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Petite enfance : Le bout du tunnel pour les crèches privées ?


Rédigé par Oussama ABAOUSS Mardi 9 Mars 2021

La CNSS a annoncé que les crèches privées pourront bénéficier d’indemnités forfaitaires pour les employés en arrêt de travail. Les premiers concernés ont, pour leur part, d’autres préoccupations.



Petite enfance : Le bout du tunnel pour les crèches privées ?
La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a annoncé ce dimanche, la décision de consacrer des indemnités forfaitaires, pour la période allant du 1er septembre 2020 jusqu’au 31 mai 2021, au profit des employés des crèches en situation difficile, à cause de la crise sanitaire. Les propriétaires de ces établissements peuvent ainsi formuler des demandes pour faire bénéficier de cette indemnité leurs salariés et stagiaires en formation-insertion en arrêt provisoire d’activité et déclarés auprès de la CNSS durant le mois de février 2020.

« Les employeurs remplissant les conditions stipulées dans le guide d’utilisation du portail covid19.cnss.ma doivent soumettre leurs demandes, via cette plateforme, à partir de ce jour et jusqu’au 15 courant” pour la période allant de septembre 2020 à janvier 2021. Pour les mois de février et de mars 2021, « les demandes peuvent être déposées jusqu’au 20 courant, tandis que les déclarations d’avril et mai débuteront le 16 du mois concerné et se poursuivront jusqu’au 3 du mois suivant ».

Réaction mitigée 

« Cette annonce concerne les aides destinées aux personnes qui sont en arrêt de travail. Je pense que c’est une aide qui ne va bénéficier qu’à très peu de structures car la grande majorité des crèches n’ont pas mis leurs employés en arrêt en attendant d’éventuels aides de la CNSS », souligne Adil Joundy, vice-président de l’Association Marocaine des Crèches Privées (AMCP) qui précise que contrairement aux salles de sports -qui ont mis leurs employés en arrêt de travail parce qu’elles n’avaient pas le droit d’ouvrir-, « les crèches ont pu ouvrir au début de l’année scolaire et étaient pour beaucoup, confrontées aux choix de licencier du personnel ou de fermer définitivement ». « Notre secteur a été particulièrement impacté parce qu’il n’y a pas de distanciel possible avec les tous petits, ce qui fait qu’on ne peut pas justifier des paiements de la part des parents si l’enfant ne vient pas physiquement à la crèche », explique M. Joundy.

Importance des ressources humaines

« La ressource humaine est très importante dans notre secteur d’activité puisque 80% de nos charges environ sont des charges salariales », explique le vice-président de l’AMCP. « En septembre, nous avions épuisé tous nos fonds et étions obligés de contracter des crédits. C’est à ce moment-là que nous avions demandé de l’aide, mais la réponse n’est malheureusement arrivée que plusieurs mois plus tard quand le secteur des crèches a été désigné par le Comité de Veille Economique parmi les secteurs sinistrés. Sauf qu’entre temps, la majorité des crèches qui étaient en grande difficulté a fermé », raconte Adil Joundy. Pour les crèches privées qui ont survécu à la traversée du désert, la situation semble cependant revenir peu à peu à la normale. « Aujourd’hui, le secteur se porte un peu mieux, parce qu’il y a une reprise des inscriptions, car les parents sont moins anxieux depuis que la campagne de vaccination a commencé et que la situation épidémiologique s’est améliorée », annonce la même source.

Le personnel en attente de vaccination

« Les parents qui confient leurs enfants à des crèches privées demandent régulièrement si le personnel a été vacciné. La décision de mettre les employés des crèches dans les listes des personnes prioritaires pour la vaccination revient au ministère de l’Intérieur et à celui de la Santé. Nous avons cependant envoyé un courrier à notre ministre puisque c’est lui qui est notre relai vis-à-vis des autres autorités et d’autant plus qu’il a vraiment été à l’écoute et a continuellement été présent à nos côtés pendant cette crise », confie le vice-président de l’AMCP. Rappelant les discours de SM le Roi Mohamed VI SM au sujet de l’importance de la petite enfance et du préscolaire, Adil Joundy souligne le rôle vital du secteur : « La petite enfance a un intérêt stratégique pour notre pays. Il est primordial qu’on s’occupe des tous petits afin qu’ils puissent entamer un primaire dans les meilleures conditions. Ces enfants feront le Maroc de demain ».

Oussama ABAOUSS

3 questions à Asmaa Sefrioui, présidente de l’AMCP

Asmaa Sefrioui
Asmaa Sefrioui
« Notre ministère de tutelle a été à la hauteur de nos attentes »

Présidente de l’Association Marocaine des Crèches Privées (AMCP), Asmaa Sefrioui a répondu à nos questions concernant la collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports.

- Est-ce que le ministère de tutelle a aidé les crèches à trouver des solutions pour dépasser la crise ?

- Notre association a œuvré pour trouver des solutions avec le ministère de tutelle afin de sauver notre secteur d’activité qui a vraiment été sinistré par la pandémie. Franchement, notre ministère a été à la hauteur de nos attentes. Le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports nous a écouté et a œuvré pour que nous puissions trouver des solutions notamment avec les banques chez lesquelles nous avons souscrit des crédits. Grâce à sa médiation, nous avons maintenant la possibilité de rééchelonner les échéances de payement des crédits, mais également des cotisations de la CNSS qui n’ont pas pu être honorées.

- Les accords convenus avec le ministère concernentils les crèches qui ne font pas partie de votre groupement ?

- Bien sûr. Nous avons œuvré pour toutes les crèches. Depuis, nous avons vu augmenter le nombre de demandes d’adhésion à notre association créée en 2018 pour justement permettre aux crèches privées de se structurer. Nous avons une cinquantaine d’adhérents situés dans plusieurs villes, mais nous recevons actuellement plus d’une dizaine de demandes d’adhésion par semaine.

- Pensez-vous que le secteur des crèches privées sera amené à prendre plus d’importance dans les préoccupations du ministère de tutelle ?

- Le secteur bouge actuellement. La création de notre association s’est justement faite pour entrer en contact avec la Jeunesse et les Sports et revendiquer des droits que nous n’avons pas. Il y a actuellement une dynamique pour élaborer un nouveau cahier des charges dédié aux crèches et nous espérons que notre association sera invitée à contribuer à ce chantier puisque nos membres sont les premiers concernés. 

Recueillis par O. A

Encadré

Normes : Mise en place d’un nouveau cahier des charges pour les crèches

Le bureau de l’UNICEF au Maroc a lancé en fin janvier dernier un appel à consultation pour l’élaboration d’un nouveau cahier des charges dédié aux crèches publiques et privées. Cet appel à consultation lancé à la demande du ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports a pour objectif de préparer un nouveau référentiel qui permettra d’améliorer la qualité d’accueil et d’apprentissage dans l’ensemble des crèches marocaines qui prennent en charge les enfants de 3 mois à 4 ans.

Le livrable final de cette mission doit ainsi préciser les standards minimums de prise en charge, en termes d’infrastructures et matériel (normes architecturales) et de contenu d’éveil et d’apprentissage. Le document doit en outre répertorier tous les aspects relatifs à la formation du personnel, la sécurité, l’hygiène et la gestion ainsi que ceux relatifs à la gouvernance et à la protection de la petite enfance. Clôturé le 15 février dernier, l’appel à consultation de l’UNICEF prévoyait également la réalisation d’un benchmark international et d’un diagnostic de l’état actuel des lieux dans ce secteur. Le cahier des charges devra par ailleurs formuler des normes minimales en matière de sécurité et de ressources humaines et proposer un guide de formation du personnel adapté au secteur et au contexte (rural et urbain). « L’intérêt supérieur de l’enfant, la qualité de l’offre et du service proposés devront être les principes qui guideront l’élaboration du cahier de charges », précisent les termes de référence de l’appel à consultation. 

Repères

Confinement et santé mentale des enfants
Une récente analyse publiée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) souligne que depuis le début de la pandémie de Coronavirus quelque 332 millions d’enfants dans le monde (soit au moins un enfant ou un jeune sur sept) ont été soumis à une politique nationale de confinement obligatoire ou recommandé pendant au moins neuf mois. Rappelant que cette situation met en péril la santé mentale et le bien-être de ces enfants, l’UNICEF a appelé à « accorder à ce problème l’attention qu’il mérite ».
« Budgétisation sensible à l’enfant »
Le ministère de l’Économie, l’Observatoire National des Droits de l’Enfant et l’UNICEF ont annoncé, la semaine dernière, qu’une trentaine de représentants des départements ministériels concernés par la Budgétisation Sensible à l’Enfant (BSE) ont récemment bénéficié d’une formation certifiante dans ce domaine. « Cette formation a permis d’outiller et de sensibiliser les partenaires nationaux concernés par cette thématique pour des budgets plus efficaces, efficients et équitables en faveur des Enfants ».








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