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Reportage : Les souffrances des commerçants de «Derb Ghalef»


Rédigé par Saâd JAFRI Mardi 16 Juin 2020

Smartphone, ordinateurs et autres outils électroniques s’entassent dans les étals des vendeurs de Derb Ghalef. En arrêt d’activités depuis trois mois à cause de la pandémie, ces commerçants sont dans la déprime.



Reportage : Les souffrances des commerçants de «Derb Ghalef»
«Nous avons des magasins et pourtant nous sommes au chômage ! Le Coronavirus, nous a dévalisés ! Sans aides sociales, sans soutien des autorités, notre secteur risque la ruine», déplore Adnane, un jeune vendeur de 28 ans qui vient de rouvrir le local où il expose ses biens qui constituent l’intégralité de son capital «tout ce que je vaux se trouve dans cette boutique». Dans ce magasin de 15m², qu’il a hérité de son père, les smartphones prennent de la poussière, les trois télévisions qu’il avait l’habitude de laisser allumer sont éteintes «pour diminuer les charges», et les deux employés qu’il avait n’ont plus aucune raison de se présenter pour travailler. 

Les clients ont disparu, le confinement obligatoire a paralysé la vie économique et les petites entreprises (clients favoris de ces vendeurs), engluées dans la crise, «ne sont pas prêtes à acheter du matériel informatique de sitôt», se désole Rachid dans son grand magasin situé à «Souk Selk» (place réservée pour les ordinateurs et fournitures bureautiques) encombré d’ordinateurs portables neufs et d’occasions, souris, claviers, et autres fournitures. «Touché profondément par l’impact de la pandémie», ce commerçant estime qu’il lui faudra «au moins six mois pour retrouver une activité normale», et ce, «au cas où les autorités publiques ouvrent les frontières», car selon lui, même avant la pandémie, ils souffraient «à cause des nouvelles mesures douanières mises en place par le Maroc».

Ceci dit, la faible activité commerciale, n’empêche pas ces vendeurs de nettoyer et vérifier leurs marchandises électroniques en stock. «Même si peu de gens viennent en ces temps, il faut tout de même nettoyer le matériel, voir si tout marche bien (…) de toutes façons, il n’y a rien d’autre à faire», dit Saïd avec le sourire au visage.

«Nous avons pu vendre un peu via internet, durant cette période de confinement, mais l’activité reste minime. Internet n’incite pas les gens à acheter, contrairement au Souk où il y a une dynamique qui pousse à l’achat», ajoute-t-il. 

Secteur informel et aides sociales de l’Etat

Dans le cadre du soutien de ceux qui ont perdu leurs revenus suite à la crise sanitaire, le Comité de Veille Economique (CVE), avait lancé l’opération d’aides sociales qui a bénéficié à quelque 5,1 millions de familles tirant leurs revenus des secteurs formel et informel ou de métiers précaires. Néanmoins, des millions de citoyens, n’ont pas eu droit à cette aide, malgré leur situation précaire, et «la majorité des travailleurs de Derb Ghallef», n’échappent pas à la règle. Ainsi, ils attendent toujours le déblocage du soutien qui pourrait alléger leurs difficultés.

«De 800DH à 1200DH, ce n’est rien…mais au moins ça aurait pu couvrir quelques charges», se désole Adnane, ajoutant que «le problème c’est que nous n’avons ni couverture sociale, ni rien, donc n’importe quelle aide serait la bienvenue».

En effet, une bonne partie de cette catégorie de professionnels travaillent dans des conditions précaires, surtout ceux qui ne sont pas propriétaires du commerce, «en temps normal, les patrons touchent des millions de centimes par mois, mais nous les employés, rien. Maintenant, avec le virus, c’est encore pire», nous confie un employé, sur un ton désespéré. Néanmoins il s’en sort pas mal, car des centaines d’autres ont tous perdu leurs maigres revenus, malgré la reprise, ils n’ont toujours pas été sollicités par leurs patrons. D’habitude, ils travaillent chaque jour de 10H du matin, au couché du soleil, pour un salaire allant de 1000 à 2000 dirhams par mois «bien que notre salaire est bas, être dans une boutique nous permet de bricoler (…) et c’est ça notre vraie source de revenu. Mais maintenant c’est le désastre», explique notre vendeur. Ce trentenaire énergique qui travaille dans l’informel depuis l’enfance a dû emprunter de l’argent à des connaissances, pour pouvoir subvenir au besoin de sa famille en ces temps de crise. Malheureusement, d’autres n’ont pas la possibilité de faire ça et «ne parviennent plus à payer leur loyer».

Maintenant, que le confinement a été prolongé jusqu’au 10 juillet, certains attendent de voir les nouvelles mesures du gouvernement, en espérant que leur souffrance soit prise en considération. Pour eux, le Maroc avec la prolongation de l’état d’urgence sanitaire est entré dans une nouvelle étape, et donc le processus d’aides sociales doit être revu et adapté à la nouvelle situation. 

Saâd JAFRI








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