Réunion sur la situation de la presse écrite et électronique au Maroc
La réunion de la commission de l’enseignement, de la culture et de la communication vendredi 26 juin 2020, en présence du ministre de la culture, de la jeunesse et des sports, en charge du département de la Communication, Othman El Ferdaous, a débattu d’un certain nombre de points (presse électronique, nouveau modèle économique des organismes de presse, réalité et horizons de la presse écrite et électronique, Réalité et rôle de la publicité dans le système économique national) comme elle a traité de la question de la « réalité de la presse papier ».
Cette audition intervient après des réunions avec les professionnels qui ont fait apparaître que les subventions à la presse n’étaient pas une solution d’avenir : par leurs modesties, d’abord, une sorte de tare congénitale, ensuite, qui isole la presse de son environnement, un écosystème qui comprend l’imprimerie, en amont, et la distribution, en aval. Othman El Ferdaous qui a fait un passage par le ministère du Commerce et de l’Industrie dira, à ce propos, qu’une main seule n’applaudit pas, selon l’adage populaire. Les agences de publicité, dans leur dimension « régies publicitaires », n’ont pas eu de mention particulière alors qu’elles participent à la prospérité ou à la prolétarisation de la presse écrite et à la précarité de ses finances. La question était bien à l’ordre du jour mais ne figure pas explicitement dans le plan de relance annoncé par Othman El Ferdaous, chiffres à l’appui. Globalement, la presse écrite n’a pas les faveurs des agences de communication. Qu’en sera-t-il avec la dynamique digitale qui se met en place ?
Cette audition intervient après des réunions avec les professionnels qui ont fait apparaître que les subventions à la presse n’étaient pas une solution d’avenir : par leurs modesties, d’abord, une sorte de tare congénitale, ensuite, qui isole la presse de son environnement, un écosystème qui comprend l’imprimerie, en amont, et la distribution, en aval. Othman El Ferdaous qui a fait un passage par le ministère du Commerce et de l’Industrie dira, à ce propos, qu’une main seule n’applaudit pas, selon l’adage populaire. Les agences de publicité, dans leur dimension « régies publicitaires », n’ont pas eu de mention particulière alors qu’elles participent à la prospérité ou à la prolétarisation de la presse écrite et à la précarité de ses finances. La question était bien à l’ordre du jour mais ne figure pas explicitement dans le plan de relance annoncé par Othman El Ferdaous, chiffres à l’appui. Globalement, la presse écrite n’a pas les faveurs des agences de communication. Qu’en sera-t-il avec la dynamique digitale qui se met en place ?
Des chiffres et non des effets d’annonce
“Je ne vais pas vous dire, moi qui ai pris mes fonctions le 9 avril, que je vais vous livrer une stratégie bien faite et complète, déclare d’emblée Othman El Ferdaous. Mais pour l’instant, nous avons commencé à dessiner les contours de cette stratégie”, face à tant de réalisme de Othman El Ferdaous, la mauvaise foi serait de prendre prétexte de cette absence des régies publicitaires pour vouer le plan d’urgence et de relance de la presse aux gémonies. Dans sa présentation devant l’honorable Commission parlementaire, le ministre de la Culture ne s’est pas contenté de faire des effets d’annonce pour l’avenir immédiat mais a versé des chiffres pour appuyer l’action de remise en route d’un secteur qui a durement pâti de l’arrêt d’activité durant la crise provoquée par l’épidémie au coronavirus. Sans recettes durant la période de confinement, la presse, au moins pour les 3 prochains mois, n’aura pas de peine pour payer ses salariés, dont les journalistes, puisqu’il est prévu que le ministère des Finances prendra en charge cette rubrique, avec un budget de 75 millions de dirhams. Un autre souci de moins également est le casse-tête des fournisseurs qui ont des créances en souffrance auprès des médias : 75 autres millions de dirhams sont prévus à cet effet. Dans ce dispositif, les imprimeries qui font tourner les machines pour les sociétés de presse, bénéficient d’une enveloppe de 15 millions de dirhams.
Passer du transitoire au pérenne
Dans cette étape de relance, l’enjeu est “ de déterminer ce qui est circonstanciel et ce qui est structurel. Ainsi, nous serons en mesure de définir des plans adaptés pour chaque problème”, dira Othman El Ferdaous qui a cette remarque imagée pour parler des failles et handicaps du secteur économique en général, de la presse en particulier : « Cette crise a dévoilé plusieurs des tares du Maroc. Comme on dit, lorsque la marée est basse, il devient finalement possible de voir qui porte son maillot de bain et qui a choisi de s’en passer ».
L’enjeu dans un avenir immédiat et ultime est de contribuer à « renforcer les capacités du citoyen pour qu’il fasse des choix informés ». Pour ce faire, il n’y a pas d’alternative à la presse professionnelle dont les capacités à faire la part du vrai et du faux sont réelles et constitue le meilleur rempart aux fake news qui minent la circulation de l’information sur internet.
Comment conclure sinon par cette conclusion de l’éditorial de Majdouline El Atouabi, directeur de l’Opinion, l’aide n’est pas le sauvetage en soi : « En octroyant une aide financière aux entreprises de presse, les autorités marocaines font preuve de compassion. Mais en soignant les symptômes et non pas l’origine du mal, elles ne font que retarder une funeste échéance. Car aussi conséquente soit-elle, l’aide accordée reste une simple bouée de sauvetage largement insuffisante pour mettre ce secteur vital sur le cap d’un salut réel et pérenne ».
L’enjeu dans un avenir immédiat et ultime est de contribuer à « renforcer les capacités du citoyen pour qu’il fasse des choix informés ». Pour ce faire, il n’y a pas d’alternative à la presse professionnelle dont les capacités à faire la part du vrai et du faux sont réelles et constitue le meilleur rempart aux fake news qui minent la circulation de l’information sur internet.
Comment conclure sinon par cette conclusion de l’éditorial de Majdouline El Atouabi, directeur de l’Opinion, l’aide n’est pas le sauvetage en soi : « En octroyant une aide financière aux entreprises de presse, les autorités marocaines font preuve de compassion. Mais en soignant les symptômes et non pas l’origine du mal, elles ne font que retarder une funeste échéance. Car aussi conséquente soit-elle, l’aide accordée reste une simple bouée de sauvetage largement insuffisante pour mettre ce secteur vital sur le cap d’un salut réel et pérenne ».
Abdallah Bensmaïn
3 questions à Jean-Claude Fyon
« Les journaux devraient accélérer leur mue »
Jean-Claude Fyon, expert des médias actif au Maroc (cabinet ANGLE LARGE),regarde la Presse au-delà du court terme.
- Que pensez-vous des 200 millions d’aide?
- C’était vital, mais pour les journaux la solution est structurelle. Pour repartir d’équerre, les éditeurs devraient d’abord cesser de dire que les gens ne lisent plus. C’est confondre la lecture et son support.Aujourd’hui, la plupart des journaux payent en fait leur retard sur le mobile, la tablette, le laptop...C’est là que les lecteurs sont. Le constat, c’est que les aides d’Etat ont davantage servi à prolonger artificiellement le vieux modèle qu’à accélérer le nouveau. Même les éditions papier n’en ont pas beaucoup profité pour moderniser leurs formules.
- La question de la rentabilité se pose sur le digital.
- Partager gratuitement la majorité de son contenu, comme cela se fait beaucoup, n’est pas le meilleur moyen pour se rentabiliser, surtout au moment où les ventes papier baissent.Désabonner le client à la gratuité va prendre du temps maintenant. C’est pourtant indispensable pour rééquilibrer les sources de revenus entre lecteurs et annonceurs, en sachant que faire payer l’information sur le net requiert un saut qualitatif. Pour les journaux, le capital contenu est un investissement durable.
- Quelle part d’audience de la Presse entre le papier et le digital ?
- Au Maroc, il n’y a pas d’étude d’audience de la Presse, rien qu’une mesure du nombre d’exemplaires diffusés. Les éditeurs doivent objectiver leurs performances, comme en radio ou TV. En France, une étude de l’audience globale des marques de presse (Print + PDF + Web + Applis) a livré ses premiers scores : les titres affichent 57% d’audience digitale. C’est prometteur. Les journaux devraient accélérer leur mue.
Jean-Claude Fyon, expert des médias actif au Maroc (cabinet ANGLE LARGE),regarde la Presse au-delà du court terme.
- Que pensez-vous des 200 millions d’aide?
- C’était vital, mais pour les journaux la solution est structurelle. Pour repartir d’équerre, les éditeurs devraient d’abord cesser de dire que les gens ne lisent plus. C’est confondre la lecture et son support.Aujourd’hui, la plupart des journaux payent en fait leur retard sur le mobile, la tablette, le laptop...C’est là que les lecteurs sont. Le constat, c’est que les aides d’Etat ont davantage servi à prolonger artificiellement le vieux modèle qu’à accélérer le nouveau. Même les éditions papier n’en ont pas beaucoup profité pour moderniser leurs formules.
- La question de la rentabilité se pose sur le digital.
- Partager gratuitement la majorité de son contenu, comme cela se fait beaucoup, n’est pas le meilleur moyen pour se rentabiliser, surtout au moment où les ventes papier baissent.Désabonner le client à la gratuité va prendre du temps maintenant. C’est pourtant indispensable pour rééquilibrer les sources de revenus entre lecteurs et annonceurs, en sachant que faire payer l’information sur le net requiert un saut qualitatif. Pour les journaux, le capital contenu est un investissement durable.
- Quelle part d’audience de la Presse entre le papier et le digital ?
- Au Maroc, il n’y a pas d’étude d’audience de la Presse, rien qu’une mesure du nombre d’exemplaires diffusés. Les éditeurs doivent objectiver leurs performances, comme en radio ou TV. En France, une étude de l’audience globale des marques de presse (Print + PDF + Web + Applis) a livré ses premiers scores : les titres affichent 57% d’audience digitale. C’est prometteur. Les journaux devraient accélérer leur mue.
Recueillis par A. B.
Repères
Les chiffres dérisoires des subventions
Selon quels critères les subventions étaient-elles octroyées à la presse ? Les demandes de subventions reçues par le ministère ont atteint 130 dont plus de 30 émanant de nouveaux journaux. Les kiosques ont-ils réellement 130 titres, édités localement et éligibles à la subvention, à proposer aux lecteurs? Quels sont ces 30 nouveaux journaux ? Quelle est la part de publications électroniques dans ce chiffre magique de 130, dont 30 seraient nouveaux, car ne semble pas refléter la réalité des kiosques. Et puis, les montants octroyés couvrant à peine 1 à 3 mois d’exercice, peut-on appeler cela une subvention pouvant maintenir la presse à flot? Cela arrange, sans plus, les entreprises… sans journalistes et dans des situations d’auto-emploi.
La publicité digitale, un chantier à visiter
La publicité digitale est un pactole qui échappe à la presse. Dénoncer les Gafa ne suffit pas. Qu’en est-il des agences digitales du terroir? Qui fait les virements à Google, Apple, Facebook et Amazon, sans oublier Microsoft, le M de Gafam ? Protéger le marché local par la limitation d’accès aux IP marocaines est contraire aux règles du commerce international. Dans son intervention devant la Commission parlementaire, Othman El Ferdaous a été on ne peut plus clair: le débat sur les GAFA et leur taxation est mondial, notamment au niveau de l’OCDE, car, en commerce international, aucun pays n’est face à lui-même. Ce sont les résultats de ces négociations qui permettront au Maroc le pouvoir de négociation avec ces entreprises mondiales. En attendant, c’est aux annonceurs et aux agences digitales qui les accompagnent d’avoir un sursaut patriotique.