Dr Adil Loubbardi, commissaire divisionnaire ex chef du service ADN du laboratoire de police scientifique et de différents services de la police judiciaire de la DGSN
Les surnoms des criminels sont souvent choisis pour refléter leur personnalité, leurs actions ou des caractéristiques spécifiques qui les distinguent.
Le surnom pour un criminel c'est un CV qui lui donne une dimension identitaire.
Parfois ce sont les médias ou la police qui attribuent un surnom à un criminel.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’origine de ces surnoms :
Le surnom pour un criminel c'est un CV qui lui donne une dimension identitaire.
Parfois ce sont les médias ou la police qui attribuent un surnom à un criminel.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’origine de ces surnoms :
- Caractéristiques physiques ou comportementales :
Certains criminels obtiennent des surnoms en raison de leur apparence ou de leurs traits distinctifs.
Par exemple, un criminel avec une voix perçante pourrait être surnommé "La Voix", ou un criminel très musclé pourrait être appelé "Le Bœuf". Autres exemples comme "Boukhala", "chinwi", "nasrani" pour quelqu'un aux yeux bleus ou aux cheveux blond, "mjinina", "aouita" pour quelqu'un qui est très rapide.
- Anomalies physiques :
Le surnom pour un criminel tient parfois à une anomalie physique. Par exemple "la3rej" pour quelqu'un qui boîte, "la3war" pour un borgne.
- Mode opératoire ou nature du crime :
Les surnoms peuvent également découler des méthodes spécifiques utilisées lors des crimes. Par exemple, un braqueur de banque très méthodique pourrait être surnommé "Le Cerveau". De même, un tueur en série qui préfère utiliser des armes blanches pourrait être surnommé "Le Couteau" ou "lmanchar". "Boussama" utilisait une pierre ronde dans un tissu pour porter des coups mortels, au niveau de la tête, à ses victimes.
- Réputation ou légende :
Certains criminels obtiennent des surnoms en raison de la réputation qui les précède, souvent exagérée par les médias ou le folklore. Ces surnoms contribuent à construire une image redoutée et parfois mythologique. Par exemple, "Jack l’Éventreur" est devenu une figure légendaire en raison de l'ampleur et de la brutalité des meurtres commis à Londres à la fin du XIXe siècle. Dans ce même contexte on trouvera " bruce-lee", "mjinina", "lhaych", "lbagra".
- Reflet du lieu d’origine ou du milieu social :
Des surnoms peuvent aussi être basés sur l’endroit où le criminel a grandi ou son affiliation à un certain groupe ou gang. Un criminel venant d’un quartier spécifique pourrait être surnommé "Le Fils de [nom du quartier]". Ainsi on trouvera des surnoms tels "chaoui", "jebli", "sahraoui".
- Humour ou ironie :
Dans certains cas, un surnom peut être donné de manière ironique, pour se moquer ou ridiculiser un criminel. Par exemple, un criminel particulièrement incompétent ou maladroit pourrait être surnommé "Le Flambeur" ou "Le Maladroit".
- Une compétence :
Certains sobriquets ne se contentent pas de renvoyer à une caractéristique du personnage ils peuvent également souligner ses compétences. "Lgazar", "lhanch", "9atal lemchach", "sara9-zit" pour celui qui peut s'introduire dans les endroits les plus délicats.
- Garder l'anonymat :
Souvent, ce sont donc les malfrats eux-mêmes ou leur entourage qui adoptent ces noms d'emprunt. Une façon de cacher leur identité réelle dans leurs affaires illicites. Ils utilisent pour cela le nom de personnes connues comme "benladen", "bruce lee" .
- Fausse identité :
Ils peuvent aussi emprunter le prénom de leur frère ou celui d'un cousin paternel. Cette astuce leur permet une certaine liberté de circulation.
- Hiérarchie sociale :
Certains surnoms expriment une hiérarchie sociale, ou font référence à la personne qui en réalité dirige la famille socialement mais aussi économiquement. La gestion des activités illicites peut aussi être prise en considération dans ces structures. En général c'est le prénom de la mère qui sert de surnom. En effet on dira "ould malika" , "ould saadia" en référence à la mère du criminel.
Ces surnoms sont souvent utilisés pour simplifier l'identification des criminels dans les médias ou par les autorités, et ils peuvent également renforcer la peur ou l'admiration du public.
Rare ou inexistante sont les études faites sur le sujet, aussi bien dans le domaine des sciences sociales que humaines. Il existe des milliers de surnoms qui varient selon le pays , la ville et même au sein du meme quartier. Ils ont tous une origine sociale.