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Culture

Récompense : Les Immortels du Prix Nobel de littérature


Rédigé par Abdallah BENSMAÏN le Mercredi 14 Octobre 2020

Le Nobel de la littérature et la poésie ne sont pas à leur première rencontre. Dans l’histoire, la lauréate de cette année vient rejoindre des noms illustres comme Pablo Néruda et Saint-John Perse.



Récompense : Les Immortels du Prix Nobel de littérature
L’Académie suédoise qui a décerné à la poétesse américaine Louise Glück, 77 ans, le Nobel de littérature, vient le rappeler et signifier ainsi que la poésie n’est pas morte.

Louise Glück a reçu ce Prix «pour sa voix poétique caractéristique, qui avec sa beauté austère rend l’existence individuelle universelle», explique l’Académie suédoise, connue pour sa rigueur et la pertinence de ses choix. La longue liste des Nobel de littérature illustre ce propos. Les lauréats restent des sommités de la littérature mondiale et l’intérêt pour leurs oeuvres ne s’est pas estompé avec le temps. En poésie, il est certain  que Saint-John Perse reste un sommet difficile à atteindre… L’absence de noms comme ceux de Nazim Hikmet et Vladimir Maiakovski peut faire penser à une injustice dans l’attribution du Nobel de littérature, mais le fait est là : la longue liste des écrivains de renom qui ont été récompensés montrent bien que les membres de l’Académie Nobel, à travers l’histoire de ce Prix, savent reconnaître les « Immortels » de la littérature mondiale.

La longue liste des lauréats du Nobel de littérature, inauguré par Sully Prudhomme en 1901, issus de divers pays et continents, en témoigne : John Steinbeck, Ernst  Hemingway, Rudyard Kipling, Selma Lagerlöf, Rabindranath Tagore, Luigi Pirandello, William Faulkner, Albert Camus, Boris Pasternak, Miguel Ángel Asturias, Samuel Beckett, Nadine Gordime, Alexandre Soljenitsyne, Gabriel García Márquez, Claude Simon, Wole Soyinka, Naguib Mahfouz, José Saramago, Günter Grass, J. M. G. Le Clézio, Bob Dylan…

Un Prix sans tabous ni oeillères
Un autre fait s’impose à la lecture de la liste des lauréats du Prix Nobel de littérature : c’est un Prix qui s’octroie sans tabou ni oeillères politiques, idéologiques ou… littéraires. Le Nouveau Roman (Claude Simon) côtoie le Roman de la Dictature (Garcia-Marques, Asturias), les formes classiques de la littérature (Pasternak, Mahfouz, Soljenitsyne) s’affichent avec les formes éclatées et révolutionnaires de la littérature, entremêlant forme poétique et forme romanesque, représentées par un Samuel Beckett ou un William Faulkner.

Louise Glück qui a remporté le Prix Pulitzer de poésie en 1993 pour son recueil The Wild Iris, a également reçu le National Book Critics Circle Award (The Triumph of Achilles), le Prix de l’Academy of American Poets, dont elle est membre. A ces Prix s’ajoutent le Wallace Stevens Award et la médaille d’or de la poésie de l’American Academy of Arts and Letters. Poétesse de la solitude, des relations familiales, du divorce ou encore de la mort, professeure d’anglais à l’Université de Yale, Louise Glück a publié douze recueils ainsi que des essais sur la poésie. Elle vient rejoindre la foule des « Immortels » de l’Académie Nobel qui a salué la poétesse : «   comme l’une des plumes les plus importantes de la littérature américaine contemporaine ».

Une des rares fois dans l’histoire de la remise du Prix Nobel de la littérature, la lauréate de l’année 2020 ne fera pas le déplacement à Stockholm, en Suède, pour y recevoir sa récompense lors d’une cérémonie. «La dernière fois qu’il n’y a pas eu de cérémonie à Stockholm, c’était en 1944», durant la Seconde Guerre mondiale, rappelle Gustav Källstrand, l’historien de la Fondation Nobel.

La pandémie du Coronavirus fera, en effet, que cette cérémonie sera « numérique »,  virtuelle et donc à distance.

La poésie s’édite
Le Prix Nobel de la littérature à Louise Glück va-t-il réconcilier l’édition avec la poésie ? Verra-t-on ressurgir des éditeurs comme Pierre Seghers ou JP Oswald dont la raison d’être était la poésie ou une revue comme Poésie 1, une publication mensuelle 100% poésie ? Le doute est permis mais le constat, du moins au Maroc, semble pousser à l’optimisme. Une place est faite à la poésie chez plusieurs éditeurs, ces 5 dernières années. La Croisée des Chemins a édité « Subterfuges » et « La foi n’est convoquée que les jours de fête » de Khalil Hachimi Idrissi, Orion a donné naissance à « Le pays où les pierres parlent », « Vitriol » et « Finis gloriae mundi » d’Abdelhak Najib. Les Editions Virgules qui ont édité Mohamed Loakira « Et se voile le printemps », Issam Eddine Tber « Elle était une fois : le poème », Mohamed Hmoudane « Etat d’urgence », Rachid Khales « Guerre Totale ; Vols, L’éclat », ont édité en recueil l’oeuvre poétique disparate de Abdelaziz Mansouri, un des premiers poètes de la revue Souffles. Ces poèmes présentés par Mustapha Nissaboury ont été réunis sous le titre « A peine un souffle ».

Marsam a marqué sa rentrée littéraire 2020 par la publication de 3 recueils de poèmes : Ahmed Toufiq « La vallée de mon âme », Aicha Belarbi « Une longue traversée » et Meriem Hadj Hamou « Se dissoudre dans le néant ».
 
Abdallah BENSMAÏN



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