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Actu Maroc

Rapport de la Cour des Comptes : Le trio Education, Santé et Digital sous le feu des critiques


Rédigé par M. ELALAMI Mercredi 20 Décembre 2023

La Cour des Comptes a rendu publiques des observations définitives sur autant de questions qui intéressent le développement économique, digital et social de notre pays.



Réforme du système de protection sociale, investissement, fiscalité, régionalisation avancée, administration publique, emploi, la liste est loin d’être exhaustive. Pourtant, notre focus portera sur trois secteurs essentiels au progrès du Royaume: le digital, la santé dans son volet de formation et l’éducation autour de son modèle d’écoles communautaires. Ces domaines, bien que distincts, se révèlent interconnectés dans la construction d’un avenir prospère et équilibré pour le Maroc.
 
Digital : Pourquoi se doter d’une stratégie nationale intégrée ?

La montée en puissance du digital a radicalement changé le courant de notre vie. Voilà donc près de 20 ans que l’on parle de transformation digitale, avec son lot d’innovations disruptives qui trouvent un second souffle avec l’Intelligence Artificielle. Ces nouvelles tendances participent à un basculement économique, sociétal et culturel encore plus important.

Le Maroc, bien qu’ayant adopté des stratégies pour stimuler son développement numérique, se trouve encore confronté à des barrières à l’entrée élevées. De telles « stratégies nationales n’ont malheureusement pas atteint les résultats escomptés », tel que conclu par la Cour des Comptes.

Sur le plan de la gouvernance numérique, « le Plan Maroc Numérique 2020 n’a pas été déployé », souligne l’institution, qui attribue ce recul à « la non-implication suffisante des secteurs public et privé concernés ». De même que pour le Plan National de Réforme de l’Administration (2018-2021) qui n’a pas pu honorer ses obligations, « certains projets importants ne sont pas encore achevés bien que les délais prévus soient dépassés », déplore la Cour.

Le rapport pointe du doigt les retards juridiques, mais surtout financiers. Sur le volet financier, le succès de ce chantier, dans le secteur public plus particulièrement, est attribuable au financement des projets de développement numérique, en l’occurrence des dotations programmées dans les budgets des ministères, des établissements publics et des collectivités territoriales. 

La Cour signale ainsi que plusieurs Fonds spéciaux du Trésor, notamment le Fonds de modernisation de l’administration et le Fonds du service universel des télécommunications, dédiés à cet effet, ne disposent malheureusement pas de ressources suffisantes. 

S’agissant du cadre juridique, l’institution regrette le grand retard dans l’adoption de certains textes juridiques, à l’exemple du projet de loi n°41.19 relatif à l’administration numérique, élaboré depuis 2019.

Encore pire, l’absence de cadre juridique pour tant de domaines : les archives électroniques, les registres électroniques, les copies de documents numériques, les monnaies cryptées, les plateformes numériques, l’Intelligence Artificielle. 

Ainsi, la Cour tire la sonnette d’alarme devant « le manque de ressources humaines dans les secteurs public et privé », mais aussi face à l’absence d’une vision claire concernant la formation des compétences dans les domaines numériques. 

En outre, stipule le rapport, “la fracture numérique constitue un défi majeur pour le développement numérique, du fait qu’une part importante de la population ne dispose pas des équipements nécessaires de connectivité”.

Face à de tels défis et à une telle pression, la Cour des Comptes préconise l’adoption d’une stratégie nationale intégrée, la révision du cadre juridique, et l’accélération de la simplification des procédures administratives pour libérer le potentiel du numérique. 
 
Santé : Le dilemme des RH

La problématique des Ressources Humaines (RH) en santé n’est pas nouvelle. Les constats de la Cour, à cet égard, sont clairs et nets : des inégalités régionales persistent malgré tous les efforts d’expansion. Le rapport pointe du doigt des insuffisances qualitatives, des problèmes de gouvernance entre ministères, et une planification insuffisante basée sur les besoins réels de la population.

Entre capacité actuelle et future du système de formation dans les métiers de la santé, la Cour reconnaît le renforcement du dispositif public de formation par la création de nouvelles Facultés de médecine et de pharmacie, à celles-ci s’ajoutent les Facultés privées et celles relevant des fondations d’utilité publique.

Or, en dépit de l’augmentation du nombre des établissements, l’offre de formation est loin de satisfaire les besoins dénoncés. D’autant plus que la majorité de ces institutions sont concentrées sur l’axe RabatCasablanca-Marrakech, soit près de 60% de la capacité totale. La Cour note, par ailleurs, que sur les sept Facultés prévues, dans le cadre de l’initiative de formation de 3.300 médecins par an lancée en 2007, seulement trois Facultés ont été effectivement créées à fin 2022.

Selon l’institution, des lacunes subsistent même en termes de qualité, suite à l’inadéquation des programmes aux professions de la Santé, le manque de personnel encadrant, les insuffisances en terrains de stage, mais également l’absence des méthodes d’enseignement modernes telles que la simulation.

Un autre aspect critique a été particulièrement souligné, concernant la pluralité des intervenants dans le processus de formation des professionnels de la Santé. Ainsi, explique la Cour, les défis de coordination entre ces acteurs ont eu un impact négatif sur la gouvernance du système de formation dans les métiers de santé.

Dans un appel au Chef du gouvernement, aux départements ministériels chargés de la Santé et de l’Enseignement supérieur, la Cour des Comptes recommande une gouvernance efficace, une planification orientée par les besoins du système de santé, et une réforme globale de la formation dans les métiers de la santé.
 
Écoles communautaires : L’échec d’un modèle

Le modèle des écoles communautaires, lancé en 2009, en vue d’améliorer l’éducation en regroupant les élèves de la même commune, a échoué à atteindre ses objectifs. Selon la Cour, ce modèle d’éducation a oublié, laissé de côté et même méprisé les principes les plus élémentaires que sont l’élaboration d’une vision claire et d’une stratégie formalisée qui trace les rôles des différentes parties prenantes. 

Des écoles, censées être dotées d’internats, de cantines, de transport scolaire et de logements pour les enseignants, ne disposent pas d’un cadre organisationnel et juridique spécifique. Encore pis, elles sont soumises aux mêmes dispositions réglementaires appliquées aux écoles primaires ordinaires. 

Ainsi, l’instauration de ces infrastructures n’a pas pris en compte les besoins réels, en raison de l’absence d’études préalables, notamment sur les conditions sociologiques et culturelles de la population cible. De plus, l’existence d’un cahier des charges détaillé sur les composantes et les conditions de réalisation des écoles communautaires, a creusé encore plus le fossé.

Ces lacunes ont résulté en un rendement faible, voire négligeable. Le nombre des écoles communautaires en témoigne de façon éloquente. Au cours de l’année scolaire 2021-2022, 226 écoles ont été créées. Toutefois, la part des écoles communautaires, au niveau national, ne représente que 5% de la totalité des écoles primaires en milieu rural. De surcroît, près de 75 écoles communautaires ne disposent malheureusement pas d’un internat, soit 33% de l’ensemble des écoles communautaires réalisées. Pour ce qui est des internats, mis en place au niveau de 28 écoles communautaires, ils ne sont pas fonctionnels.

Sur le plan de l’apprentissage, « il n’y a pas de différence significative entre les taux de réussite des écoles communautaires et ceux des autres unités scolaires relevant de la même commune, puisque cette différence ne dépasse pas 3%, en faveur des écoles communautaires », déplore la Cour des Comptes. 

Dans ses recommandations, l’Institution, présidée par Zineb El Adaoui, recommande au ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports de mettre en place un cadre réglementaire adapté aux écoles communautaires, et d’élaborer une stratégie nationale dédiée à l’école communautaire traduisant, notamment, la vision du ministère de tutelle, les objectifs assignés et le mode d’opérationnalisation de ces écoles, en tenant compte des spécificités locales.

La Cour préconise également la révision du cadre de référence des écoles communautaires, en veillant à assurer la souplesse nécessaire quant à son application par les AREFs, ainsi que l’ouverture sur les Conseils élus et la société civile afin de les associer dans la gestion des écoles communautaires.

Santé : 90.000 cadres d’ici 2025

Depuis son installation, le gouvernement a créé quelque 16.500 postes budgétaires dans le secteur de la Santé. Conscient de l’importance de l’élément humain, Aziz Akhannouch a espéré, lors d’un récent passage devant les deux Chambres du Parlement, voir accroître progressivement l’effectif des employés à plus de 90.000 d’ici 2025. L’objectif global étant de dépasser le seuil de 24 professionnels de santé pour 10.000 habitants, qui est d’ailleurs recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Dans cette perspective, la loi de finances pour l’année 2024 prévoit la création de 5.500 nouveaux postes budgétaires, selon les propos du chef de l’Exécutif. Misant sur le volet formation, le gouvernement a décidé d’instaurer trois nouvelles Facultés de médecine et de pharmacie, de même que trois centres hospitalouniversitaires à Errachidia, Béni Mellal et Laâyoune.








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