Un véritable coup de pouce pour un futur port promis à un bel avenir ! C’est ainsi que l’on pourrait décrire le nouveau financement annoncé en faveur de la plateforme portuaire Nador West Med (NWM). La Banque Mondiale s’apprête en effet à octroyer un appui financer de 240 millions de dollars, soit près de 2,4 milliards de dirhams au profit de ce port méditerranéen et à son écosystème.
« Cette enveloppe est destinée au financement de l’autoroute et à l’aménagement de la zone industrielle », affirme à « L’Opinion » une source auprès de la Société Nador West Med. Ce ne serait qu’une question de semaines avant que ce financement de la Banque Mondiale ne soit confirmé par son Conseil d’Administration, en concertation avec le gouvernement marocain.
Autoroute Guercif-Nador
Concrètement, fait-on savoir auprès de la Société Nador West Med, c’est la liaison autoroutière Guercif-Nador qui est concernée. Un axe d’un montant de 5,5 milliards de dirhams, qui va donc bénéficier d’une partie de ces fonds pour accélérer sa réalisation.
Déjà en mai 2021, le gouvernement en avait confié la gestion à la société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM). Une convention de maîtrise d’ouvrage délégué a été conclue avec ADM en vue d’assurer l’assistance technique et la réalisation des études. Le montant prévisionnel des investissements de la société s’élève à 2,478 milliards de dirhams.
Zones industrielles
Le projet est en gestation et devrait rejoindre les autres déjà réalisés dans la zone pour favoriser la connectivité. Il s’agit notamment de l’autoroute Fès-Oujda, la rocade méditerranéenne qui s’étend de Tanger à Saïdia, en plus de la voie express reliant les villes principales de l’Oriental (Oujda, Ahfir, Berkane et Nador), ainsi que la ligne ferroviaire Taourirt-Nador.
Concernant l’aspect industriel, à l’image de Tanger Med, les zones industrielles, logistiques et de services sont également appelées à pousser autour de la plateforme portuaire de NWM. Ce financement vient favoriser leur mise en place, dans l’optique de faire éclore un écosystème destiné à abriter les métiers mondiaux du Maroc.
Fonds Mohammed VI
Avant la Banque Mondiale, d’autres grands bailleurs et bras armés financiers s’étaient déjà illustrés par leur intérêt pour ce port et son environnement. Rappelez-vous, c’est en effet l’un des premiers projets à bénéficier des financements du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Il s’agit de la liaison ferroviaire reliant Selouane au Port Nador West Med (50 km). Montant de l’enveloppe : 3 MMDH. L’ensemble de ces projets contribuent à renforcer le rôle de pivot que devrait jouer ce port dans le pourtour méditerranéen, notamment avec la conjoncture actuelle, marquée par une crise gazière et pétrolière sans précédent.
De l’avenir avec le GNL
A propos de cette conjoncture énergétique difficile, ce port est appelé à jouer un rôle important dans l’avenir. Dans sa réponse face à cette situation critique, le gouvernement marocain l’a d’ailleurs retenu comme une future plaque tournante du trafic gazier non seulement pour le Maroc, mais aussi pour le pourtour méditerranéen.
En effet, selon la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leïla Benali, Nador West Med sera mobilisé pour recevoir le gaz naturel liquéfié (GNL) que le Maroc est appelé à importer, puis à transformer, à travers des centrales flottantes ou des terminaux terrestres. Le Port énergétique de Mohammedia est, lui également, retenu pour jouer ce rôle actif.
« Station-service » de la Méditerranée
Ce qui confirme les prévisions de certains experts portuaires, pour qui Nador West Med est aussi appelé à jouer le rôle de « station-service » au profit des navires de haute mer qui passent par les côtes marocaines. Des côtes qui voient passer environ 80% du transport maritime mondial. Le port bénéficiera notamment des nouvelles dispositions sur le transport maritime.
En effet, la récente règle appelée OMI 2020, entrée en vigueur le 1er janvier 2020, limite à 0,5% la teneur en soufre permise dans le carburant utilisé par les navires commerciaux à l’échelle mondiale. Comparé au fioul lourd, les émissions du gaz naturel liquéfié sont abaissées de 99% pour l’oxyde de soufre. Un navire de haute mer sur deux recourra au GNL en 2050. Nador West Med sera ainsi bien placé géographiquement pour surfer sur la filière GNL, en attirant les navires à destination de l’Asie, de l’Amérique et de l’Afrique.
« Cette enveloppe est destinée au financement de l’autoroute et à l’aménagement de la zone industrielle », affirme à « L’Opinion » une source auprès de la Société Nador West Med. Ce ne serait qu’une question de semaines avant que ce financement de la Banque Mondiale ne soit confirmé par son Conseil d’Administration, en concertation avec le gouvernement marocain.
Autoroute Guercif-Nador
Concrètement, fait-on savoir auprès de la Société Nador West Med, c’est la liaison autoroutière Guercif-Nador qui est concernée. Un axe d’un montant de 5,5 milliards de dirhams, qui va donc bénéficier d’une partie de ces fonds pour accélérer sa réalisation.
Déjà en mai 2021, le gouvernement en avait confié la gestion à la société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM). Une convention de maîtrise d’ouvrage délégué a été conclue avec ADM en vue d’assurer l’assistance technique et la réalisation des études. Le montant prévisionnel des investissements de la société s’élève à 2,478 milliards de dirhams.
Zones industrielles
Le projet est en gestation et devrait rejoindre les autres déjà réalisés dans la zone pour favoriser la connectivité. Il s’agit notamment de l’autoroute Fès-Oujda, la rocade méditerranéenne qui s’étend de Tanger à Saïdia, en plus de la voie express reliant les villes principales de l’Oriental (Oujda, Ahfir, Berkane et Nador), ainsi que la ligne ferroviaire Taourirt-Nador.
Concernant l’aspect industriel, à l’image de Tanger Med, les zones industrielles, logistiques et de services sont également appelées à pousser autour de la plateforme portuaire de NWM. Ce financement vient favoriser leur mise en place, dans l’optique de faire éclore un écosystème destiné à abriter les métiers mondiaux du Maroc.
Fonds Mohammed VI
Avant la Banque Mondiale, d’autres grands bailleurs et bras armés financiers s’étaient déjà illustrés par leur intérêt pour ce port et son environnement. Rappelez-vous, c’est en effet l’un des premiers projets à bénéficier des financements du Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Il s’agit de la liaison ferroviaire reliant Selouane au Port Nador West Med (50 km). Montant de l’enveloppe : 3 MMDH. L’ensemble de ces projets contribuent à renforcer le rôle de pivot que devrait jouer ce port dans le pourtour méditerranéen, notamment avec la conjoncture actuelle, marquée par une crise gazière et pétrolière sans précédent.
De l’avenir avec le GNL
A propos de cette conjoncture énergétique difficile, ce port est appelé à jouer un rôle important dans l’avenir. Dans sa réponse face à cette situation critique, le gouvernement marocain l’a d’ailleurs retenu comme une future plaque tournante du trafic gazier non seulement pour le Maroc, mais aussi pour le pourtour méditerranéen.
En effet, selon la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leïla Benali, Nador West Med sera mobilisé pour recevoir le gaz naturel liquéfié (GNL) que le Maroc est appelé à importer, puis à transformer, à travers des centrales flottantes ou des terminaux terrestres. Le Port énergétique de Mohammedia est, lui également, retenu pour jouer ce rôle actif.
« Station-service » de la Méditerranée
Ce qui confirme les prévisions de certains experts portuaires, pour qui Nador West Med est aussi appelé à jouer le rôle de « station-service » au profit des navires de haute mer qui passent par les côtes marocaines. Des côtes qui voient passer environ 80% du transport maritime mondial. Le port bénéficiera notamment des nouvelles dispositions sur le transport maritime.
En effet, la récente règle appelée OMI 2020, entrée en vigueur le 1er janvier 2020, limite à 0,5% la teneur en soufre permise dans le carburant utilisé par les navires commerciaux à l’échelle mondiale. Comparé au fioul lourd, les émissions du gaz naturel liquéfié sont abaissées de 99% pour l’oxyde de soufre. Un navire de haute mer sur deux recourra au GNL en 2050. Nador West Med sera ainsi bien placé géographiquement pour surfer sur la filière GNL, en attirant les navires à destination de l’Asie, de l’Amérique et de l’Afrique.
Abdellah MOUTAWAKIL
Repères
Soutage maritime : un positionnement stratégique
Comparée à celle des pays voisins qui disposent de gaz, la situation géographique du Maroc est plus rentable pour les armateurs. « Les armateurs préféreront ravitailler leurs navires depuis le Maroc, pour ensuite mettre le cap sur l’Afrique ou ailleurs, plutôt que de perdre du temps et de l’énergie à aller se ravitailler plus à l’Est », note un expert maritime. Le Maroc pourra ainsi rentabiliser ses importations gazières en mettant en valeur sa position géographique idéale au service du fret maritime mondial.
Energies : complémentarité Tanger Med-Nador West Med
En termes de capacités annuelles, Nador West Med aura une infrastructure qui permettra de traiter plus de 25 millions de tonnes d’hydrocarbures. Beaucoup d’experts maritimes et spécialistes de la question énergétique estiment qu’il est aujourd’hui possible de miser sur l’émergence de toute une industrie gazière sur la rive méditerranéenne du Maroc, en jouant sur la complémentarité entre Tanger Med et Nador West Med. Une ressource et une technologie à exporter par la suite vers d’autres plateformes portuaires nationales en émergence, notamment Jorf Lasfar.
L'info...Graphie
Nador West Med
Caractéristiques d’un port
Selon les données techniques communiquées par la Société Nador West Med, le premier module portuaire réalisé est composé d’une digue principale d’environ 4.200 m et d’une contre-digue d’environ 1200 m. En plus, un terminal à conteneurs avec un quai de 1.520 m, une profondeur de 18 m et un terre-plein de 76 ha sera le principal point de débarquement et de chargement du port. Il y a la possibilité d’ajout d’un quai de 1200 ml à -18 m pour conteneurs.
A cela s’ajoute le terminal hydrocarbure avec 3 postes pétroliers de 20 m de profondeur ; un terminal charbonnier avec un quai de 360 m et une profondeur de 20 m ; et un Terminal divers, en plus d’un poste roulier et un quai de service.
Selon la Société Nador West Med, en termes de capacités annuelles, cette infrastructure permettra de traiter 3 millions de conteneurs (Equivalent vingt pieds : EVP) avec possibilité d’augmenter cette capacité de 2 millions de conteneurs additionnels.
Aussi, 25 millions de tonnes d’hydrocarbures pourront y transiter, en plus de 7 millions de tonnes de charbon et de 3 millions de marchandises diverses.
A cela s’ajoute le terminal hydrocarbure avec 3 postes pétroliers de 20 m de profondeur ; un terminal charbonnier avec un quai de 360 m et une profondeur de 20 m ; et un Terminal divers, en plus d’un poste roulier et un quai de service.
Selon la Société Nador West Med, en termes de capacités annuelles, cette infrastructure permettra de traiter 3 millions de conteneurs (Equivalent vingt pieds : EVP) avec possibilité d’augmenter cette capacité de 2 millions de conteneurs additionnels.
Aussi, 25 millions de tonnes d’hydrocarbures pourront y transiter, en plus de 7 millions de tonnes de charbon et de 3 millions de marchandises diverses.
Nador West Med
Un projet à plus de 10 milliards de dirhams
Il faut le souligner, le chantier de Nador West Med est très capitalistique. Le coût de la première phase de ce complexe portuaire est estimé à plus de 10 MMDH. Une enveloppe financée par les fonds propres de la société «Nador West Med» à hauteur de 4,6 MMDH et par des prêts concessionnels (bailleurs de fonds) à hauteur de 5,4 MMDH. En plus, force est de constater que le chantier a connu d’importants retards.
Selon les derniers chiffres officiels communiqués par les autorités, le taux d’avancement du projet dépasserait les 55%. Les nouvelles prévisions tablent sur l’achèvement des travaux de construction en fin 2022, pour une mise en exploitation prévue en 2024.
Les infrastructures portuaires liées au projet sont conçues et étudiées pour être réalisées en plusieurs modules, de manière à offrir un potentiel de développement sur le moyen et le long terme. L’objectif est d’avoir une souplesse dans la planification des extensions futures éventuelles et une adaptation aux évolutions des trafics et des industries du transport maritime.
Parallèlement à l’infrastructure portuaire, des zones industrielles, logistiques et de services seront aménagées sur la zone franche adjacente au port et sur la zone de développement, destinées à abriter les métiers mondiaux du Maroc. Et en vue de mettre en oeuvre le rôle de locomotive de développement que cette nouvelle infrastructure portuaire doit jouer pour l’économie régionale et nationale, le projet d’une autoroute reliant Guercif à Nador a été mis sur les rails, pour un montant estimé à 5,5 MMDH.
Selon les derniers chiffres officiels communiqués par les autorités, le taux d’avancement du projet dépasserait les 55%. Les nouvelles prévisions tablent sur l’achèvement des travaux de construction en fin 2022, pour une mise en exploitation prévue en 2024.
Les infrastructures portuaires liées au projet sont conçues et étudiées pour être réalisées en plusieurs modules, de manière à offrir un potentiel de développement sur le moyen et le long terme. L’objectif est d’avoir une souplesse dans la planification des extensions futures éventuelles et une adaptation aux évolutions des trafics et des industries du transport maritime.
Parallèlement à l’infrastructure portuaire, des zones industrielles, logistiques et de services seront aménagées sur la zone franche adjacente au port et sur la zone de développement, destinées à abriter les métiers mondiaux du Maroc. Et en vue de mettre en oeuvre le rôle de locomotive de développement que cette nouvelle infrastructure portuaire doit jouer pour l’économie régionale et nationale, le projet d’une autoroute reliant Guercif à Nador a été mis sur les rails, pour un montant estimé à 5,5 MMDH.
3 questions à Najib Cherfaoui, expert maritime
«Ce port offre une opportunité à saisir sur le plan énergétique»
En plus de renforcer l’influence du Maroc sur les principales routes maritimes, Nador West Med lui donne une carte énergétique à jouer. C’est l’avis de l’expert maritime Najib Cherfaoui.
- Pensez-vous qu’en misant sur le volet énergétique, Nador West Med pourra s’intégrer sur les routes maritimes mondiales ?
- En 2013, la Chine lance l’idée d’une liaison globale en direction du Proche-Orient, Afrique et Europe : lignes électroniques, communications terrestres et maritimes via le canal de Suez. C’est la nouvelle route de la soie ou la Ceinture et la Route [One Belt-One Road]. Dans le sillage de ce projet, un nouveau paysage se dessine autour d’un axe reliant Pékin à Lagos. Et il convient de faire passer cet axe par Nador West Med. La géographie à zéro déviation est un levier majeur pour les navires transitant par le Détroit de Gibraltar.
En fait, les trafics sont en permanence à la recherche d’un itinéraire profitable, équilibré et maîtrisé. Nador West Med doit surfer sur la vague chinoise. Pour cela, il faut inscrire et structurer ce complexe autour du négoce en Afrique occidentale.
- Le port permettra aussi de positionner le Maroc sur la carte du soutage mondial ?
- Le Maroc est un pays qui ne dispose pas de gaz comme ressource naturelle, mais qui se retrouve en mesure de jouer le rôle de pivot, par sa position de carrefour. Ce port offre une opportunité à saisir sur le plan énergétique.
- L’environnement du port est tout de même critiqué par certains, notamment en raison du site accidenté ?
- Le site est pris en tenaille par les éléments hydrauliques. L’établissement initial du projet de port Nador West Med était à l’embouchure de l’oued Kert (2010). Or, son bassin versant de 3000 km² génère plusieurs millions de mètres cubes d’apports solides qui risquent d’envaser l’enceinte portuaire. L’implantation du port est alors vers le haut de la Baie de Bettoya (2011). Mais cet emplacement se trouve à l’embouchure du terrible torrent Ighzer N’tya qu’il faut contenir au moyen d’un système de barrages en cascades.
- Pensez-vous qu’en misant sur le volet énergétique, Nador West Med pourra s’intégrer sur les routes maritimes mondiales ?
- En 2013, la Chine lance l’idée d’une liaison globale en direction du Proche-Orient, Afrique et Europe : lignes électroniques, communications terrestres et maritimes via le canal de Suez. C’est la nouvelle route de la soie ou la Ceinture et la Route [One Belt-One Road]. Dans le sillage de ce projet, un nouveau paysage se dessine autour d’un axe reliant Pékin à Lagos. Et il convient de faire passer cet axe par Nador West Med. La géographie à zéro déviation est un levier majeur pour les navires transitant par le Détroit de Gibraltar.
En fait, les trafics sont en permanence à la recherche d’un itinéraire profitable, équilibré et maîtrisé. Nador West Med doit surfer sur la vague chinoise. Pour cela, il faut inscrire et structurer ce complexe autour du négoce en Afrique occidentale.
- Le port permettra aussi de positionner le Maroc sur la carte du soutage mondial ?
- Le Maroc est un pays qui ne dispose pas de gaz comme ressource naturelle, mais qui se retrouve en mesure de jouer le rôle de pivot, par sa position de carrefour. Ce port offre une opportunité à saisir sur le plan énergétique.
- L’environnement du port est tout de même critiqué par certains, notamment en raison du site accidenté ?
- Le site est pris en tenaille par les éléments hydrauliques. L’établissement initial du projet de port Nador West Med était à l’embouchure de l’oued Kert (2010). Or, son bassin versant de 3000 km² génère plusieurs millions de mètres cubes d’apports solides qui risquent d’envaser l’enceinte portuaire. L’implantation du port est alors vers le haut de la Baie de Bettoya (2011). Mais cet emplacement se trouve à l’embouchure du terrible torrent Ighzer N’tya qu’il faut contenir au moyen d’un système de barrages en cascades.
Recueillis par A. M.