Durcir les peines pour intimider les prédateurs
Le meurtre brutal d’Adnane a soulevé la question de l’application de la peine de mort dans le système judiciaire marocain. Individus et associations ont exprimé leur indignation face à ce crime odieux, lançant une pétition qui a jusqu’à présent recueilli p lus de 400.000 signatures.
Najia Adib, présidente de l’association «Touche pas à mes enfants», se joint aux nombreux Marocains qui appellent à l’application de la peine de mort. «Nous sommes pour l’application d’une telle peine afin d’empêcher ces criminels de toucher à nos enfants. Les peines allégées n’aident pas à lutter contre la pédophilie», s’insurge Mme Adib. «Quand ces prédateurs sont condamnés à des peines qui ne sont pas sévères, ils ne sont plus intimidés par la prison», ajoute-telle.
Selon l’article 474 du code pénal marocain, l’enlèvement d’un mineur est puni de la peine de mort si la victime est décédée. Bien que la peine de mort reste une sanction légale au Maroc, la dernière exécution a eu lieu en 1993. En pratique, les condamnés à mort ne sont condamnés qu’à la réclusion à perpétuité.
Ce drame soulève par ailleurs, la question de la prévention, qui est une variable fondamentale pour lutter contre la pédocriminalité. Dans ce sillage, les organisations de la société civile, notamment l’association «Touche pas à mon enfant», appellent à l’opérationnalisation du système «alerte enlèvement», et ce, à l’instar de plusieurs pays européens. Cette dernière déplore que «notre pays connaît, ces derniers temps, un phénomène affreusement inexplicable», qu’est le kidnapping des mineurs, d’où la nécessité d’agir en urgence.
Le déroulement de «l’Affaire Adnane»
Adnane Bouchouf a été porté disparu le 7 septembre, après que ses parents l’aient envoyé acheter un médicament dans une pharmacie voisine, mais le garçon n’est jamais revenu.
Après avoir arrêté un suspect, âgé de 24 ans, la police de Tanger a retrouvé le corps du garçon vendredi soir, enterré dans un jardin près de la maison de sa famille. Un jour après la disparition de l’enfant, une caméra de rue a montré un jeune homme en train de parler à Adnane avant de s’éloigner avec lui. Les services de sécurité n’ont réussi à identifier le suspect apparaissant dans les images que vendredi, après qu’Adnane ait déjà été tué.
La police de Tanger a également arrêté trois autres personnes pour ne pas avoir signalé le meurtre d’Adnane Bouchouf. Les suspects sont les colocataires du principal mis en cause, accusé du viol et du meurtre de l’enfant. Selon l’article 299 du code pénal marocain, les suspects risquent entre deux mois et quatre ans de prison, ainsi qu’une amende comprise entre 400 et 2.000 dirhams.
Repères
24 heures après la découverte de Adnane : un autre drame évité
Le jour même des funérailles du jeune Adnane, dont l’enterrement a donné lieu à une marche populaire de solidarité et de protestations, la police de la ville de Tanger annonçait l’arrestation d’un présumé pédocriminel âgé de 36 ans, qui s’apprêtait à commettre un forfait comparable contre un enfant également âgé de 11 ans. Le mis en cause avait noué une relation virtuelle avec le mineur via Facebook avant de le convaincre d’une rencontre dans un jardin public où le suspect a été appréhendé par les éléments de la police en coordination avec le père de la victime. Le prévenu avait en sa possession, au moment de son interpellation, plusieurs cadeaux qu’il comptait offrir à l’enfant.
Les «chasseurs de pédophiles» : un nouveau héroïsme contre la pédocriminalité
La chasse de pédophiles devient une tendance de plus en plus importante des enquêtes sur la pédocriminalité. Les chasseurs de pédophiles travaillent le plus souvent sur les réseaux sociaux et les applications de messagerie pour piéger les prédateurs potentiels. La clé du processus est de préciser que l ‘«enfant» est mineur, il est donc essentiel que les chasseurs de pédophiles indiquent clairement aux agresseurs potentiels que la personne à qui ils pensent parler est un enfant de moins de 16 ans. Les chasseurs pédophiles attrapent souvent leurs cibles en leur permettant d’organiser une rencontre avec «l’enfant». C’est alors qu’ils confrontent le suspect devant la caméra et leur montrent leurs messages, ayant parfois déjà appelé la police.