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Culture

MAGAZINE : Starlight, des jurés à juger


Rédigé par Anis HAJJAM le Dimanche 24 Novembre 2024

L’émission taillade de nouveau l’antenne de 2M. Des candidats qui défilent à la queue leu-leu et quelques membres du jury (Ammor, Aminux et Manal, pour ne pas les nommer), heureux d’être là, se demandent ce qu’ils doivent reprocher ou pas aux concurrents. Et vogue la galère…



Si on excepte Nouamane Lahlou et Asmaa Lamnawar, difficile de trouver quoi se mettre sous la dent. Pourtant, nous avons bien envie de mordre. Prenons deux extrêmes et commençons par Lahlou a qui nous consacrons il y a trois ans un portrait subjectif. Il explore en s’explorant, il apprend en se délectant, il voyage en convoquant les chuchotements de ses entrailles, il s’éloigne de ses propres élucubrations en les triturant par à-coups, il aime avec fougue et acharnement, il se laisse défaire pour mieux faire. En somme, il est ce joyeux écorché à vives constellations illuminant les contours de ses indéfinissables intentions. Il est, pour ainsi dire, ouvert et fermement discret. L’artiste à plus de cent-cinquante compositions est toujours en quête de la note qui fait mouche, de la mélodie qui terrasse, du chant qui pulvérise -l’humilité étant le poids des grands. Son parcours lui fait croiser le sismique Mohamed Abdelwahab mais également d’autres pyramides tels Mohamed El Mouji et Wadie Essafi pour lequel il compose sa dernière chanson « Aâhd Al Mouhibbine ». Mais le futur créateur, à l’oreille alerte, est happé dans son jeune âge déjà par l’empreinte de plusieurs artistes dont Abdelkrim Raïss, Mohamed Bouzoubaâ, Brahim El Alami, Nusrat Ali Khan, Mozart… L’éclectisme prenant très tôt ses quartiers dans les veines d’un inconsolable curieux voué lui-même à susciter la curiosité. La musique le submerge corps et âme. Auteur-compositeur-interprète, Nouamane Lahlou brille également par sa soif d’enrichir le répertoire d’autres artistes. Il compose, outre Wasie Essafi, pour Marouane Khoury, Naïma Samih, Latéfa Raafat, Jil Jilala, Karima Skalli, Fouad Zbadi et d’autres encore. Comment opèret-il alors le choix entre sa voix et celle des autres ? : « Il y a d’abord le texte. Parfois, quand je parcours un texte, je me dis qu’il ne peut pas être chanté par tout le monde parce qu’il traite de l’humanisme, de l’anthropologie ou de la philosophie. Ce sont des thèmes qu’on ne s’aventure pas à confier à des jeunes qui sont plus sensibles à des thématiques de la séduction par exemple. Ensuite, il y a la composition. Je garde les gammes (maqams) les plus difficiles pour moi lorsque je puise dans l’hybride, alliant l’occidental, l’oriental et le marocain avec ses différentes sensibilités. 

Cela peut, à l’écoute, paraître à portée de voix mais ça s’avère compliqué pour l’interprétation. En général, je sonde les capacités de la chanteuse ou du chanteur, les couleurs musicales qui lui correspondent, ses tessitures vocales… avant de lui proposer une chanson qui lui permet d’être crédible en l’interprétant. » Artiste généraliste, musicien polyglotte, il se livre avec fluidité, sans jamais rapper ses idées. 
 
Règlement de comptes

En face, nous convoquons Manal qui, dans Starlight, donne l’impression de ne pas mesurer ce qu’il lui arrive. Eberluée, elle s’entête à agir là où il ne le faut pas. Peut-être des erreurs de jeunesse. Pour un membre du jury ! En novembre 2018, elle lance son troisième single de l’année : « Slay ». Slay ! Pour massacrer, tuer ? Soyons téméraires alors et faisons-nous plaisir dans un monde boursouflé d’amour, inondé de bonheur, débordant d’empathie. Boxons, aplatissons, lynchons, exterminons. Entre logorrhées et diatribes, le flow qui refroidit tire à bout touchant. Seulement, ici, le titre dépasse l’intention. Nous sommes loin du gangsta, du drill ou du dirty. On se vautre plus dans le trap, alliant rap mélodique et électro, instruments virtuels et cordes passablement vocales. Manal règle quelques comptes, se caresse dans le sens du cil, se trouve plus intelligente que ceux qui ne la trouvent pas intelligente et dit qu’elle n’a pas le time pour s’arrêter à pareilles bassesses. Et hip, et hop : « De ces coincés qui m’offensent sans arrêt, qui n’ont rien dans leur petite life/Je vous laisse même quelques dizaines d’années, vous n’aurez jamais la même taille/J’aurais tant aimé leur faire la guerre à ces gens, mais j’ai même pas le time/Je préfère laisser les haineux parler, pendant qu’on m’appelle pour de la maille. » Manal a clairement la haine. Sur son compte Instagram, elle enfonce le clou. Avec humilité, cela va de soi : « Trop de choses qui font mal, faut pas verser de larmes quand t’es une célébrité/Quand je vois que je me fais imiter par la majorité. » Nous voyons clairement la différence entre les deux membres du jury. Mais, il faut de tout pour faire un monde… bancal. 



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