Lors de la séance plénière mensuelle des questions de politique générale tenue, lundi 20 juillet, le Chef du gouvernement Saad Dine El Othmani a exposé les contours du programme gouvernemental dédié aux jeunes et aux chômeurs affectés par l’actuelle crise du coronavirus. L’objectif étant de convaincre les parlementaires de l’efficacité et de la pertinence du travail abattu par l’exécutif. Néanmoins, la démonstration n’a pas été à la hauteur des attentes des députés, notamment istiqlaliens, qui ont jugé le bilan présenté très en-dessous des attentes de la phase historique que traverse le Maroc.
Entre autres axes exposés, El Othmani a indiqué que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) avait déterminé, dans une étude effectuée en 2018, les domaines stratégiques qui devraient être au cœur des dispositifs des politiques publiques dédiées à la jeunesse. Il s’agit de l'éducation et la formation, l'employabilité, l'accès à la santé et la protection sociale, la lutte contre les formes de pauvreté, de précarité et d'exclusion parmi cette frange de la population, et la liste n’est pas exhaustive.
Ces axes, a-t-il poursuivi, ont été pris en compte dans la politique intégrée des jeunes et dans les stratégies et les programmes consacrés à cette frange de la société, notant l'adhésion d'un grand nombre de jeunes à toutes les politiques et stratégies, dans tous les domaines.
Le Chef du gouvernement a, à cet égard, passé en revue certains de ces programmes, dont la politique nationale intégrée des jeunes, la vision stratégique de la réforme du système de l'éducation et de la formation, la stratégie nationale de l'emploi, la stratégie nationale de la formation professionnelle, la phase III de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH), le programme intégré de financement et d'appui des entreprises, baptisé "Intilaka" et la nouvelle stratégie de développement du secteur agricole "Génération Green 2020-2030".
Les Istiqlaliens bousculent le gouvernement
Intervenant lors de cette séance, le député Istiqlalien Omar Abassi a pointé du doigt le manque d’innovation et de créativité des différents départements gouvernementaux chargés de la jeunesse, précisant «qu’ils étaient absents tout au long de la crise sanitaire». Et de souligner que le gouvernement a complètement «échoué à relever le défi de la digitalisation», qui est un facteur fondamental à l’intégration des jeunes, surtout en période de confinement, «le secteur a vécu un chaos en raison des affrontements administratifs ! Il faut lier la responsabilité à la reddition des comptes».
Il a également indiqué que le gouvernement n’a pas tenu ses promesses à l’égard des jeunes en matière de développement, soulignant que les rêves et les exigences de «cette tranche importante des marocains», vont bien au-delà de la construction des maisons de jeunesse ou des stades de football. Les jeunes cherchent «la liberté, la justice, l'égalité, la dignité et la répartition équitable de la richesse». Ainsi, le parlementaire Istiqlalien a dit que cet écart entre les projets gouvernementaux et les attentes des Marocains est due à une certaine «incompréhension et au désintérêt». Il a aussi rappelé que les jeunes sont sortis dans les rues en 2011 pour dénoncer les conditions dans lesquelles ils vivent, avec des revendications claires «démocratie, liberté, égalité, dignité, répartition équitable des richesses et lutte contre la corruption». «Malheureusement, le gouvernement n’a pas pu réaliser ne serait-ce qu’une partie de ces revendications», a-t-il ajouté.
Par ailleurs, Omar Abassi a mis en exergue la situation d’une jeunesse marocaine exaspérée, « plus désespérée que par le passé, plus en colère que par le passé, plus réticente que par le passé, souffrant de plus de chômage et de pauvreté que par le passé, plus disposé à émigrer que par le passé et qui rejette la classe politique plus que jamais ».