On peut dire que 2016, date de la visite historique de SM le Roi Mohammed VI en Chine, a été un tournant majeur dans les relations du Royaume avec la future superpuissance mondiale. La coopération bilatérale a tellement prospéré que nous parlons désormais d’un partenariat stratégique multidimensionnel.
Dans la salle de réception de l’ambassade de Pékin à Rabat, ornée de portraits, l’ambassadeur Li Changlin nous a reçus pour parler des états des lieux du commerce et des grands projets d’investissements chinois. Ils sont d’ailleurs nombreux.
Parmi les projets qui attirent le plus d’attention, celui de « Tanger Tech », dont la phase opérationnelle n’a pas encore commencé, faisant ainsi susciter plusieurs spéculations sur un éventuel retard. Interrogé sur ce point, l’ambassadeur chinois a indiqué que les négociations, qui ont duré des années, ont été couronnées par la signature de la Convention-cadre pour la réalisation du projet, le 25 juillet 2022, à Rabat.
« Cette convention d’investissement marque une avancée considérable pour la mise en oeuvre de ce projet ambitieux », assure M. Changlin, soulignant que ledit projet deviendra une référence de la présence chinoise au Maroc. Ce projet, rappelons-le, prévoit la mise en place d’un parc industriel, d’une zone de service logistique et d’une zone immobilière. L’objectif initial d’un tel projet est d’accueillir 200 entreprises chinoises. Le champ reste tout aussi ouvert aux entreprises marocaines, selon l’ambassadeur.
En plus de Tanger Tech, l’ambassadeur estime que le plus grand projet d’investissement chinois au Maroc est celui du groupe « CiticDicastal », leader mondial spécialisé dans le moulage d’aluminium et dans la production de pièces automobiles. L’entreprise a injecté 600 millions de dollars dans l’usine de Kénitra, dirigée par un staff marocain, dont le directeur général. Annuellement, l’usine produit, rappelle M. Changlin, cinq millions de pièces, dont l’essentiel est exporté vers les Etats-Unis et l’Europe.
Coopération vaccinale : la Chine honore ses engagements
Par ailleurs, durant la pandémie, le Maroc et la Chine ont coopéré étroitement, sachant que Pékin, à travers le Laboratoire « Sinopharm », a été le principal fournisseur du Royaume. A présent, le Maroc a reçu toutes les quantités de vaccins qu’il a commandées (une soixantaine de millions), nous a précisé M. Changlin qui n’a pas manqué de nous donner plus de détails sur la production du vaccin chinois au Maroc comme prévu par la convention signée avec le gouvernement marocain.
« La mise en seringue des vaccins anti-Covid-19 dans les installations de Sothema a commencé dès décembre 2021 », confie l’ambassadeur, ajoutant que cela est provisoire en attendant la mise en service de l’Usine de Benslimane. Tous ces projets s’inscrivent dans le cadre d’une coopération multidimensionnelle que le Maroc souhaite développer en adhérant au projet « de la ceinture et de la route », autrement appelé « Nouvelle Route de la Soie ».
Que rapportera concrètement ce projet au Maroc qui a signé la convention portant sur sa mise en application ? « Le Maroc constitue un partenaire naturel et un pivot dans cette initiative », assure le représentant de Pékin, rappelant que le Royaume est le premier pays maghrébin à signer le mémorandum d’entente relatif à ce projet en 2017. En gros, le Maroc devrait en bénéficier en termes d’opportunités commerciales.
L’ambassadeur évoque « des facilités de commerce », en plus des projets d’investissements qui auront tendance à augmenter, faisant part de la volonté de nouveaux opérateurs chinois de prospecter le marché marocain. En outre, la Chine a l’ambition de concourir pour décrocher le contrat de la ligne à grande vitesse reliant Agadir et Marrakech. Pékin, ayant un savoir-faire très développé dan ce domaine, se distingue par ses offres attractives avec un rapport prix/qualité intéressant.
La Chine veut un commerce équilibré, mais !
Sur le plan commercial, les deux pays font des progrès, bien que le Maroc demeure largement déficitaire vis-à-vis de la Chine. Le déficit a atteint 58,5 Mds DH en 2021 contre 49,1 Mds DH en 2020 et 21,7 Mds DH en 2011. En somme, le volume des échanges entre Rabat et Pékin a atteint 6 milliards de dollars, confirme l’ambassadeur qui, en réponse à notre question, fait part de la volonté de la Chine d’avoir des termes d’un échange équilibré. «
La Chine ne cherche pas éperdument d’excédent commercial, ce n’est pas notre ultime objectif », a-t-il précisé, soulignant que le Maroc exporte de plus en plus vers son pays.
Au-delà de la coopération économique, Rabat et Pékin s’entendent mieux que jamais sur le plan politique, d’autant que le Maroc soutient le principe de la Chine Unie, au paroxysme de la tension sino-américaine à propos du Taiwan. Ce soutien poussera-t-il Pékin à faire évoluer sa position sur l’affaire du Sahara, l’ambassadeur tente de répondre à cette question épineuse (voir 3 questions à…).
Dans la salle de réception de l’ambassade de Pékin à Rabat, ornée de portraits, l’ambassadeur Li Changlin nous a reçus pour parler des états des lieux du commerce et des grands projets d’investissements chinois. Ils sont d’ailleurs nombreux.
Parmi les projets qui attirent le plus d’attention, celui de « Tanger Tech », dont la phase opérationnelle n’a pas encore commencé, faisant ainsi susciter plusieurs spéculations sur un éventuel retard. Interrogé sur ce point, l’ambassadeur chinois a indiqué que les négociations, qui ont duré des années, ont été couronnées par la signature de la Convention-cadre pour la réalisation du projet, le 25 juillet 2022, à Rabat.
« Cette convention d’investissement marque une avancée considérable pour la mise en oeuvre de ce projet ambitieux », assure M. Changlin, soulignant que ledit projet deviendra une référence de la présence chinoise au Maroc. Ce projet, rappelons-le, prévoit la mise en place d’un parc industriel, d’une zone de service logistique et d’une zone immobilière. L’objectif initial d’un tel projet est d’accueillir 200 entreprises chinoises. Le champ reste tout aussi ouvert aux entreprises marocaines, selon l’ambassadeur.
En plus de Tanger Tech, l’ambassadeur estime que le plus grand projet d’investissement chinois au Maroc est celui du groupe « CiticDicastal », leader mondial spécialisé dans le moulage d’aluminium et dans la production de pièces automobiles. L’entreprise a injecté 600 millions de dollars dans l’usine de Kénitra, dirigée par un staff marocain, dont le directeur général. Annuellement, l’usine produit, rappelle M. Changlin, cinq millions de pièces, dont l’essentiel est exporté vers les Etats-Unis et l’Europe.
Coopération vaccinale : la Chine honore ses engagements
Par ailleurs, durant la pandémie, le Maroc et la Chine ont coopéré étroitement, sachant que Pékin, à travers le Laboratoire « Sinopharm », a été le principal fournisseur du Royaume. A présent, le Maroc a reçu toutes les quantités de vaccins qu’il a commandées (une soixantaine de millions), nous a précisé M. Changlin qui n’a pas manqué de nous donner plus de détails sur la production du vaccin chinois au Maroc comme prévu par la convention signée avec le gouvernement marocain.
« La mise en seringue des vaccins anti-Covid-19 dans les installations de Sothema a commencé dès décembre 2021 », confie l’ambassadeur, ajoutant que cela est provisoire en attendant la mise en service de l’Usine de Benslimane. Tous ces projets s’inscrivent dans le cadre d’une coopération multidimensionnelle que le Maroc souhaite développer en adhérant au projet « de la ceinture et de la route », autrement appelé « Nouvelle Route de la Soie ».
Que rapportera concrètement ce projet au Maroc qui a signé la convention portant sur sa mise en application ? « Le Maroc constitue un partenaire naturel et un pivot dans cette initiative », assure le représentant de Pékin, rappelant que le Royaume est le premier pays maghrébin à signer le mémorandum d’entente relatif à ce projet en 2017. En gros, le Maroc devrait en bénéficier en termes d’opportunités commerciales.
L’ambassadeur évoque « des facilités de commerce », en plus des projets d’investissements qui auront tendance à augmenter, faisant part de la volonté de nouveaux opérateurs chinois de prospecter le marché marocain. En outre, la Chine a l’ambition de concourir pour décrocher le contrat de la ligne à grande vitesse reliant Agadir et Marrakech. Pékin, ayant un savoir-faire très développé dan ce domaine, se distingue par ses offres attractives avec un rapport prix/qualité intéressant.
La Chine veut un commerce équilibré, mais !
Sur le plan commercial, les deux pays font des progrès, bien que le Maroc demeure largement déficitaire vis-à-vis de la Chine. Le déficit a atteint 58,5 Mds DH en 2021 contre 49,1 Mds DH en 2020 et 21,7 Mds DH en 2011. En somme, le volume des échanges entre Rabat et Pékin a atteint 6 milliards de dollars, confirme l’ambassadeur qui, en réponse à notre question, fait part de la volonté de la Chine d’avoir des termes d’un échange équilibré. «
La Chine ne cherche pas éperdument d’excédent commercial, ce n’est pas notre ultime objectif », a-t-il précisé, soulignant que le Maroc exporte de plus en plus vers son pays.
Au-delà de la coopération économique, Rabat et Pékin s’entendent mieux que jamais sur le plan politique, d’autant que le Maroc soutient le principe de la Chine Unie, au paroxysme de la tension sino-américaine à propos du Taiwan. Ce soutien poussera-t-il Pékin à faire évoluer sa position sur l’affaire du Sahara, l’ambassadeur tente de répondre à cette question épineuse (voir 3 questions à…).
Anass MACHLOUKH
Trois questions à Li Changlin
« Nous sommes très reconnaissants au Maroc pour son soutien à la Chine Unie »
L’Ambassadeur de Chine à Rabat a répondu à nos questions sur la position du Maroc sur l’affaire du Taiwan et la position de Pékin sur le dossier du Sahara.
- Suite à la crise du Taiwan, le Maroc a apporté son soutien à la Chine-unie, que représente cet appui aux yeux de Pékin ?
- A nos yeux, la visite de Nancy Pelosi au Taiwan est une violation du principe de la « Chine-Unie », que les États-Unis reconnaissent et qui a été confirmé par la Résolution onusienne 2758. Nous sommes très reconnaissants au Maroc pour avoir explicité son soutien au principe d’une seule Chine, à travers la déclaration de l’ambassadeur du Royaume qui a été relayée par l’Agence de presse officielle.
- Peut-on s’attendre à une évolution de la position de la Chine sur la question du Sahara après le soutien clair et non équivoque du Maroc à l’intégrité territoriale chinoise ?
- Nous comprenons très bien la sensibilité de la question du Sahara pour les Marocains. Formellement, la Chine a toujours été pour une solution politique. Nous avons obtenu le soutien du Royaume en ce qui concerne les affaires d’intérêt vital pour la Chine comme celle du Taiwan, de Hong-Kong. De son côté, la Chine tâche de faire de même en votant pour la quatrième année consécutive les Résolutions du Conseil de Sécurité à propos du dossier du Sahara. Ceci n’a fait que renforcer la confiance mutuelle.
- Concernant la nouvelle route de la soie, ce projet demeure concurrencé par l’Union Européenne qui propose le « Global Gateway » aux pays africains, qu’en pensez-vous ?
- La Chine a scrupuleusement identifié les forces et les faiblesses des pays en développement, dont le Maroc, et souhaite proposer des projets de coopération économique mutuellement bénéfiques et adaptés à chaque pays. L’Afrique est un continent porteur d’espoir et doit être un champ de coopération plutôt qu’une arène de combat. C’est une formule du président chinois Xi Jinping.
- Suite à la crise du Taiwan, le Maroc a apporté son soutien à la Chine-unie, que représente cet appui aux yeux de Pékin ?
- A nos yeux, la visite de Nancy Pelosi au Taiwan est une violation du principe de la « Chine-Unie », que les États-Unis reconnaissent et qui a été confirmé par la Résolution onusienne 2758. Nous sommes très reconnaissants au Maroc pour avoir explicité son soutien au principe d’une seule Chine, à travers la déclaration de l’ambassadeur du Royaume qui a été relayée par l’Agence de presse officielle.
- Peut-on s’attendre à une évolution de la position de la Chine sur la question du Sahara après le soutien clair et non équivoque du Maroc à l’intégrité territoriale chinoise ?
- Nous comprenons très bien la sensibilité de la question du Sahara pour les Marocains. Formellement, la Chine a toujours été pour une solution politique. Nous avons obtenu le soutien du Royaume en ce qui concerne les affaires d’intérêt vital pour la Chine comme celle du Taiwan, de Hong-Kong. De son côté, la Chine tâche de faire de même en votant pour la quatrième année consécutive les Résolutions du Conseil de Sécurité à propos du dossier du Sahara. Ceci n’a fait que renforcer la confiance mutuelle.
- Concernant la nouvelle route de la soie, ce projet demeure concurrencé par l’Union Européenne qui propose le « Global Gateway » aux pays africains, qu’en pensez-vous ?
- La Chine a scrupuleusement identifié les forces et les faiblesses des pays en développement, dont le Maroc, et souhaite proposer des projets de coopération économique mutuellement bénéfiques et adaptés à chaque pays. L’Afrique est un continent porteur d’espoir et doit être un champ de coopération plutôt qu’une arène de combat. C’est une formule du président chinois Xi Jinping.
Recueillis par A. M.