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Marché de l’emploi : Entre espoir des employeurs et pessimisme des ménages

Relance économique


Rédigé par Saâd JAFRI Mardi 28 Juillet 2020

La reprise des recrutements est loin de revenir à la normale, néanmoins les employeurs sont moins pessimistes qu’auparavant. Les ménages, quant à eux, demeurent peu confiants.



Marché de l’emploi : Entre espoir des employeurs et pessimisme des ménages
L’ampleur de la crise économique provoquée par la Covid-19, fait que la reprise se fera à pas de tortue. Bien évidemment, certains secteurs souffriront plus que d’autres. Le transport aérien et le tourisme par exemple, qui ont été sinistrés par la pandémie, prévoient un délai de trois à cinq ans avant de se remettre sur les rails. Entre temps, la création de l’emploi augmentera à petit feu.

Après l’annonce de la reprise des activités économiques, les recrutements ont repris discrètement. Déjà en mai dernier, ne serait-ce que sur le jobboard Rekrute.com, 6.485 ouvertures de postes ont été enregistrées. Bien que ce chiffre soit en baisse de 19,4% par rapport à mai 2019, selon la compagnie de recrutement, il avait donné une lueur d’espoir pour les chercheurs d’emplois dans un premier temps et il a également encouragé d’autres entreprises à ouvrir leurs portes pour accueillir de nouvelles recrues.

Il convient de noter que la période estivale n’a jamais été caractérisée par un nombre massif d’embauche. Mis à part pour les centres d’appels qui, durant le mois de juin, ont ouvert plus de 3.100 postes, soit 54% des offres annoncées sur le jobboard. Conscient de cette tendance, Rekrute signale dans son étude qu’il attend à la prochaine rentrée pour voir les prévisions des employeurs.

Le pessimisme baisse

Néanmoins, globalement, les employeurs sont plus optimistes qu’il y a trois mois. Les premières analyses de la 2ème édition de l’enquête de la CGEM, s’inscrivant dans le cadre du Baromètre de la Confédération visant à mesurer l’impact du Covid-19 sur les entreprises marocaines, corroborent bien ce constat.Cette étude qui a connu la participation de 3.304 entreprises – dont 88,7% de TPME et 28,3% opérant à l’export – employant 494.164 salariés, indique que la perception de la baisse d’emploi a reculé de 10 points en moyenne à l’exception du secteur de l’agriculture. Ceci pourrait s’expliquer par l’adoption des mesures mises en place par le Comité de Veille Économique (CVE), notamment l’indemnité de la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale (CNSS), mesures qui ont contribué à la préservation des emplois.

Cependant, rien ne garantit la durabilité de cette perception, surtout que les trésoreries d’une grande partie des entreprises, spécialement les TPME subissent toujours les effets néfastes de la pandémie. Il convient de noter que selon l’enquête menée par le patronat, 35% des entreprises prévoient d’utiliser le produit «Damane Relance» précisant qu’il s’agit des secteurs qui ont le plus besoin de financement (notamment en termes de trésorerie) pour faire face à la reprise.

Les ménages pas du tout confiants

Dans cette conjoncture défavorable, la confiance des ménages à l’égard du marché de l’emploi s’est considérablement dégradée. Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP) au T2-2020, une proportion de 82,7% contre 7,5% des ménages s’attendent à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois. Le HCP indique que le solde d’opinion est resté ainsi négatif à -75,2 points, contre -70,8 points un trimestre auparavant et -76,9 points un an auparavant.

Le pessimisme des Marocains est tout à fait justifié, du fait que la crise sanitaire a mis 2 actifs occupés sur 3 au chômage. En effets, les deux tiers des actifs occupés, soit 66,2%, ont dû arrêter temporairement leurs activités. Les citadins se taillent la part du lion avec un taux de 68,2%. De plus, parmi les actifs occupés ayant dû arrêter de travailler, plus de la moitié sont toujours en situation d’arrêt, alors que 36% seulement ont repris leurs activités. Selon la classe sociale, 31% des personnes parmi les 40% de la population la plus modeste ayant arrêté temporairement leur activité ont repris leur emploi. Cette proportion atteint 44% parmi les 20% les plus aisés.

En ces temps de crise, les employeurs s’inscrivent plus dans une logique de préservation de l’emploi plutôt que dans le recrutement. La crise oblige. Néanmoins, le gouvernement doit faire en sorte de redynamiser le marché de l’emploi pour restaurer une partie de la confiance des Marocains, qui à l’ère de la Covid-19 a atteint son niveau le plus bas depuis 2008.

Saâd JAFRI








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