Chakib Alj et Mehdi Tazi, respectivement président et vice-président de la CGEM.
Chakib Alj et Mehdi Tazi, respectivement président et vice-président de la CGEM, ont tenu ce mercredi 27 mai une visioconférence pour répondre aux questions relatives à sa proposition de plan de relance dévoilée la semaine dernière devant les membres du Comité de Veille Economique (CVE).
Outre les 25 plans de relance sectoriels et les quelque 508 propositions de mesures émanant des Fédérations professionnelles qu’il a expliquées davantage, le patron des patrons s’est arrêté sur l’épineux dossier de la revalorisation du Smig. Le 22 mai, il avait fait une déclaration au goût amer pour la classe laborieuse, dans laquelle il précise que la conjoncture actuelle ne permet pas de procéder à l’augmentation du Smig et «qu’il est clair que la CGEM demandera le report de cette opération». Six jours plus tard, il affirme lors du webinaire organisé par la Confédération patronale, qu’ils ont envoyé «une demande officielle au gouvernement» dans laquelle ils soulignent la nécessité de reporter cette opération. Surtout que les entreprises, spécialement les PME, sont dans une situation très délicate, du fait de la crise sanitaire. Pour corroborer ces propos, M. Alj précise que «plus de 63% des entreprises ont demandé le report des échéances bancaires» et environ 23% ont eu recours aux 3 reports à la fois, soit le report des échéances bancaires, fiscales et des cotisations CNSS.
Le président de la CGEM a également souligné que plus de la moitié des emplois risquent de partir, les patrons s’inscrivent donc «plus dans une logique de préservation des emplois et des entreprises», précisant qu’ils «comptent faire cette augmentation», mais la conjoncture fait «qu’elle doit être reportée» à une date ultérieure.
Lors de la même rencontre, Hicham Zouanat, Président de la Commission Sociale, n’y est pas allé par quatre chemins pour justifier la demande de report de cet engagement. Il a avancé que cette décision qui fait partie des résultats du dialogue, devait s’accompagner d’autres engagements du gouvernement et des partenaires sociaux, qui n’ont pas été tenus. «La CGEM a tenu deux engagements sur trois alors que le gouvernement et les partenaires sociaux n’en ont tenu aucun», affirme-t-il, sur un ton dénonciateur.
Outre les 25 plans de relance sectoriels et les quelque 508 propositions de mesures émanant des Fédérations professionnelles qu’il a expliquées davantage, le patron des patrons s’est arrêté sur l’épineux dossier de la revalorisation du Smig. Le 22 mai, il avait fait une déclaration au goût amer pour la classe laborieuse, dans laquelle il précise que la conjoncture actuelle ne permet pas de procéder à l’augmentation du Smig et «qu’il est clair que la CGEM demandera le report de cette opération». Six jours plus tard, il affirme lors du webinaire organisé par la Confédération patronale, qu’ils ont envoyé «une demande officielle au gouvernement» dans laquelle ils soulignent la nécessité de reporter cette opération. Surtout que les entreprises, spécialement les PME, sont dans une situation très délicate, du fait de la crise sanitaire. Pour corroborer ces propos, M. Alj précise que «plus de 63% des entreprises ont demandé le report des échéances bancaires» et environ 23% ont eu recours aux 3 reports à la fois, soit le report des échéances bancaires, fiscales et des cotisations CNSS.
Le président de la CGEM a également souligné que plus de la moitié des emplois risquent de partir, les patrons s’inscrivent donc «plus dans une logique de préservation des emplois et des entreprises», précisant qu’ils «comptent faire cette augmentation», mais la conjoncture fait «qu’elle doit être reportée» à une date ultérieure.
Lors de la même rencontre, Hicham Zouanat, Président de la Commission Sociale, n’y est pas allé par quatre chemins pour justifier la demande de report de cet engagement. Il a avancé que cette décision qui fait partie des résultats du dialogue, devait s’accompagner d’autres engagements du gouvernement et des partenaires sociaux, qui n’ont pas été tenus. «La CGEM a tenu deux engagements sur trois alors que le gouvernement et les partenaires sociaux n’en ont tenu aucun», affirme-t-il, sur un ton dénonciateur.
L’infernal accord tripartite
Rappelons qu’après un bras de fer qui a duré des années, les séances de dialogue social avaient été couronnées, le 25 avril (étalé sur trois ans : 2019- 2021), par la conclusion d’un accord tripartite qui répond à de nombreuses revendications des syndicats dont la plus marquante concerne l’augmentation générale des revenus pour les salariés du public et du privé, mais qui répond également aux exigences du patronat qui cherchait à faire avancer, selon un calendrier précis, des dossiers législatifs bloqués depuis des années. Sur la question des salariés, la CGEM a pris trois engagements à savoir une hausse du SMIG de 5% en juillet 2019, 5% supplémentaire en juillet 2020 et une hausse des allocations familiales. Le gouvernement et les partenaires sociaux se sont engagés à promulguer avant fin 2019 la loi organique sur la grève et le décret sur les contrats à durée déterminée et de lancer les consultations pour l’amendement du code du travail.
Les syndicats à la riposte
Ceci dit, les syndicats ne sont pas prêts à accepter cette décision de report annoncée par la CGEM, du fait que c’est la pierre angulaire de leurs propositions dans le dialogue social. L’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), refuse catégoriquement cette proposition, vu que tous les engagements actés le 25 avril doivent être respectés par les différents acteurs concernés (voir 3 questions à). Surtout que le syndicat estime qu’une augmentation de 14,81 DH l’heure contre 14,13 DH, n’aurait pas un grand impact sur les entreprises.
Ceci dit, il est important de rappeler que le coût de la vie est toujours élevé au Maroc, ce qui fait que les Smigards avec leur salaire qui se situe dans les alentours de 2.500 dirhams mensuels, trouvent des difficultés à boucler leurs fins de mois. En l’absence des mesures adéquates pour cette partie de la classe laborieuse, une bonne partie des travailleurs jonglent jour et nuit entre différents petits boulots afin de subvenir aux besoins de leur famille.
Les entreprises nationales vivent une crise inédite suite au Coronavirus, soit. Mais l’impact de cette dernière sur les Smigards est encore plus significatif. Il est donc temps de trancher…mais avec sagesse.
Ceci dit, il est important de rappeler que le coût de la vie est toujours élevé au Maroc, ce qui fait que les Smigards avec leur salaire qui se situe dans les alentours de 2.500 dirhams mensuels, trouvent des difficultés à boucler leurs fins de mois. En l’absence des mesures adéquates pour cette partie de la classe laborieuse, une bonne partie des travailleurs jonglent jour et nuit entre différents petits boulots afin de subvenir aux besoins de leur famille.
Les entreprises nationales vivent une crise inédite suite au Coronavirus, soit. Mais l’impact de cette dernière sur les Smigards est encore plus significatif. Il est donc temps de trancher…mais avec sagesse.
Accord tripartite : Des mesures pour améliorer les revenus et les libertés syndicales
Un accord tripartite a été conclu, le 26 avril 2019, entre le gouvernement, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et les trois centrales syndicales les plus représentatives. Cet accord prévoit un certain nombre d’engagements et de mesures visant à institutionnaliser le dialogue social, à améliorer les revenus et à promouvoir les libertés syndicales.
S’étalant sur trois ans (2019-2021), cet accord repose sur sept axes fondamentaux, à savoir l’amélioration du revenu, l’institutionnalisation du dialogue social et la consolidation des mécanismes de règlement des litiges, le renforcement de la législation et des libertés syndicales, la protection sociale et des contrats de travail, la réforme du système de retraite, la concertation pour la mise en place d’une charte sociale et la poursuite du dialogue.
S’agissant de l’amélioration du revenu, l’accord stipule une augmentation générale des salaires des fonctionnaires des administrations publiques, des collectivités territoriales et des employés des institutions publiques à caractère administratif.
Il s’agit d’une augmentation mensuelle de 500 dirhams nets pour les échelles 6, 7, 8, 9 et pour les échelons de 1 à 5 de l’échelle 10. Cette hausse consiste à verser 200 DH à partir du 1er mai 2019, 200 DH en janvier 2020 et 100 DH en janvier 2021.
Une augmentation mensuelle de 400 DH nets a été également décidée pour les fonctionnaires classés à partir de l’échelon 6 de l’échelle 10 et plus. Cette augmentation sera versée à raison de 200 DH à partir du 1er mai 2019, 100 DH en janvier 2020 et 100 DH en janvier 2021.
Ce texte prévoit également une augmentation des allocations familiales de 100 DH pour chaque enfant dans la limite de trois enfants. Cette hausse sera versée à partir du 1er juillet 2019 pour les employés des secteurs public et privé.
S’étalant sur trois ans (2019-2021), cet accord repose sur sept axes fondamentaux, à savoir l’amélioration du revenu, l’institutionnalisation du dialogue social et la consolidation des mécanismes de règlement des litiges, le renforcement de la législation et des libertés syndicales, la protection sociale et des contrats de travail, la réforme du système de retraite, la concertation pour la mise en place d’une charte sociale et la poursuite du dialogue.
S’agissant de l’amélioration du revenu, l’accord stipule une augmentation générale des salaires des fonctionnaires des administrations publiques, des collectivités territoriales et des employés des institutions publiques à caractère administratif.
Il s’agit d’une augmentation mensuelle de 500 dirhams nets pour les échelles 6, 7, 8, 9 et pour les échelons de 1 à 5 de l’échelle 10. Cette hausse consiste à verser 200 DH à partir du 1er mai 2019, 200 DH en janvier 2020 et 100 DH en janvier 2021.
Une augmentation mensuelle de 400 DH nets a été également décidée pour les fonctionnaires classés à partir de l’échelon 6 de l’échelle 10 et plus. Cette augmentation sera versée à raison de 200 DH à partir du 1er mai 2019, 100 DH en janvier 2020 et 100 DH en janvier 2021.
Ce texte prévoit également une augmentation des allocations familiales de 100 DH pour chaque enfant dans la limite de trois enfants. Cette hausse sera versée à partir du 1er juillet 2019 pour les employés des secteurs public et privé.
3 questions à Enâam Mayara
Enâam Mayara
«Dans le contexte actuel, nous devons respecter tous nos engagements sociaux»
Le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Enâam Mayara, nous livre ses réflexions sur l’augmentation du Smig.
-La CGEM a fait une demande officielle au gouvernement pour reporter la date prévue pour l’augmentation du Smig. Que pensez-vous de cette décision ?
- Cette décision est complétement refusée par notre syndicat, d’abord parce qu’il y’a juste une année que nous avons conclu un accord tripartite. L’augmentation du Smig n’aura aucun effet ni sur le marché de travail ni sur les entreprises marocaines. En plus, dans le contexte actuel, nous devons respecter tous nos engagements sociaux. La décision prise par la CGEM n’est pas une décision sage. Nous considérons que cette tentative de la CGEM de fuir ses engagements concernant l’augmentation du Smig est une fuite des autres engagements pris dans le cadre de l’accord tripartite.
- Le patronat accuse également le gouvernement et les partenaires sociaux du non-respect des engagements bouclés en avril 2019. Qu’avez-vous à dire sur cela ?
- Nous avons respecté tous nos engagements, dont l’étude de plusieurs lois de nature sociale. Comme la loi sur la grève par exemple. Même si nous avons fortement contesté cette loi, nous avons quand même adressé une série de remarques au ministère du Travail. Bien au contraire, c’est le gouvernement qui n’a pas respecté ses engagements sur plusieurs points que nous, les syndicats, avons jugé importants dans le cadre du dialogue social. Surtout en ce qui concerne les questions relatives à la liberté syndicale et le licenciement. En plus, la crise du coronavirus a montré que la protection sociale est absente dans plusieurs secteurs, dont certains appartiennent à la CGEM même.
- Y-a-t-il un moyen de soutenir à la fois les entreprises et la classe laborieuse en ces temps de crise ?
- Il est possible, mais, avec certaines conditions. D’abord, il est important d’activer le dialogue social au sein des institutions de production, tout en impliquant les syndicats dans la prise de décision. Nous nous soucions des intérêts des employés et des employeurs également. Ces intérêts communs nécessitent non seulement d’évoquer la question du smig, mais, également, d’autre sujets sectoriels. Dans ce sens, il ne faut pas prendre de décision unilatérale et la rendre publique, semant ainsi la panique. C’est un acte provocateur envers le mouvement syndical.
Le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Enâam Mayara, nous livre ses réflexions sur l’augmentation du Smig.
-La CGEM a fait une demande officielle au gouvernement pour reporter la date prévue pour l’augmentation du Smig. Que pensez-vous de cette décision ?
- Cette décision est complétement refusée par notre syndicat, d’abord parce qu’il y’a juste une année que nous avons conclu un accord tripartite. L’augmentation du Smig n’aura aucun effet ni sur le marché de travail ni sur les entreprises marocaines. En plus, dans le contexte actuel, nous devons respecter tous nos engagements sociaux. La décision prise par la CGEM n’est pas une décision sage. Nous considérons que cette tentative de la CGEM de fuir ses engagements concernant l’augmentation du Smig est une fuite des autres engagements pris dans le cadre de l’accord tripartite.
- Le patronat accuse également le gouvernement et les partenaires sociaux du non-respect des engagements bouclés en avril 2019. Qu’avez-vous à dire sur cela ?
- Nous avons respecté tous nos engagements, dont l’étude de plusieurs lois de nature sociale. Comme la loi sur la grève par exemple. Même si nous avons fortement contesté cette loi, nous avons quand même adressé une série de remarques au ministère du Travail. Bien au contraire, c’est le gouvernement qui n’a pas respecté ses engagements sur plusieurs points que nous, les syndicats, avons jugé importants dans le cadre du dialogue social. Surtout en ce qui concerne les questions relatives à la liberté syndicale et le licenciement. En plus, la crise du coronavirus a montré que la protection sociale est absente dans plusieurs secteurs, dont certains appartiennent à la CGEM même.
- Y-a-t-il un moyen de soutenir à la fois les entreprises et la classe laborieuse en ces temps de crise ?
- Il est possible, mais, avec certaines conditions. D’abord, il est important d’activer le dialogue social au sein des institutions de production, tout en impliquant les syndicats dans la prise de décision. Nous nous soucions des intérêts des employés et des employeurs également. Ces intérêts communs nécessitent non seulement d’évoquer la question du smig, mais, également, d’autre sujets sectoriels. Dans ce sens, il ne faut pas prendre de décision unilatérale et la rendre publique, semant ainsi la panique. C’est un acte provocateur envers le mouvement syndical.
Recueillis par Hajar LEBABI
Repères
Le Smig a augmenté 22 fois en 40 ans
Le Smig au Maroc a connu 22 augmentations depuis 1980, et ce, sous la pression et suite à la volonté des différentes parties concernées d’améliorer les niveaux de salaires dans le secteur privé. En 1981, le salaire minimum est passé à 490 DH. Il a franchi la barre des 1.000 DH en 1990 et celle des 2.000 DH en 2009. La dernière augmentation a été décidée en 2014 et appliquée en deux tranches. Elle était de 10%, faisant passer le Smig de 2.337 DH à 2.570 DH. Finalement, 5% en juillet 2019, pour atteindre 2.700 DH bruts (2.517 DH).
Smigards : Les premières victimes de la crise
Parmi les quelque 950.000 déclarés à la CNSS en arrêt temporaire d’activité en avril, une bonne partie fait partie des Smigards ou des salariés proches du minimum légal. Ces derniers sont concernés par l’indemnité de 2.000 DH par mois, servie par le Fonds Covid-19 jusqu’à fin juin. Rappelons que selon les dernières statistiques de la CNSS, qui datent de 2018, 38% des salaires du secteur privé étaient inférieurs au Smig et 14% sont au-dessus de 6000 DH.