Fêtée en grande pompe le neuvième et le dixième jours de Moharram, premier mois du calendrier de l’Hégire, l’Achoura plonge ses racines dans un passé multiséculaire et rappelle, à quelques détails près, Halloween, cette fête irlandaise aux origines celtiques, elle aussi synonyme de friandises, de feux, de danse et de chant jusqu’à pas d’heure.
Aussi rappelle-t-elle, par son aspect qui évoque les mondes parallèles, les morts et l’au-delà, la fête mexicaine « El Día de Muertos », (ou la fête des morts pour rester francophone) lors de laquelle une kyrielle de Mexicains se rend annuellement, soit chaque 2 novembre, dans les cimetières pour y déposer des pétales de fleurs et éclairer des cierges pour orienter les âmes et les esprits vers les tombes.
Selon divers récits historiques, à plus d’un égard, l’Achoura a tout d’un rituel zoroastrien. Le zoroastrisme a, à titre de rappel, été la religion officielle de la Perse jusqu'à ce que la quasi-totalité de ses fidèles ne se convertissent à la religion mahométane lors de la conquête arabe au VIIe siècle. L’on évoque également dans l’historiographie une ressemblance avec la Nuit de la Saint-Jean française, une nuit qui sent à des perches d’arpent des substances résineuses aromatiques telle que l’oliban.
De plus, dans l’Inde antique, il n’était aucunement étonnant d’investir dans des livres de recettes dédiées aux fumigations comme « les merveilles des fumigations et des mélanges composés » auxquelles l’on pouvait avoir recours suivant un calendrier spécifique, pour se protéger des maladies, accueillir une année meilleure et plus prospère, chasser les mauvais esprits et attirer sa douce moitié.
Aussi rappelle-t-elle, par son aspect qui évoque les mondes parallèles, les morts et l’au-delà, la fête mexicaine « El Día de Muertos », (ou la fête des morts pour rester francophone) lors de laquelle une kyrielle de Mexicains se rend annuellement, soit chaque 2 novembre, dans les cimetières pour y déposer des pétales de fleurs et éclairer des cierges pour orienter les âmes et les esprits vers les tombes.
Selon divers récits historiques, à plus d’un égard, l’Achoura a tout d’un rituel zoroastrien. Le zoroastrisme a, à titre de rappel, été la religion officielle de la Perse jusqu'à ce que la quasi-totalité de ses fidèles ne se convertissent à la religion mahométane lors de la conquête arabe au VIIe siècle. L’on évoque également dans l’historiographie une ressemblance avec la Nuit de la Saint-Jean française, une nuit qui sent à des perches d’arpent des substances résineuses aromatiques telle que l’oliban.
De plus, dans l’Inde antique, il n’était aucunement étonnant d’investir dans des livres de recettes dédiées aux fumigations comme « les merveilles des fumigations et des mélanges composés » auxquelles l’on pouvait avoir recours suivant un calendrier spécifique, pour se protéger des maladies, accueillir une année meilleure et plus prospère, chasser les mauvais esprits et attirer sa douce moitié.
L’Achoura au Moyen-Orient
L’Achoura, qui date du Moyen-Âge, est célébrée en Iran, Irak, Liban et dans tout le monde arabo-musulman et ce, en signe de deuil. Même en Europe, en Australie et aux Etats-Unis, plusieurs centaines de musulmans chiites prennent d’assaut les artères des grandes villes commémorant l'assassinat du petit-fils du prophète Mohammed et de 71 de ses proches, morts en 680 à Kerbela en Irak.
En effet, ce que les croyants commémorent à cette occasion, c’est le martyre de l’imam Hussein, figure centrale dans ce courant minoritaire de l’islam articulé autour du culte de l’imam. Bien que semblable à moult rituels paganistes et polythéistes, l’Achoura a une dimension historique musulmane chiite propre à la mort de Hussein.
Elle a commencé au Moyen-Orient et au Maghreb à l’ère où les imams, muselés par le pouvoir califal, jouissaient en revanche d’une grandiose aura spirituelle. C’est pour cette même raison que ces derniers ont perpétué la célébration du départ de Sidna Hussein. Ainsi, dès le 7ème siècle, les grands et les petits se sont mis, dès la neuvième nuit du premier mois du calendrier musulman, à chanter et à pleurer à chaudes larmes le départ du défunt imam. Un rituel d’auto-flagellation, regrettant et gémissant l’assassinat du petit-fils du messager de l’Islam par un des hommes du calife Yazid, est devenu emblématique de cette célébration.
L’Achoura de chez nous
Mais au Maroc, l’Achoura est, depuis bien des siècles, soit depuis le règne des Idrissides, haute en chants, en youyous et en danses. L’on y prépare également des mets exquis en faisant le plein des fruits secs. Les femmes, de leur côté, s’y improvisent musiciennes instrumentalistes en tambours en terre cuite (taarijas) et tambourins (bendirs).
Aussi, malheureusement, l’Achoura est-elle synonyme de comportements malsains et de pratiques inconscientes de l’acabit de des jets de pétards et de seaux d’eau à longueur de journée et parfois à des heures inappropriées de la soirée. De plus, la superstition et la sorcellerie battent leur plein en cette période de l’année car selon certaines croyances, il est plus facile de communiquer avec les esprits au moment où les majmars en terre cuite, les bougies et autres encensoirs sont allumés par plusieurs adeptes de ces pratiques occultistes.
Ces pratiques, selon plusieurs spécialistes interrogés, sont ancrées dans la culture orale répandue par les classes marginalisées du pays, indigences intellectuelle et financière aidant. Ainsi, il y est, depuis bien longtemps, question d’user et d’abuser de mille et un moyens pour améliorer son présent et son avenir. « Un sort pour améliorer son sort », est le business juteux de tous ces charlatans qui se frottent allégrement les mains dès le début de Moharram en admirant des files kilométriques de personnes désespérées outrepassant parfois leurs escaliers et portes d’entrée.
Aussi, malheureusement, l’Achoura est-elle synonyme de comportements malsains et de pratiques inconscientes de l’acabit de des jets de pétards et de seaux d’eau à longueur de journée et parfois à des heures inappropriées de la soirée. De plus, la superstition et la sorcellerie battent leur plein en cette période de l’année car selon certaines croyances, il est plus facile de communiquer avec les esprits au moment où les majmars en terre cuite, les bougies et autres encensoirs sont allumés par plusieurs adeptes de ces pratiques occultistes.
Ces pratiques, selon plusieurs spécialistes interrogés, sont ancrées dans la culture orale répandue par les classes marginalisées du pays, indigences intellectuelle et financière aidant. Ainsi, il y est, depuis bien longtemps, question d’user et d’abuser de mille et un moyens pour améliorer son présent et son avenir. « Un sort pour améliorer son sort », est le business juteux de tous ces charlatans qui se frottent allégrement les mains dès le début de Moharram en admirant des files kilométriques de personnes désespérées outrepassant parfois leurs escaliers et portes d’entrée.
Deuil : Un hommage aux senteurs de l’encens
Chaque année, plus ou moins dès le début du mois de Moharram, les herboristes ont la cote et ce, là où les musulmans sunnites ou chiites vivent et font vivre ce rituel multiséculaire qu’est l’Achoura. Car les résines et autres herbes aromatiques odorantes doivent faire partie de chaque panier d’Achoura qui se respecte en respect, justement, à l’âme de Feu Sidna Hussein. Jamais un imam n’a été vénéré autant. Ainsi, en signe de deuil, plusieurs centaines de croyants défilent dans les grandes villes irakiennes, iraniennes, libanaises ou même en terre d’Occident en commémoration à l'assassinat du petit-fils du prophète Mohamed et de 71 de ses proches, morts en 680 à Kerbela en Irak. A cette occasion, des prospectus sont distribués aux passants et autres curieux pour vulgariser l’histoire de cette fête religieuse riche en symbolique. De même, des bouteilles d'eau sont gracieusement offertes aux participants et aux passants, toutes confessions confondues, en signe de partage en référence au tourment qu'a enduré Hussein, qui a été assoiffé avant d'être assassiné.
Us et coutumes : Du massacre de l’imam à l’installation de l’imamat
Le défunt imam Hussein était le troisième de ses successeurs, et la bataille de Kerbala a constitué le summum de ses aspirations de ravir la direction de la communauté musulmane aux Omeyyades dirigés par le calife Yazid. Cependant, lors une confrontation meurtrière près de l›Euphrate (aujourd›hui en Irak), Hussein et la plupart de ses partisans ont été massacrés. Pour les musulmans d’obédience chiite, le supplice de l’imam des imams représente le prix ultime à payer dans la quête de la justice et de la bonté. Son deuil se perpétue jusqu’à nos jours dans son mausolée éponyme de Kerbala et lors de cérémonies organisées dans tout le monde musulman. Ceci dit, la tradition de l’imamat se poursuit par l›intermédiaire du fils survivant de Hussein, qui s›appelle également Ali. Pour les Duodécimains, la filiation prend fin avec le douzième imam, Muhammad al-Mahdi, qui, selon la tradition chiite, a été victime d›une occultation et reviendra le jour du Jugement dernier.
Rituels : Du déni à l’auto-torture
Etymologiquement « Achoura » vient du chiffre « dix » en arabe. Quant au mois de Moharram, le premier du calendrier de l’Hégire, il tient sa racine de « haram » qui signifie « interdit » dans cette même langue.
Selon les prêcheurs chiites, Moharram c’est surtout l’occasion de psalmodier des prières, des sermons et des poèmes qui rappellent l’histoire de la bataille de Kerbala ou des vertus, traits d’esprit et de personnalité de l’imam Hussein.
Ainsi, dans bien des régions d’Irak et d’Iran, des foules jouent, défilent et des cortèges ont lieu devant une légion de personnes qui s’unissent pour faire le deuil du grand imam et commémorer ainsi son départ.
Ce travail de mémoire vise surtout à faire connaître l’importance du sacrifice de Hussein et évoquer la ferveur émotionnelle nécessaire pour s’engager dans la cause de la justice.
Certains participent au tatbir, qui, bien qu’il soit défendu dans certains pays, a toujours lieu pendant Achoura. L’allusion est ici faite à l’utilisation, parfois outrancière de lames, de chaînes et d’autres objets pour se flageller pour symboliser le sacrifice et la lutte.
Malgré son expansion aux quatre coins de la ronde, cette pratique est, ô combien décriée, par un nombre sans cesse grandissant de religieux et de nombreux fidèles qui choisissent des méthodes alternatives pour marquer le deuil, notamment le don de sang aux banques et centres de transfusion sanguine.
Par ailleurs, en ce début d’année de l’Hégire, les musulmans chiites sont tous vêtus de noir, symbole de deuil et de tristesse. Beaucoup profitent de l’occasion pour tirer des leçons de la vie de leur idole.
En outre, l’on peut lire dans la presse internationale que plusieurs dizaines de milliers de personnes se rassemblent régulièrement à Nabatieh pour la commémoration, parmi lesquelles des femmes représentant les membres de la famille de l’imam Hussein, drapées de noir et tenant des poupées en plastique emmaillotées de vert.
A l’unisson, ces personnes gémissent et pleurent à chaudes larmes leur regretté, hurlent « notre sauveur est mort » en faisant semblant de se trancher la gorge.
De plus, des images télévisées montrent, à chaque Achoura, des stands vendant du maïs doux et de l’eau à chaque coin de rue. Aussi, n’est-il pas rare de voir des curieux en train de jouer aux paparazzis avec les caméras de leurs téléphones.
Cependant, au Maroc, compte tenu du dispositif de sécurité, il est complètement interdit de reproduire des scènes pareilles sur la place publique par crainte d’un scénario macabre pour les non-habitués et les non-avertis. D’autant plus que le rite malékite ne reconnaît pas la barbarie, l’autoflagellation et le rituel du « tatbir ». C’est-à-dire l’automutilation en guise d’hommage aux Saints et aux Imams de l’Islam.
Selon les prêcheurs chiites, Moharram c’est surtout l’occasion de psalmodier des prières, des sermons et des poèmes qui rappellent l’histoire de la bataille de Kerbala ou des vertus, traits d’esprit et de personnalité de l’imam Hussein.
Ainsi, dans bien des régions d’Irak et d’Iran, des foules jouent, défilent et des cortèges ont lieu devant une légion de personnes qui s’unissent pour faire le deuil du grand imam et commémorer ainsi son départ.
Ce travail de mémoire vise surtout à faire connaître l’importance du sacrifice de Hussein et évoquer la ferveur émotionnelle nécessaire pour s’engager dans la cause de la justice.
Certains participent au tatbir, qui, bien qu’il soit défendu dans certains pays, a toujours lieu pendant Achoura. L’allusion est ici faite à l’utilisation, parfois outrancière de lames, de chaînes et d’autres objets pour se flageller pour symboliser le sacrifice et la lutte.
Malgré son expansion aux quatre coins de la ronde, cette pratique est, ô combien décriée, par un nombre sans cesse grandissant de religieux et de nombreux fidèles qui choisissent des méthodes alternatives pour marquer le deuil, notamment le don de sang aux banques et centres de transfusion sanguine.
Par ailleurs, en ce début d’année de l’Hégire, les musulmans chiites sont tous vêtus de noir, symbole de deuil et de tristesse. Beaucoup profitent de l’occasion pour tirer des leçons de la vie de leur idole.
En outre, l’on peut lire dans la presse internationale que plusieurs dizaines de milliers de personnes se rassemblent régulièrement à Nabatieh pour la commémoration, parmi lesquelles des femmes représentant les membres de la famille de l’imam Hussein, drapées de noir et tenant des poupées en plastique emmaillotées de vert.
A l’unisson, ces personnes gémissent et pleurent à chaudes larmes leur regretté, hurlent « notre sauveur est mort » en faisant semblant de se trancher la gorge.
De plus, des images télévisées montrent, à chaque Achoura, des stands vendant du maïs doux et de l’eau à chaque coin de rue. Aussi, n’est-il pas rare de voir des curieux en train de jouer aux paparazzis avec les caméras de leurs téléphones.
Cependant, au Maroc, compte tenu du dispositif de sécurité, il est complètement interdit de reproduire des scènes pareilles sur la place publique par crainte d’un scénario macabre pour les non-habitués et les non-avertis. D’autant plus que le rite malékite ne reconnaît pas la barbarie, l’autoflagellation et le rituel du « tatbir ». C’est-à-dire l’automutilation en guise d’hommage aux Saints et aux Imams de l’Islam.
En bref…L’Achoura, une fête, deux courants
Mais pourquoi dit-on que l’Achoura est juive, alors ? Ce n’est, en fait, ni totalement vrai, ni archifaux. Il y a une part de vérité somme toute. Ainsi, à l’aube de l’Islam, les musulmans sunnites disaient que l'Achoura commémore le jour où Dieu, par sa Sainte Miséricorde, a délivré les Israélites, sous la conduite du prophète Moussa (Moïse), de la répression de Pharaon d'Égypte en fendant la mer Rouge. Ce qui leur a permis de la traverser en toute quiétude et avec autant de sécurité.
Ce jour, toujours selon les imams sunnites, était jadis marqué par le jeûne et des cérémonies religieuses, notamment des sermons et des repas collectifs, en guise de remerciement et de gratitude vis-à-vis de la mansuétude et la magnanimité de Dieu.
Les Chiites, pour leur part, pensent que l'importance de ce jour réside pleinement dans la commémoration de l'anniversaire de la disparition de l’imam Hussein, le grand chef spirituel et le véritable chef de la communauté musulmane.
Ce jour, toujours selon les imams sunnites, était jadis marqué par le jeûne et des cérémonies religieuses, notamment des sermons et des repas collectifs, en guise de remerciement et de gratitude vis-à-vis de la mansuétude et la magnanimité de Dieu.
Les Chiites, pour leur part, pensent que l'importance de ce jour réside pleinement dans la commémoration de l'anniversaire de la disparition de l’imam Hussein, le grand chef spirituel et le véritable chef de la communauté musulmane.
Les croyances populaires
Selon les croyances du monde parallèle, les esprits sont, eux aussi, religieux. Ceux du Maroc seraient, selon les statistiques des marabouts, majoritairement musulmans mais aussi juifs. Ainsi, ils auraient le même calendrier que nous autres humbles enveloppes charnelles vivantes et visibles et voueraient la même adoration pour le Prophète de la religion mahométane et ses accompagnateurs. Toujours selon la culture orale relayée par bouche-à-oreille, en cette période de l’année, les esprits sont plus communicatifs et les sortilèges, bien plus efficaces que d’ordinaire. Là où le bât blesse, c’est qu’à force de répéter cette croyance, elle a fini par générer bien des adeptes. Et depuis, le rituel de désenvoûtement par du plomb (le ldoune) s’est généralisé dans toutes les villes du Royaume.