La crise de sécheresse que traverse notre pays actuellement est un rappel s’il en fallait que la satisfaction des besoins hydriques du Royaume devrait dans l’idéal être décollée de la pluviométrie.
L’évolution de la recherche scientifique et les nouvelles technologies qui ont vu le jour ces dernières années permettent plus que jamais de mettre en place des solutions qui peuvent combler le besoin hydrique du Royaume, notamment à travers le recyclage des eaux non-conventionnelles et le dessalement de l’eau de mer. Notre pays s’est engagé dans cette voie depuis plusieurs années en mettant en place plusieurs grands projets de dessalement de l’eau de mer.
« Le Maroc dispose aujourd’hui de grandes capacités pour développer les projets des plus marquants en matière de dessalement d’eau de mer », avait par ailleurs indiqué à cet égard le ministre de l’Équipement et de l’Eau, M. Nizar Baraka, précisant que les nombreux investissements dans les énergies renouvelables, aussi bien solaires qu’éoliennes, garantissent le dessalement de l’eau à moindre coût.
Le coût économique
Les investissements pour la mise en place de stations de dessalement se multiplient en effet au niveau du territoire national. Attendue depuis plusieurs années, la station de dessalement de Casablanca - dont l’appel d’offres imminent permettra d’acter le début des travaux de réalisation - est un exemple d’infrastructure dont l’apport sera vital pour répondre aux besoins hydriques de la région où elle se trouve, à l’image de la station de Chtouka-Aït Baha, qui est devenue opérationnelle il y a quelques mois dans la région de Souss-Massa et qui a nécessité un investissement total estimé à près de 4,4 milliards de dirhams.
Un coût économique certes important, mais dont le retour sur investissement est indiscutable au vu du potentiel de production journalière estimé à 400.000 mètres cubes d’eau dessalée qui permettra, entre autres, d’irriguer près de 15.000 hectares.
En plus des frais liés à la construction et à la maintenance, les stations de dessalement ont également un coût énergétique puisqu’en dépit de l’avancée des technologies de dessalement, le procédé nécessite une alimentation électrique non-négligeable.
Le coût écologique
Tous les spécialistes s’accordent à le dire : utiliser des énergies éoliennes et solaires pour dessaler l’eau de mer est le meilleur moyen d’utiliser les forces et atouts de la nature pour produire des ressources hydriques en minimisant drastiquement les impacts en termes de gaz à effet de serre.
« Les stations de dessalement ne sont cependant pas sans impact environnemental puisque leur fonctionnement donne lieu à une production importante de sel et de saumure qu’il faut bien gérer pour protéger l’environnement et les écosystèmes littoraux situés à proximité », nous explique Christophe Lumsden, expert en développement durable et transition énergétique.
Si l’implantation des stations de dessalement fait au Maroc systématiquement l’objet d’études d’impact sur l’environnement qui permettent ainsi de choisir des sites adaptés, le casse-tête lié à la gestion du sel et des saumures semble pour sa part constituer un véritable défi, surtout que la problématique est mondiale. L’ONU avait à cet égard publié un rapport en janvier 2019 afin d’appeler les pays qui hébergent des stations de dessalement à mieux gérer les saumures produites par le procédé.
Bien penser le dessalement
Dans leur rapport, les experts de l’ONU avaient reconnu « le besoin urgent de rendre les technologies de dessalement moins chères et de les étendre à des pays à faibles revenus ». Ils sont cependant appelés à une « amélioration des stratégies de gestion de la saumure » surtout que la tendance liée au recours au dessalement de l’eau de mer évolue rapidement.
« Il est possible de mettre en place des normes marocaines qui permettent de ne pas rejeter les saumures dans la mer après le procédé de dessalement afin de ne pas modifier le milieu. Des procédés qui permettent de drainer puis de traiter ces résidus peuvent être développés selon le contexte local de chaque station », fait cependant remarquer Pr Mohamed Fakhaoui, directeur de l’Institut Scientifique de Rabat.
« Dans notre contexte climatique actuel, le recours au dessalement est une solution qui s’impose. L’impact environnemental potentiel lié à ces stations est une problématique qui peut être résolue et anticipée à l’avance si les efforts se font d’une manière collective », conclut le scientifique.
L’évolution de la recherche scientifique et les nouvelles technologies qui ont vu le jour ces dernières années permettent plus que jamais de mettre en place des solutions qui peuvent combler le besoin hydrique du Royaume, notamment à travers le recyclage des eaux non-conventionnelles et le dessalement de l’eau de mer. Notre pays s’est engagé dans cette voie depuis plusieurs années en mettant en place plusieurs grands projets de dessalement de l’eau de mer.
« Le Maroc dispose aujourd’hui de grandes capacités pour développer les projets des plus marquants en matière de dessalement d’eau de mer », avait par ailleurs indiqué à cet égard le ministre de l’Équipement et de l’Eau, M. Nizar Baraka, précisant que les nombreux investissements dans les énergies renouvelables, aussi bien solaires qu’éoliennes, garantissent le dessalement de l’eau à moindre coût.
Le coût économique
Les investissements pour la mise en place de stations de dessalement se multiplient en effet au niveau du territoire national. Attendue depuis plusieurs années, la station de dessalement de Casablanca - dont l’appel d’offres imminent permettra d’acter le début des travaux de réalisation - est un exemple d’infrastructure dont l’apport sera vital pour répondre aux besoins hydriques de la région où elle se trouve, à l’image de la station de Chtouka-Aït Baha, qui est devenue opérationnelle il y a quelques mois dans la région de Souss-Massa et qui a nécessité un investissement total estimé à près de 4,4 milliards de dirhams.
Un coût économique certes important, mais dont le retour sur investissement est indiscutable au vu du potentiel de production journalière estimé à 400.000 mètres cubes d’eau dessalée qui permettra, entre autres, d’irriguer près de 15.000 hectares.
En plus des frais liés à la construction et à la maintenance, les stations de dessalement ont également un coût énergétique puisqu’en dépit de l’avancée des technologies de dessalement, le procédé nécessite une alimentation électrique non-négligeable.
Le coût écologique
Tous les spécialistes s’accordent à le dire : utiliser des énergies éoliennes et solaires pour dessaler l’eau de mer est le meilleur moyen d’utiliser les forces et atouts de la nature pour produire des ressources hydriques en minimisant drastiquement les impacts en termes de gaz à effet de serre.
« Les stations de dessalement ne sont cependant pas sans impact environnemental puisque leur fonctionnement donne lieu à une production importante de sel et de saumure qu’il faut bien gérer pour protéger l’environnement et les écosystèmes littoraux situés à proximité », nous explique Christophe Lumsden, expert en développement durable et transition énergétique.
Si l’implantation des stations de dessalement fait au Maroc systématiquement l’objet d’études d’impact sur l’environnement qui permettent ainsi de choisir des sites adaptés, le casse-tête lié à la gestion du sel et des saumures semble pour sa part constituer un véritable défi, surtout que la problématique est mondiale. L’ONU avait à cet égard publié un rapport en janvier 2019 afin d’appeler les pays qui hébergent des stations de dessalement à mieux gérer les saumures produites par le procédé.
Bien penser le dessalement
Dans leur rapport, les experts de l’ONU avaient reconnu « le besoin urgent de rendre les technologies de dessalement moins chères et de les étendre à des pays à faibles revenus ». Ils sont cependant appelés à une « amélioration des stratégies de gestion de la saumure » surtout que la tendance liée au recours au dessalement de l’eau de mer évolue rapidement.
« Il est possible de mettre en place des normes marocaines qui permettent de ne pas rejeter les saumures dans la mer après le procédé de dessalement afin de ne pas modifier le milieu. Des procédés qui permettent de drainer puis de traiter ces résidus peuvent être développés selon le contexte local de chaque station », fait cependant remarquer Pr Mohamed Fakhaoui, directeur de l’Institut Scientifique de Rabat.
« Dans notre contexte climatique actuel, le recours au dessalement est une solution qui s’impose. L’impact environnemental potentiel lié à ces stations est une problématique qui peut être résolue et anticipée à l’avance si les efforts se font d’une manière collective », conclut le scientifique.
Souhail AMRABI
Repères
La Floride sous le sel
Selon les scientifiques, les usines de dessalement produisent au niveau mondial l’équivalent de 142 millions de mètres cubes de saumure chaque jour. 55% de cette saumure est produite par quatre pays : l’Arabie Saoudite (22%), les Émirats Arabes Unis (20.2%), le Koweït (6.6%) et le Qatar (5.8%). Avec un total de 51.8 milliards de mètres cubes par an, ces volumes pourraient théoriquement couvrir la superficie d’un Etat de la grandeur de la Floride avec une couche de sel d’une épaisseur de 30,5 centimètres
1l d’eau dessalée = 1.5l de saumure
Bien que les valeurs varient considérablement en fonction de la salinité de l’eau d’alimentation et de la technologie de dessalement utilisée, ainsi que des conditions locales, il est admis que la production d’un litre d’eau dessalée donne lieu à une production équivalente de 1.5 litre de saumure. Cette substance dont la température est élevée contient également des produits chimiques toxiques, utilisés comme agents détartrants et nettoyants dans le processus de dessalement (du cuivre et du chlore notamment).
L'info...Graphie
International
La vague mondiale grandissante de l’eau de mer dessalée
Chaque jour, près de 16.000 stations de dessalement, situées dans quelque 177 pays à travers le globe, produisent un total de 95 millions de mètres cubes d’eau. Cette ressource hydrique précieuse est réutilisée par la suite pour la consommation humaine (62.3%), mais également dans d’autres usages comme l’industrie (30,2%), l’énergie et l’agriculture.
Ces volumes d’eau dessalée augmentent chaque année grâce à une certaine démocratisation de l’accès aux technologies de dessalement qui ont par ailleurs évolué à pas-de-géant depuis le début du siècle en cours.
Les nouveaux progrès technologiques accomplis dans ce domaine ont ainsi rendu le procédé de dessalement moins énergivore, impactant le prix de revient de l’eau dessalée qui est devenu plus compétitif. La technique de dessalement la plus utilisée est l’osmose inverse adoptée par plus de 84% des infrastructures de dessalement mondiales, actuellement opérationnelles qui produisent à elles seules plus de 65,5 millions de mètres cubes d’eau dessalée, chaque 24 heures.
Ces volumes d’eau dessalée augmentent chaque année grâce à une certaine démocratisation de l’accès aux technologies de dessalement qui ont par ailleurs évolué à pas-de-géant depuis le début du siècle en cours.
Les nouveaux progrès technologiques accomplis dans ce domaine ont ainsi rendu le procédé de dessalement moins énergivore, impactant le prix de revient de l’eau dessalée qui est devenu plus compétitif. La technique de dessalement la plus utilisée est l’osmose inverse adoptée par plus de 84% des infrastructures de dessalement mondiales, actuellement opérationnelles qui produisent à elles seules plus de 65,5 millions de mètres cubes d’eau dessalée, chaque 24 heures.
Histoire
Un demi-siècle d’expériences de dessalement de l’eau de mer au Maroc
Le Maroc s’est lancé dans le dessalement de l’eau de mer au niveau des provinces du Sud il y a plusieurs décennies. La première expérience du Royaume dans la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia-El Hamra remonte en effet à l’année 1977, lorsque l’ONEP avait réalisé une unité de dessalement avec une capacité de production atteignant 250 m3 par jour en vue d’approvisionner la ville de Boujdour en eau potable.
Cette première expérience avait été suivie par la réalisation d’une série de stations de dessalement, avec des opérations d’extension afin d’augmenter la productivité et d’accompagner la demande croissante en cette source vitale.
Pour l’approvisionnement de la ville de Laâyoune, l’ONEP avait ainsi réalisé en 1995 une station de dessalement de l’eau de mer avec une capacité de près de 13.000 m3 par jour, une productivité qui s’était doublée après la réalisation d’une nouvelle station en 2010. La ville d’El Marsa, le centre de Foum El Oued et le village de pêcheurs Tarouma dans la province de Laâyoune sont également approvisionnés au moyen de cette technique de dessalement à partir des installations de dessalement à Laâyoune.
Actuellement, l’ensemble des villes touristiques marocaines s’oriente vers ce procédé à l’instar de la ville de Casablanca qui a vu cette année le lancement de son projet en la matière. En effet, il sera procédé au dessalement de l’eau, dans cette ville, à l’horizon 2026-2027, ainsi qu’à Safi (2025) et à Nador. Dans ce cadre, le ministère ambitionne de mettre en place un total de 20 stations de dessalement de l’eau.
Cette première expérience avait été suivie par la réalisation d’une série de stations de dessalement, avec des opérations d’extension afin d’augmenter la productivité et d’accompagner la demande croissante en cette source vitale.
Pour l’approvisionnement de la ville de Laâyoune, l’ONEP avait ainsi réalisé en 1995 une station de dessalement de l’eau de mer avec une capacité de près de 13.000 m3 par jour, une productivité qui s’était doublée après la réalisation d’une nouvelle station en 2010. La ville d’El Marsa, le centre de Foum El Oued et le village de pêcheurs Tarouma dans la province de Laâyoune sont également approvisionnés au moyen de cette technique de dessalement à partir des installations de dessalement à Laâyoune.
Actuellement, l’ensemble des villes touristiques marocaines s’oriente vers ce procédé à l’instar de la ville de Casablanca qui a vu cette année le lancement de son projet en la matière. En effet, il sera procédé au dessalement de l’eau, dans cette ville, à l’horizon 2026-2027, ainsi qu’à Safi (2025) et à Nador. Dans ce cadre, le ministère ambitionne de mettre en place un total de 20 stations de dessalement de l’eau.
3 questions à Mohamed Fakhaoui, directeur de l’Institut Scientifique de Rabat
« Le sel a énormément d’applications qui peuvent être prospectées afin de construire des chaînes de valeur intéressantes de valorisation »
Directeur de l’Institut Scientifique de Rabat, Pr Mohamed Fakhaoui répond à nos questions concernant les impacts écologiques potentiels des stations de dessalement.
- Comment faut-il procéder pour anticiper et limiter les impacts environnementaux des stations de dessalement ?
- Je tiens tout d’abord à réitérer la pertinence de l’investissement du Royaume dans la mise en place de stations de dessalement. Les conditions climatiques actuelles et les tendances qui se profilent pour l’avenir attestent que la situation des ressources hydriques dans notre pays impose d’opérer ce choix.
Concernant l’impact environnemental lié à la consommation énergétique de ces infrastructures, je pense que le Maroc dispose d’une part d’énergies renouvelables qui peuvent être mises à profit pour alimenter les stations de dessalement en énergie verte. L’autre impact qui est cette fois lié à la nature du procédé utilisé est la production de sel. Une station de dessalement produit de l’eau, mais elle produit également du sel et des saumures qu’il convient de bien gérer afin que ces résidus ne se retrouvent pas dans les milieux naturels.
- De quelle manière est-il possible de procéder pour justement bien gérer ces résidus ?
- Je pense qu’il est plus judicieux de les voir comme des sous-produits qui peuvent être valorisés et chemin faisant créer des emplois et de la valeur. Le sel a énormément d’applications qui peuvent être prospectées afin de construire des chaînes de valeur intéressantes de valorisation.
Pour cela, il convient à mon sens de travailler dès maintenant à mettre en place ce genre de filière pour que les usines de dessalement du Royaume puissent dès leurs premières années de fonctionnement intégrer ce genre de solution.
- Le rejet de saumures dans la mer peut-il contribuer à détruire les écosystèmes littoraux ?
- Toute modification d’un habitat écologique, en termes de salinité ou de température, peut modifier le milieu. Cela dit, je pense qu’à terme, une altération de ce genre peut impacter des écosystèmes côtiers. Il est certain que dans un premier temps, les espèces qui ne tolèrent pas ces modifications vont disparaître. En revanche, d’autres espèces qui s’accommodent bien de milieux très salés peuvent apparaître.
- Comment faut-il procéder pour anticiper et limiter les impacts environnementaux des stations de dessalement ?
- Je tiens tout d’abord à réitérer la pertinence de l’investissement du Royaume dans la mise en place de stations de dessalement. Les conditions climatiques actuelles et les tendances qui se profilent pour l’avenir attestent que la situation des ressources hydriques dans notre pays impose d’opérer ce choix.
Concernant l’impact environnemental lié à la consommation énergétique de ces infrastructures, je pense que le Maroc dispose d’une part d’énergies renouvelables qui peuvent être mises à profit pour alimenter les stations de dessalement en énergie verte. L’autre impact qui est cette fois lié à la nature du procédé utilisé est la production de sel. Une station de dessalement produit de l’eau, mais elle produit également du sel et des saumures qu’il convient de bien gérer afin que ces résidus ne se retrouvent pas dans les milieux naturels.
- De quelle manière est-il possible de procéder pour justement bien gérer ces résidus ?
- Je pense qu’il est plus judicieux de les voir comme des sous-produits qui peuvent être valorisés et chemin faisant créer des emplois et de la valeur. Le sel a énormément d’applications qui peuvent être prospectées afin de construire des chaînes de valeur intéressantes de valorisation.
Pour cela, il convient à mon sens de travailler dès maintenant à mettre en place ce genre de filière pour que les usines de dessalement du Royaume puissent dès leurs premières années de fonctionnement intégrer ce genre de solution.
- Le rejet de saumures dans la mer peut-il contribuer à détruire les écosystèmes littoraux ?
- Toute modification d’un habitat écologique, en termes de salinité ou de température, peut modifier le milieu. Cela dit, je pense qu’à terme, une altération de ce genre peut impacter des écosystèmes côtiers. Il est certain que dans un premier temps, les espèces qui ne tolèrent pas ces modifications vont disparaître. En revanche, d’autres espèces qui s’accommodent bien de milieux très salés peuvent apparaître.
Recueillis par S. A.