Intervenant lors d’une rencontre avec la Commission des finances et du développement économique à la Chambre des Représentants, le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a indiqué, mardi à Rabat, que le niveau d’investissement au Royaume est équivalent au niveau enregistré dans les pays qui ont réalisé des miracles économiques, notant que malgré ça, le pays n’a pas pu réaliser le décollage économique.
Les données officielles livrées par le Wali de BAM indiquent que l’effort d’investissement en termes de valeur a représenté en moyenne 32,2 % du PIB entre 2000 et 2019, contre 25,6 % comme moyenne mondiale et 29% pour les pays à revenu intermédiaire.
Jouahri a indiqué d’ailleurs que le niveau d’investissement au Maroc reste, en principe, suffisant d’un point de vue quantitatif pour rattraper la croissance économique, tant espérée, et arriver au niveau des pays développés. Néanmoins, le Wali de la Banque Centrale a souligné en revanche que le Maroc, malgré l’effort d’investissement, n’a pas pu rejoindre les rangs des pays émergents et réaliser le décollage économique souhaité.
Selon l’analyse de Bank Al-Maghrib, ce résultat est dû à la relative faiblesse de la rentabilité sur investissement, qui est mesurée par le coefficient marginal du capital (ICOR), qui représente le nombre de points d’investissement nécessaire pour atteindre un point de croissance dans le produit intérieur brut, où plus le coefficient de marge est faible, plus l’investissement est rentable.
Avec un ICOR de 9,4% en moyenne sur la période 2000-2019, les données officielles de BAM indiquent que l’investissement au Maroc reste relativement faible par rapport aux pays à revenu intermédiaire auxquels il appartient, atteignant 5,7%.
Investissement et emploi, faible impact
En effet, Bank Al-Maghrib a indiqué que l’impact de l’investissement sur la création d’emplois reste faible, notant qu’entre 1999 et 2019, bien que le coefficient marginal du capital soit resté quasiment stable, le contenu de la croissance en nombre d’emplois créés a sensiblement diminué.
Il ressort des éclaircissements du Wali de la Banque Centrale que chaque point de croissance a créé moins de 21.000 opportunités d’emploi entre 2010 et 2019, contre plus de 30.000 emplois entre 2000 et 2009.
En conséquence, l’économie nationale a créé annuellement environ 144.000 emplois entre 1999 et 2009, et environ 72.000 emplois entre 2010 et 2019, soit une moyenne de 108.000 emplois au cours de la période de 1999 à 2019.
Jouahri a affirmé que ce rythme n’était pas suffisant pour réduire significativement le taux de chômage. Face à la création des 108.000 emplois, le Wali a fait noter que le nombre de la population active a augmenté annuellement d’environ 89.000 et, par conséquent, le nombre de chômeurs a légèrement diminué, passant de 1,5 million à 1,1 million au cours des deux dernières décennies.
Les principaux obstacles au développement des entreprises
Dans sa présentation, Jouahri a également pointé du doigt une série d’obstacles qui entravent le développement des entreprises. Premièrement, selon l’indice de perception de la corruption, établi par Transparency International, le Maroc a enregistré un recul pour la 3ème année consécutive à la 87ème place sur 180 pays en 2021, perdant ainsi 14 places par rapport à 2018.
Deuxièmement, au niveau de la pression et la lourdeur fiscales, selon les données de la Banque Mondiale, le niveau des impôts sur les revenus, les profits et les gains en capital est de 32,9% au Maroc, un taux supérieur à ceux de la majorité des pays de sa catégorie et largement supérieur à celui de certains pays comme la Jordanie (13,2%), la Turquie (18,5%).
D’ailleurs, selon des données de 2021 de KPMG, avec un taux d’IS de 31% (appliqué aux résultats supérieurs à 1 MDH), le Maroc est au-dessus des moyennes africaine (27,5%) et mondiale (23,7%).
Troisièmement, Jouahri fait savoir que l’économie non observée (qui regroupe la production souterraine, la production illégale, la production informelle et la production des ménages pour leur propre compte) représente autour de 30% du PIB au Maroc.
Finalement, le wali de la Banque Centrale affirme que les délais de paiement longs constituent un obstacle principal pour les entreprises, notamment les TPME, et pèsent sur leur trésorerie. En plus de ces caractéristiques structurelles, la fragilité du tissu productif national aurait été largement accentuée par la crise de la pandémie.
Les résultats des enquêtes de BM sur le suivi des impacts de la crise sur les entreprises privées au Maroc révèlent qu’entre décembre 2019 et juin 2021, 47% des entreprises ont diminué le nombre de travailleurs permanents. Cette part atteint 48% pour les PME et 38% pour les grandes entreprises.
La recette de BAM
Face aux nombreux défis auxquels l’investissement au Maroc tel que la digitalisation, l’impératif du verdissement de l’économie et afin d’atteindre les objectifs de développement, le Wali de la Banque Centrale a formulé plusieurs recommandations.
BAM recommande d’accorder la priorité nécessaire au renforcement du tissu productif pour en faire émerger des champions aptes à faire face à la concurrence internationale et à jouer un rôle de locomotive pour les TPME ; de continuer à lutter contre les disparités et œuvrer pour une croissance plus inclusive et une distribution équitable des fruits de la croissance pour soutenir l'ascension sociale; d’accélérer la mise en œuvre des réformes visant l’amélioration du climat des affaires et finalement d’améliorer la qualité de la gouvernance à tous les niveaux, la lutte contre la corruption, la consécration des principes du mérite et de la reddition des comptes.
BAM recommande également l’accélération des chantiers structurels, dont notamment la refonte du système d’éducation et de la formation professionnelle, nécessaire pour produire les cadres et la main-d’œuvre dont a besoin notre pays, pour améliorer la productivité et la compétitivité de l’économie.
Les données officielles livrées par le Wali de BAM indiquent que l’effort d’investissement en termes de valeur a représenté en moyenne 32,2 % du PIB entre 2000 et 2019, contre 25,6 % comme moyenne mondiale et 29% pour les pays à revenu intermédiaire.
Jouahri a indiqué d’ailleurs que le niveau d’investissement au Maroc reste, en principe, suffisant d’un point de vue quantitatif pour rattraper la croissance économique, tant espérée, et arriver au niveau des pays développés. Néanmoins, le Wali de la Banque Centrale a souligné en revanche que le Maroc, malgré l’effort d’investissement, n’a pas pu rejoindre les rangs des pays émergents et réaliser le décollage économique souhaité.
Selon l’analyse de Bank Al-Maghrib, ce résultat est dû à la relative faiblesse de la rentabilité sur investissement, qui est mesurée par le coefficient marginal du capital (ICOR), qui représente le nombre de points d’investissement nécessaire pour atteindre un point de croissance dans le produit intérieur brut, où plus le coefficient de marge est faible, plus l’investissement est rentable.
Avec un ICOR de 9,4% en moyenne sur la période 2000-2019, les données officielles de BAM indiquent que l’investissement au Maroc reste relativement faible par rapport aux pays à revenu intermédiaire auxquels il appartient, atteignant 5,7%.
Investissement et emploi, faible impact
En effet, Bank Al-Maghrib a indiqué que l’impact de l’investissement sur la création d’emplois reste faible, notant qu’entre 1999 et 2019, bien que le coefficient marginal du capital soit resté quasiment stable, le contenu de la croissance en nombre d’emplois créés a sensiblement diminué.
Il ressort des éclaircissements du Wali de la Banque Centrale que chaque point de croissance a créé moins de 21.000 opportunités d’emploi entre 2010 et 2019, contre plus de 30.000 emplois entre 2000 et 2009.
En conséquence, l’économie nationale a créé annuellement environ 144.000 emplois entre 1999 et 2009, et environ 72.000 emplois entre 2010 et 2019, soit une moyenne de 108.000 emplois au cours de la période de 1999 à 2019.
Jouahri a affirmé que ce rythme n’était pas suffisant pour réduire significativement le taux de chômage. Face à la création des 108.000 emplois, le Wali a fait noter que le nombre de la population active a augmenté annuellement d’environ 89.000 et, par conséquent, le nombre de chômeurs a légèrement diminué, passant de 1,5 million à 1,1 million au cours des deux dernières décennies.
Les principaux obstacles au développement des entreprises
Dans sa présentation, Jouahri a également pointé du doigt une série d’obstacles qui entravent le développement des entreprises. Premièrement, selon l’indice de perception de la corruption, établi par Transparency International, le Maroc a enregistré un recul pour la 3ème année consécutive à la 87ème place sur 180 pays en 2021, perdant ainsi 14 places par rapport à 2018.
Deuxièmement, au niveau de la pression et la lourdeur fiscales, selon les données de la Banque Mondiale, le niveau des impôts sur les revenus, les profits et les gains en capital est de 32,9% au Maroc, un taux supérieur à ceux de la majorité des pays de sa catégorie et largement supérieur à celui de certains pays comme la Jordanie (13,2%), la Turquie (18,5%).
D’ailleurs, selon des données de 2021 de KPMG, avec un taux d’IS de 31% (appliqué aux résultats supérieurs à 1 MDH), le Maroc est au-dessus des moyennes africaine (27,5%) et mondiale (23,7%).
Troisièmement, Jouahri fait savoir que l’économie non observée (qui regroupe la production souterraine, la production illégale, la production informelle et la production des ménages pour leur propre compte) représente autour de 30% du PIB au Maroc.
Finalement, le wali de la Banque Centrale affirme que les délais de paiement longs constituent un obstacle principal pour les entreprises, notamment les TPME, et pèsent sur leur trésorerie. En plus de ces caractéristiques structurelles, la fragilité du tissu productif national aurait été largement accentuée par la crise de la pandémie.
Les résultats des enquêtes de BM sur le suivi des impacts de la crise sur les entreprises privées au Maroc révèlent qu’entre décembre 2019 et juin 2021, 47% des entreprises ont diminué le nombre de travailleurs permanents. Cette part atteint 48% pour les PME et 38% pour les grandes entreprises.
La recette de BAM
Face aux nombreux défis auxquels l’investissement au Maroc tel que la digitalisation, l’impératif du verdissement de l’économie et afin d’atteindre les objectifs de développement, le Wali de la Banque Centrale a formulé plusieurs recommandations.
BAM recommande d’accorder la priorité nécessaire au renforcement du tissu productif pour en faire émerger des champions aptes à faire face à la concurrence internationale et à jouer un rôle de locomotive pour les TPME ; de continuer à lutter contre les disparités et œuvrer pour une croissance plus inclusive et une distribution équitable des fruits de la croissance pour soutenir l'ascension sociale; d’accélérer la mise en œuvre des réformes visant l’amélioration du climat des affaires et finalement d’améliorer la qualité de la gouvernance à tous les niveaux, la lutte contre la corruption, la consécration des principes du mérite et de la reddition des comptes.
BAM recommande également l’accélération des chantiers structurels, dont notamment la refonte du système d’éducation et de la formation professionnelle, nécessaire pour produire les cadres et la main-d’œuvre dont a besoin notre pays, pour améliorer la productivité et la compétitivité de l’économie.
Hiba CHAKER
Repères
Essor de l’investissement
Selon BAM, les recettes des investissements directs étrangers (IDE) devraient se situer à l’équivalent de 2,5% du PIB en 2021. Elles grimperaient à 3% du PIB en 2022 pour atteindre les 3,5% du PIB en 2023. Tenant compte notamment des projections du financement extérieur du Trésor, Bank Al-Maghrib estime que les avoirs officiels de réserve se situeraient à 330,4 milliards de dirhams à fin 2021. Ils se situeraient en 2022 autour de 341,6 milliards et atteindraient en 2023 les 345,7 milliards, assurant ainsi une couverture de plus de 6 mois et 20 jours d’importations de biens et services.
2% des entreprises payent 80% de l’IS
Le tissu productif marocain est caractérisé par une structure fragmentée, une dominance des TPE et un nombre relativement faible d’entreprises exportatrices, affirme BAM. Selon le rapport annuel de 2019-2020 de l’OMTPME, 92% des entreprises sont des microentreprises qui ont un chiffre d’affaires ne dépassant pas 3 millions de dirhams et 84,4% réalisent un chiffre d’affaires de moins d’un million de dirhams. BAM relève que la pression fiscale est concentrée sur un nombre très limité, 2% des entreprises payent 80% de l’IS (CESE, 2012).
Le crédit bancaire, principale source de financement des entreprises
Le financement des entreprises marocaines est caractérisé par la dominance de l’autofinancement et un recours limité au financement externe. Selon les données de l’OMTPME (2019-2020), la part de la dette financière est de 20,2%. En comparaison internationale, toutefois, le crédit bancaire reste la principale source de financement externe et en constitue 96,6%, alors que le recours au marché des capitaux reste faible et largement dominé par les établissements à caractère financier et quelques grandes entreprises.