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Me Khalid Trabelsi : « d’ici deux ans, le métier d’avocat connaîtra une véritable crise »


Rédigé par Safaa KSAANI Lundi 22 Juin 2020

L’Alliance des Avocats Istiqlaliens (AAI) a affirmé aujourd’hui, que le projet de loi soumis au ministère de la Justice, par l’Association des Barreaux du Maroc (ABM), en vue de son adoption, ne permettra pas d’améliorer les conditions sociales et professionnelles des avocats du royaume. Entretien.



Maître Khalid Trabelsi, président de l’Alliance des Avocats Istiqlaliens et avocat au barreau de Rabat
Maître Khalid Trabelsi, président de l’Alliance des Avocats Istiqlaliens et avocat au barreau de Rabat
Depuis 1924, aucun organisme unique n’a été constitué pour représenter les avocats du royaume. Près d’un siècle après la première loi régissant la profession, ce sont 17 barreaux indépendants les uns des autres qui représentent les 17.000 avocats en exercice, ce qui a participé à l’affaiblissement de la profession. 

Dans ce sens, l’Alliance des Avocats Istiqlaliens, présidée par l’avocat au barreau de Rabat, Maître Khalid Trabelsi, plaide pour l’institution d’un Conseil national ayant pour vocation de représenter l’ensemble des avocats du pays, en vue d’améliorer leurs conditions sociales et professionnelles. L’Alliance plaide également pour une réforme radicale du système judiciaire. 

-Quelles sont les failles présentes dans le projet de loi présenté par l’Association des Barreaux du Maroc au ministère de la Justice ?

- Les dispositions dudit projet de loi ne sont pas basées sur les décisions et recommandations des conférences, des colloques et séminaires organisés par l’Association, et encore moins sur la Charte Nationale pour la Réforme du Système Judiciaire, qui recommandaient l’institution d’un Conseil national, porte-parole de tous les avocats du royaume auprès du gouvernement et du pouvoir judiciaire. Les 17.000 avocats de notre pays, représentés par 17 barreaux, demandent depuis toujours l’instauration de ce Conseil. Le projet de loi, présenté par l’ABM ne prend pas en considération ces éléments, ce qui ne permet pas d’améliorer la profession d’avocat.

- L’institution d’un porte-parole unique des avocats est-elle la seule solution pour améliorer les conditions sociales et professionnelles des avocats ?

- Les 17 barreaux mobilisés aujourd’hui à travers les différentes régions du royaume, ne pourront jamais constituer une force officielle nationale. C’est la raison pour laquelle une nouvelle loi de la profession, qui revoit les outils de la profession ainsi que l’établissement d’un conseil national sont les seuls moyens
du renforcement de la profession. Le conseil national aura pour vocation d’être le représentant officiel et porte-parole de notre métier. Ce conseil national était l’une des recommandations de la Charte Nationale de la Réforme du Système Judiciaire. C’est la raison pour laquelle nous demandons le retrait dudit projet de loi présenté au Ministère de la Justice afin de le réexaminer dans le cadre d’une approche participative avec différents acteurs professionnels.

-Comment évaluez-vous l’impact de la pandémie du nouveau Coronavirus sur la profession ? 

- La profession est faible devant les circonstances générales, sociales et économiques, et s’est encore plus affaiblie à cause de la pandémie. D’ici deux ans, le métier d’avocat connaîtra une véritable crise sociale et professionnelle. La crise a dévoilé les vraies conditions sociales et professionnelles des avocats, en l’occurrence, l’absence d’un véritable organisme les représentant et de lois solides les protégeant des aléas de la vie. Les avocats se sont trouvés victimes de cette situation fragile. Des barreaux leur ont apporté des aides symboliques, qui restent insuffisantes face aux lourdes charges qui sont en moyenne de 15.000 dirhams par mois, répartis entre loyer, crédits, entre autres.
 
Recueillis par S. K.








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