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Réforme de la Moudawana: Les Oulémas face aux enjeux d'une réforme progressiste


Rédigé par Mina Elkhodari Lundi 1 Juillet 2024

Après avoir été saisi par SM le Roi Mohammed VI, le Conseil Supérieur des Oulémas est chargé d'émettre une « fatwa » sur des questions cruciales ayant une dimension religieuse dans le cadre de la réforme de la Moudawana. Comme démarche, l'accent est mis sur l'effort jurisprudentiel ouvert et constructif.



Réforme de la Moudawana: Les Oulémas face aux enjeux d'une réforme progressiste
La réforme tant attendue de la Moudawana est désormais dans une phase cruciale. En effet, près de trois mois après la présentation de ses propositions à Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour son évaluation, les amendements issus de vastes consultations ont été transmis au Conseil Supérieur des Oulémas. Cette démarche a été annoncée par un communiqué du Cabinet Royal en date du 28 juin.

À la demande expresse du Souverain, le Conseil des Oulémas est chargé d'examiner certains points soulevés dans les propositions de l'Instance chargée de la révision du Code de la Famille, en se référant aux principes et enseignements tolérants de la religion islamique, afin de soumettre une Fatwa à Sa Haute Appréciation.

Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la politique éclairée du Souverain concernant les questions sociétales, en particulier celles relatives à la famille. Elle vise à associer les Oulémas à une réflexion collective sur la réforme du Code de la famille, notamment sur les aspects ayant une dimension religieuse, afin de garantir le respect des préceptes religieux et de favoriser l'Ijtihad pour accompagner les évolutions sociales.

Bien que le communiqué royal ne précise pas les dispositions concernées au sujet desquelles le Conseil doit se prononcer, la saisine évoque la présence d’éléments touchant à des questions sensibles et dont la référence est purement religieuse. Il s’agit notamment de la question de l’héritage qui a fait resurgir de vifs débats, particulièrement en ce qui concerne la parité homme-femme.

Ainsi, une responsabilité importante incombe aux oulémas. Ces derniers sont appelés à statuer sur les questions précitées en tenant compte des vertus de modération et d’ouverture, tel que souligné par SM le Roi.

La saisine royale constitue, en d’autres termes, un appel clair à un effort jurisprudentiel ouvert et constructif, dans la perspective d’inscrire la nouvelle Moudawana dans le contexte de la Constitution de 2011 qui promeut la parité entre les hommes et les femmes comme objectif ultime.
 
Une fatwa alignée sur les évolutions

Abdelaziz Oulasri, professeur de Fikh à l'Institut Mohammed VI des lectures et études coraniques, affirme, à cet égard, la compétence des Oulémas du Royaume de se prononcer sur les propositions de réforme, mettant l'accent sur l'impératif de s'inspirer des vertus et de l'esprit de l'Ijtihad, en harmonie avec les règles de la Charia islamique et ses nobles finalités dans l’objectif de préserver l'intérêt de la famille.

« La fatwa des Oulémas viendra donc couper court aux interprétations individuelles et politiques qui ne prennent pas en compte les finalités de la religion (Maqasid) et les évolutions sociétales », souligne Dr Ahmed El Boukili, professeur chercheur dans les affaires religieuses.

Il a, par ailleurs, affirmé l’ouverture des oulémas du Conseil comme ceux du reste du Royaume à la jurisprudence ouverte et constructive, conformément aux attentes de SM le Roi Mohammed VI.

Le cap avait été déjà fixé par le Souverain qui a affirmé qu’il ne permet pas ce que Dieu a interdit, ni d'interdire ce que Dieu a permis, en référence aux questions régies par des prescriptions coraniques explicites.

D'après le chercheur, la nouvelle réforme devrait viser à unifier la société marocaine en intégrant une jurisprudence constructive qui répond aux exigences du contexte actuel et aux mutations que connaît la famille.

Le Conseil des Oulémas est une institution habilitée à titre exclusif par la Constitution à émettre des consultations religieuses officiellement agréées. En 2004, le Dahir actant sa réorganisation avait ouvert, pour la première fois, la composition du Conseil à la femme « Al’ima » en vue de s’ouvrir à toutes affaires d’ordre social et religieux concernant les citoyens et citoyennes sans distinction.

Le Conseil avait été investi par le passé de missions similaires, comme  pour la Fatwa portant sur la fermeture temporaire des mosquées en raison de la pandémie du Covid-19, la Fatwa relative au plan d’accès des femmes à la profession d’Adel et la Fatwa relative à l’utilisation du cannabis à des fins médicales, thérapeutiques et industrielles.

Ces avis progressistes sont espérés par la société civile dans le cadre de la réforme de la Moudawana, visant à un nouveau Code familial adapté aux évolutions de la société marocaine dans tous ses aspects.








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