Cela a commencé par des accusations de l’organisation de défense des droits de l’homme, d’espionnage contre le Maroc. Selon AI, les autorités marocaines auraient utilisé Pegasus, un logiciel israélien pour espionner le téléphone du journaliste marocain Omar Radi, qui aurait été systématiquement pris pour cible en raison de son journalisme teinté de militantisme, souligne Amnesty.
Amnesty a été jusqu’à ester en justice la firme israélienne NSO mais elle a été déboutée par un tribunal de Tel-Aviv dans sa demande de faire révoquer la licence d'exportation d'un logiciel d'espionnage.
Espionnage et, accessoirement, harcèlement d’un journaliste, par un logiciel israélien de surcroit, il n’en fallait pas plus pour titiller la sensibilité voire la susceptibilité des Marocains et faire sortir les autorités marocaines de leurs gongs. Les réactions ont fusé de toutes parts et chacun a fait feu de son bois.
Il y’en a qui se sont rangés du côté du free-lance, à l’instar des 110 journalistes marocains qui se sont fendus d’un manifeste appelant les autorités compétentes à prendre des mesures contre les "médias de diffamation" qui calomnient impunément des "voix critiques", comme le rapporte l’AFP.
Et puis il y a les autres, comme le gouvernement marocain, qui a foncé tête baissée dans le piège de la riposte, maladroite et impulsive.
Enorme et totalement faux ?
Le La est donné par un communiqué dénonciateur du gouvernement aux relents passéistes et complotistes qui ne sert en rien, notamment d’un point de vue médiatique, la position valable et légitime du Royaume a défendre sa souveraineté et ses acquis certains en matière de protection des droits de l’homme.
Une sortie précipitée, opportunément rattrapée quelques jours plus tard par une diplomatie marocaine non moins offensive. Dans un entretien accordé à la "Tribune de Genève, Nasser Bourita reproche ainsi à AI de mener une véritable campagne médiatique sur la base d’accusations infondées, et d’avoir induit plusieurs médias et journalistes dans l’erreur".
Le ministre des affaires étrangères va jusqu’à dénoncer une absence de dynamique de dialogue chez Amnesty qui a failli « au devoir de neutralité et d’objectivité » avant de rejeter ses accusations en les qualifiant d’« énormes et totalement faux ».
Pour Mustapha Ramid, "l'organisation devra soit présenter des preuves matérielles, soit retirer ses accusations infondées si elle s'attache à sa noble mission de défense des droits de l’homme. Devant la Commission de la justice, à la Chambre des représentants, le chef du département d’État chargé des droits de l'Homme a souligné qu’une persistance dans des allégations à la situation des droits de l'Homme au Maroc ne servira en rien la cause des droits, mais porterait surtout atteinte à la réputation de l'organisation.
Sauf qu’il y a un Hic! Dans leur démarche, les membres du gouvernement qui ont réagi à la crise Maroc-AI ont trop mis l’accent sur l’infondé des allégations et le manque de preuves des accusations. Oubliant dans leur ferveur à défendre le Maroc qu’absence de preuve ne veut pas dire forcément absence du forfait.
Une trajectoire imparfaite
Alors que la meilleure défense que puisse adopter le Royaume pour se prémunir des attaques -infondées ou autres, là n’est pas la question- relève de la persévérance dans la voie tracée par le Maroc en matière de promotion des droits de l’homme et leur protection comme l’a souligné le parlementaire istiqlalien, Omar Abbassi, lors d’une séance des questions orales au sein du parlement.
Abbassi, avait stigmatisé la gestion impulsive de cette crise par le gouvernement, déplorant le manque flagrant de tact et de tacticité de l’équipe d’El Othmani, qui n’a pas su « maintenir un esprit de dialogue et de communication avec les ONG internationales de protection des droits de l’homme».
En clair le député istiqlalien reproche au gouvernement de s’être empressé de rédiger et de publier des communiqués obsolètes alors qu’il aurait suffi de faire montre de discernement et de patience, et surtout de veiller à l’application des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation (IER) en toute transparence, notamment ce qui concerne la gouvernance sécuritaire». Une position qui rompt avec l’unanimisme ambiant autour de cette affaire et qu’il réaffirmera quelques jours plus tard dans le cadre de la commission de justice, de législation et des droits de l’homme réunies à la mi-juillet en présence du Ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, Mustapha Ramid, afin de débattre justement de l’affaire d’Omar Radi et Amnesty International.
Lors de cette réunion, Omar Abbassi rappellera avec pertinence le rôle joué par les ONG internationales parmi lesquelles AI dans la promotion du respect des droits de l’homme dans notre pays. «Ce sont les rapports d’Amnesty et d’autres ONG qui ont levé le voile sur les atteintes graves aux droits de l’homme dans notre pays en révélant l’existence de centres secrets de détention», dira-t-il avant d’ajouter : «Le rôle de ces ONG en tant que donneurs d’alertes et de garde-fou pour la protection des droits de l’homme est indéniable, même s’il faut admettre que leur méthodologie et leurs sources posent souvent problème. Nonobstant les rapports d’AI, huit citoyens marocains dont le journaliste Omar Radi prétendent avoir été espionnés et que leurs données personnelles ont été violées. Ils ont adressé une plainte à l’instance chargée de protéger ces mêmes données personnelles, le CNDP, qui n’a prêté aucun égard à leurs doléances. Ce qui révèle que la situation des droits de l’homme dans notre pays n’est pas aussi saine qu’on pourrait le croire».
Car ce qu’il faut reconnaitre c’est que, de l’aveu même de M. Nasser Bourita, dans son entretien avec le journal suisse, "notre trajectoire n’est pas parfaite mais nous avançons sereinement (bel euphémisme pour dire lentement) par rapport aux attentes de nos citoyens… ».
Or les citoyens marocains sont en droit d’espérer une meilleure protection de leurs droits et surtout une gestion plus efficiente de ce genre d’esclandres aux ramifications internationales et dont l’impact sur l’image de marque du Maroc n’est pas à négliger.
Amnesty a été jusqu’à ester en justice la firme israélienne NSO mais elle a été déboutée par un tribunal de Tel-Aviv dans sa demande de faire révoquer la licence d'exportation d'un logiciel d'espionnage.
Espionnage et, accessoirement, harcèlement d’un journaliste, par un logiciel israélien de surcroit, il n’en fallait pas plus pour titiller la sensibilité voire la susceptibilité des Marocains et faire sortir les autorités marocaines de leurs gongs. Les réactions ont fusé de toutes parts et chacun a fait feu de son bois.
Il y’en a qui se sont rangés du côté du free-lance, à l’instar des 110 journalistes marocains qui se sont fendus d’un manifeste appelant les autorités compétentes à prendre des mesures contre les "médias de diffamation" qui calomnient impunément des "voix critiques", comme le rapporte l’AFP.
Et puis il y a les autres, comme le gouvernement marocain, qui a foncé tête baissée dans le piège de la riposte, maladroite et impulsive.
Enorme et totalement faux ?
Le La est donné par un communiqué dénonciateur du gouvernement aux relents passéistes et complotistes qui ne sert en rien, notamment d’un point de vue médiatique, la position valable et légitime du Royaume a défendre sa souveraineté et ses acquis certains en matière de protection des droits de l’homme.
Une sortie précipitée, opportunément rattrapée quelques jours plus tard par une diplomatie marocaine non moins offensive. Dans un entretien accordé à la "Tribune de Genève, Nasser Bourita reproche ainsi à AI de mener une véritable campagne médiatique sur la base d’accusations infondées, et d’avoir induit plusieurs médias et journalistes dans l’erreur".
Le ministre des affaires étrangères va jusqu’à dénoncer une absence de dynamique de dialogue chez Amnesty qui a failli « au devoir de neutralité et d’objectivité » avant de rejeter ses accusations en les qualifiant d’« énormes et totalement faux ».
Pour Mustapha Ramid, "l'organisation devra soit présenter des preuves matérielles, soit retirer ses accusations infondées si elle s'attache à sa noble mission de défense des droits de l’homme. Devant la Commission de la justice, à la Chambre des représentants, le chef du département d’État chargé des droits de l'Homme a souligné qu’une persistance dans des allégations à la situation des droits de l'Homme au Maroc ne servira en rien la cause des droits, mais porterait surtout atteinte à la réputation de l'organisation.
Sauf qu’il y a un Hic! Dans leur démarche, les membres du gouvernement qui ont réagi à la crise Maroc-AI ont trop mis l’accent sur l’infondé des allégations et le manque de preuves des accusations. Oubliant dans leur ferveur à défendre le Maroc qu’absence de preuve ne veut pas dire forcément absence du forfait.
Une trajectoire imparfaite
Alors que la meilleure défense que puisse adopter le Royaume pour se prémunir des attaques -infondées ou autres, là n’est pas la question- relève de la persévérance dans la voie tracée par le Maroc en matière de promotion des droits de l’homme et leur protection comme l’a souligné le parlementaire istiqlalien, Omar Abbassi, lors d’une séance des questions orales au sein du parlement.
Abbassi, avait stigmatisé la gestion impulsive de cette crise par le gouvernement, déplorant le manque flagrant de tact et de tacticité de l’équipe d’El Othmani, qui n’a pas su « maintenir un esprit de dialogue et de communication avec les ONG internationales de protection des droits de l’homme».
En clair le député istiqlalien reproche au gouvernement de s’être empressé de rédiger et de publier des communiqués obsolètes alors qu’il aurait suffi de faire montre de discernement et de patience, et surtout de veiller à l’application des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation (IER) en toute transparence, notamment ce qui concerne la gouvernance sécuritaire». Une position qui rompt avec l’unanimisme ambiant autour de cette affaire et qu’il réaffirmera quelques jours plus tard dans le cadre de la commission de justice, de législation et des droits de l’homme réunies à la mi-juillet en présence du Ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, Mustapha Ramid, afin de débattre justement de l’affaire d’Omar Radi et Amnesty International.
Lors de cette réunion, Omar Abbassi rappellera avec pertinence le rôle joué par les ONG internationales parmi lesquelles AI dans la promotion du respect des droits de l’homme dans notre pays. «Ce sont les rapports d’Amnesty et d’autres ONG qui ont levé le voile sur les atteintes graves aux droits de l’homme dans notre pays en révélant l’existence de centres secrets de détention», dira-t-il avant d’ajouter : «Le rôle de ces ONG en tant que donneurs d’alertes et de garde-fou pour la protection des droits de l’homme est indéniable, même s’il faut admettre que leur méthodologie et leurs sources posent souvent problème. Nonobstant les rapports d’AI, huit citoyens marocains dont le journaliste Omar Radi prétendent avoir été espionnés et que leurs données personnelles ont été violées. Ils ont adressé une plainte à l’instance chargée de protéger ces mêmes données personnelles, le CNDP, qui n’a prêté aucun égard à leurs doléances. Ce qui révèle que la situation des droits de l’homme dans notre pays n’est pas aussi saine qu’on pourrait le croire».
Car ce qu’il faut reconnaitre c’est que, de l’aveu même de M. Nasser Bourita, dans son entretien avec le journal suisse, "notre trajectoire n’est pas parfaite mais nous avançons sereinement (bel euphémisme pour dire lentement) par rapport aux attentes de nos citoyens… ».
Or les citoyens marocains sont en droit d’espérer une meilleure protection de leurs droits et surtout une gestion plus efficiente de ce genre d’esclandres aux ramifications internationales et dont l’impact sur l’image de marque du Maroc n’est pas à négliger.
Ali Benadada
Encadré
NSO Group, des déboires judiciaires à l’international
Récemment, Amnesty International (AI), qui a déposé une plainte visant à interdire à la société israélienne de cyber sécurité "NSO Group" d'exporter sa technologie à l’étranger, a été déboutée pour "manque de preuves". Une juge israélienne du tribunal du district de Tel Aviv a expliqué dans sa décision rendue publique lundi que les avocats d'Amnesty n'ont pas fourni suffisamment d'éléments "pour prouver qu'une tentative a été faite pour surveiller un militant des droits humains en tentant de pénétrer son appareil téléphonique", rapportent les agences de presse AP et AFP ainsi que le prestigieux journal américain New York Times.
Selon l'AFP, le tribunal israélien a jugé que l'ONG internationale n'a pas présenté de preuves suffisantes "pour prouver l'affirmation selon laquelle une tentative de traquer un militant des droits de l'homme en essayant de pirater son téléphone portable".
L'ONG a cherché à révoquer la licence d'exportation de la société, arguant que son logiciel était utilisé par divers pays pour espionner les dissidents et les militants. Le tribunal a affirmé qu’Amnesty n'avait pas présenté suffisamment de preuves pour prouver que le logiciel espion était utilisé pour cibler des militants.
NSO Group demeure cependant visés par d’autres poursuites judiciaires dont notamment celle initiée par WhatsApp qui avait porté plainte après avoir constaté que l’entreprise utilisait une vulnérabilité pour installer son logiciel espion sur les téléphones de ses victimes. Une plainte dont la validité a été confirmée le 17 juillet par un tribunal en Californie qui a rejeté la demande d’abandon des poursuites émises par NSO Group.
En Espagne, la société israélienne risque également de faire l’objet de poursuites en raison de soupçons de l’utilisation de son logiciel pour l’espionnage d’activistes catalans et de journalistes.
Récemment, Amnesty International (AI), qui a déposé une plainte visant à interdire à la société israélienne de cyber sécurité "NSO Group" d'exporter sa technologie à l’étranger, a été déboutée pour "manque de preuves". Une juge israélienne du tribunal du district de Tel Aviv a expliqué dans sa décision rendue publique lundi que les avocats d'Amnesty n'ont pas fourni suffisamment d'éléments "pour prouver qu'une tentative a été faite pour surveiller un militant des droits humains en tentant de pénétrer son appareil téléphonique", rapportent les agences de presse AP et AFP ainsi que le prestigieux journal américain New York Times.
Selon l'AFP, le tribunal israélien a jugé que l'ONG internationale n'a pas présenté de preuves suffisantes "pour prouver l'affirmation selon laquelle une tentative de traquer un militant des droits de l'homme en essayant de pirater son téléphone portable".
L'ONG a cherché à révoquer la licence d'exportation de la société, arguant que son logiciel était utilisé par divers pays pour espionner les dissidents et les militants. Le tribunal a affirmé qu’Amnesty n'avait pas présenté suffisamment de preuves pour prouver que le logiciel espion était utilisé pour cibler des militants.
NSO Group demeure cependant visés par d’autres poursuites judiciaires dont notamment celle initiée par WhatsApp qui avait porté plainte après avoir constaté que l’entreprise utilisait une vulnérabilité pour installer son logiciel espion sur les téléphones de ses victimes. Une plainte dont la validité a été confirmée le 17 juillet par un tribunal en Californie qui a rejeté la demande d’abandon des poursuites émises par NSO Group.
En Espagne, la société israélienne risque également de faire l’objet de poursuites en raison de soupçons de l’utilisation de son logiciel pour l’espionnage d’activistes catalans et de journalistes.
(avec MAP)
3 questions à M. Mohamed Sektaoui
Mohamed Sektaoui
“Le seul intérêt d’Amnesty est la protection des droits de l’Homme”
L’interview du directeur exécutif d'Amnesty International (AI) réalisée par «Al Alam», braque les projecteurs sur la méthodologie de travail de l’ONG. Extraits.
- Amnesty International est-elle habituée à produire des rapports, qui nécessitent des recherches scientifiques et des experts spécialisés?
En ce qui concerne le dossier des attaques numériques, et des attaques via des moyens modernes de communication contre des militants des droits de l'homme, des opposants politiques ou d'autres militants, et cela concerne le monde actuel, nous sommes tous dans un nouveau climat, et dans un espace appelé espace numérique, ce qui signifie qu'il y a des violations des droits de l'homme que le monde n'a pas connues.
- L’Organisation dispose-t-elle de moyens techniques et d’experts pour surveiller les violations numériques
Absolument, AI dispose d'un laboratoire pour surveiller ces violations, et ce rapport est réalisé par le laboratoire numérique d'Amnesty International, qui emploie des experts de haut niveau. Elle coopère également avec de nombreuses institutions internationales spécialisées dans ces questions, tel le "Citizen Lab in Canada" , ainsi que l'Université de New York, qui dispose d'un observatoire et d'un laboratoire de haut niveau dans le domaine des technologies numériques, et même Amnesty International travaille à travers son laboratoire numérique pour suivre les problèmes et les dossiers liés aux droits humains.
- Des millions de téléphones ont été surveillés dans le cadre du contre-espionnage, en Allemagne, en France et dans de nombreux pays, pourquoi «Amnesty» n'a-t-elle pas réagi?
En fait, à chaque fois qu’il s’agit des Droits de l’Homme, les responsables marocains voient les choses comme un complot contre le Maroc. A titre d’exemple, lorsque nous avons publié ce rapport le 22 juin dernier, et avant cela un autre rapport a été publié le 16 juin dernier, relatif aux applications numériques pour suivre les contacts des personnes atteintes de Covid 19, et comment ces applications se transforment en méthodes et mécanismes d'espionnage de la vie privée, ce rapport qui n'est pas différent du rapport sur le Maroc, mentionnait de nombreux pays tels l’Algérie, Bahreïn, France, Islande, Koweït, Liban, Norvège, Qatar, Tunisie et Emirats Arabes Unis ... En somme le Maroc n’est pas le seul concerné ou visé.
- Amnesty International est-elle habituée à produire des rapports, qui nécessitent des recherches scientifiques et des experts spécialisés?
En ce qui concerne le dossier des attaques numériques, et des attaques via des moyens modernes de communication contre des militants des droits de l'homme, des opposants politiques ou d'autres militants, et cela concerne le monde actuel, nous sommes tous dans un nouveau climat, et dans un espace appelé espace numérique, ce qui signifie qu'il y a des violations des droits de l'homme que le monde n'a pas connues.
- L’Organisation dispose-t-elle de moyens techniques et d’experts pour surveiller les violations numériques
Absolument, AI dispose d'un laboratoire pour surveiller ces violations, et ce rapport est réalisé par le laboratoire numérique d'Amnesty International, qui emploie des experts de haut niveau. Elle coopère également avec de nombreuses institutions internationales spécialisées dans ces questions, tel le "Citizen Lab in Canada" , ainsi que l'Université de New York, qui dispose d'un observatoire et d'un laboratoire de haut niveau dans le domaine des technologies numériques, et même Amnesty International travaille à travers son laboratoire numérique pour suivre les problèmes et les dossiers liés aux droits humains.
- Des millions de téléphones ont été surveillés dans le cadre du contre-espionnage, en Allemagne, en France et dans de nombreux pays, pourquoi «Amnesty» n'a-t-elle pas réagi?
En fait, à chaque fois qu’il s’agit des Droits de l’Homme, les responsables marocains voient les choses comme un complot contre le Maroc. A titre d’exemple, lorsque nous avons publié ce rapport le 22 juin dernier, et avant cela un autre rapport a été publié le 16 juin dernier, relatif aux applications numériques pour suivre les contacts des personnes atteintes de Covid 19, et comment ces applications se transforment en méthodes et mécanismes d'espionnage de la vie privée, ce rapport qui n'est pas différent du rapport sur le Maroc, mentionnait de nombreux pays tels l’Algérie, Bahreïn, France, Islande, Koweït, Liban, Norvège, Qatar, Tunisie et Emirats Arabes Unis ... En somme le Maroc n’est pas le seul concerné ou visé.
Recueillis par A. B.
Repères :
Maroc/AI, histoire d’une relation passionnelle
Entre le Maroc et AI, les relations ont souvent été tendues. L’épisode de la campagne internationale lancée en 2014 par l’ONG contre la torture, à l’occasion de laquelle le Maroc avait été inscrit sur sa «liste noire» des Etats tortionnaires aux côtés du Mexique, le Nigéria et l’Ouzbékistan, suscitant ainsi l’ire du Royaume constitue un tournant dans la relation avec cette ONG. Dans ce sens, le gouvernement marocain déplore la méthodologie de la rédaction des rapport d’AI, affirmant que l’ONG s’appuie uniquement sur des sources anonymes, notamment lorsqu'il s'agit des allégations de tortures, et des adversaires politiques du Maroc sur la question du Sahara marocain. Le gouvernement considère que les rapports d'Amnesty sur ce dossier se concluent toujours par des recommandations politiques, tel l’élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’Homme alors qu’elle fait la sourde oreille sur les violations des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf.
Entrée d’Amnesty au Maroc
La section marocaine d’Amnesty International (AI) a été officiellement fondée en 1997 à l’ère du défunt Roi Hassan II. Mais sa première mission d’observation au Maroc remonte, elle, à 1963 lors de l’épisode du procès des Bahaïs accusés de renier la foi musulmane. Deux ans à peine après sa création, AI fait ainsi la connaissance du Royaume qui deviendra souvent l’objet de ses rapports. La seconde mission s’effectue lors du procès des militants ittihadis de l’UNFP devant le tribunal de Rabat entre 1963 et 1964 où plus d’une centaine de militants sont accusés de crimes. Avec l’avènement du gouvernement d’Alternance dirigé par l’USFPéiste Abderrahmane El Youssoufi, l’aile locale de l’ONG britannique avait même failli en 2001, bénéficier du label association d’utilité publique.