La numéro 2 de la diplomatie américaine, Wendy Sherman, est attendue ce mardi 8 mars à Rabat pour une visite officielle de 48 heures. Cette dernière se rendra également à Casablanca, avant de co-présider avec Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, le dialogue stratégique Maroc-USA sur les questions de politique régionale, dont les travaux sont programmés pour le 9 mars.
Un événement qui s’inscrit dans un contexte géopolitique mouvementé marqué par la crise ukrainienne et les évolutions de la situation au Sahel. Cette rencontre devrait également servir à étudier les pistes de renforcement des partenariats américano-marocains. En plus des pistes de renforcement des échanges économiques qui seront par ailleurs explorés lors du Forum d’investissement Maroc-USA qui se tiendra en parallèle à Dakhla, le dialogue stratégique devrait mettre l’accent sur la coopération diplomatique.
Partenariats à renforcer
En plus du conflit entre la Russie et l’Ukraine qui fait partie des priorités de la diplomatie US, l’évolution de la situation au Sahel (où l’armée américaine est également présente avec une base au Niger) avec le désengagement du dispositif Barkhane et de la Task Force Takuba du Mali, devrait être à l’ordre du jour du dialogue stratégique, notamment avec le déploiement d’éléments de la société militaire privée Wagner dans la région.
La crise libyenne pourrait également être abordée compte tenu du rôle de médiateur que joue le Royaume entre les gouvernements de Tripoli et de Tobrouk. Les relations entre le Maroc et l’Espagne pourraient tout aussi être abordées lors de cet événement, vu que la visite de Wendy Sherman au Royaume, qui s’inscrit dans le cadre d’une tournée régionale, a coïncidé avec une escale à Madrid où la numéro 2 de la diplomatie américaine a participé à une rencontre sur la cyber-sécurité.
Une hypothèse qui s’explique par le fait que Washington a déjà joué à plusieurs reprises le rôle de médiateur entre Rabat et Madrid, depuis Henry Kissinger dans les années 1970 jusqu’à Colin Powell, lors de la crise de l’îlot Leïla en 2002. Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez avait, pour rappel, tenté sans succès de décrocher le soutien de l’Administration Biden pour de la crise Ghali, lors du fameux épisode du Sommet de l’OTAN du 14 juin 2021.
Le Maroc et l’Espagne représentent par ailleurs des partenaires importants pour les Etats-Unis au niveau régional. Là où cette dernière est un membre de l’OTAN et s’est engagée dans plusieurs interventions militaires dirigées par les Etats-Unis (Bosnie, Kosovo, Irak et Afghanistan), le Royaume représente également un partenaire historique pour Washington, notamment au niveau militaire où la coopération a connu une nette accélération avec la multiplication d’achats d’équipements militaires de fabrication US et les manoeuvres African Lion qui gagnent en importance année après année.
Impacts et possibilités offertes par la crise
Les Etats-Unis comme Israël ou encore la France font également partie des partenaires pressentis pour investir dans la future industrie d’armement nationale. Un écosystème en construction qui ne devrait pas se limiter à répondre aux besoins des Forces Armées Royales, mais dont la viabilité économique passe également par l’export, notamment au profit de pays du Golfe et d’Afrique de l’Ouest.
Au niveau énergétique, la crise ukrainienne représente une opportunité pour le projet du Gazoduc Maroc Nigeria. Les possibles perturbations de livraisons de gaz russe aux pays d’Europe de l’Ouest, conjuguées à la politique de containement de la Russie menée par les Occidentaux (européens en tête), pourraient booster l’attractivité du gazoduc qui permettrait de diversifier les sources d’énergie pour l’UE.
Le gouvernement espagnol a déjà annoncé sa volonté de commercialiser le gaz algérien vers la France et le reste de l’Europe. Le potentiel qu’offre le pipeline maroco-nigérian, conjugué aux séries de découvertes de gisements tout au long du tracé du gazoduc (Ghana, Côte d’Ivoire, Sénégal, Mauritanie et Maroc), représente un indicateur de taille pour les investisseurs, comme des pays tels que l’Italie dont l’outil industriel dépend toujours des expéditions russes.
Le Royaume devrait également aborder la question des cours des céréales fortement impactés par la crise ukrainienne vu l’arrêt total des expéditions ukrainiennes et les perturbations que devraient enregistrer les exportations russes.
Une nouvelle flambée des prix des céréales à l’international ne peut qu’impacter le Royaume qui a déjà mis en place un mécanisme de compensation pour faire face à l’inflation et éviter une répercussion sur le consommateur final. La question pourrait également être abordée vu que les Etats-Unis font aussi partie des sources d’approvisionnement du marché local.
Un événement qui s’inscrit dans un contexte géopolitique mouvementé marqué par la crise ukrainienne et les évolutions de la situation au Sahel. Cette rencontre devrait également servir à étudier les pistes de renforcement des partenariats américano-marocains. En plus des pistes de renforcement des échanges économiques qui seront par ailleurs explorés lors du Forum d’investissement Maroc-USA qui se tiendra en parallèle à Dakhla, le dialogue stratégique devrait mettre l’accent sur la coopération diplomatique.
Partenariats à renforcer
En plus du conflit entre la Russie et l’Ukraine qui fait partie des priorités de la diplomatie US, l’évolution de la situation au Sahel (où l’armée américaine est également présente avec une base au Niger) avec le désengagement du dispositif Barkhane et de la Task Force Takuba du Mali, devrait être à l’ordre du jour du dialogue stratégique, notamment avec le déploiement d’éléments de la société militaire privée Wagner dans la région.
La crise libyenne pourrait également être abordée compte tenu du rôle de médiateur que joue le Royaume entre les gouvernements de Tripoli et de Tobrouk. Les relations entre le Maroc et l’Espagne pourraient tout aussi être abordées lors de cet événement, vu que la visite de Wendy Sherman au Royaume, qui s’inscrit dans le cadre d’une tournée régionale, a coïncidé avec une escale à Madrid où la numéro 2 de la diplomatie américaine a participé à une rencontre sur la cyber-sécurité.
Une hypothèse qui s’explique par le fait que Washington a déjà joué à plusieurs reprises le rôle de médiateur entre Rabat et Madrid, depuis Henry Kissinger dans les années 1970 jusqu’à Colin Powell, lors de la crise de l’îlot Leïla en 2002. Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez avait, pour rappel, tenté sans succès de décrocher le soutien de l’Administration Biden pour de la crise Ghali, lors du fameux épisode du Sommet de l’OTAN du 14 juin 2021.
Le Maroc et l’Espagne représentent par ailleurs des partenaires importants pour les Etats-Unis au niveau régional. Là où cette dernière est un membre de l’OTAN et s’est engagée dans plusieurs interventions militaires dirigées par les Etats-Unis (Bosnie, Kosovo, Irak et Afghanistan), le Royaume représente également un partenaire historique pour Washington, notamment au niveau militaire où la coopération a connu une nette accélération avec la multiplication d’achats d’équipements militaires de fabrication US et les manoeuvres African Lion qui gagnent en importance année après année.
Impacts et possibilités offertes par la crise
Les Etats-Unis comme Israël ou encore la France font également partie des partenaires pressentis pour investir dans la future industrie d’armement nationale. Un écosystème en construction qui ne devrait pas se limiter à répondre aux besoins des Forces Armées Royales, mais dont la viabilité économique passe également par l’export, notamment au profit de pays du Golfe et d’Afrique de l’Ouest.
Au niveau énergétique, la crise ukrainienne représente une opportunité pour le projet du Gazoduc Maroc Nigeria. Les possibles perturbations de livraisons de gaz russe aux pays d’Europe de l’Ouest, conjuguées à la politique de containement de la Russie menée par les Occidentaux (européens en tête), pourraient booster l’attractivité du gazoduc qui permettrait de diversifier les sources d’énergie pour l’UE.
Le gouvernement espagnol a déjà annoncé sa volonté de commercialiser le gaz algérien vers la France et le reste de l’Europe. Le potentiel qu’offre le pipeline maroco-nigérian, conjugué aux séries de découvertes de gisements tout au long du tracé du gazoduc (Ghana, Côte d’Ivoire, Sénégal, Mauritanie et Maroc), représente un indicateur de taille pour les investisseurs, comme des pays tels que l’Italie dont l’outil industriel dépend toujours des expéditions russes.
Le Royaume devrait également aborder la question des cours des céréales fortement impactés par la crise ukrainienne vu l’arrêt total des expéditions ukrainiennes et les perturbations que devraient enregistrer les exportations russes.
Une nouvelle flambée des prix des céréales à l’international ne peut qu’impacter le Royaume qui a déjà mis en place un mécanisme de compensation pour faire face à l’inflation et éviter une répercussion sur le consommateur final. La question pourrait également être abordée vu que les Etats-Unis font aussi partie des sources d’approvisionnement du marché local.
Engrais et fertilisants
Le marché des engrais et fertilisants est également impacté par le conflit en Ukraine, où les deux belligérants sont des fournisseurs d’engrais et d’intrants, sans oublier la Biélorussie. La Russie représentant 13% du commerce de produits intermédiaire d’engrais (ammoniac, roche de phosphate, soufre) et 17% des échanges d’engrais fini. Une situation qui représente autant une opportunité de croissance pour l’OCP qui pourrait gagner de nouvelles parts de marché, notamment au niveau du marché européen.
Le récent rapprochement entre l’OCP, le groupe américain Koch Ag & Energy Solutions, qui prévoit l’acquisition auprès du géant marocain de 50% de l’une des unités de production Jorf Fertilizer Company III (JFC III) située dans le complexe industriel de Jorf Lasfar, devrait permettre au mastodonte marocain de renforcer sa présence sur le marché brésilien et capitaliser sur l’influence de Koch Industries, le groupe ayant consenti près de 11 millions de dollars en lobbying pour reprendre pied sur le marché américain.
Cette alliance devrait également permettre à l’OCP d’absorber le choc d’une rupture des approvisionnements en ammoniac ukrainien ou russe. Une matière indispensable à la fabrication de la gamme d’engrais produits par l’opérateur marocain et qui devrait profiter de l’expertise de son nouveau partenaire d’affaires pour diversifier son approvisionnement en la matière.
Le récent rapprochement entre l’OCP, le groupe américain Koch Ag & Energy Solutions, qui prévoit l’acquisition auprès du géant marocain de 50% de l’une des unités de production Jorf Fertilizer Company III (JFC III) située dans le complexe industriel de Jorf Lasfar, devrait permettre au mastodonte marocain de renforcer sa présence sur le marché brésilien et capitaliser sur l’influence de Koch Industries, le groupe ayant consenti près de 11 millions de dollars en lobbying pour reprendre pied sur le marché américain.
Cette alliance devrait également permettre à l’OCP d’absorber le choc d’une rupture des approvisionnements en ammoniac ukrainien ou russe. Une matière indispensable à la fabrication de la gamme d’engrais produits par l’opérateur marocain et qui devrait profiter de l’expertise de son nouveau partenaire d’affaires pour diversifier son approvisionnement en la matière.