Contrairement à ce qu’avait annoncé Sâadeddine El Othmani le 7 mai lors de son passage sur une émission d’Al Oula, les Marocains bloqués à l’étranger pourront revenir au bercail avant même la réouverture des frontières. C’est ce qui ressort du communiqué de presse émis par le gouvernement mercredi et qui ouvre, à partir du 14 juillet 2020 à minuit, la possibilité aux citoyens marocains se trouvant actuellement à l’étranger et avec eux les étrangers résidant au Maroc, d’accéder au territoire national par voies aérienne et maritime.
Pour éclaircir les nombreuses zones d’ombre qui entachent ce communiqué, nous avons contacté le ministère de l’Intérieur, qui nous a renvoyé vers celui des Affaires étrangères qui est resté prudemment muet sur ce sujet, comme c’est devenu de coutume. Idem pour celui de la Santé et pour la Primature dont nous n’avons pas pu arracher le moindre début de réponse. Ne reste alors que le communiqué susmentionné et dont la formulation, lacunaire et lapidaire, laisse planer un certain nombre d’interrogations. Ainsi, si on a bien compris que ledit communiqué n’annonce aucune ouverture des frontières, notamment pour les Marocains résidant au Maroc qui devront ainsi reporter leurs éventuels projets de déplacement hors frontières, rien ne dit si la mesure d’ouverture partielle concerne également les marocains du monde.
Contacté par « L’Opinion », Lhajj Chafiq, inspecteur du Parti de l’Istiqlal dans les pays d’Europe, partage le même scepticisme : «Il est vrai qu’au début, beaucoup de MRE se sont réjouis de cette bonne nouvelle qui intervient avant l’Aïd El Kbir, mais le doute est vite venu gâcher cette joie. On ne sait pas si tout le monde pourra y aller ou s’agira-t-il d’une sélection selon des critères qu’on ignore pour le moment», s’interroge notre interlocuteur.
Un communiqué de la Royal Air Maroc, publié jeudi au lendemain de celui du gouvernement (voir repères) ne fait lui aussi qu’accentuer le doute existant en parlant de vols spéciaux et de conditions de rapatriement ou de voyages, ainsi que de cadences de vols et de dessertes qui restent à définir avec les autorités compétentes. Du côté de celles-ci et selon une source autorisée, le ton est à l’expectative également : «Les choses seront clarifiées dans les prochains jours. Un deuxième communiqué donnera plus de détails», nous dit-on de façon laconique.
En attendant, des évidences et autant de paradoxes sautent aux yeux parmi lesquels la volonté du Maroc de maintenir ses frontières fermées. Notamment envers les touristes étrangers qui ne semblent pas concernés, alors même que le secteur touristique national et l’ensemble du pays traversent une conjoncture effroyable où la moindre rentrée de devises devrait être encouragée. «Si cela s’avère vrai, ce serait une aberration monumentale», déplore ainsi un important hôtelier de Marrakech.
L’autre évidence qui relève elle aussi du paradoxe est ce message sous-entendu à l’adresse des MRE, également pourvoyeurs de devises, à qui on semble suggérer poliment de changer leurs plans et de ne venir au Maroc qu’en cas de nécessité absolue. Ce message subliminal ressort des restrictions imposées aux arrivées par voie maritime, qui sont les plus utilisées par les Marocains du monde et que le communiqué a limité aux seuls ports de Sète et de Gênes, réputés pour leurs prix exorbitants de traversée de la Méditerranée.
Cette mesure restrictive risque en effet d’être dissuasive pour ces Marocains habitués à revenir au bercail via les frontières terrestres de Sebta et de Melilia ou celles maritimes de Tarifa et d’Algésiras en Espagne. Elle risque également de poser de sérieux problèmes pour les Marocains résidant au Maroc et bloqués en Espagne avec leurs véhicules.
Néanmoins, ce qui est sûr, c’est que “les passagers seront tenus de présenter, avant l’embarquement, un test PCR de moins de 48 heures, ainsi qu’un test sérologique”. A ce titre, deux jours avant la publication dudit communiqué, le ministère de la Santé a apporté des modifications au protocole de quarantaine qui peut désormais être faite à domicile. Mais là encore se pose une énigme, celle de savoir comment et qui contrôlera les allées et venues de milliers de Marocains rapatriés parmi lesquels il y aura certainement les dizaines de milliers d’étudiants marocains éparpillés aux quatre coins du globe. A moins de les équiper de bracelets électroniques, gageons que ce sera une gageure.
Au final, on en déduit que le canal de rapatriement ouvert par le communiqué du gouvernement concerne principalement les Marocains résidant au Maroc et encore bloqués à l’étranger et leurs concitoyens étudiants qui se retrouvent après la fin de l’année scolaire dans la même situation de blocage. Mais là aussi et au vu de l’absence de précisions sur les modalités de voyage, des questions demeurent concernant notamment les frais de rapatriement dont on ignore s’ils seront assumés par les rapatriés eux-mêmes ou par le contribuable ?... ça fait beaucoup de questions !
Pour éclaircir les nombreuses zones d’ombre qui entachent ce communiqué, nous avons contacté le ministère de l’Intérieur, qui nous a renvoyé vers celui des Affaires étrangères qui est resté prudemment muet sur ce sujet, comme c’est devenu de coutume. Idem pour celui de la Santé et pour la Primature dont nous n’avons pas pu arracher le moindre début de réponse. Ne reste alors que le communiqué susmentionné et dont la formulation, lacunaire et lapidaire, laisse planer un certain nombre d’interrogations. Ainsi, si on a bien compris que ledit communiqué n’annonce aucune ouverture des frontières, notamment pour les Marocains résidant au Maroc qui devront ainsi reporter leurs éventuels projets de déplacement hors frontières, rien ne dit si la mesure d’ouverture partielle concerne également les marocains du monde.
Contacté par « L’Opinion », Lhajj Chafiq, inspecteur du Parti de l’Istiqlal dans les pays d’Europe, partage le même scepticisme : «Il est vrai qu’au début, beaucoup de MRE se sont réjouis de cette bonne nouvelle qui intervient avant l’Aïd El Kbir, mais le doute est vite venu gâcher cette joie. On ne sait pas si tout le monde pourra y aller ou s’agira-t-il d’une sélection selon des critères qu’on ignore pour le moment», s’interroge notre interlocuteur.
Un communiqué de la Royal Air Maroc, publié jeudi au lendemain de celui du gouvernement (voir repères) ne fait lui aussi qu’accentuer le doute existant en parlant de vols spéciaux et de conditions de rapatriement ou de voyages, ainsi que de cadences de vols et de dessertes qui restent à définir avec les autorités compétentes. Du côté de celles-ci et selon une source autorisée, le ton est à l’expectative également : «Les choses seront clarifiées dans les prochains jours. Un deuxième communiqué donnera plus de détails», nous dit-on de façon laconique.
En attendant, des évidences et autant de paradoxes sautent aux yeux parmi lesquels la volonté du Maroc de maintenir ses frontières fermées. Notamment envers les touristes étrangers qui ne semblent pas concernés, alors même que le secteur touristique national et l’ensemble du pays traversent une conjoncture effroyable où la moindre rentrée de devises devrait être encouragée. «Si cela s’avère vrai, ce serait une aberration monumentale», déplore ainsi un important hôtelier de Marrakech.
L’autre évidence qui relève elle aussi du paradoxe est ce message sous-entendu à l’adresse des MRE, également pourvoyeurs de devises, à qui on semble suggérer poliment de changer leurs plans et de ne venir au Maroc qu’en cas de nécessité absolue. Ce message subliminal ressort des restrictions imposées aux arrivées par voie maritime, qui sont les plus utilisées par les Marocains du monde et que le communiqué a limité aux seuls ports de Sète et de Gênes, réputés pour leurs prix exorbitants de traversée de la Méditerranée.
Cette mesure restrictive risque en effet d’être dissuasive pour ces Marocains habitués à revenir au bercail via les frontières terrestres de Sebta et de Melilia ou celles maritimes de Tarifa et d’Algésiras en Espagne. Elle risque également de poser de sérieux problèmes pour les Marocains résidant au Maroc et bloqués en Espagne avec leurs véhicules.
Néanmoins, ce qui est sûr, c’est que “les passagers seront tenus de présenter, avant l’embarquement, un test PCR de moins de 48 heures, ainsi qu’un test sérologique”. A ce titre, deux jours avant la publication dudit communiqué, le ministère de la Santé a apporté des modifications au protocole de quarantaine qui peut désormais être faite à domicile. Mais là encore se pose une énigme, celle de savoir comment et qui contrôlera les allées et venues de milliers de Marocains rapatriés parmi lesquels il y aura certainement les dizaines de milliers d’étudiants marocains éparpillés aux quatre coins du globe. A moins de les équiper de bracelets électroniques, gageons que ce sera une gageure.
Au final, on en déduit que le canal de rapatriement ouvert par le communiqué du gouvernement concerne principalement les Marocains résidant au Maroc et encore bloqués à l’étranger et leurs concitoyens étudiants qui se retrouvent après la fin de l’année scolaire dans la même situation de blocage. Mais là aussi et au vu de l’absence de précisions sur les modalités de voyage, des questions demeurent concernant notamment les frais de rapatriement dont on ignore s’ils seront assumés par les rapatriés eux-mêmes ou par le contribuable ?... ça fait beaucoup de questions !
Safaa KSAANI
3 questions à Mohammed El Aouni : «Les détails les plus importants ne sont pas dévoilés»
Membre du Comité national de suivi du dossier des Marocains bloqués à l’étranger et président de l’Organisation pour les libertés d’Information et d’Expression-Hatem (OLIE), nous livre sa lecture sur l’opération.
- Quelle est votre lecture du communiqué du gouvernement ?
- Ledit communiqué ne peut que traduire le flou qui règne dans le traitement par le gouvernement du dossier du retour des Marocains bloqués, des Marocains Résidant à l’Étranger et des résidents étrangers au Maroc. En tout cas, ce qui est sûr est que les frontières ne seront pas ouvertes à tout le monde et que les détails les plus importants ne sont pas dévoilés.
- Quelle en est votre évaluation ?
- En étudiant le communiqué, on ne trouvera pas de détails pratiques. Nous ignorons le volume du budget alloué. Les critères du choix des premiers bénéficiaires n’y sont pas définis. A ce titre, même au cours des premières opérations de rapatriement, les personnes âgées, les malades ou les femmes enceintes n’ont pas été tous rapatriés. Le retour par voie terrestre n’est pas concerné par le communiqué. Par ailleurs, la gestion de ce dossier, depuis son début, n’est pas solide et ne prend pas en compte le volet humain de nos compatriotes. Ce qui est grave.
- Qu’est-ce qui explique, selon vous, autant de zones d’ombre dans la communication gouvernementale ?
- Nous sommes face à un dossier qui concerne pratiquement tous les secteurs. Le communiqué n’est pas au nom de l’ensemble des composantes du gouvernement. Plusieurs autres ministères concernés ne figurent pas dans le communiqué, tels que le ministère de l’Équipement, du Transport et de la Logistique, le ministère de la Jeunesse et des Sports ainsi que le ministère du Tourisme. Ce qui rend impossible d’instaurer un plan national de rapatriement clair et limpide. Résultat : retard de l’opération de rapatriement et perte de confiance de la population à l’égard des institutions
- Quelle est votre lecture du communiqué du gouvernement ?
- Ledit communiqué ne peut que traduire le flou qui règne dans le traitement par le gouvernement du dossier du retour des Marocains bloqués, des Marocains Résidant à l’Étranger et des résidents étrangers au Maroc. En tout cas, ce qui est sûr est que les frontières ne seront pas ouvertes à tout le monde et que les détails les plus importants ne sont pas dévoilés.
- Quelle en est votre évaluation ?
- En étudiant le communiqué, on ne trouvera pas de détails pratiques. Nous ignorons le volume du budget alloué. Les critères du choix des premiers bénéficiaires n’y sont pas définis. A ce titre, même au cours des premières opérations de rapatriement, les personnes âgées, les malades ou les femmes enceintes n’ont pas été tous rapatriés. Le retour par voie terrestre n’est pas concerné par le communiqué. Par ailleurs, la gestion de ce dossier, depuis son début, n’est pas solide et ne prend pas en compte le volet humain de nos compatriotes. Ce qui est grave.
- Qu’est-ce qui explique, selon vous, autant de zones d’ombre dans la communication gouvernementale ?
- Nous sommes face à un dossier qui concerne pratiquement tous les secteurs. Le communiqué n’est pas au nom de l’ensemble des composantes du gouvernement. Plusieurs autres ministères concernés ne figurent pas dans le communiqué, tels que le ministère de l’Équipement, du Transport et de la Logistique, le ministère de la Jeunesse et des Sports ainsi que le ministère du Tourisme. Ce qui rend impossible d’instaurer un plan national de rapatriement clair et limpide. Résultat : retard de l’opération de rapatriement et perte de confiance de la population à l’égard des institutions
Recueillis par S. K.
Repères
Vols exceptionnels : les précisions de la RAM
Plus de 10.000 Marocains rapatriés au 1er juillet
Faisant suite au communiqué du gouvernement marocain autorisant le déplacement par voies aérienne et maritime des Marocains bloqués à l’étranger, Royal Air Maroc tient à signaler qu’il s’agira de vols spéciaux qui seront programmés. Ils concerneront un nombre limité de destinations, composé en partie de routes déjà desservies par Royal Air Maroc et que les modalités de vente des billets seront communiquées bientôt. De même, les mesures de sécurité sanitaire sont respectées durant l’opération d’embarquement dans les bus de transfert et dans les escabeaux et les passerelles.
Plus de 10.000 Marocains rapatriés au 1er juillet
S’exprimant le 6 courant devant la Commission des Affaires étrangères, de la Défense nationale, des Affaires islamiques et des Marocains Résidant à l’étranger à la Chambre des Représentants, Nezha El Ouafi, ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, a affirmé que, jusqu’au 1er juillet, 10.744 Marocains ont regagné le territoire national au bord de plus de 74 vols. Par ailleurs, un peu plus de 45.000 Marocains Résidant à l’Etranger (MRE) restés bloqués au royaume au moment de la fermeture des frontières à cause de la pandémie du nouveau Coronavirus ont pu retourner dans leurs pays de résidence, a-t-elle ajouté.