La crise économique provoquée par ce virus est à la fois profonde et atypique dans l'histoire économique contemporaine. Une comparaison avec la crise de 2007 et la Grande Récession de 1929 permet de mieux appréhender son caractère singulier.
Un système de contagion différent de celui des grandes crises économiques connues jusqu'ici:
La crise économique due au COVID-19 est liée principalement à un contexte sanitaire qui immobilise partiellement, voire totalement dans certains cas, les facteurs de production (capital et travail). Elle ne puise donc pas son origine dans un phénomène de spéculation financière comme cela a été le cas lors de la crise des subprimes ou celle de l'entre-deux-guerres.
Alors que les crises économiques qui ont succédées à la Grande Récession du début du 20ème siècle et la faillite de Lehman Brothers en 2007 ont été la conséquence d'une déstabilisation violente du système financier déjà en place, c'est plutôt la dégradation des perspectives économiques, dues aux mesures de confinements et à la perturbation des chaines d'approvisionnement mondiales, qui a constitué un choc pour les principales places boursières. Celles-ci ont vu leurs valeurs chuter de 20% à 30% depuis le début de l'année.
Un rapport chamboulé entre le capital et le travail:
La crise économique du COVID-19 a établi un nouveau rapport entre les 2 principaux facteurs de production. En effet, pour la première fois depuis des décennies, le capital matériel est disponible sans qu'il ne trouve assez de ressources humaines en face car celles-ci sont désormais confinées et immobilisées. C'est une situation inédite car, bien que certains pays tels que l'Allemagne et les Etats Unis étaient proches du plein emploi, le besoin en investissement et en capital était toujours nécessaire pour poursuivre la dynamique de réduction du taux de chômage, enclenchée depuis quelques années.
Sauver la vie humaine avant l'économie et les finances publiques:
Les mesures de confinement sanitaire ont mis des usines, des entreprises, des administrations et plus globalement des économies dans une situation de ralenti, voire d'arrêt total. Contrairement aux crises de 2007 et 1929, la vie de l'être humain s'est retrouvée au centre des équations économiques, ou plutôt au-dessus d'elles. A part certains régimes, dont celui du président brésilien Jair Bolsonaro, le choix a été en faveur de l'adoption de mesures de confinement visant à lisser la courbe de propagation du COVID-19 et réduire l'exposition du citoyen au virus. Face à une telle pandémie, l'effet collatéral des mesures sanitaires sur l'économie ne pourra être pire que le risque de pertes humaines engendrées par le virus lui-même.
Desserrer les contraintes réglementaires:
En 1933, quelques années après la crise financière puis économique de 1929, le président américain Roosevelt a fait adopter le Glass-Steagall Act, et ce dans le but d'instaurer un cadre réglementaire plus strict pour les banques et protéger les dépôts. La même logique de renforcement de la réglementation financière a été appliquée au lendemain de la crise des subprimes. En effet, plusieurs réglementations telles que Bâle 3 ou Solvency 2 ont été mises en place afin de renforcer la liquidité et la solvabilité des banques et des assurances. D'autres mécanismes de supervision bancaires et de protection de l'épargne des ménages ont été également créés par les gouvernements et banques centrales en Europe et aux Etats Unis.
Si ces derniers ont été maintenues jusqu'à présent, la réglementation semble s'assouplir progressivement pour faire face aux répercutions du COVID-19 sur le système financier. L'objectif est de permettre aux banques de mobiliser l'argent, initialement "mis de côté" pour des raisons réglementaires, afin de financer les entreprises confrontées à des problèmes de liquidité ou restructurer des crédits. Ainsi, le COVID-19 conduit à un assouplissement des contraintes réglementaires, contrairement aux crises de 2007 et 1929.
La crise économique du COVID-19 fera des gagnants et des perdants. Des nations, des entreprises et des organisations verront leur influence se renforcer, s'affaiblir ou disparaitre. Le défi pour elles est de faire partie des vainqueurs quand l'histoire du COVID-19 sera écrite.
Kamal Zine, Consultant en banques et assurances, diplômé de Sciences Po Paris.
Email: kamal.zine@sciencespo.fr
Un système de contagion différent de celui des grandes crises économiques connues jusqu'ici:
La crise économique due au COVID-19 est liée principalement à un contexte sanitaire qui immobilise partiellement, voire totalement dans certains cas, les facteurs de production (capital et travail). Elle ne puise donc pas son origine dans un phénomène de spéculation financière comme cela a été le cas lors de la crise des subprimes ou celle de l'entre-deux-guerres.
Alors que les crises économiques qui ont succédées à la Grande Récession du début du 20ème siècle et la faillite de Lehman Brothers en 2007 ont été la conséquence d'une déstabilisation violente du système financier déjà en place, c'est plutôt la dégradation des perspectives économiques, dues aux mesures de confinements et à la perturbation des chaines d'approvisionnement mondiales, qui a constitué un choc pour les principales places boursières. Celles-ci ont vu leurs valeurs chuter de 20% à 30% depuis le début de l'année.
Un rapport chamboulé entre le capital et le travail:
La crise économique du COVID-19 a établi un nouveau rapport entre les 2 principaux facteurs de production. En effet, pour la première fois depuis des décennies, le capital matériel est disponible sans qu'il ne trouve assez de ressources humaines en face car celles-ci sont désormais confinées et immobilisées. C'est une situation inédite car, bien que certains pays tels que l'Allemagne et les Etats Unis étaient proches du plein emploi, le besoin en investissement et en capital était toujours nécessaire pour poursuivre la dynamique de réduction du taux de chômage, enclenchée depuis quelques années.
Sauver la vie humaine avant l'économie et les finances publiques:
Les mesures de confinement sanitaire ont mis des usines, des entreprises, des administrations et plus globalement des économies dans une situation de ralenti, voire d'arrêt total. Contrairement aux crises de 2007 et 1929, la vie de l'être humain s'est retrouvée au centre des équations économiques, ou plutôt au-dessus d'elles. A part certains régimes, dont celui du président brésilien Jair Bolsonaro, le choix a été en faveur de l'adoption de mesures de confinement visant à lisser la courbe de propagation du COVID-19 et réduire l'exposition du citoyen au virus. Face à une telle pandémie, l'effet collatéral des mesures sanitaires sur l'économie ne pourra être pire que le risque de pertes humaines engendrées par le virus lui-même.
Desserrer les contraintes réglementaires:
En 1933, quelques années après la crise financière puis économique de 1929, le président américain Roosevelt a fait adopter le Glass-Steagall Act, et ce dans le but d'instaurer un cadre réglementaire plus strict pour les banques et protéger les dépôts. La même logique de renforcement de la réglementation financière a été appliquée au lendemain de la crise des subprimes. En effet, plusieurs réglementations telles que Bâle 3 ou Solvency 2 ont été mises en place afin de renforcer la liquidité et la solvabilité des banques et des assurances. D'autres mécanismes de supervision bancaires et de protection de l'épargne des ménages ont été également créés par les gouvernements et banques centrales en Europe et aux Etats Unis.
Si ces derniers ont été maintenues jusqu'à présent, la réglementation semble s'assouplir progressivement pour faire face aux répercutions du COVID-19 sur le système financier. L'objectif est de permettre aux banques de mobiliser l'argent, initialement "mis de côté" pour des raisons réglementaires, afin de financer les entreprises confrontées à des problèmes de liquidité ou restructurer des crédits. Ainsi, le COVID-19 conduit à un assouplissement des contraintes réglementaires, contrairement aux crises de 2007 et 1929.
La crise économique du COVID-19 fera des gagnants et des perdants. Des nations, des entreprises et des organisations verront leur influence se renforcer, s'affaiblir ou disparaitre. Le défi pour elles est de faire partie des vainqueurs quand l'histoire du COVID-19 sera écrite.
Kamal Zine, Consultant en banques et assurances, diplômé de Sciences Po Paris.
Email: kamal.zine@sciencespo.fr