Parmi les expériences de sauvegarde des animaux sauvages dont les populations ont régressé durant le siècle dernier, celle menée par le Département des Eaux et Forêts pour protéger et consolider les populations de mouflons à manchettes est manifestement en bonne voie vers le succès. Animal robuste dont les mâles arborent des cornes impressionnantes, le mouflon à manchettes (connu sous nos cieux sous le nom « Arui » ou « Oudad ») fait partie des 7 espèces d’ongulés sauvages que le Maroc tente depuis plusieurs années de protéger et de réintroduire dans la Nature (la gazelle dama, L’oryx algazelle, l’Addax, le Mouflon à manchettes, le Cerf de Berbérie, la Gazelle de Cuvier et la Gazelle dorcas). La dernière opération en date, effectuée dans ce cadre, a eu lieu le 7 et le 8 octobre dernier. Deux lâchers de mouflons à manchettes ont ainsi été effectués par les équipes des Eaux et Forêts dans les provinces de Boulemane et de Berkane.
Espèce victime de braconnage
Jadis très répandues, les populations de mouflons qui vivaient dans plusieurs régions du Royaume avaient fini par décliner d’une manière inquiétante pendant le siècle dernier. « Gibier traditionnellement très valorisé, le Mouflon à manchettes a été exterminé dans de nombreux secteurs et a régressé ailleurs, du fait des chasseurs locaux et extérieurs, pour se trouver cantonné dans les milieux les plus accidentés et des reliefs sahariens isolés », écrit Dr Fabrice Cuzin dans le livre « Mammifères sauvages du Maroc » publié en 2017. « Vu son habitat, l’espèce a longtemps été protégée contre la chasse motorisée, mais le développement de réseau routier facilitant les accès, en particulier dans les petits massifs montagneux sahariens (…), des expéditions de chasse visant spécifiquement cette espèce sont apparues au cours des dernières années », poursuit Dr Fabrice Cuzin. Afin de lutter contre ces activités de braconnage, les autorités ont depuis plusieurs années mis en place des mesures de surveillance dans les sites les plus touchés.
Réintroduction dans le pays Béni-Snassen
En plus de ces efforts contre la chasse illégale, la disparition du mouflon au Maroc est également contrée grâce à un programme de conservation des populations existantes et de réintroduction dans la Nature dans les zones où l’espèce a disparu. C’est ainsi que la région de l’Oriental a vu réapparaître des groupes de mouflons dans le massif du Béni-Snassen grâce à plusieurs opérations de lâcher menées ces dernières années. La dernière en date a eu lieu il y a quelques jours avec la translocation de 34 mouflons issus de la réserve de faune de Tafoughalt. « Outre l’utilisation d’un dispositif technique et vétérinaire qui prend en considération de veiller au maximum au bien-être des animaux pendant le transport et le lâcher, cette opération s’est faite dans le respect des règles sanitaires actuellement en vigueur », confie M. Zouhair Amhaouch, chef de la division des parcs et réserves au Département des Eaux et Forêts.
Translocation du mouflon à Tirnest
Si les translocations de mouflons depuis la réserve de Tafoughalt vers le site naturel de Béni-Snassen (Berkane) se font depuis plusieurs années, c’est en revanche la toute première fois que l’espèce est introduite dans la réserve de Tirnest située dans la commune d’Outat El-Haj (Boulemane). « Il existe encore dans cette zone des populations sauvages de Mouflon à manchettes, notamment dans le Jbel Bounacer et le Bouiblane. Nous avons cependant introduit il y a quelques jours, 51 mouflons dans un enclos d’acclimations situé dans la réserve de Tirnest, au pied du Jbel Bounacer », explique Zouhair Amhaouch. Les mouflons installés dans la réserve de Tirnest devront désormais s’habituer progressivement au climat de la région et regagner leur autonomie pour se nourrir. La prochaine étape aura lieu dans quelques semaines, quand ces animaux seront relâchés dans la zones afin de rejoindre et de renforcer les populations existantes dans la région. Quelques petits pas de mouflons et un grand pas pour la conservation des espèces menacées au Maroc.
Espèce victime de braconnage
Jadis très répandues, les populations de mouflons qui vivaient dans plusieurs régions du Royaume avaient fini par décliner d’une manière inquiétante pendant le siècle dernier. « Gibier traditionnellement très valorisé, le Mouflon à manchettes a été exterminé dans de nombreux secteurs et a régressé ailleurs, du fait des chasseurs locaux et extérieurs, pour se trouver cantonné dans les milieux les plus accidentés et des reliefs sahariens isolés », écrit Dr Fabrice Cuzin dans le livre « Mammifères sauvages du Maroc » publié en 2017. « Vu son habitat, l’espèce a longtemps été protégée contre la chasse motorisée, mais le développement de réseau routier facilitant les accès, en particulier dans les petits massifs montagneux sahariens (…), des expéditions de chasse visant spécifiquement cette espèce sont apparues au cours des dernières années », poursuit Dr Fabrice Cuzin. Afin de lutter contre ces activités de braconnage, les autorités ont depuis plusieurs années mis en place des mesures de surveillance dans les sites les plus touchés.
Réintroduction dans le pays Béni-Snassen
En plus de ces efforts contre la chasse illégale, la disparition du mouflon au Maroc est également contrée grâce à un programme de conservation des populations existantes et de réintroduction dans la Nature dans les zones où l’espèce a disparu. C’est ainsi que la région de l’Oriental a vu réapparaître des groupes de mouflons dans le massif du Béni-Snassen grâce à plusieurs opérations de lâcher menées ces dernières années. La dernière en date a eu lieu il y a quelques jours avec la translocation de 34 mouflons issus de la réserve de faune de Tafoughalt. « Outre l’utilisation d’un dispositif technique et vétérinaire qui prend en considération de veiller au maximum au bien-être des animaux pendant le transport et le lâcher, cette opération s’est faite dans le respect des règles sanitaires actuellement en vigueur », confie M. Zouhair Amhaouch, chef de la division des parcs et réserves au Département des Eaux et Forêts.
Translocation du mouflon à Tirnest
Si les translocations de mouflons depuis la réserve de Tafoughalt vers le site naturel de Béni-Snassen (Berkane) se font depuis plusieurs années, c’est en revanche la toute première fois que l’espèce est introduite dans la réserve de Tirnest située dans la commune d’Outat El-Haj (Boulemane). « Il existe encore dans cette zone des populations sauvages de Mouflon à manchettes, notamment dans le Jbel Bounacer et le Bouiblane. Nous avons cependant introduit il y a quelques jours, 51 mouflons dans un enclos d’acclimations situé dans la réserve de Tirnest, au pied du Jbel Bounacer », explique Zouhair Amhaouch. Les mouflons installés dans la réserve de Tirnest devront désormais s’habituer progressivement au climat de la région et regagner leur autonomie pour se nourrir. La prochaine étape aura lieu dans quelques semaines, quand ces animaux seront relâchés dans la zones afin de rejoindre et de renforcer les populations existantes dans la région. Quelques petits pas de mouflons et un grand pas pour la conservation des espèces menacées au Maroc.
Oussama ABAOUSS
3 questions à M. Zouhair Amhaouch, chef de la division des parcs et réserves
Zouhair Amhaouch
« Les amodiations de chasse peuvent contribuer au succès des efforts de conservation »
Chef de la division des parcs et réserves au sein du Département des Eaux et Forêts, M. Zouhair Amhaouch a répondu à nos questions sur la conservation du mouflon au Maroc.
- Quels sont les objectifs prioritaires pour la sauvegarde du mouflon à manchettes au Maroc ?
- Le programme de conservation du mouflon à manchettes au Maroc vise globalement à protéger et à consolider les populations sauvages de l’espèce dans les zones où elle est encore présente. Dans les zones où elle a disparu, l’objectif est de la réintroduire progressivement.
- Le mouflon à manchettes, a-t-il pu repeupler des territoires où il avait complètement disparu ?
- Oui, c’est le cas de la région de l’Oriental par exemple. Cela a été réalisé suite à des opérations de réintroduction progressive du mouflon à manchettes dans le pays Béni Snassen. Ces deux dernières années, quelque 80 animaux ont ainsi été relâchés par le Département des Eaux et Forêts dans ce territoire où évolue actuellement une population importante qui vient d’être renforcée par les 34 animaux relâchés il y a quelques jours.
- Les amodiations de chasse, peuvent-elles jouer un rôle dans la sauvegarde de cette espèce ?
- En effet, les amodiations (location d’espace de chasse selon un cahier de charges. Ndlr.) peuvent contribuer au succès des efforts de conservation et de réintroduction. Cela a été prouvé par plusieurs expériences, dans la région du Souss notamment. Des mouflons à manchettes avaient été relâchés il y a une dizaine d’années dans cette zone. Les amodiations ont depuis joué un rôle primordial dans la réussite de cette opération à travers leur participation active au gardiennage et à la surveillance. C’est grâce à cet engagement que nous avons pu assister à un développement spectaculaire des populations de mouflons dans l’Anti Atlas.
Chef de la division des parcs et réserves au sein du Département des Eaux et Forêts, M. Zouhair Amhaouch a répondu à nos questions sur la conservation du mouflon au Maroc.
- Quels sont les objectifs prioritaires pour la sauvegarde du mouflon à manchettes au Maroc ?
- Le programme de conservation du mouflon à manchettes au Maroc vise globalement à protéger et à consolider les populations sauvages de l’espèce dans les zones où elle est encore présente. Dans les zones où elle a disparu, l’objectif est de la réintroduire progressivement.
- Le mouflon à manchettes, a-t-il pu repeupler des territoires où il avait complètement disparu ?
- Oui, c’est le cas de la région de l’Oriental par exemple. Cela a été réalisé suite à des opérations de réintroduction progressive du mouflon à manchettes dans le pays Béni Snassen. Ces deux dernières années, quelque 80 animaux ont ainsi été relâchés par le Département des Eaux et Forêts dans ce territoire où évolue actuellement une population importante qui vient d’être renforcée par les 34 animaux relâchés il y a quelques jours.
- Les amodiations de chasse, peuvent-elles jouer un rôle dans la sauvegarde de cette espèce ?
- En effet, les amodiations (location d’espace de chasse selon un cahier de charges. Ndlr.) peuvent contribuer au succès des efforts de conservation et de réintroduction. Cela a été prouvé par plusieurs expériences, dans la région du Souss notamment. Des mouflons à manchettes avaient été relâchés il y a une dizaine d’années dans cette zone. Les amodiations ont depuis joué un rôle primordial dans la réussite de cette opération à travers leur participation active au gardiennage et à la surveillance. C’est grâce à cet engagement que nous avons pu assister à un développement spectaculaire des populations de mouflons dans l’Anti Atlas.
Recueillis par O. A.
Chasse : Quand traquer le mouflon devient très lucratif
Du fait de son état de conservation, le mouflon à manchettes est formellement interdit de chasse au Maroc. Il n’est cependant pas exclu que l’espèce fasse l’objet d’une « valorisation cynégétique » (relative à la chasse. Ndlr) quand ses populations seront assez consolidées. Il existe par ailleurs au Maroc un lot didactique désigné à cet effet à Iguer dans la région de Marrakech. Il s’agit d’une réserve de 2000 hectares que le Département des Eaux et Forêts a préparé en vue d’éventuels tests de la chasse au mouflon. Outre le statut de conservation de l’espèce, le principal facteur qui déterminera le succès de cette expérience est la possibilité d’utiliser des armes adaptés dont l’usage est actuellement interdit dans le Royaume. Il faut noter que la chasse légale du mouflon est pratiquée dans plusieurs régions dans le monde et notamment en Espagne où l’activité est très prisée par les chasseurs qui n’hésitent pas à payer des milliers d’euros par trophée. Contrairement aux activités de braconnage, la chasse au trophée qui est un sujet controversé dans les milieux écologistes, est une activité qui génère des revenus importants dans les pays où elle est pratiquée. Elle est par ailleurs strictement réglementée, et les animaux qui en font l’objet sont sélectionnés par les gestionnaires parmi les individus en fin de vie et qui se sont déjà reproduits. Les revenus de cette valorisation cynégétique sont souvent réinjectés dans la conservation et bénéficient également aux entreprises locales qui participent à l’hébergement au transport et à la restauration des chasseurs.
Repères
Un grimpeur hors paire
Le bonjour des addaxAutrefois répandu dans la plupart des régions montagneuses du Maghreb et du Sahara, le mouflon à manchettes fréquente des milieux variés, des forêts claires jusqu’à divers types de steppes, toujours plus ou moins accidentés, et n’évite que les terrains plats, qu’il traverse à l’occasion. C’est un grimpeur remarquable, qui fréquente souvent les milieux de falaises, de rochers et d’éboulis. Le mouflon à manchette se nourrit de graminées, d’herbes éparses, de feuilles et de jeunes branches d’acacias et de lichens.
Le 23 novembre 2019, les Eaux et Forêts avaient relâché 20 addax dans la région de M’hamid El-Ghizlane, faisant du Maroc le premier pays dans le monde à réintroduire l’addax dans la Nature. Contrairement au mouflon, l’addax est une espèce très sensible dont les tentatives de réintroduction à travers le monde se sont toutes soldées d’échecs. L’expérience marocaine déroge manifestement à la règle puisque 10 mois après, la population réintroduite est en bonne santé et continue de s’adapter à son territoire historique.