Alors que le Royaume s’oriente vers un allègement des mesures de confinement, le 20 juin, la question de la santé psychologique des enfants n’est pas sans importance. Comme tous les individus, ils devront s’adapter à un nouveau mode de vie, marqué par de nouvelles mesures d’interaction sociale. Les enfants seront également confrontés au défi de dépasser cette crise qui est tout sauf anodine. Pour ce faire, il est nécessaire qu’ils soient accompagnés par leur entourage et y compris par les autorités responsables. Les spécialistes, pédiatres et psychologues, ont attiré l’attention du ministère sur les effets du confinement sur les enfants ainsi que leur risque de perdurer même lors du déconfinement.
«Nous sommes des lanceurs d’alerte, nous prévenons les gens des risques à venir. Nous ne demandons pas de déconfinement pour les enfants, mais, un assouplissement des mesures», nous déclare le Dr Hassan Afilal, pédiatre et président de la Société Marocaine de Pédiatrie (SMP). «Les enfants ont des troubles psychosomatiques et des troubles de comportement. La façon dont les enfants se comportent n’est plus la même et nous risquons d’avoir des séquelles».
«Nous sommes des lanceurs d’alerte, nous prévenons les gens des risques à venir. Nous ne demandons pas de déconfinement pour les enfants, mais, un assouplissement des mesures», nous déclare le Dr Hassan Afilal, pédiatre et président de la Société Marocaine de Pédiatrie (SMP). «Les enfants ont des troubles psychosomatiques et des troubles de comportement. La façon dont les enfants se comportent n’est plus la même et nous risquons d’avoir des séquelles».
Quand il s’agit d’enfants, le gouvernement est amnésique
«Le ministère devrait communiquer et autoriser les parents à faire sortir leurs enfants, de 1h à 3h par jour maximum, et leur faire confiance parce qu’ils ne voudront pas courir de risques pour leurs enfants», déclare le président de la SMP. En effet, la loi n’interdit pas clairement de faire sortir ses enfants pour quelques heures, mais, l’ambiguïté des mesures de confinement, ainsi que le silence du Chef du gouvernement sur certains sujets, laissent place à plusieurs interrogations. Lors de son grand oral, Saâdeddine El Othmani a uniquement soutenu le fait que la situation pandémique cause beaucoup de pertes au niveau économique, mais, que cela est récupérable contrairement à la santé des citoyens.
Néanmoins, le Chef du gouvernement, qui est connu pour son parcours psychiatrique, a négligé la dimension des répercussions psychologiques sur les citoyens, et plus particulièrement les enfants. La seule réponse qu’il a donnée à ces individus bloqués dans leurs foyers, depuis près de trois mois est qu’il est «conscient que les citoyens de la zone 2 espéraient un déconfinement plus tôt, mais, nous ne pouvions pas le faire». Dr Afilal soutient le fait que l’impact psychologique et le traumatisme qui découlent du confinement doivent être pris en compte. «D’autant plus que l’enfant n’est ni vecteur ni contaminant», souligne-t-il.
Néanmoins, le Chef du gouvernement, qui est connu pour son parcours psychiatrique, a négligé la dimension des répercussions psychologiques sur les citoyens, et plus particulièrement les enfants. La seule réponse qu’il a donnée à ces individus bloqués dans leurs foyers, depuis près de trois mois est qu’il est «conscient que les citoyens de la zone 2 espéraient un déconfinement plus tôt, mais, nous ne pouvions pas le faire». Dr Afilal soutient le fait que l’impact psychologique et le traumatisme qui découlent du confinement doivent être pris en compte. «D’autant plus que l’enfant n’est ni vecteur ni contaminant», souligne-t-il.
Les petits face à l’incompréhension
La SMP souhaite attirer l’attention du ministère de la Santé sur l’impact psychologique du confinement sur les enfants, dont beaucoup commencent à développer des états dépressifs, d’hyperactivité, d’irritabilité et d’agressivité. D’autres enfants présentent également des troubles du comportement conjugués à une destruction du sommeil. Ces troubles observés chez plusieurs enfants s’expliquent aussi par une incompréhension totale de la situation et la frustration qu’elle engendre.
«On ne leur a pas bien expliqué les choses et ils ont donc très peur. Ce que nous recommandons aux parents, c’est d’expliquer positivement la situation aux enfants car à l’heure actuelle, beaucoup ne comprennent absolument pas pourquoi ils sont contraints de rester enfermés à la maison, ce qu’est ce virus qui peut potentiellement entraîner la mort d’un membre de leur famille… Il faut leur expliquer qu’ils pourront à nouveau sortir bientôt ; que cette situation est temporaire car ils finissent par ne même plus savoir s’ils pourront sortir de chez eux un jour ! A partir de trois ans, un enfant comprend très bien les choses», explique Dr Hassan Afilal.
La rupture brutale des liens sociaux n’a pas non plus été sans conséquence. «Les enfants ne voient plus leurs amis depuis deux mois. Or le manque de liens peut conduire à des états d’aliénation», prévient encore le pédiatre, qui estime que l’enfant a été quelque peu oublié dans ce contexte de Covid-19 et redoute des états de stress post-traumatique et des troubles du comportement dont il va être difficile de se débarrasser.
«On ne leur a pas bien expliqué les choses et ils ont donc très peur. Ce que nous recommandons aux parents, c’est d’expliquer positivement la situation aux enfants car à l’heure actuelle, beaucoup ne comprennent absolument pas pourquoi ils sont contraints de rester enfermés à la maison, ce qu’est ce virus qui peut potentiellement entraîner la mort d’un membre de leur famille… Il faut leur expliquer qu’ils pourront à nouveau sortir bientôt ; que cette situation est temporaire car ils finissent par ne même plus savoir s’ils pourront sortir de chez eux un jour ! A partir de trois ans, un enfant comprend très bien les choses», explique Dr Hassan Afilal.
La rupture brutale des liens sociaux n’a pas non plus été sans conséquence. «Les enfants ne voient plus leurs amis depuis deux mois. Or le manque de liens peut conduire à des états d’aliénation», prévient encore le pédiatre, qui estime que l’enfant a été quelque peu oublié dans ce contexte de Covid-19 et redoute des états de stress post-traumatique et des troubles du comportement dont il va être difficile de se débarrasser.
Hajar LEBABI
3 questions à Dr Hassan Afilal
Dr Hassan Afilal
«Les études sont claires, un tiers des enfants dans le monde souffrent des troubles de comportement»
Pédiatre et président de la Société Marocaine de Pédiatrie SMP, Dr Hassan Afilal, nous livre ses réflexions sur l’impact de la pandémie sur les enfants.
Pourquoi est-il important s’assouplir les mesures de confinement pour les enfants ?
- La façon dont les enfants se comportent n’est plus la même. On peut avoir des séquelles, les enfants peuvent nécessiter des séances de psychothérapies et de prise en charge psychologique pour les aider à oublier cette crise. Ce n’est pas anodin ce qui se passe maintenant, et ce n’est pas sans conséquence. Les études sont claires, un tiers des enfants dans le monde font des troubles de comportement.
- Concrètement, avez-vous eu des cas d’enfants qui présentaient des troubles psychologiques ?
- Nous avons eu des cas d’enfants qui pleurent chaque jour, des enfants qui deviennent tristes et qui ne parlent plus, ainsi que des enfants qui sont devenus très agités. L’enfant ne connait plus ni le jour ni la nuit, et plusieurs font des cauchemars, parce que même hormonalement nous sommes faits pour suivre un certain rythme. Les parents doivent structurer leurs journées et les habituer à un quotidien sain.
- Mis à part l’assouplissement, quelles sont les autres mesures à prendre pour gérer la santé psychologique des enfants ?
- Il faut adopter un discours positif et expliquer aux enfants. On ne peut pas empêcher un enfant de ne pas sortir sans pour autant lui expliquer pourquoi. Pour calmer leurs anxiétés, il faut expliquer aux enfants que le Maroc a bien réagi pour contrer cette pandémie et qu’on ne sera pas beaucoup impacté. Il faut également leur faire comprendre que c’est dans notre intérêt de ne pas sortir.
Pédiatre et président de la Société Marocaine de Pédiatrie SMP, Dr Hassan Afilal, nous livre ses réflexions sur l’impact de la pandémie sur les enfants.
Pourquoi est-il important s’assouplir les mesures de confinement pour les enfants ?
- La façon dont les enfants se comportent n’est plus la même. On peut avoir des séquelles, les enfants peuvent nécessiter des séances de psychothérapies et de prise en charge psychologique pour les aider à oublier cette crise. Ce n’est pas anodin ce qui se passe maintenant, et ce n’est pas sans conséquence. Les études sont claires, un tiers des enfants dans le monde font des troubles de comportement.
- Concrètement, avez-vous eu des cas d’enfants qui présentaient des troubles psychologiques ?
- Nous avons eu des cas d’enfants qui pleurent chaque jour, des enfants qui deviennent tristes et qui ne parlent plus, ainsi que des enfants qui sont devenus très agités. L’enfant ne connait plus ni le jour ni la nuit, et plusieurs font des cauchemars, parce que même hormonalement nous sommes faits pour suivre un certain rythme. Les parents doivent structurer leurs journées et les habituer à un quotidien sain.
- Mis à part l’assouplissement, quelles sont les autres mesures à prendre pour gérer la santé psychologique des enfants ?
- Il faut adopter un discours positif et expliquer aux enfants. On ne peut pas empêcher un enfant de ne pas sortir sans pour autant lui expliquer pourquoi. Pour calmer leurs anxiétés, il faut expliquer aux enfants que le Maroc a bien réagi pour contrer cette pandémie et qu’on ne sera pas beaucoup impacté. Il faut également leur faire comprendre que c’est dans notre intérêt de ne pas sortir.
Recueillis par H. L
Repères
- Est-il nécessaire de porter les masques pour les enfants ?
Outre l’effet psychologique sur l’enfant, la question du port de masques a également été évoquée dans cette lettre. La SMP a souhaité attirer l’attention du ministère de la Santé sur les effets négatifs du port du masque. La société appelle à ce qu’il soit permis de ne pas porter de masque dans la voiture, «afin d’éviter une hypoxie et une hypercapnie, avec chute de tension pouvant induire une perte de connaissance». Le port des masques n’est pas obligatoire chez les enfants de moins de six ans. «Pour les enfants de moins de 6 ans, c’est risqué. En plus ils ne vont pas obéir à quelque chose qu’ils ne comprennent pas», soutient Dr Afilal.
Comment interagir avec l’enfant en cette crise pandémique ?
La maladie du COVID-19 entraîne des sentiments comme l’anxiété, le stress et l’incertitude - et ils sont particulièrement ressentis par les enfants de tous âges. Bien que tous les enfants vivent de telles émotions de différentes manières, si l’enfant a été confronté à des fermetures d’écoles, à des événements annulés ou à une séparation avec ses amis, il devra plus que jamais se sentir aimé et soutenu. Pour rassurer davantage les enfants il est d’abord nécessaire de rester calme et proactif. Les parents doivent également veiller au maintien d’une routine et de s’y tenir. Les enfants sont pleins d’émotion en cette période, il faut les laisser ressentir ces émotions et les exprimer, à travers la communication. Cela permet également de vérifier avec eux ce qu’ils entendent et créer des distractions pour eux. Un point important qui est souvent négligé, est également de surveiller son propre comportement pour ne pas impacter l’enfant.