Avec cette nouvelle série, on survole l’hyperréalisme, on enlace le pop art et on s’étire entre peinture et photographie. Le résultat est d’une rare curiosité. Si dans ces quatre grands formats l’eau coule à flots, on soupçonne un flottement coriace mêlant nature et son saccage. D’où cet hédonisme caressant le plaisir, repoussant le supplice. Une exposition philosophique où le réel est source d’inspiration, où sa déconstruction est langage universel. On a presque envie d’évoquer la patte du Britannique David Hockney dans ces oeuvres, mais on s’en éloigne à mesure que le regard perce le discours d’une peinture qui respire l’exclusivité, qui expire le partage. Actes définitivement personnels. Un fin foisonnement des couleurs vient, dans la foulée, baigner le regard dans des mètres cubes d’apaisement. On n’en ressort pas indemne.
Un pas vers l’épurement
En 2020, à la lumière de son exposition « Promenade solitaire » dans la même galerie Shart, nous disions de cette artiste détonante : « Ce petit bout de flamme appelé à luire est une artiste au regard profond et passablement mouillé. Trentenaire sur papiers, juvénile pratiquante, elle s’émancipe de curieux vécus qu’elle traîne comme pour dénoncer le sort ou le conjurer. Ses relations avec l’ambiant se font allégoriques et les rapports qu’elle réserve à la vie n’ont définitivement pas la douceur de la soie. Des oeuvres qui prennent aux tripes, un discours qui se déploie dans un étrange clair-obscur. » Qu’est-ce qui a changé depuis ? Rien, sinon un grand pas vers l’épurement, des gestes malaxant l’imaginaire, l’imagination, la mémoire et l’inconnu. Des toiles qui pratiquent l’entretien à voix haute, quoique l’apnée soit suggérée, le langage des signes en pan. Sanae Arraqas dessine et peint, photographie en discontinuité des songes qui sont siens, qu’elle déverse comme pour s’en débarrasser, comme pour s’en détacher et passer à autre chose.
Une belle eau
Dans « Hedonia Part I », l’artiste claque la bise au grand air, le corps trempé dans ce qui le maintient en équilibre, cette belle eau qui donne envie de s’y noyer. La mer et le ciel passant des habits identiques, une nageuse en contre-plongée confondant ses cheveux avec les mouvements d’une brasse, le bébé vibrant dans une bouée snobant la descente d’une piscine, une sorte de marabout surplombant un rocher et son rivage à la vague indécise… Un univers où la prose s’invente des rimes.
Son galeriste, Hassan Sefrioui, l’approche ainsi: « Dès 2021 et après l’intimiste et confidentielle série ‘’Carnet d’un confuné’’, Sanae Arraqas s’intéresse aux ‘’extérieurs jours’’, comme un besoin de lumière et de liberté en réaction à un récent mode de vie imposé et contre nature, une lumière donc qui va s’accompagner de toutes ses situations inhérentes, ses orientations, sa chaleur, ses couleurs, son effet sur l’humain et sa capacité à lui déclencher une sensation de plaisir, le bonheur comme plaisir, une forme d’hédonisme que l’artiste révèle par des compositions construites sur ses sens et ses sensations et qui appellent autant à la contemplation qu’à la réflexion. » Sanae Arraqas est cette créatrice qui se laisse traverser par diverses incompréhensions rythmant la vie pour essayer de les canaliser et les rendre criantes jusqu’à les banaliser. Et pour nous répéter, déterrons ces propos écrits il y a deux années : « Je partage tout, même le négatif qui sommeille en moi », dit-elle en arborant un sourire Ultra Bright.
Seulement, ce « négatif » s’enveloppe de rappels à l’ordre, de mises en garde, le quotidien n’étant que le fragment d’un cheminement, long ou pas. Avec cela, Arraqas prend un vilain plaisir de nous laisser patienter jusqu’en 2023 pour le deuxième volet de « Hedonia ». Qu’elle se rassure, nous serons dans les parages, mouillés ou secs.
Un pas vers l’épurement
En 2020, à la lumière de son exposition « Promenade solitaire » dans la même galerie Shart, nous disions de cette artiste détonante : « Ce petit bout de flamme appelé à luire est une artiste au regard profond et passablement mouillé. Trentenaire sur papiers, juvénile pratiquante, elle s’émancipe de curieux vécus qu’elle traîne comme pour dénoncer le sort ou le conjurer. Ses relations avec l’ambiant se font allégoriques et les rapports qu’elle réserve à la vie n’ont définitivement pas la douceur de la soie. Des oeuvres qui prennent aux tripes, un discours qui se déploie dans un étrange clair-obscur. » Qu’est-ce qui a changé depuis ? Rien, sinon un grand pas vers l’épurement, des gestes malaxant l’imaginaire, l’imagination, la mémoire et l’inconnu. Des toiles qui pratiquent l’entretien à voix haute, quoique l’apnée soit suggérée, le langage des signes en pan. Sanae Arraqas dessine et peint, photographie en discontinuité des songes qui sont siens, qu’elle déverse comme pour s’en débarrasser, comme pour s’en détacher et passer à autre chose.
Une belle eau
Dans « Hedonia Part I », l’artiste claque la bise au grand air, le corps trempé dans ce qui le maintient en équilibre, cette belle eau qui donne envie de s’y noyer. La mer et le ciel passant des habits identiques, une nageuse en contre-plongée confondant ses cheveux avec les mouvements d’une brasse, le bébé vibrant dans une bouée snobant la descente d’une piscine, une sorte de marabout surplombant un rocher et son rivage à la vague indécise… Un univers où la prose s’invente des rimes.
Son galeriste, Hassan Sefrioui, l’approche ainsi: « Dès 2021 et après l’intimiste et confidentielle série ‘’Carnet d’un confuné’’, Sanae Arraqas s’intéresse aux ‘’extérieurs jours’’, comme un besoin de lumière et de liberté en réaction à un récent mode de vie imposé et contre nature, une lumière donc qui va s’accompagner de toutes ses situations inhérentes, ses orientations, sa chaleur, ses couleurs, son effet sur l’humain et sa capacité à lui déclencher une sensation de plaisir, le bonheur comme plaisir, une forme d’hédonisme que l’artiste révèle par des compositions construites sur ses sens et ses sensations et qui appellent autant à la contemplation qu’à la réflexion. » Sanae Arraqas est cette créatrice qui se laisse traverser par diverses incompréhensions rythmant la vie pour essayer de les canaliser et les rendre criantes jusqu’à les banaliser. Et pour nous répéter, déterrons ces propos écrits il y a deux années : « Je partage tout, même le négatif qui sommeille en moi », dit-elle en arborant un sourire Ultra Bright.
Seulement, ce « négatif » s’enveloppe de rappels à l’ordre, de mises en garde, le quotidien n’étant que le fragment d’un cheminement, long ou pas. Avec cela, Arraqas prend un vilain plaisir de nous laisser patienter jusqu’en 2023 pour le deuxième volet de « Hedonia ». Qu’elle se rassure, nous serons dans les parages, mouillés ou secs.
Anis HAJJAM