J’ai le sentiment que l’on se trouve à deux doigts d’une tension sociale explosive, probablement autant sinon plus dangereuse que celles que notre pays a connues au cours des dernières années. Il paraît que pleins d’indicateurs sociaux et politiques du tableau de bord du gouvernement sont au rouge. Pour avoir vécu les crises violentes des années 60, 70 et 80 du siècle dernier et au début du 21ème siècle, mes appréhensions actuelles me surprennent, d’autant plus que d’ordinaire, je ne suis pas porté sur le pessimisme.
Il y a d’abord la cherté de la vie qui pèse de tout son poids sur la classe moyenne et appauvrit davantage les couches défavorisées, provoquant des colères massives que des cercles cherchent à exploiter aux plans politique et idéologique. La détérioration du pouvoir d’achat des citoyens et la hausse du chômage, particulièrement chez les diplômés des universités et des instituts supérieurs, aggrave d’autant la crise et assombrit l’horizon.
Nombre de secteurs sont actuellement dans la tourmente, y compris , et peut-être surtout, l’agriculture où la parcimonie des pluies place des millions d’agriculteurs dans la disette. Et aux effets de cette sécheresse récurrente, de la double crise mondiale provoquée par la pandémie et la guerre d’Ukraine, aux incidences du séisme d’Al Haouz, est venue se greffer la longue et irresponsable grève du secteur de l’enseignement. La tension ambiante n’en est devenue que plus suffocante, maladroitement alimentée par une série d’initiatives incompréhensibles du ministre de l’Éducation nationale qui s’était enfermé dans un entêtement inadmissible.
Le gouvernement a laissé pourrir la crise au point que les revendications, de syndicales ont dégénéré en revendications politiques. Les protestations des enseignants, perfidement exploitées, ont été transformées en une masse populaire déçue du gouvernement et de sa gouvernance. Pour ne rien arranger, la question palestinienne est survenue, libérant de ses dernières hésitations le rejet clair de la politique officielle. Malgré la force des protestations, le gouvernement a choisi de faire dans la nonchalance, incapable de traiter efficacement le problème dans sa triple dimension, politique, sécuritaire et médiatique. Ce qui a laissé le champ libre aux forces de l’agitation pour mener à leur guise les manifestations et à imposer des slogans qui exploitent l’émotion des masses populaires et leur soutien au peuple palestinien. Les marches multiples et massives des enseignants se sont transformées en manifestations qui ne cachaient plus leur hostilité aux politiques de l’Etat, pris à partie pour avoir imposé, sans consultations préalables. Pis, le gouvernement a mis de l’huile sur le feu lorsque le ministre de tutelle, alors que la tendance était à l’accalmie, a ordonné des retenues sur les salaires des grévistes.
En réalité, je ne saurais dire comment fonctionne le gouvernement et quelle est sa méthode de travail et s’il existe une coordination entre ses organismes et outils de travail. Ce qui est certain c’est qu’il ne dispose pas d’une stratégie médiatique avec des ministres qui, en majorité, calfeutrés dans leurs bureaux, optent pour le silence. Face à ce déficit du gouvernement, une communication parallèle a explosé sur les réseaux sociaux. On y trouve le vrai, le moins vrai et le carrément mensonger, certes, elle n’en reste pas moins une communication influente qui fait dans le sensationnel et la surenchère, sans se soucier de ce qu’elle peut provoquer comme tension et discorde. Des sites ont véhiculé des propos passibles de poursuites, mais le gouvernement est resté passif. Certains ont nommément accusé le gouvernement sans que celui-ci ne lève le petit doigt. D’autres ont dépassé impunément toutes les lignes rouges.
La rue est actuellement secouée par une ébullition, bénie par les nantis, nourrie par les pauvres et reprise par les fonctionnaires et les chômeurs. Aggravée et amplifiée par la rumeur, elle est du pain béni pour des parties étrangères qui, pernicieuses et coriaces, s’en servent sans retenue. Pourquoi s’en priverait-elle d’ailleurs, pendant que les médias, publics et privés, préfèrent regarder ailleurs et que le gouvernement s’applique la sagesse du singe : ne voit rien, ne dit rien, n’entend rien.
Malgré les nombreuses réalisations accomplies, l’Exécutif n’est pas suffisamment outillé pour les présenter au public de manière professionnelle, audible et durable. Qui se souvient du fleuve artificiel ayant sauvé de la soif douze millions de Marocains ? Qui se rappelle que le Maroc s’apprête à accueillir la Coupe d’Afrique et le Mondial ? Qui se soucie vraiment de l’effort en cours pour la réforme du Code de la famille ? Qui se remémore que le Maroc a affronté avec succès la pandémie du coronavirus ? Qui se rappelle que notre pays a pu faire face au séisme d’Al Haouz et de l’élan de solidarité populaire historique? Qui se rappelle que nous avons un gouvernement ?
L’aboutissement de tout projet repose sur le charisme et la crédibilité de ceux qui le portent. Son succès dépend également de son accompagnement médiatique et sur le dialogue continu. Les médias sont une arme que le gouvernement ne sait ni utiliser, ni exploiter, que ce soit pour le débat ou pour le dialogue et la persuasion. C’est pourquoi je suis tenté de poser à nouveau cette question: qui se rappelle encore que nous avons un gouvernement?
Il y a d’abord la cherté de la vie qui pèse de tout son poids sur la classe moyenne et appauvrit davantage les couches défavorisées, provoquant des colères massives que des cercles cherchent à exploiter aux plans politique et idéologique. La détérioration du pouvoir d’achat des citoyens et la hausse du chômage, particulièrement chez les diplômés des universités et des instituts supérieurs, aggrave d’autant la crise et assombrit l’horizon.
Nombre de secteurs sont actuellement dans la tourmente, y compris , et peut-être surtout, l’agriculture où la parcimonie des pluies place des millions d’agriculteurs dans la disette. Et aux effets de cette sécheresse récurrente, de la double crise mondiale provoquée par la pandémie et la guerre d’Ukraine, aux incidences du séisme d’Al Haouz, est venue se greffer la longue et irresponsable grève du secteur de l’enseignement. La tension ambiante n’en est devenue que plus suffocante, maladroitement alimentée par une série d’initiatives incompréhensibles du ministre de l’Éducation nationale qui s’était enfermé dans un entêtement inadmissible.
Le gouvernement a laissé pourrir la crise au point que les revendications, de syndicales ont dégénéré en revendications politiques. Les protestations des enseignants, perfidement exploitées, ont été transformées en une masse populaire déçue du gouvernement et de sa gouvernance. Pour ne rien arranger, la question palestinienne est survenue, libérant de ses dernières hésitations le rejet clair de la politique officielle. Malgré la force des protestations, le gouvernement a choisi de faire dans la nonchalance, incapable de traiter efficacement le problème dans sa triple dimension, politique, sécuritaire et médiatique. Ce qui a laissé le champ libre aux forces de l’agitation pour mener à leur guise les manifestations et à imposer des slogans qui exploitent l’émotion des masses populaires et leur soutien au peuple palestinien. Les marches multiples et massives des enseignants se sont transformées en manifestations qui ne cachaient plus leur hostilité aux politiques de l’Etat, pris à partie pour avoir imposé, sans consultations préalables. Pis, le gouvernement a mis de l’huile sur le feu lorsque le ministre de tutelle, alors que la tendance était à l’accalmie, a ordonné des retenues sur les salaires des grévistes.
En réalité, je ne saurais dire comment fonctionne le gouvernement et quelle est sa méthode de travail et s’il existe une coordination entre ses organismes et outils de travail. Ce qui est certain c’est qu’il ne dispose pas d’une stratégie médiatique avec des ministres qui, en majorité, calfeutrés dans leurs bureaux, optent pour le silence. Face à ce déficit du gouvernement, une communication parallèle a explosé sur les réseaux sociaux. On y trouve le vrai, le moins vrai et le carrément mensonger, certes, elle n’en reste pas moins une communication influente qui fait dans le sensationnel et la surenchère, sans se soucier de ce qu’elle peut provoquer comme tension et discorde. Des sites ont véhiculé des propos passibles de poursuites, mais le gouvernement est resté passif. Certains ont nommément accusé le gouvernement sans que celui-ci ne lève le petit doigt. D’autres ont dépassé impunément toutes les lignes rouges.
La rue est actuellement secouée par une ébullition, bénie par les nantis, nourrie par les pauvres et reprise par les fonctionnaires et les chômeurs. Aggravée et amplifiée par la rumeur, elle est du pain béni pour des parties étrangères qui, pernicieuses et coriaces, s’en servent sans retenue. Pourquoi s’en priverait-elle d’ailleurs, pendant que les médias, publics et privés, préfèrent regarder ailleurs et que le gouvernement s’applique la sagesse du singe : ne voit rien, ne dit rien, n’entend rien.
Malgré les nombreuses réalisations accomplies, l’Exécutif n’est pas suffisamment outillé pour les présenter au public de manière professionnelle, audible et durable. Qui se souvient du fleuve artificiel ayant sauvé de la soif douze millions de Marocains ? Qui se rappelle que le Maroc s’apprête à accueillir la Coupe d’Afrique et le Mondial ? Qui se soucie vraiment de l’effort en cours pour la réforme du Code de la famille ? Qui se remémore que le Maroc a affronté avec succès la pandémie du coronavirus ? Qui se rappelle que notre pays a pu faire face au séisme d’Al Haouz et de l’élan de solidarité populaire historique? Qui se rappelle que nous avons un gouvernement ?
L’aboutissement de tout projet repose sur le charisme et la crédibilité de ceux qui le portent. Son succès dépend également de son accompagnement médiatique et sur le dialogue continu. Les médias sont une arme que le gouvernement ne sait ni utiliser, ni exploiter, que ce soit pour le débat ou pour le dialogue et la persuasion. C’est pourquoi je suis tenté de poser à nouveau cette question: qui se rappelle encore que nous avons un gouvernement?