine Balbzioui se dénude l’esprit, prend un immense plaisir à gronder ce qui l’entoure, une société fragmentée dont il s’inspire ironiquement, lui montrant sa vulgarité. La galerie Shart de Hassan Sefrioui résume ainsi ce nouveau déferlement de l’artiste : « Pour cette récente série intitulée ‘’Carousel’’, dans un exercice de style inédit où il combine des supports d’expression innovants, fresque murale et tableaux réalisés avec une lumineuse technique de peinture et d’encre sur toile, Yassine Balbzioui observe et analyse le monde de ses contemporains et croise à nouveau dérision et profonde mélancolie dans des compositions issues de sa fertile imagination. Toutes ces œuvres composent en partie un scénario sans fin que développe l’artiste depuis ses débuts, un story-board où toutes les images se suffisent et se rejoignent pour composer une musique qui rythme une œuvre fantastique. En perpétuelle évolution, extravagante et imaginative, sa créativité hors norme s’attache essentiellement à dénoncer le paraître. Yassine Balbzioui propose la lecture d’un univers où des personnages masqués mi-enfants mi-soldats sont les acteurs d’un théâtre improbable, une représentation de l’humaine animalité dans des postures souvent grotesques, peut-être une métaphore de la condition humaine… » Et ce n’est pas tout. Le monde de Balbzioui est un long fleuve submergé d’intranquillités. 
 
Sérieux et humour

Avec ses personnages dont on ne détecte pas l’origine, Yassine s’adresse au monde, à l’humain. Son âme est en perpétuel combat avec l’incongruité d’un espace vie où l’être est moins présent que le paraître. Il voyage énormément et retourne au pays où il a des assises qu’il idolâtre moins qu’il n’aime. Il ne vit pas en artiste, il est artiste avec tout ce que cela comporte comme responsabilités au quotidien, à l’inverse d’autres qui s’amusent à jouer l’artiste, ne voyant pas le vent tourner, vieillissants et mêlant leur passé à une jeunesse immédiate et forcément future. Mais Balbzioui fonce, après avoir cassé son rétroviseur. Voilà ce qui le maintient dans l’ère du temps, ici et ailleurs. Yassine travaille avec beaucoup de sérieux en s’imposant un degré élevé d’humour. Cela le garde en équilibre sur le fil d’une histoire qu’il partage sans garde-fou. On se rappelle d’une performance qu’il entreprend à Marrakech en duo avec un artiste étranger et jamais étrange lors de l’évènement africain « 1-54 » (un continent, cinquante-quatre pays) il y a quelques années. Balbzioui s’amuse à asperger de peinture quelques curieux trop prêts de son lieu d’exhibition. L’artiste éclate de rire, puisque c’est de cette façon qu’il exerce son art. Avec rigueur et fantaisie.







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