L’ambassadeur américain a été convoqué samedi 24 avril par le ministre des Affaires étrangères, pour exprimer sa colère à la suite de la décision de Joe Biden de reconnaître le génocide arménien. Le président Biden devient ainsi le premier président des États-Unis à poser le mot « génocide » sur la mort d’un million et demi d’Arméniens tués sous l’Empire Ottoman en 1915.
Le ministère a déclaré que le vice-ministre turc des affaires étrangères Sedat Önal avait fait part à l'ambassadeur américain David Satterfield que la déclaration américaine ne tenait sur aucune base juridique et que la Turquie « la rejetait, la trouvait inacceptable et la condamnait dans les termes les plus forts ». Il a ensuite poursuivi en affirmant que cette déclaration a ouvert une « blessure dans les relations qui sera difficile à réparer ». Le président turc Recep Tayyip Erdogan a rapidement réagi en envoyant un message au patriarche arménien à Istanbul, signalant une « politisation par des tiers » de ce débat. Pour sa part, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian a exprimé sa joie et a approuvé, à travers un poste Facebook, une « mesure très forte envers la justice et la vérité historique ».
Pour rappel, le génocide arménien est reconnu par plus de vingt pays mais est nié par la Turquie. « Les Américains honorent tous les Arméniens ayant péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd'hui », a indiqué Joe Biden dans un communiqué. « Nous affirmons l'histoire. Nous ne faisons pas cela pour accabler quiconque, mais pour nous assurer que ce qui s'est passé ne se répétera jamais », a-t-il ajouté.
M. Biden qui avait fait état durant sa campagne électorale de se pencher sur ce dossier, a prévenu son homologue turc vendredi 23 avril de sa décision. Les deux présidents se sont entendus pour se rencontrer en juin lors du sommet de l'Otan à Bruxelles.
Reconnaître le génocide arménien reviendrait pour le gouvernement turc à contester le récit national sur lequel repose la République. En plus, cet aveu pourrait entraîner de nouvelles actions, telles que les « compensations et demandes de restitutions de terres », a expliqué le chroniqueur Ugur Dündar.