« La jeunesse marocaine, un capital humain appelé à être valorisé dans la dynamique économique et sociale de notre pays », confie le secrétaire général de l’ONDH, El Hassan El Mansouri, qui résume d’une phrase son dernier rapport sur le développement humain : « Être jeunes au Maroc de nos jours », lors d’un Webinaire organisé ce mardi 7 décembre avec l’appui du PNUD Maroc. Et d’ajouter « le Maroc vit sa première aubaine démographique ; les jeunes de 15-29 ans représentaient 25,3% de la population marocaine en 2019. Cette situation est appelée à générer des retombées microéconomiques et macroéconomiques importantes, à condition que notre économie offre les emplois nécessaires à ces jeunes ». En effet, selon les résultats présentés, cette frange de la population représente, certes, un réel potentiel à mobiliser dans la dynamique de développement humain, mais sa précarité sociale s’est accentuée, en particulier depuis le déclenchement de la crise sanitaire. « S’il est vrai que le Maroc a connu une dynamique de développement humain importante depuis le début des années 90, cette dernière a connu un ralentissement, affectée par les déperditions scolaires et par la modestie des niveaux de revenu et d’insertion sociale des jeunes. Ce ralentissement s’est senti davantage au cours de l’année 2020 sous l’effet de la crise sanitaire sur la croissance économique, le niveau d’emploi et les revenus des ménages dépendants », a souligné Abdelfattah Hamadi, chef du pôle systèmes d’information à l’ONDH, lors de son intervention dans l’atelier de restitution du Rapport, notant qu’en 2019 la valeur de l’indice de développement humain (IDH) en milieu urbain ressort à 0,732 contre 0,583 en milieu rural. « L’enquête nous apprend, par ailleurs, que les régions les plus développées du Royaume sont celles du Sud, de Rabat-Salé Kénitra, de Casablanca-Settat et de l’Oriental. En revanche, les moins développées sont Béni Mellal-Khénifra et Marrakech-Safi. De plus, la précarité sociale est plus répandue dans les régions les moins développées », a-t-il détaillé.
De plus, L’ONDH révèle également que la précarité sociale touche près d’un actif occupé sur trois (32,3%). « Afin d’améliorer l’IDH, l’Observatoire appelle à renforcer l’efficacité du ciblage des investissements dans le développement humain, à l’aide d’un appui à l’accès à la santé, à l’éducation et aux sources de revenu, dédié aux populations en situation de pauvreté absolue et d’exclusion sociale », indique Abdelfattah Hamadi.
Les jeunes Marocains peu satisfaits mais confiants dans l’avenir …
Les perceptions des jeunes indiquent une faible satisfaction à l’égard de leur vie mais, paradoxalement, un réel optimisme quant à l’avenir. En effet, 83,3% des jeunes disent être peu satisfaits de leur vie, 71,3% de leurs conditions de logement et 81,% de leur travail. En revanche, 90% ont confirmé en 2019 avoir une perception positive du futur malgré les difficultés qu’ils ont pour s’y projeter. Afin d’améliorer leur situation économique, 70% des jeunes sont tentés par l’émigration, bien que 67% d’entre eux déclarent ne pas pouvoir être heureux sans leur famille. « Sept jeunes sur dix sont persuadés qu’ils seraient plus heureux s’ils partaient en Europe, où ils pourraient obtenir de meilleures opportunités. Le Maroc est par conséquent le pays avec le pourcentage le plus élevé de jeunes cherchant à émigrer. Cette envie d’ailleurs s’explique par les problèmes socio-économiques auxquels ils font face, notamment le chômage », précise-t-on . Et de noter qu’ au Maroc, cela touche environ 12 % de la population mais est beaucoup plus élevé chez les jeunes (31 %), les diplômés universitaires (18,7 %) et les femmes dans toutes les tranches d’âge (16,5 %).
Par ailleurs, évoquant le rôle de l’école dans la transmission des valeurs, les jeunes marocains considèrent que l'école n’a pas toujours été revendiquée comme un lieu de transmission des valeurs (seulement 33,4%), alors que 93% considèrent la religion comme une dimension importante de leur identité.
Vers un réajustement ou plutôt « un rajeunissement » des politiques publiques
La question des jeunes revêt un caractère transversal et multidimensionnel. « Agir pour une meilleure intégration des jeunes appelle donc à fonder les interventions en ne laissant aucun jeune à l’abandon et en l’accompagnant dans son processus de qualification et dans sa trajectoire de vie. Ces principes devraient être déployés dans les espaces de valorisation de leurs ressources et couvrir tous les domaines d’action qui concernent les jeunes, à savoir l’éducation, l’orientation professionnelle, la santé, la culture et plus généralement l’ensemble des autres services publics », recommande le rapport.
Dans ce sillage, le directeur de la coopération et de la promotion de l’enseignement scolaire privé au ministère de l’Éducation nationale, Aziz Nahya, lors de son intervention propose quant à lui « le rajeunissement de la politique publique ». « Je parlerai plutôt d’un rajeunissement que d’un réajustement des politiques publique », a-t-il suggéré, en précisant que c’est un lapsus révélateur , dans la mesure où il y a une dynamique qui se passe au Maroc à travers la mise en œuvre du NMD , qui nous pousse dès lors à plus de réflexion notamment sur ce que l’on pourrait faire pour les jeunes en leur tenant la main pour leur procurer un meilleur avenir » .
Ainsi, le PNUD et l’ONDH proposent des pistes à suivre dans l’élaboration des politiques publiques, à savoir le renforcement de la dotation des jeunes en capacités et en compétences, l’assurance de leur insertion économique et la garantie de leur citoyenneté active et leur participation à la vie sociale, tout en renforçant la prise en charge de leur santé .