Utilisées depuis la nuit des temps pour des soins médicaux, les plantes font partie d’un patrimoine naturel précieux qui a permis la découverte de milliers de remèdes. La phytothérapie, qui consiste à utiliser des plantes sous diverses formes, s’appuie sur un savoir-faire ancestral qui a édifié une pharmacopée traditionnelle encore mise à profit de nos jours.
Aussi naturelles qu’elles puissent être, les plantes sont cependant des ressources médicales à manier avec soin, car leur usage peut s’avérer dangereux quand elles sont utilisées avec excès ou en présence de contre-indications (entre autres pour les allergiques, les femmes enceintes ou pour les personnes qui ont des maladies chroniques), d’autant plus que leur dose d’efficacité s’approche souvent de leur dose de toxicité. C’est pour cette raison qu’une phytothérapie moderne a vu le jour durant ces dernières décennies afin de mettre à profit les savoirs scientifiques et pharmaceutiques pour garantir une utilisation des plantes qui soit aussi sûre qu’efficace.
Convention FMIIP-ANPMA
C’est dans ce cadre qu’une convention a été signée le 10 mai 2022 entre la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP) et l’Agence Nationale des Plantes Aromatiques et Médicinales (ANPMA).
En marge des travaux des assises régionales de Casablanca-Settat du Plan national d’accélération de la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur (PACTE ESRI 2030), et en présence du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui, les deux institutions ont ainsi décidé de collaborer plus étroitement pour « investir le volet de la recherche scientifique et de la transformation industrielle des plantes médicinales, un capital naturel dont le potentiel demeure largement sous-exploité ».
Un communiqué de la FMIIP souligne que « les deux parties ont convenu d’oeuvrer ensemble pour l’encouragement de la recherche scientifique et l’amélioration des protocoles de bonnes pratiques de fabrication, allant de la culture et de l’obtention des matières premières jusqu’à la qualité des produits finis ».
Recherche scientifique
« Aujourd’hui, l’approche de la FMIIP est de se rapprocher des Universités et de l’ANPMA afin de développer ensemble des projets de recherche sur des thérapeutiques qui sont connues dans notre pharmacopée traditionnelle marocaine », explique M. Mohamed El Bouhmadi, président de la FMIIP. « Un des objectifs de cette convention est d’apporter des preuves scientifiques du concept et de l’effet de ces plantes, mais également de les produire dans le cadre d’une phytothérapie moderne qui respecte les conditions pharmaceutiques.
C’est-à-dire en effectuant des tests pour maîtriser la toxicité, en mettant en place les formules d’utilisation les plus adaptées, en déterminant les doses et les bons excipients (éléments sans activité thérapeutique qui entrent dans la composition d’un médicament ou qui sont utilisés pour sa fabrication, NDRL) », poursuit la même source. Le but est donc de pouvoir développer des « protocoles codifiés » mais dans le cadre strict d’une phytothérapie qui continue à proposer des remèdes basés uniquement sur les plantes.
« Innovation phytothérapeutique »
« Nous souhaitons, à travers ce partenariat, donner un nouvel élan à la recherche scientifique et à l’innovation phytothérapeutique, et révéler ainsi le potentiel que présente la filière des plantes médicinales pour l’industrie pharmaceutique marocaine », annonce le président de la FMIIP.
À cet effet, la FMIIP sera amenée, pour sa part, à jouer un rôle de coordination et d’orientation de partenariats stratégiques avec tous les acteurs opérant dans le domaine du médicament et de la santé. À noter que la richesse du patrimoine floral du Royaume ainsi que la tendance actuelle qui privilégie le recours à des remèdes « naturels » constituent un atout pour développer une industrie marocaine dédiée à la phytothérapie qui pourra générer des retombées socio-économiques positives.
Avec la mise en place de produits phytothérapiques finis qui répondent aux meilleures exigences en termes de normes de sécurité et de qualité, le Maroc qui fait partie des plus grands exportateurs de plantes aromatiques et médicinales pourrait augmenter le taux de valorisation des plantes médicinales destinées au marché international.
Aussi naturelles qu’elles puissent être, les plantes sont cependant des ressources médicales à manier avec soin, car leur usage peut s’avérer dangereux quand elles sont utilisées avec excès ou en présence de contre-indications (entre autres pour les allergiques, les femmes enceintes ou pour les personnes qui ont des maladies chroniques), d’autant plus que leur dose d’efficacité s’approche souvent de leur dose de toxicité. C’est pour cette raison qu’une phytothérapie moderne a vu le jour durant ces dernières décennies afin de mettre à profit les savoirs scientifiques et pharmaceutiques pour garantir une utilisation des plantes qui soit aussi sûre qu’efficace.
Convention FMIIP-ANPMA
C’est dans ce cadre qu’une convention a été signée le 10 mai 2022 entre la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP) et l’Agence Nationale des Plantes Aromatiques et Médicinales (ANPMA).
En marge des travaux des assises régionales de Casablanca-Settat du Plan national d’accélération de la transformation de l’écosystème de l’enseignement supérieur (PACTE ESRI 2030), et en présence du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui, les deux institutions ont ainsi décidé de collaborer plus étroitement pour « investir le volet de la recherche scientifique et de la transformation industrielle des plantes médicinales, un capital naturel dont le potentiel demeure largement sous-exploité ».
Un communiqué de la FMIIP souligne que « les deux parties ont convenu d’oeuvrer ensemble pour l’encouragement de la recherche scientifique et l’amélioration des protocoles de bonnes pratiques de fabrication, allant de la culture et de l’obtention des matières premières jusqu’à la qualité des produits finis ».
Recherche scientifique
« Aujourd’hui, l’approche de la FMIIP est de se rapprocher des Universités et de l’ANPMA afin de développer ensemble des projets de recherche sur des thérapeutiques qui sont connues dans notre pharmacopée traditionnelle marocaine », explique M. Mohamed El Bouhmadi, président de la FMIIP. « Un des objectifs de cette convention est d’apporter des preuves scientifiques du concept et de l’effet de ces plantes, mais également de les produire dans le cadre d’une phytothérapie moderne qui respecte les conditions pharmaceutiques.
C’est-à-dire en effectuant des tests pour maîtriser la toxicité, en mettant en place les formules d’utilisation les plus adaptées, en déterminant les doses et les bons excipients (éléments sans activité thérapeutique qui entrent dans la composition d’un médicament ou qui sont utilisés pour sa fabrication, NDRL) », poursuit la même source. Le but est donc de pouvoir développer des « protocoles codifiés » mais dans le cadre strict d’une phytothérapie qui continue à proposer des remèdes basés uniquement sur les plantes.
« Innovation phytothérapeutique »
« Nous souhaitons, à travers ce partenariat, donner un nouvel élan à la recherche scientifique et à l’innovation phytothérapeutique, et révéler ainsi le potentiel que présente la filière des plantes médicinales pour l’industrie pharmaceutique marocaine », annonce le président de la FMIIP.
À cet effet, la FMIIP sera amenée, pour sa part, à jouer un rôle de coordination et d’orientation de partenariats stratégiques avec tous les acteurs opérant dans le domaine du médicament et de la santé. À noter que la richesse du patrimoine floral du Royaume ainsi que la tendance actuelle qui privilégie le recours à des remèdes « naturels » constituent un atout pour développer une industrie marocaine dédiée à la phytothérapie qui pourra générer des retombées socio-économiques positives.
Avec la mise en place de produits phytothérapiques finis qui répondent aux meilleures exigences en termes de normes de sécurité et de qualité, le Maroc qui fait partie des plus grands exportateurs de plantes aromatiques et médicinales pourrait augmenter le taux de valorisation des plantes médicinales destinées au marché international.
Oussama ABAOUSS
Repères
À propos de la FMIIP
Fondée en 1985, la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP) s’engage depuis plus de 35 ans pour la valorisation de l’industrie pharmaceutique nationale et rassemble les principaux laboratoires marocains, et les multinationales disposant de sites de production de médicaments dans le pays. Les membres de la FMIIP représentent également plus de 260 groupes étrangers. La FMIIP accompagne l’évolution du secteur et à assiste ses adhérents sur toutes les questions afférentes à l’exercice de leur activité.
Quand les plantes tuent…
L’utilisation de plantes peut parfois s’avérer mortelle. C’est ce que révèlent des études réalisées par le Centre Antipoison et de Pharmacovigilance du Maroc (CAPM) qui soulignent la fréquence des intoxications par les plantes représentant 5,1% des intoxications, toutes causes confondues, en dehors des piqûres et envenimations scorpioniques. Ces études ont également montré que 35% des intoxications dues à des plantes étaient enregistrées chez des enfants de moins de 15 ans. 17% de ces intoxications ont été mortelles.
L'info...Graphie
Inventaire
Plus de la moitié de la flore endémique d’Afrique du Nord se trouve au Maroc
Deuxième pays le plus riche en biodiversité endémique dans le bassin méditerranéen, le Maroc jouit d’un patrimoine floral remarquable qui compte plus de 7000 espèces connues.
Si la famille des plantes dites « inférieures » (qui n’ont ni racines, ni feuilles, ni tiges anatomiquement définies, NDRL) n’a pas encore été suffisamment répertoriée, la flore dite « vasculaire » dispose pour sa part d’inventaires relativement bien établis. La flore vasculaire à elle-seule compte environ 4500 espèces, appartenant à 940 genres et 135 familles.
Cette catégorie de plante est massivement représentée au sein des écosystèmes forestiers où vivent près des deux tiers des espèces, le tiers restant se partage surtout entre les formations steppiques et les biotopes humides. Les régions montagneuses du Rif et des Atlas sont les secteurs les plus importants en matière d’endémisme floral.
À noter qu’une étude publiée par des chercheurs affiliés à l’Institut Scientifique de Rabat a révélé que plus de la moitié de la flore endémique d’Afrique du Nord se trouve au Maroc.
Si la famille des plantes dites « inférieures » (qui n’ont ni racines, ni feuilles, ni tiges anatomiquement définies, NDRL) n’a pas encore été suffisamment répertoriée, la flore dite « vasculaire » dispose pour sa part d’inventaires relativement bien établis. La flore vasculaire à elle-seule compte environ 4500 espèces, appartenant à 940 genres et 135 familles.
Cette catégorie de plante est massivement représentée au sein des écosystèmes forestiers où vivent près des deux tiers des espèces, le tiers restant se partage surtout entre les formations steppiques et les biotopes humides. Les régions montagneuses du Rif et des Atlas sont les secteurs les plus importants en matière d’endémisme floral.
À noter qu’une étude publiée par des chercheurs affiliés à l’Institut Scientifique de Rabat a révélé que plus de la moitié de la flore endémique d’Afrique du Nord se trouve au Maroc.
Export
Les plantes médicinales marocaines en quête d’une meilleure valorisation
Avec près de 600 espèces de plantes aromatiques médicinales identifiées au niveau national, notre pays produit annuellement environ 140.000 tonnes de ces plantes qui font l’objet d’une attention croissante en raison de leur utilisation dans plusieurs domaines, dont la médecine traditionnelle, les produits cosmétiques, la conservation des aliments ou encore l’extraction d’huiles essentielles.
Au niveau des exportations, le Maroc occupe le 12ème rang mondial, avec 52.000 tonnes de plantes et 5.000 tonnes d’huiles principalement destinées à l’Europe et à l’Amérique. Parmi les principaux produits d’exportation figurent la caroube, le romarin, le thym, l’huile d’argan, les huiles essentielles et les roses.
La filière des plantes médicinales et aromatiques, dans laquelle opèrent de nombreuses organisations professionnelles, institutions et centres de recherche, offre environ 500.000 jours ouvrés par an. Cependant, malgré les efforts consentis, le secteur fait face à une série de contraintes liées notamment à la valorisation et à la commercialisation puisqu’une bonne partie des plantes est valorisée à l’étranger, ce qui fait perdre au pays une valeur ajoutée importante.
Pour promouvoir cette filière, une stratégie a été élaborée avec le but d’encourager la recherche scientifique et le développement du créneau des plantes médicinales et aromatiques, à travers la préservation et la durabilité des ressources naturelles via des programmes de recherche sur la domestication et la culture.
Au niveau des exportations, le Maroc occupe le 12ème rang mondial, avec 52.000 tonnes de plantes et 5.000 tonnes d’huiles principalement destinées à l’Europe et à l’Amérique. Parmi les principaux produits d’exportation figurent la caroube, le romarin, le thym, l’huile d’argan, les huiles essentielles et les roses.
La filière des plantes médicinales et aromatiques, dans laquelle opèrent de nombreuses organisations professionnelles, institutions et centres de recherche, offre environ 500.000 jours ouvrés par an. Cependant, malgré les efforts consentis, le secteur fait face à une série de contraintes liées notamment à la valorisation et à la commercialisation puisqu’une bonne partie des plantes est valorisée à l’étranger, ce qui fait perdre au pays une valeur ajoutée importante.
Pour promouvoir cette filière, une stratégie a été élaborée avec le but d’encourager la recherche scientifique et le développement du créneau des plantes médicinales et aromatiques, à travers la préservation et la durabilité des ressources naturelles via des programmes de recherche sur la domestication et la culture.
3 questions à Mohamed El Bouhmadi, président de la FMIIP
« Ce chantier se veut ouvert à toutes les compétences et bonnes volontés qui peuvent apporter une valeur ajoutée »
Président de la Fédération Marocaine de l’Industrie et de l’Innovation Pharmaceutiques (FMIIP), M. Mohamed El Bouhmadi répond à nos questions sur la phytothérapie.
- Quelle est la différence entre médicaments pharmaceutiques et remèdes phytothérapiques ?
- Il faut d’abord préciser que les plantes sont à l’origine d’un grand nombre de médicaments qui se basent sur des substances actives découvertes dans des espèces florales. La phytothérapie traditionnelle utilise les plantes (entières ou en mixtures) préparées de différentes manières pour traiter des signes cliniques en se basant sur un savoir-faire empirique.
La phytothérapie moderne se fonde également sur des traitements basés sur les plantes, mais dans un cadre pharmaceutique et scientifique contrôlé. Une troisième façon de mettre à profit un principe actif découvert dans une plante est de le synthétiser de façon chimique de sorte à ce qu’il soit identique à la molécule d’origine, ce qui a l’avantage de gagner en temps et en maîtrise du procédé.
- La convention FMIIP-ANPMA se limitera-t-elle aux plantes médicinales déjà connues ?
- Il y aura un travail qui se fera évidemment sur les plantes déjà connues dans la pharmacopée traditionnelle afin d’en améliorer les conditions de qualité et de sécurité depuis la culture jusqu’au produit fini. Cela dit, l’objectif est de faire également de la recherche prospective pour découvrir d’autres substances actives qui peuvent avoir un effet thérapeutique intéressant.
- Comment entendez-vous développer cet axe de recherche de nouvelles substances actives ?
-La convention signée entre la FMIIP et l’ANPMA est ouverte d’un côté à tous les laboratoires pharmaceutiques de la FNIIP (80% des laboratoires marocains), et de l’autre côté à toutes les Universités du Maroc.
Après la convention-cadre, l’idée est de développer des conventions particulières entre les laboratoires et les Universités sur des thématiques précises. L’objectif étant de ne pas nous focaliser uniquement sur les plantes qui sont connues, mais de prospecter également les potentialités thérapeutiques d’autres plantes qui sont mal connues, voire jamais étudiées. Pour cela, ce chantier se veut ouvert à toutes les compétences et bonnes volontés qui peuvent apporter une valeur ajoutée.
- Quelle est la différence entre médicaments pharmaceutiques et remèdes phytothérapiques ?
- Il faut d’abord préciser que les plantes sont à l’origine d’un grand nombre de médicaments qui se basent sur des substances actives découvertes dans des espèces florales. La phytothérapie traditionnelle utilise les plantes (entières ou en mixtures) préparées de différentes manières pour traiter des signes cliniques en se basant sur un savoir-faire empirique.
La phytothérapie moderne se fonde également sur des traitements basés sur les plantes, mais dans un cadre pharmaceutique et scientifique contrôlé. Une troisième façon de mettre à profit un principe actif découvert dans une plante est de le synthétiser de façon chimique de sorte à ce qu’il soit identique à la molécule d’origine, ce qui a l’avantage de gagner en temps et en maîtrise du procédé.
- La convention FMIIP-ANPMA se limitera-t-elle aux plantes médicinales déjà connues ?
- Il y aura un travail qui se fera évidemment sur les plantes déjà connues dans la pharmacopée traditionnelle afin d’en améliorer les conditions de qualité et de sécurité depuis la culture jusqu’au produit fini. Cela dit, l’objectif est de faire également de la recherche prospective pour découvrir d’autres substances actives qui peuvent avoir un effet thérapeutique intéressant.
- Comment entendez-vous développer cet axe de recherche de nouvelles substances actives ?
-La convention signée entre la FMIIP et l’ANPMA est ouverte d’un côté à tous les laboratoires pharmaceutiques de la FNIIP (80% des laboratoires marocains), et de l’autre côté à toutes les Universités du Maroc.
Après la convention-cadre, l’idée est de développer des conventions particulières entre les laboratoires et les Universités sur des thématiques précises. L’objectif étant de ne pas nous focaliser uniquement sur les plantes qui sont connues, mais de prospecter également les potentialités thérapeutiques d’autres plantes qui sont mal connues, voire jamais étudiées. Pour cela, ce chantier se veut ouvert à toutes les compétences et bonnes volontés qui peuvent apporter une valeur ajoutée.
Recueillis par O. A.