Récemment et à l’issue de la campagne électorale victorieuse de l’ancien et nouveau Président américain Donald Trump, son ami, sponsor et soutien fidèle Elon Musk, le magnat des nouvelles technologies et actuel propriétaire du réseau social X, ex-Tweeter, s’est illustré en affirmant que les vrais médias et les vrais journalistes se sont désormais les usagers des réseaux sociaux. Cette affirmation tranchée dans le plus pur style Musk, n’en demeure pas moins douteusement intentionnée et bardée de contre-vérités. Car si les RS sont effectivement une source importante d’informations, ils assument aussi et surtout une large responsabilité dans la déferlante actuelle de désinformation. Et contrairement aux médias classiques dits traditionnels, l’absence de tous mécanismes de régulation et de suivi de leurs contenus, leur donne une plus large marge de manœuvre et par ricochet, une grande capacité de nuisance, dans une quasi-totale impunité.
Le Maroc comme les marocains ne sont pas en reste de cette tendance vers la diabolisation des anciens médias et de la sacralisation des réseaux sociaux. Comme le dit un proverbe bien de chez nous «3ich nhar tesma3 khbar». Chaque jour, nous autres marocains, principalement utilisateurs de réseaux sociaux, sommes exposés en continu à une myriade de contenus publiés sur internet. Tiraillés entre la nutrition, le sport, le buzz, les faits divers, la religion et la politique, les internautes marocains savourent - ou plutôt ingurgitent- tout au long de la journée des contenus relatifs à différents sujets, sans pour autant s’assurer des sources ou de la véracité de l’information.
Ces réseaux sociaux malheureusement à nature virale, ont une capacité considérable à toucher un large public en un temps record. En un simple clic, l’information est rapidement partagée à grande audience, rendant difficile aux gens de distinguer le vrai du faux. Quand X, Tiktok, Facebook et Instagram remplacent le peu de médias fiables qui continuent à exister, il y a lieu de s’inquiéter. Tendances banales, complotisme et sujets infondés sont donc au rendez-vous !
Le Maroc comme les marocains ne sont pas en reste de cette tendance vers la diabolisation des anciens médias et de la sacralisation des réseaux sociaux. Comme le dit un proverbe bien de chez nous «3ich nhar tesma3 khbar». Chaque jour, nous autres marocains, principalement utilisateurs de réseaux sociaux, sommes exposés en continu à une myriade de contenus publiés sur internet. Tiraillés entre la nutrition, le sport, le buzz, les faits divers, la religion et la politique, les internautes marocains savourent - ou plutôt ingurgitent- tout au long de la journée des contenus relatifs à différents sujets, sans pour autant s’assurer des sources ou de la véracité de l’information.
Ces réseaux sociaux malheureusement à nature virale, ont une capacité considérable à toucher un large public en un temps record. En un simple clic, l’information est rapidement partagée à grande audience, rendant difficile aux gens de distinguer le vrai du faux. Quand X, Tiktok, Facebook et Instagram remplacent le peu de médias fiables qui continuent à exister, il y a lieu de s’inquiéter. Tendances banales, complotisme et sujets infondés sont donc au rendez-vous !
Médecine en Live
Bizarrement, tout le monde est devenu coach ou carrément nutritionniste sur Internet. Dispositifs de jeun intermittent, formules magiques d’amaigrissement, mouvements pour stimuler l’abdomen, ou encore jus et élixirs detox sont désormais proposés en masse par Mr tout le monde. Ces nouveaux « Toubibs » intergalactiques n’ont rien oublié, les remèdes contre la calvitie, les soucis de fécondité et les troubles du sommeil et de la virilité font aussi « La une » des tendances. Il y’en a même certains qui proposent des produits pharmaceutiques avec option d’achat en ligne et livraison sans vérification préalable de leur homologation par les instances sanitaires du royaume.
Place aux politiciens du net
Dans le domaine nébuleux de la politique, le nombre de chroniqueurs et d’analystes en herbe donne littéralement le vertige. Devant une population non avertie et mal informée, ces derniers passent pour des stars et des sachants. Malheureusement le but final de leur contenu n’est pas de fédérer les gens autour d’une idée, mais souvent d’influencer l’opinion publique en discréditant des adversaires, et finalement de créer le buzz et de se faire un plein de vues à travers la génération du trafic vers leurs chaînes, et donc de gagner de l’argent. Le modèle adopté est pourtant simple, récolter des informations à droite et à gauche et venir bâtir des propos souvent diffamatoires ou simplement « Déjà vus ». La victime finale de cette désinformation est non seulement l’internaute qui a prêté une oreille aussi naïve qu’attentive à ce genre de contenus, mais carrément l’ensemble de la vie et des acteurs politiques dont la légitimité et la crédibilité se retrouvent sacrifiées sur l’autel de l’AdSense et du gain rapide et facile.
Haro sur l’esprit sportif
Le sport dans toutes ses disciplines, des plus populaires aux plus élitistes, n’échappe pas non plus à la désinformation sur le Net. Critiquer un sportif, un match ou une prestation est désormais monnaie courante. Tout le monde se permet ajourd'hui de discuter des tactiques d’entraîneurs, de remettre en cause une prestation sportive de stars mondiales, et d’annoncer des nouvelles et des informations non confirmées sur le milieu du sport. Avec des visées plus ou moins avouables, ces néo-prêcheurs de la scène sportive ont parfois des mauvaises intentions comme le fait de vouloir polluer l’image d’un sportif, d’un club ou d’un entraîneur dans un jeu de racket d’image. Ou à contrario de faire briller l’étoile d’un joueur ou d’un entraîneur sur le déclin afin de lui permettre de décrocher des contrats alléchants ou de faire pression sur tel ou tel sélectionneur pour l’inclure dans son effectif qu’il soit local ou national. Le tout moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.
Les néo prédicateurs, les faux érudits et les télé-évangélistes du net
Le TOP 1 à mon sens des prêcheurs du net est dominé par les nouveaux « Fqih » des réseaux sociaux, qui dépassent de loin en termes de notoriété et surtout de nuisance, tous les « ouléma » de la place, avec des explications modernes, contemporaines et surtout taillées sur mesure pour créer la polémique et obtenir le plus d’audience possible. A les entendre, la confusion s’installe dans les esprits, le halal devient haram et vice versa. Dans un mélange improbable entre hadiths et versets coraniques, entre islam, christianisme et judaïsme, avec des virages tout aussi improbables sur les civilisations des pharaons, des mayas et des aztèques, ces prédicateurs hybrides entre science et religion, finissent par devenir les fossoyeurs de nos croyances et de nos convictions. Oui maintenant et grâce à eux, beaucoup commencent à croire que les extraterrestres ont construit les pyramides, que le yeti existe, que la terre est plate, et que le jeun, la salat et la zaqat que nous pratiquons ne répondent pas aux véritables standards de la religion.
Au final, l’internet et plus particulièrement les réseaux sociaux ont démocratisé l’accès à l’information certes. Malheureusement cette démocratisation est accompagnée d’une prolifération inquiétante de contenus de qualité douteuse. On parle de faux contenus, de théories complotistes, d’opinions non fondées présentées par les créateurs de contenu comme étant des faits ! tout cela participe grandement à un abrutissement des mentalités, mais aussi à un développement malsain de la pensée critique qui va venir conditionner les consommateurs de l’information et influencer leur manière de percevoir le monde.
Il faut aussi reconnaitre que nous sommes un peuple qui ne lit pas ou peu, et qui privilégie par contre la data vidéo/internet qui s’assimile à de la «junk-news», beaucoup plus que les journaux, revues, émissions culturelles et les sources d’informations officielles. Au Maroc, des forfaits réseaux sociaux sont offerts par les opérateurs Télécom à des prix très bas, laissant tout le monde branché en continu devant la série de contenus disponibles sur les réseaux sociaux, sans accompagnement ni modération et sans filets ni garde-fous.
Nous sommes donc face à un grand péril. Laisser les gens dans la jungle du web sans éducation aux médias et à l’information ne peut avoir que des résultats désastreux. C’est pour cela que certains pays commencent d’ores et déjà à enseigner aux enfants dès le plus jeune âge dans le cadre de programmes scolaires spécifiques comment évaluer de manière critique l’information et surtout comment identifier les sources fiables des sources non fiables.
L’état devrait aussi jouer un grand rôle en matière de sensibilisation du public à travers des campagnes éducative, mais également au niveau de la modération et de la responsabilisation des plateformes et des divers acteurs. Actuellement il existe plusieurs solutions informatiques pour détecter non seulement la censure et la manipulation, mais aussi les contenus bidon. Il y’a lieu donc de les limiter ou en réduire la visibilité tout en responsabilisant par force de loi les initiateurs. Une telle vigilance est d’autant plus nécessaire que notre pays comme beaucoup d’autres fait désormais l’objet de véritables guerres cybernétiques orchestrées par des ennemis extérieurs qui mobilisent de véritables légions de trolls et de mouches cybernétiques dont le seul objectif est de manipuler l’opinion publique nationale et de créer le chaos.
Et finalement un message aux parents qui procurent à leurs enfants des smartphones connectés à internet sans surveillance: Merci de faire très attention aux pérégrinations numériques de vos enfants qui seront les adultes et les décideurs de demain. L’impact mental et émotionnel de leurs navigations sauvages dans les méandres de l’Internet est considérable. Faute de pouvoir leur interdire complètement ces escapades dans les réseaux sociaux, faites au moins l’effort de les guider et de les sensibiliser. Il en va de notre avenir à tous.