Mercredi dernier, lors d’une réunion conjointe entre la commission des finances et du développement économique de la Chambre des Représentants et la commission des finances, de la planification et du développement économique de la Chambre des conseillers, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Réforme administrative a procédé à la présentation du cadre général de l’élaboration du projet de loi de finances pour l’année 2021.
Une occasion pour M. Mohamed Benchaâboun de traiter de la situation économique à fin juin dernier et de rendre compte des perspectives de l’année 2020.
Après avoir planté le décor en estimant que la crise provoquée par la pandémie du nouveau Coronavirus (Covid-19) entraînera une contraction de l’économie mondiale plus sévère que celle engendrée par la crise financière de 2008 et que le PIB mondial ne retrouvera son niveau de 2019 qu’en 2022, l’Argentier du Royaume est revenu sur les débuts difficiles de l’année 2020.
Une année qui, suite à des conditions climatiques défavorables, marquées par un déficit pluviométrique de l’ordre de 34% par rapport à la moyenne des trente dernières années, se solderait par une production céréalière estimée à 30 millions de quintaux seulement, contre 52 millions de quintaux en 2019 et plus de 100 millions de quintaux, deux années de suite, 2017 et 2018. Et ce, au moment où les autres filières agricoles seraient elles aussi affectées quoiqu’à un degré moindre, notamment au niveau de l’élevage.
Première récession depuis la fin des années 90
Partant de là, M. Benchaâboun précise que pour le premier trimestre 2020, le PIB agricole a baissé de 5% et le PIB non agricole a enregistré un ralentissement record à 0,7% contre une hausse de 3,9% en 2019. Ce qui fait que les prévisions font état d’un recul du PIB de 5%, la première récession de l’économie marocaine depuis la fin des années 90. Ce qui mettrait à mal les équilibres macroéconomiques suite à la hausse des déficits du Budget et du compte courant de la balance des paiements et impacterait aussi le marché du travail.
Les chiffres 2020 de M. Benchaâboun font état d’un taux de chômage de 13% en 2020 contre 9,2% en 2019 et de pertes d’emploi estimées à 227.000 postes dans le secteur non agricole, et 78.000 dans le secteur agricole.
Pénurie de liquidités
Abordant la problématique de la liquidité bancaire, M. Benchaâboun avait précisé que quelques perturbations ont été relevées au niveau de la liquidité bancaire depuis le début de la crise Covid-19 suite à la hausse inhabituelle des retraits des dépôts. Résultat : le déficit de liquidité a atteint 93,8 MMDH au cours du deuxième trimestre 2020, ce qui a suscité l’intervention de la Banque Centrale à hauteur de 97,4 MMDH contre 72, 4 MMDH trois mois plus tôt. Et ce, en plus des autres mesures d’assouplissement alors adoptées dont la suppression de la réserve obligatoire qui s’est traduite par une injection sur le marché monétaire de 12 MMDH.
Sur le plan de l’inflation, Il est prévu un taux d’inflation de 1% en 2020 contre 0,2% en 2019.
Des flux extérieurs en berne
Abordant les comptes extérieurs à fin juin 2020, M. Benchaâboun a mis l’accent sur l’allègement de 13% du déficit commercial du Royaume, suite à la baisse de 33 MMDH des exportations, contre un plus fort repli des importations de 46,6 MMDH. Et ce, au moment où les recettes voyage et les transferts des Marocains résidant à l’étranger ont diminué respectivement de 28,9% et 11,4%, ce qui a ramené le taux de couverture du déficit commercial par ces recettes à 57,6% contre 63,1% une année auparavant.
Parallèlement, les Investissements directs étrangers ont accusé, pour leur part, une chute de 21,2% au titre des six premiers mois de 2020, soit l’équivalent de 3,5 MMDH. Et les avoirs officiels de réserve (AOR) se sont accrus de 39 milliards de dirhams (MMDH) par rapport à leur niveau de fin décembre 2019, permettant ainsi de couvrir 7 mois et 13 jours d’importations alors que les réserves de change des banques ont maintenu un niveau qualifié d’acceptable à hauteur de 16 MMDH à fin mai 2020.
Le tout ferait que le compte courant de la balance des paiements enregistrerait, à fin 2020, une baisse de 3,9% par rapport à 2019.
Un déficit budgétaire situé à 7,5% du PIB
En ce qui concerne la situation des finances publiques, le ministre confirme la baisse continue des recettes de l’Etat. Aussi, précise-t-il, à ce titre, qu’au terme du premier semestre 2020, les recettes ordinaires ont baissé de 10,5% ou 12,7 MMDH en comparaison avec 2019 sous l’effet d’une baisse de 25% des recettes non fiscales et d’un repli de 8,5% des recettes fiscales.
l’opposé, les dépenses ordinaires enregistrent une hausse de 7,1% ou 8 MMDH, due essentiellement à la hausse de la masse salariale de 8,4% (5,2 MMDH) et la hausse des dépenses de biens et des services de 11,7% (3,2 MMDH).
Sans prendre en compte l’excédent des comptes spéciaux du Trésor, notamment le fonds Covid-19, le déficit du Trésor a dépassé 44 MMDH, soit une hausse de 26,8 MMDH en comparaison avec la même période en 2019. Compte tenu des indicateurs à fin juin, le déficit budgétaire, au titre de 2020, devrait atteindre 82,4 MMDH, soit 7,5% du Produit Intérieur Brut, contre une prévision initiale de 3,5%.
Pour le financer, il est tout à fait clair que l’Etat n’aurait d’autre choix que de faire recours aux emprunts. Déjà, les prévisions du ministre évoquent à fin 2020 un endettement du Trésor situé à 75,5% du PIB contre 65% en 2019.
Ceci étant, il va sans dire, comme l’avait d’ailleurs souligné M. Benchaâboun en guise de conclusion, qu’au vu de ces paramètres, le cadre macroéconomique fera l’objet d’une détérioration certaine, que ce soit en comparaison avec les prévisions initiales ou par rapport à l’année dernière.
Aussi, faut-il espérer que les perspectives à venir, ô combien sombres et incertaines, ne compliquent pas davantage les choses. Autrement, M. Benchaâboun se doit de revoir, une fois de plus, tous ses calculs pour les adapter à l’évolution de la crise durant les prochains mois.
Une occasion pour M. Mohamed Benchaâboun de traiter de la situation économique à fin juin dernier et de rendre compte des perspectives de l’année 2020.
Après avoir planté le décor en estimant que la crise provoquée par la pandémie du nouveau Coronavirus (Covid-19) entraînera une contraction de l’économie mondiale plus sévère que celle engendrée par la crise financière de 2008 et que le PIB mondial ne retrouvera son niveau de 2019 qu’en 2022, l’Argentier du Royaume est revenu sur les débuts difficiles de l’année 2020.
Une année qui, suite à des conditions climatiques défavorables, marquées par un déficit pluviométrique de l’ordre de 34% par rapport à la moyenne des trente dernières années, se solderait par une production céréalière estimée à 30 millions de quintaux seulement, contre 52 millions de quintaux en 2019 et plus de 100 millions de quintaux, deux années de suite, 2017 et 2018. Et ce, au moment où les autres filières agricoles seraient elles aussi affectées quoiqu’à un degré moindre, notamment au niveau de l’élevage.
Première récession depuis la fin des années 90
Partant de là, M. Benchaâboun précise que pour le premier trimestre 2020, le PIB agricole a baissé de 5% et le PIB non agricole a enregistré un ralentissement record à 0,7% contre une hausse de 3,9% en 2019. Ce qui fait que les prévisions font état d’un recul du PIB de 5%, la première récession de l’économie marocaine depuis la fin des années 90. Ce qui mettrait à mal les équilibres macroéconomiques suite à la hausse des déficits du Budget et du compte courant de la balance des paiements et impacterait aussi le marché du travail.
Les chiffres 2020 de M. Benchaâboun font état d’un taux de chômage de 13% en 2020 contre 9,2% en 2019 et de pertes d’emploi estimées à 227.000 postes dans le secteur non agricole, et 78.000 dans le secteur agricole.
Pénurie de liquidités
Abordant la problématique de la liquidité bancaire, M. Benchaâboun avait précisé que quelques perturbations ont été relevées au niveau de la liquidité bancaire depuis le début de la crise Covid-19 suite à la hausse inhabituelle des retraits des dépôts. Résultat : le déficit de liquidité a atteint 93,8 MMDH au cours du deuxième trimestre 2020, ce qui a suscité l’intervention de la Banque Centrale à hauteur de 97,4 MMDH contre 72, 4 MMDH trois mois plus tôt. Et ce, en plus des autres mesures d’assouplissement alors adoptées dont la suppression de la réserve obligatoire qui s’est traduite par une injection sur le marché monétaire de 12 MMDH.
Sur le plan de l’inflation, Il est prévu un taux d’inflation de 1% en 2020 contre 0,2% en 2019.
Des flux extérieurs en berne
Abordant les comptes extérieurs à fin juin 2020, M. Benchaâboun a mis l’accent sur l’allègement de 13% du déficit commercial du Royaume, suite à la baisse de 33 MMDH des exportations, contre un plus fort repli des importations de 46,6 MMDH. Et ce, au moment où les recettes voyage et les transferts des Marocains résidant à l’étranger ont diminué respectivement de 28,9% et 11,4%, ce qui a ramené le taux de couverture du déficit commercial par ces recettes à 57,6% contre 63,1% une année auparavant.
Parallèlement, les Investissements directs étrangers ont accusé, pour leur part, une chute de 21,2% au titre des six premiers mois de 2020, soit l’équivalent de 3,5 MMDH. Et les avoirs officiels de réserve (AOR) se sont accrus de 39 milliards de dirhams (MMDH) par rapport à leur niveau de fin décembre 2019, permettant ainsi de couvrir 7 mois et 13 jours d’importations alors que les réserves de change des banques ont maintenu un niveau qualifié d’acceptable à hauteur de 16 MMDH à fin mai 2020.
Le tout ferait que le compte courant de la balance des paiements enregistrerait, à fin 2020, une baisse de 3,9% par rapport à 2019.
Un déficit budgétaire situé à 7,5% du PIB
En ce qui concerne la situation des finances publiques, le ministre confirme la baisse continue des recettes de l’Etat. Aussi, précise-t-il, à ce titre, qu’au terme du premier semestre 2020, les recettes ordinaires ont baissé de 10,5% ou 12,7 MMDH en comparaison avec 2019 sous l’effet d’une baisse de 25% des recettes non fiscales et d’un repli de 8,5% des recettes fiscales.
l’opposé, les dépenses ordinaires enregistrent une hausse de 7,1% ou 8 MMDH, due essentiellement à la hausse de la masse salariale de 8,4% (5,2 MMDH) et la hausse des dépenses de biens et des services de 11,7% (3,2 MMDH).
Sans prendre en compte l’excédent des comptes spéciaux du Trésor, notamment le fonds Covid-19, le déficit du Trésor a dépassé 44 MMDH, soit une hausse de 26,8 MMDH en comparaison avec la même période en 2019. Compte tenu des indicateurs à fin juin, le déficit budgétaire, au titre de 2020, devrait atteindre 82,4 MMDH, soit 7,5% du Produit Intérieur Brut, contre une prévision initiale de 3,5%.
Pour le financer, il est tout à fait clair que l’Etat n’aurait d’autre choix que de faire recours aux emprunts. Déjà, les prévisions du ministre évoquent à fin 2020 un endettement du Trésor situé à 75,5% du PIB contre 65% en 2019.
Ceci étant, il va sans dire, comme l’avait d’ailleurs souligné M. Benchaâboun en guise de conclusion, qu’au vu de ces paramètres, le cadre macroéconomique fera l’objet d’une détérioration certaine, que ce soit en comparaison avec les prévisions initiales ou par rapport à l’année dernière.
Aussi, faut-il espérer que les perspectives à venir, ô combien sombres et incertaines, ne compliquent pas davantage les choses. Autrement, M. Benchaâboun se doit de revoir, une fois de plus, tous ses calculs pour les adapter à l’évolution de la crise durant les prochains mois.
N. BATIJE