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Séisme d'Al Houz: Séquelles psychologiques et résilience


Rédigé par Mariem LEMRAJNI Lundi 11 Septembre 2023

Le séisme du 8 septembre qui a secoué le Maroc a été une tragédie dévastatrice, laissant derrière lui non seulement des dégâts matériels, mais aussi des cicatrices psychologiques profondes. En s’entretenant avec des psychiatres qui ont généreusement offert leur expertise pour aider les victimes, on a constaté que l’impact psychologique de cette catastrophe a été d’une ampleur considérable.



Lorsque la terre tremble sous les pieds, elle ébranle bien plus que les bâtiments et les infrastructures. Elle secoue également les émotions, laissant des séquelles invisibles sur les esprits et les cœurs des personnes affectées.

Le bilan du puissant tremblement de terre qui a frappé le Maroc dans la nuit de vendredi à samedi est monté à plus de 2.681 décès et 2.501 blessés, selon un dernier bulletin actualisé du ministère de l'Intérieur. En plus des dégâts matériels et humains, cette catastrophe a également laissé une empreinte psychologique profonde sur les rescapés.

Parmi les victimes, de nombreuses personnes ont développé un stress post-traumatique (TSPT), avec des symptômes tels que des cauchemars, des flashbacks, une irritabilité continue, et une hypersensibilité aux stimuli associés au séisme.

Afin de mesurer ces répercussions émotionnelles, nous avons fait appel à l’expertise de psychiatres et recueilli des témoignages de victimes à travers tout le Maroc.

Cette démarche vise à fournir un aperçu des défis psychologiques potentiels et de la capacité humaine à se relever face à cette tragédie.

Stress aigu, troubles cardiovasculaires et perturbation hormonale...

L’état psychologique provoqué par le séisme a eu un impact significatif sur la santé physique des personnes touchées. Les niveaux élevés de stress, d’anxiété et les réactions émotionnelles ont engendré une gamme variée d’effets physiologiques, comme en témoignent les victimes à travers leurs récits poignants.

À titre d'exemple, une jeune résidente de Rabat a partagé son expérience récente, expliquant qu’elle a eu des difficultés à respirer et qu’elle est incapable de dormir en raison des flashbacks. Elle souffre aussi de troubles de la vision et mange très peu.

L’un des psychologues de Marrakech a même confié qu’il était sollicité par de nombreuses personnes confrontées à des crises de panique, des troubles anxieux, ainsi que des problèmes cardiovasculaires découlant d’un stress aigu.

Il a répondu à ces besoins en offrant des séances d’écoute, des exercices de respiration et des techniques cognitives. Il a également souligné que la diffusion de fausses informations (fake news) ne faisait qu’ajouter à la complexité de la situation.

Selon un spécialiste, ce stress chronique peut entraîner aussi une inflammation dans le corps, y compris dans les parois des vaisseaux sanguins, ce qui peut augmenter le risque de maladies cardiovasculaires à long terme.

« J’ai même été contacté par une femme de 28 ans qui a appris la tragique nouvelle du décès d’un proche pendant notre conversation téléphonique, ce qui l’a profondément bouleversée», a confié Raissi Miriam, membre de la Ligue des Spécialistes de la Santé Mentale et Psychiatrique au Maroc. 

État mental d’une enfant de 7 ans terrorisée par les secousses

Indéniablement, les enfants sont les êtres les plus vulnérables et requièrent une attention spéciale après cette catastrophe naturelle. C’est précisément le cas d’une petite fille âgée de 7 ans qui s’est retrouvée seule à la maison lors du séisme qui a secoué Settat samedi dernier.

Confrontée à la terreur et à l’isolement, elle a bénéficié de l’accompagnement d’un psychologue, qui nous a éclairés sur son expérience.

À la suite de cette tragédie, l’enfant a manifesté plusieurs symptômes somatiques et comportementaux. Cette expérience l’a laissée anxieuse, et elle éprouve désormais de l’appréhension à l’idée de rester seule à la maison.

Elle a aussi présenté des manifestations physiologiques liées à son anxiété, notamment des vomissements et des problèmes de sommeil.

Mise à disposition bénévole des services de psychiatres au Maroc

Afin de remédier à cette situation désolante et de préserver la santé mentale des victimes à travers le Maroc, la Ligue des Spécialistes de la Santé Mentale et Psychiatrique au Maroc a exprimé sa solidarité totale et son soutien indéfectible envers les victimes et les personnes affectées par cette catastrophe naturelle.

Par conséquent, l’association a pris l’initiative d’établir des moyens de communication et d’intervention psychologique accessibles à toutes les victimes gratuitement, ainsi qu’à ceux qui font face à la peur, la panique, le choc et les traumatismes.

 
Ils ont mis en place une Cellule de Crise dédiée à l’écoute, au soutien psychologique gratuit et au volontariat citoyen, tout en publiant une liste des numéros de psychologues et de médecins participant à cette noble initiative humanitaire.

Approché par le journal « L’Opinion », le Président de la Ligue des Spécialistes de la Santé Mentale et Psychique au Maroc, Hicham Laâfou, a expliqué : « Nous allons mettre en place une cellule d’écoute, évaluer l’ampleur des effets du traumatisme sur la psyché des victimes rescapées, et travailler en concertation avec la cellule médicale pour traiter d’éventuels effets somatiques sur les victimes ».

Et d’ajouter : « Notre équipe va également prévoir un suivi psychologique surtout avec le risque d’apparition du TSPT. Et puis rédiger une étude d’état des lieux et de l’avancement de cette action auprès des victimes survivantes de la catastrophe ».

Recommandations des spécialistes en psychologie

En ces moments de crise et de détresse, les psychiatres et les spécialistes en psychologie se révèlent être des ressources inestimables pour guider les individus à travers l’adversité.

Parmi les initiatives axées sur la prise en charge à distance, ils recommandent vivement de commencer par apporter réconfort et assurance avant de fournir toute information, en accordant aux personnes touchées davantage de temps et d’espace pour exprimer leur souffrance dans un environnement calme et sécurisé.

Ils insistent sur l’importance de ne pas émettre de diagnostics syndromiques ou cliniques dès le premier contact à distance ou lors de la première consultation.

En plus de réduire l’exposition aux images choquantes ou aux récits traumatisants liés au séisme, car une surcharge d’informations peut intensifier l’anxiété. La respiration profonde et le yoga sont aussi fortement conseillés pour apaiser efficacement l’anxiété.








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