C’est une véritable industrie parallèle qui s’est mise en place. Des ateliers de photocopies tournent à plein régime. Livres scolaires, scientifiques en particulier, sont ainsi copiés par ces « Pme » à tour de bras et présentés à la vente… en vitrine. Il ne s’agit plus d’un étudiant ou d’un enseignant qui se présente pour demander la photocopie d’un livre introuvable sur le marché, mais de copies reliées prêtes à la vente, sans commandes préalables.
La littérature et les essais ne fleurissent pas dans ce circuit fermé des centres de photocopies, mais sont proposés aux passants, sur les terrasses de cafés par des vendeurs ambulants et des « ferracha », parfois érigés en véritables bouquinistes en lieu et place de stands à journaux. Avec les bouquinistes, la différence est dans les prix et l’offre diversifiée !
Les ferracha du livre
L’œuvre de Tahar Ben Jelloun s’étale à même le sol, avec celle de Yasmina Khadra. Le lecteur pourra s’approvisionner également en Driss Chraïbi, Leïla Slimani et Fouad Laroui, à côté des Musso et autre Lévy. C’est un signe que ce sont des auteurs qui marchent… en librairie ! Dans ce foisonnement, l’absence de Mohammed Khaïr-Eddine, Abdellatif Laâbi, Abdelkébir Khatibi – pour ne citer que des auteurs francophones -, ne passe pas inaperçue !
A côté du roman, la philosophie a son rayon fourni à même le sol, sur des tables de fortune. Nietzsche a son œuvre pratiquement complète, à côté de celle de Spinoza, Kant, Weber. Durkheim est également là , avec Michel Foucault, à prendre de la poussière pour attirer le lecteur, sans oublier Freud, présent à travers plusieurs de ses œuvres.
A l’intérieur de la Joutiya, malgré les multiples campagnes menées par le Bureau Marocain des Droits d’Auteurs, avec le Centre Cinématographique Marocain, c’est le DVD qui règne en maître, avec une offre plus qu’amoindrie, de la musique en MP3 et des logiciels piratés qui vont des applications, en passant par les jeux et… le code de la route. A Derb Ghallef, c’est le même paysage sinistré qui s’offre au regard du chaland, curieux et averti. Au vu de la pauvreté du catalogue et de l’ancienneté de plus en plus marquée des films et séries proposés, l’observateur peut être leurré et croire que ces campagnes ont porté leurs fruits. Las! le piratage de films et de séries n’a pas reculé au point de donner le sentiment qu’il est en voie de disparition par la sévérité des campagnes anti-piratage, mais est victime collatérale de Netflix et autres plates-formes audiovisuelles offertes dans les packages d’abonnement, comble du comble ! piratés de bouquets télés. Autrement dit, c’est la méthode de piratage qui a changé avec l’évolution des technologies de l’information. Cracker ou Casser le code n’est pas à la portée de n’importe quel quidam du clavier…
Avec ces cornes d’abondance, le téléchargement en Peer to Peer, avec Emule, notamment, apparaît comme une vieillerie et un souvenir que l’on rapporte aux nouvelles générations du numérique. Avec Internet, la disparition de la parabole des toits et des balcons, est actée.
Internet, la corne d’abondance culturelle
Le streaming et le téléchargement règnent en maître dans les foyers et la télévision a ses pirates qui l’alimentent en bouquets, beaucoup mieux fournis, qui met à portée de salon et dans le monde entier les chaînes de télévisions par milliers, dans toutes les langues et de tous les continents, des films, des séries et des jeux à ne plus savoir quoi en faire.
Malgré les luttes menées sur le plan international contre le piratage informatique, le téléchargement de livres ne tarit pas. Et pas seulement des livres anciens. Les nouvelles parutions sont de la fête et l’on peut trouver au format PDF ou epub, les titres les plus divers. Les génies du clavier et des zones inaccessibles à l’honnête internaute livrent au public des titres à peine mis en circulation dans les librairies, parfois même avant dans des pays périphériques, comme le Maroc, par exemple, où les circuits de distribution sont alimentés deux à trois semaines après parution, en France qui reste, à quelques 99%, le pays fournisseur des librairies du Royaume. Le dernier exemple en date est « L’historiographe du Royaume », une fiction que la rumeur donnait pour interdite d’accès au Maroc et dont la copie piratée a circulé au sein de plusieurs groupes WhatsApp, bien avant son arrivée sur les étagères des librairies et sa mise en vente publique, avec séance de dédicace de l’auteur, Mael Renouart.
Leçon ? Le piratage, malgré le front concerté qui se dresse sur sa route, ne disparaît pas. Il réduit ses flux, sa présence connue, avant de faire sa mue et de repartir de plus belle à la conquête de nouvelles cibles. Il y a vingt ans qui aurait parié qu’un jour le livre serait piraté à grande échelle, proposé à la vente par des marchands ambulants ou à même le sol par des ferracha qui prospéraient dans les produits de contrebande et la contrefaçon (déjà !), surtout vestimentaires ?
La littérature et les essais ne fleurissent pas dans ce circuit fermé des centres de photocopies, mais sont proposés aux passants, sur les terrasses de cafés par des vendeurs ambulants et des « ferracha », parfois érigés en véritables bouquinistes en lieu et place de stands à journaux. Avec les bouquinistes, la différence est dans les prix et l’offre diversifiée !
Les ferracha du livre
L’œuvre de Tahar Ben Jelloun s’étale à même le sol, avec celle de Yasmina Khadra. Le lecteur pourra s’approvisionner également en Driss Chraïbi, Leïla Slimani et Fouad Laroui, à côté des Musso et autre Lévy. C’est un signe que ce sont des auteurs qui marchent… en librairie ! Dans ce foisonnement, l’absence de Mohammed Khaïr-Eddine, Abdellatif Laâbi, Abdelkébir Khatibi – pour ne citer que des auteurs francophones -, ne passe pas inaperçue !
A côté du roman, la philosophie a son rayon fourni à même le sol, sur des tables de fortune. Nietzsche a son œuvre pratiquement complète, à côté de celle de Spinoza, Kant, Weber. Durkheim est également là , avec Michel Foucault, à prendre de la poussière pour attirer le lecteur, sans oublier Freud, présent à travers plusieurs de ses œuvres.
A l’intérieur de la Joutiya, malgré les multiples campagnes menées par le Bureau Marocain des Droits d’Auteurs, avec le Centre Cinématographique Marocain, c’est le DVD qui règne en maître, avec une offre plus qu’amoindrie, de la musique en MP3 et des logiciels piratés qui vont des applications, en passant par les jeux et… le code de la route. A Derb Ghallef, c’est le même paysage sinistré qui s’offre au regard du chaland, curieux et averti. Au vu de la pauvreté du catalogue et de l’ancienneté de plus en plus marquée des films et séries proposés, l’observateur peut être leurré et croire que ces campagnes ont porté leurs fruits. Las! le piratage de films et de séries n’a pas reculé au point de donner le sentiment qu’il est en voie de disparition par la sévérité des campagnes anti-piratage, mais est victime collatérale de Netflix et autres plates-formes audiovisuelles offertes dans les packages d’abonnement, comble du comble ! piratés de bouquets télés. Autrement dit, c’est la méthode de piratage qui a changé avec l’évolution des technologies de l’information. Cracker ou Casser le code n’est pas à la portée de n’importe quel quidam du clavier…
Avec ces cornes d’abondance, le téléchargement en Peer to Peer, avec Emule, notamment, apparaît comme une vieillerie et un souvenir que l’on rapporte aux nouvelles générations du numérique. Avec Internet, la disparition de la parabole des toits et des balcons, est actée.
Internet, la corne d’abondance culturelle
Le streaming et le téléchargement règnent en maître dans les foyers et la télévision a ses pirates qui l’alimentent en bouquets, beaucoup mieux fournis, qui met à portée de salon et dans le monde entier les chaînes de télévisions par milliers, dans toutes les langues et de tous les continents, des films, des séries et des jeux à ne plus savoir quoi en faire.
Malgré les luttes menées sur le plan international contre le piratage informatique, le téléchargement de livres ne tarit pas. Et pas seulement des livres anciens. Les nouvelles parutions sont de la fête et l’on peut trouver au format PDF ou epub, les titres les plus divers. Les génies du clavier et des zones inaccessibles à l’honnête internaute livrent au public des titres à peine mis en circulation dans les librairies, parfois même avant dans des pays périphériques, comme le Maroc, par exemple, où les circuits de distribution sont alimentés deux à trois semaines après parution, en France qui reste, à quelques 99%, le pays fournisseur des librairies du Royaume. Le dernier exemple en date est « L’historiographe du Royaume », une fiction que la rumeur donnait pour interdite d’accès au Maroc et dont la copie piratée a circulé au sein de plusieurs groupes WhatsApp, bien avant son arrivée sur les étagères des librairies et sa mise en vente publique, avec séance de dédicace de l’auteur, Mael Renouart.
Leçon ? Le piratage, malgré le front concerté qui se dresse sur sa route, ne disparaît pas. Il réduit ses flux, sa présence connue, avant de faire sa mue et de repartir de plus belle à la conquête de nouvelles cibles. Il y a vingt ans qui aurait parié qu’un jour le livre serait piraté à grande échelle, proposé à la vente par des marchands ambulants ou à même le sol par des ferracha qui prospéraient dans les produits de contrebande et la contrefaçon (déjà !), surtout vestimentaires ?
Abdallah BENSMAÏN