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Violence à l’égard des femmes : «La solution radicale est l’autonomisation économique et politique des femmes»


Rédigé par Bouteina BENNANI Mercredi 1 Juillet 2020

En marge du rapport élaboré par l’OFI sur la hausse de la violence à l’égard des femmes en période de pandémie, Mme Zoumi a relevé plusieurs points conséquents lors d’un point de presse.



Violence à l’égard des femmes : «La solution radicale est l’autonomisation économique et politique des femmes»
Les violences, qu’elles soient physiques, psychologiques ou économiques, sont une violation des droits les plus élémentaires des femmes. Le coût de la violence et de ses répercussions au niveau mondial a été évalué par les Nations Unies à plus de 1 milliard de milliards de dollars en 2019. Un montant qui aurait pu être utilisé, comme dit Mme Zoumi, pour le développement humain. 

Selon la présidente de l’Organisation de la Femme Istiqlalienne (OFI), la crise sanitaire a mis à nu les systèmes de protection mis en place contre la violence, laquelle reste un indicateur fort reflétant l’inégalité entre les sexes. A cet effet, l’outil de l’égalité, à savoir l’Autorité pour la parité et la lutte contre les discriminations, n’est pas encore opérationnel. Dans le cadre de la loi 103-13 sur les violences faites aux femmes, les commissions régionales et locales n’ont pas été mises en œuvre lors de la crise sanitaire. Aussi, l’absence de centres d’hébergement a mis le chaos en cette période, puisque les femmes victimes de violence n’ont pas trouvé où aller.

La solution radicale pour un traitement optimal de la violence reste l’autonomisation économique et politique des femmes, a insisté Mme Zoumi. Aussi, pour pallier à différentes problématiques, d’ordre social, le gouvernement aurait dû mettre en place, en parallèle de la commission de veille économique, une commission de veille sociale. Cette dernière aurait eu pour objectif de faire l’évaluation des pertes encourues par les familles. Elle a, dans ce cadre, affirmé que « le Covid a mis à nu les économies néolibérales et souligné l’efficacité de l’Etat social. Plusieurs contraintes structurelles, verticales et horizontales sont à régler en faveur des femmes marocaines. Les priorités sont tout de même pour la réforme des systèmes éducatif et de la santé, l’encouragement de la recherche scientifique, le digital et la protection sociale ».

Les sinistres sont doublement essuyés par les femmes 

Etat d’urgence, confinement, violence conjugale invisible, limite des services alloués aux victimes ont été les maîtres mots du rapport de l’OFI et du débat qui a réuni Mme Hala Salem, Directrice exécutive du Centre Al Qods des études politiques de Jordanie, et la journaliste marocaine Amal Houari.

Pour Mme Zoumi : « Le rapport sur la violence à l’égard des femmes veut marquer l’Histoire d’une période exceptionnelle dans le monde et se veut une mémoire collective. D’autant plus que la violence, sous toutes ses formes, a des répercussions profondes, sur le long terme et qu’en cas de pandémie ou de tout autre sinistre, l’impact est toujours doublement vécu par les femmes. Il y a actuellement au Maroc un million d’emplois menacés et les femmes en représentent la grande majorité. Il y a aussi, au niveau mondial, une régression de la main d’œuvre féminine qui est passée de 57% à 55% ». Elle a ajouté : « Le rapport servira aussi pour le plaidoyer sur des questions féminines justes et équitables dont l’autonomisation économique des femmes, clé pour une justice sociale et qui confère bien-être économique et social. Quant à l’autonomisation politique, elle leur ouvre l’accès aux postes de prise de décision. 

Problématiques liées à la pandémie

Pendant cette crise, plusieurs problématiques se sont imposées. Mme Zoumi a cité, entre autres, le cas des femmes ramédistes qui n’ont pu bénéficier de leurs dus, les Marocaines coincées à l’étranger auxquelles le gouvernement n’a donné aucune priorité, les 7000 ouvrières de Huelva en Espagne qui avaient épuisé leur contrat et qui sont restées contre leur gré... Ce sont des cas qui auraient dû avoir un traitement de faveur dès la fermeture des frontières, du moins pour les cas d’extrême urgence. Il fallait agir selon les priorités et avoir de la considération pour ces femmes qui contribuent à 62% dans le secteur de la Santé et à plus de 52% dans l’Education. Ce qui les a le plus lésé, en cette période de crise, c’est le fait qu’elles travaillent dans le secteur de l’informel.

Bouteina BENNANI 

Repères

Divers avis
Dans le cadre du débat, Hala Salem a relevé les répercussions du Covid19 sur les droits des femmes et insisté sur le harcèlement subi par les jeunes filles via les réseaux sociaux. Les statistiques du département de la protection de la famille de Jordanie ont relevé une augmentation de 33%, du mois de mars au mois de mai, par rapport à l’année d’avant. La pandémie a montré que des lacunes persistent, au niveau arabe, en matière de lois et de mesures de protection. La journaliste marocaine Amal Houari a focalisé sur les formes de violence, le travail informel des femmes et leur déclaration à la CNSS. Elle a aussi parlé de la loi 103-13, un arsenal juridique qui devrait assurer une protection optimale depuis la plainte jusqu’au centre d’hébergement.
Actions de l’Organisation de la Femme Istiqlalienne
Le 29 janvier 2020 a été lancé par l’OFI la plate-forme d’écoute « koullouna ma3ak » au profit des femmes et filles dans des situations précaires dont l’objectif est la promotion de leur situation et la protection de leurs droits. Outre la sensibilisation d’usage contre la propagation du virus à travers podcasts, vidéos sur la violence domestique, webinaires…, des avocates du Parti de l’Istiqlal ont pris en charge, bénévolement, quelques cas de violence (écoute, appui et orientation). 
Au Maroc, la femme paie les pots cassés
La violence familiale est un phénomène engendré par l’inégalité des sexes, en plus des contraintes économiques, de l’absence de la sécurité alimentaire, du manque de ressources, de la perte du travail et de la peur de la pandémie. Le rapport a relevé la lenteur du ministère de la femme en matière de prise en charge de la VEF. L’autorisation de sortie, vitale pour les femmes victimes de violence, leur a été refusée (une seule par famille). La femme a vécu doublement la violence : travail domestique, enfants…








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