Il ne se passe plus de jour sans que l’on parle d’attaques terroristes en Afrique de l’Ouest notamment au Mali, au Burkina, au nord du Cameroun ou encore au Nigeria. Des groupuscules islamistes se réclamant de telle ou telle organisation agissant, dont on sait, au nom de quel islam.
Mais la question fondamentale reste toujours la même à savoir : qui les finance et d’où proviennent leurs ressources ? On aura beau épiloguer, experts et analystes sont unanimes sur un point : la drogue, les trafics de tous genres occupent une place de choix dans l’alimentation de la caisse des jihadistes de tout acabit. Pour Serigne Bamba Gaye, expert-chercheur sur les questions de paix, sécurité et gouvernance en Afrique, il ne fait l’ombre d’aucun doute : « il y a une connexion entre le terrorisme et le trafic de drogue ».
Un fléau qui risque, si rien n’est fait, d’affecter irrémédiablement, et pour des décennies à venir, le développement harmonieux et durable des pays du continent dans leur grande majorité. Car le terrorisme ne cesse d’élargir ses tentacules aux différentes régions d’Afrique. On ne peut qu’être d’accord avec ce titulaire, entre autres, d’un Ph. D en science politique délivré par l’Université Laval au Canada, quand il dit que : « des liens intrinsèques sont tissés entre les groupes terroristes et les réseaux du crime organisé qui collaborent pour faire prospérer leurs affaires. Ces réseaux se développent grâce à la complicité ou la participation d’acteurs locaux, qui tirent des bénéfices dans ces trafics illicites.
Ces narcotrafiquants ont également des connexions avec les groupes djihadistes, qui contrôlent totalement ou en partie certains axes transfrontaliers. Il y a donc une véritable imbrication d’enjeux, d’acteurs, de réseaux dans le Sahel pour le contrôle des ressources locales et du narcotrafic dans des zones ». Tout est dit.
Sécurité et gouvernance
Les conséquences d’une telle connexion sont immédiates, comme le souligne le rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Selon ce document, la corruption et l’absence de mécanismes de responsabilisation et de surveillance menacent le développement durable, la sécurité humaine et la gouvernance de l’Afrique, entre autres, favorisent la criminalité transnationale organisée.
Ainsi les Africains perdent plus de 50 milliards de dollars US par an d’argent public et privé, gagné, transféré ou utilisé illégalement, révèle le rapport Mbeki sur les Flux financiers illicites (FFI). On estime que 88,6 milliards de dollars US, soit 3,7 pour cent du PIB de l’Afrique, quittent chaque année le continent. Et la réduction de ces flux financiers illicites pourrait réduire près de la moitié du déficit de financement annuel de 200 milliards de dollars US auquel l’Afrique est confrontée pour atteindre les ODD.
Pour ce qui est de la drogue, les propos d’Amado Philip de Andrés, directeur régional de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, donnent une idée sur la circulation de ce stupéfiant sur le continent. « La route de Nouakchott, qui vient du Maghreb touche les mêmes pays que la route de la cocaïne et puis la route de l’héroïne en provenance de l’océan Indien », dit-il. Cette dernière route, qui a transité par des pays de l’océan Indien comme le Kenya, l’île Maurice ou les Seychelles, arrivait auparavant en Afrique de l’Est et remontait vers l’Europe via le Sahara.
Aujourd’hui, fait-il remarquer, à la suite de contraintes de circulation créées par le Covid, cette route traditionnelle de l’héroïne en provenance de l’océan Indien s’est modifiée. Elle transite par l’Afrique de l’Est, va ensuite vers l’Afrique du Sud et repart vers l’Europe par la mer, en contournant le continent en bateau via l’Afrique de l’Ouest. Sachant que 10 %-17 % du produit reste dans les différents pays pour des consommateurs locaux, c’est pour la région une autre source de préoccupation.
Véritable gangrène
Ce qui fait dire à Mme Amira Elfadil, Commissaire aux Affaires Sociales du Comité technique spécialisé sur la santé, la population et le contrôle des drogues (STC-HPDC- 3) que le problème des stupéfiants se pose dans les cinq régions d’Afrique et certaines d’entre elles vivent une véritable crise. « L’Afrique est devenue non seulement un itinéraire de transit majeur dans le commerce mondial des stupéfiants, mais aussi un gros consommateur et une source majeure de stupéfiants ».
Pour elle, le trafic s’est déplacé vers l’Afrique considérée comme une voie présentant des difficultés moindres. Le continent est en passe de devenir une plaque tournante du trafic et de la consommation de cocaïne et d’héroïne ». Résultat : on observe une croissance exponentielle du nombre de consommateurs de drogues et, de ce fait, une augmentation des problèmes liés à la consommation de drogues. Face à ce fléau, l’Afrique est entièrement engagée à lutter efficacement contre le terrorisme et le trafic de drogue véritable gangrène de son développement.
Cela passe nécessairement par le renforcement des législations, de la sensibilisation, de l’éducation, de l’éradication de la corruption mais aussi et surtout de la consolidation de l’Etat de droit et, par ricochet, la démocratie. Il y a donc, in fine, une véritable imbrication d’enjeux, d’acteurs, de réseaux dans le Sahel et dans d’autres contrées sur le continent pour le contrôle des ressources locales et du narcotrafic dans des zones où l’Etat est faiblement représenté en termes d’administration et de forces de défense et de sécurité, voire quasi inexistant.
Cette juxtaposition des intérêts rend plus complexe la recherche d’une paix et d’une stabilité durables, car plusieurs dynamiques cohabitent dans un même espace avec des intérêts interconnectés.
Mais la question fondamentale reste toujours la même à savoir : qui les finance et d’où proviennent leurs ressources ? On aura beau épiloguer, experts et analystes sont unanimes sur un point : la drogue, les trafics de tous genres occupent une place de choix dans l’alimentation de la caisse des jihadistes de tout acabit. Pour Serigne Bamba Gaye, expert-chercheur sur les questions de paix, sécurité et gouvernance en Afrique, il ne fait l’ombre d’aucun doute : « il y a une connexion entre le terrorisme et le trafic de drogue ».
Un fléau qui risque, si rien n’est fait, d’affecter irrémédiablement, et pour des décennies à venir, le développement harmonieux et durable des pays du continent dans leur grande majorité. Car le terrorisme ne cesse d’élargir ses tentacules aux différentes régions d’Afrique. On ne peut qu’être d’accord avec ce titulaire, entre autres, d’un Ph. D en science politique délivré par l’Université Laval au Canada, quand il dit que : « des liens intrinsèques sont tissés entre les groupes terroristes et les réseaux du crime organisé qui collaborent pour faire prospérer leurs affaires. Ces réseaux se développent grâce à la complicité ou la participation d’acteurs locaux, qui tirent des bénéfices dans ces trafics illicites.
Ces narcotrafiquants ont également des connexions avec les groupes djihadistes, qui contrôlent totalement ou en partie certains axes transfrontaliers. Il y a donc une véritable imbrication d’enjeux, d’acteurs, de réseaux dans le Sahel pour le contrôle des ressources locales et du narcotrafic dans des zones ». Tout est dit.
Sécurité et gouvernance
Les conséquences d’une telle connexion sont immédiates, comme le souligne le rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Selon ce document, la corruption et l’absence de mécanismes de responsabilisation et de surveillance menacent le développement durable, la sécurité humaine et la gouvernance de l’Afrique, entre autres, favorisent la criminalité transnationale organisée.
Ainsi les Africains perdent plus de 50 milliards de dollars US par an d’argent public et privé, gagné, transféré ou utilisé illégalement, révèle le rapport Mbeki sur les Flux financiers illicites (FFI). On estime que 88,6 milliards de dollars US, soit 3,7 pour cent du PIB de l’Afrique, quittent chaque année le continent. Et la réduction de ces flux financiers illicites pourrait réduire près de la moitié du déficit de financement annuel de 200 milliards de dollars US auquel l’Afrique est confrontée pour atteindre les ODD.
Pour ce qui est de la drogue, les propos d’Amado Philip de Andrés, directeur régional de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, donnent une idée sur la circulation de ce stupéfiant sur le continent. « La route de Nouakchott, qui vient du Maghreb touche les mêmes pays que la route de la cocaïne et puis la route de l’héroïne en provenance de l’océan Indien », dit-il. Cette dernière route, qui a transité par des pays de l’océan Indien comme le Kenya, l’île Maurice ou les Seychelles, arrivait auparavant en Afrique de l’Est et remontait vers l’Europe via le Sahara.
Aujourd’hui, fait-il remarquer, à la suite de contraintes de circulation créées par le Covid, cette route traditionnelle de l’héroïne en provenance de l’océan Indien s’est modifiée. Elle transite par l’Afrique de l’Est, va ensuite vers l’Afrique du Sud et repart vers l’Europe par la mer, en contournant le continent en bateau via l’Afrique de l’Ouest. Sachant que 10 %-17 % du produit reste dans les différents pays pour des consommateurs locaux, c’est pour la région une autre source de préoccupation.
Véritable gangrène
Ce qui fait dire à Mme Amira Elfadil, Commissaire aux Affaires Sociales du Comité technique spécialisé sur la santé, la population et le contrôle des drogues (STC-HPDC- 3) que le problème des stupéfiants se pose dans les cinq régions d’Afrique et certaines d’entre elles vivent une véritable crise. « L’Afrique est devenue non seulement un itinéraire de transit majeur dans le commerce mondial des stupéfiants, mais aussi un gros consommateur et une source majeure de stupéfiants ».
Pour elle, le trafic s’est déplacé vers l’Afrique considérée comme une voie présentant des difficultés moindres. Le continent est en passe de devenir une plaque tournante du trafic et de la consommation de cocaïne et d’héroïne ». Résultat : on observe une croissance exponentielle du nombre de consommateurs de drogues et, de ce fait, une augmentation des problèmes liés à la consommation de drogues. Face à ce fléau, l’Afrique est entièrement engagée à lutter efficacement contre le terrorisme et le trafic de drogue véritable gangrène de son développement.
Cela passe nécessairement par le renforcement des législations, de la sensibilisation, de l’éducation, de l’éradication de la corruption mais aussi et surtout de la consolidation de l’Etat de droit et, par ricochet, la démocratie. Il y a donc, in fine, une véritable imbrication d’enjeux, d’acteurs, de réseaux dans le Sahel et dans d’autres contrées sur le continent pour le contrôle des ressources locales et du narcotrafic dans des zones où l’Etat est faiblement représenté en termes d’administration et de forces de défense et de sécurité, voire quasi inexistant.
Cette juxtaposition des intérêts rend plus complexe la recherche d’une paix et d’une stabilité durables, car plusieurs dynamiques cohabitent dans un même espace avec des intérêts interconnectés.
Wolondouka SIDIBE
Bon à savoir
En 2008, selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, environ la moitié de la cocaïne produite en Amérique du Sud allait vers l’Europe à travers l’Afrique de l’Ouest et l’autre moitié allait vers le Nord. Aujourd’hui, on a un renforcement des routes côtières comme le montrent les saisies sur ces vingt derniers mois.
Sur cette période, les autorités ont saisi 11 tonnes au Cap-Vert, 5 tonnes au Sénégal, 4 tonnes au Bénin, 3 tonnes en Gambie, 2,7 tonnes en Guinée-Bissau et presque 2 tonnes en Côte d’Ivoire. Il y a donc eu 47 tonnes de cocaïne saisies, un chiffre qu’il faudrait peut-être multiplier par 20 ou plus pour avoir une idée des volumes réels en transit entre l’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest.
Pour ce qui est du terrorisme, il faut dire que la transition vers l’extrémisme violent est souvent un parcours marqué par la marginalisation, l’absence d’opportunités et les griefs envers l’État. Les groupes terroristes exploitent et recrutent les personnes les plus vulnérables sur le plan socio-économique. Avec 60% de la population africaine âgée de moins de 25 ans, les enfants et les jeunes sont ciblés car particulièrement vulnérables.
Sur cette période, les autorités ont saisi 11 tonnes au Cap-Vert, 5 tonnes au Sénégal, 4 tonnes au Bénin, 3 tonnes en Gambie, 2,7 tonnes en Guinée-Bissau et presque 2 tonnes en Côte d’Ivoire. Il y a donc eu 47 tonnes de cocaïne saisies, un chiffre qu’il faudrait peut-être multiplier par 20 ou plus pour avoir une idée des volumes réels en transit entre l’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest.
Pour ce qui est du terrorisme, il faut dire que la transition vers l’extrémisme violent est souvent un parcours marqué par la marginalisation, l’absence d’opportunités et les griefs envers l’État. Les groupes terroristes exploitent et recrutent les personnes les plus vulnérables sur le plan socio-économique. Avec 60% de la population africaine âgée de moins de 25 ans, les enfants et les jeunes sont ciblés car particulièrement vulnérables.