-Quel est votre sentiment concernant l’organisation d’une « version marocaine » du Prix Goncourt, pour sa deuxième édition cette année ?
Il est curieux que l’on ne l’ait pas fait plus tôt. L’intérêt de ce projet est que le prix Goncourt qui est une chose parisienne se dépayse et accepte que soient apportées sur les œuvres des regards qui, tout en comprenant parfaitement la langue, sont issus d’une culture et d’un environnement différents. La littérature française a longtemps prétendu à l’universalisme et elle s’est peut-être un petit peu repliée sur elle-même. Cela ne change pas les livres en tant que tels mais cela renouvelle le regard qui est porté sur eux. La preuve, c’est que ce n’est jamais le prix Goncourt de l’année qui gagne le Goncourt Choix du Maroc à chaque édition. »
-Pourquoi le choix de traduire cet ouvrage en arabe ?
Il y a l’idée de faire de ces jeunes des interprètes entre le choix d’un texte écrit en français, et le fait de pouvoir ensuite le traduire en arabe. Les jurés qui ont choisi ce texte sont francophones et l’ont choisi en français parmi d’autres, mais grâce à leur choix, cet ouvrage sera traduit dans une langue différente. On peut donc imaginer que les thématiques et les émotions soient partagées ensuite avec un public qui n’est pas francophone. Ces jurés sont donc le vecteur qui permet de passer du « franco-français » au « franco-marocain ». De ce fait, on accède un peu plus à l’universalisme et on échappe un peu à l’entre-soi.
-Un mot concernant le choix de "Triste tigre" ?
Je pense que les mots sont ceux employés par les jurés, en pouvant retrouver dans les émotions du livre certains éléments qui leur parlent.