«Faire de l’économie marocaine un hub multisectoriel ancré dans les chaînes de valeur internationales», telle est l’ambition du Royaume pour la prochaine décennie, chose qui a été inscrite noir sur blanc dans le rapport du Nouveau Modèle de Développement (NMD). Si, il y a quelques années, cet objectif paraissait difficilement atteignable, aujourd’hui, et compte tenu des indicateurs macro-économiques, l’édification de chaînes de valeur dans des secteurs à fort potentiel, tels que l’agro-industrie, le textile, l’industrie automobile, le tourisme, ou encore l’industrie pharmaceutique, n’est plus qu’une question de temps et de volonté politique.
Car oui, le Maroc a réussi, en l’espace de quelques années, à améliorer son positionnement dans les chaînes de valeur mondiales, et ce, du fait qu’il y a une augmentation « modeste » à la fois de l’incorporation de la valeur ajoutée étrangère dans les exportations nationales et de la valeur ajoutée locale dans les exportations des pays tiers, comme indiqué par un Policy Brief de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), qui souligne par ailleurs les disparités notables qui persistent au niveau des différents secteurs productifs.
Montée notable, mais…
Cela dit, le rapport précise qu’en l’espace de 13 ans, le Royaume a gagné 7,6 points dans sa participation aux CVM pour s’établir à 46,7% en 2018, sous l’effet, principalement, de la composante relative à la participation en amont (5,1 points). Un taux qui a décru à 43% en 2019 selon les derniers chiffres de l’OCDE (avec une ambition d’atteindre 60% à l’horizon 2035, selon le NMD). Cependant, sa participation en aval a affiché une amélioration de 2,6 points entre ces deux dates en passant de 12,7% à 15,3% entre 2005 et 2018.
Un résultat qui dénote, selon la même source, d’une dépendance des entreprises nationales à l’égard des intrants étrangers, supérieure à celle des entreprises exportatrices étrangères à l’égard des produits intermédiaires marocains. Le taux de participation du Maroc aux CVM en 2018 est similaire à celui des pays tels que le Mexique, la Roumanie, la Russie ou le Chili, et est supérieur à d’autres comme la Turquie, le Brésil et l’Inde.
En revanche, des pays comme la Hongrie et la Slovaquie présentent des taux de participation plus importants que le Maroc compte tenu de leur insertion croissante dans les chaînes de valeur, notamment européennes, note Mrani Alaoui, rédactrice du rapport de la DEPF, qui explique que le taux de participation aux CVM varie selon les pays et dépend de leurs structures économiques et d’autres caractéristiques.
Cette dernière précise, en outre, que sur le plan des dépendances sectorielles, le tissu productif marocain affiche une plus grande dépendance à l’offre étrangère qu’à la demande pour plusieurs branches du secteur manufacturier.
Plusieurs secteurs industriels importants, comme le textile-habillement, la chimie, la métallurgie, l’informatique, les équipements électriques, les machines et matériel d’équipement, sont ainsi plus dépendants par l’offre, dans la mesure où ces secteurs utilisent une grande quantité d’intrants importés.
En revanche, la dépendance à la demande étrangère est plus importante pour les produits alimentaires et autres produits minéraux non métalliques. Quant au secteur de l’agriculture et pêche, il se trouve à côté de la bissectrice. Ce qui signifie qu’il présente la même dépendance à l’offre et à la demande étrangère.
Des défis à surmonter
Le Maroc dispose de marges de manoeuvre pour des économies d’échelle substantielles, soit, mais il n’en demeure pas moins qu’il reste confronté au double défi de passer à des segments à plus forte valeur ajoutée et d’impliquer davantage le tissu productif local à ces chaînes, au risque de rester confiné aux segments non porteurs, selon le Policy brief, qui affirme l’impératif de déployer des efforts supplémentaires et de relever des défis pour monter en gamme et accélérer le processus de transformation structurelle. Une mission ardue vu les incertitudes liées à la reprise économique post-Covid, toujours floue suite à l’instabilité épidémiologique au niveau mondial.
Il s’agit dans un premier temps de l’investissement dans le capital intellectuel, qui contribue non seulement à l’amélioration de la productivité, mais également et surtout à la différenciation du produit fini de la chaîne et au renforcement de sa présence sur les réseaux mondiaux (voir repères). Le renforcement de l’intégration au niveau régional pourrait également constituer un tremplin pour une meilleure insertion de notre pays dans les CVM, estime la DEPF.
L’exploitation de la complémentarité des facteurs de production et des ressources au niveau régional renforcerait la compétitivité des industries et les liens avec les économies locales, induisant ainsi des effets d’entraînement catalyseurs de croissance.
L’adaptation du code de travail est également de mise, étant donné que les réglementations strictes en termes d’embauche et de licenciement réduisent les possibilités pour les entreprises marocaines de s’adapter aux variations de leur activité économique et de s’adapter aux différents chocs exogènes.
« Elles contribuent, en outre, à retarder les processus de réallocation de la force de travail et d’adaptation aux besoins du tissu productif », note l’auteure du rapport précité, tout en insistant sur l’amélioration de la qualité des institutions et des administrations qui pourrait être déterminante dans la décision d’investissement.
En effet, le Royaume gagnerait à accélérer la réforme de l’administration à travers la mise en oeuvre des dispositions des mesures législatives et l’accélération de la miseen place de la Charte de Déconcentration Administrative en tant que jalon pour accompagner la dynamique territoriale et le soutien à la transformation digitale des institutions. Ceci devrait être accompagné par l’amélioration de la qualité de la logistique compte tenu de son rôle dans la facilitation des échanges et le développement des CVM.
In fine, le rapport insiste sur la mise en place d’une stratégie de développement du fret (maritime, aérien, routier) à l’égard des pays de l’Afrique subsaharienne afin de promouvoir les échanges intrarégionaux et favoriser l’édification des chaînes de valeur régionales, qui sont autant de sucess stories dans plusieurs régions du monde et pour le Royaume le potentiel de la ZLECAf ouvre des perspectives prometteuses de coopération, dont il faut tirer profit.
Car oui, le Maroc a réussi, en l’espace de quelques années, à améliorer son positionnement dans les chaînes de valeur mondiales, et ce, du fait qu’il y a une augmentation « modeste » à la fois de l’incorporation de la valeur ajoutée étrangère dans les exportations nationales et de la valeur ajoutée locale dans les exportations des pays tiers, comme indiqué par un Policy Brief de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), qui souligne par ailleurs les disparités notables qui persistent au niveau des différents secteurs productifs.
Montée notable, mais…
Cela dit, le rapport précise qu’en l’espace de 13 ans, le Royaume a gagné 7,6 points dans sa participation aux CVM pour s’établir à 46,7% en 2018, sous l’effet, principalement, de la composante relative à la participation en amont (5,1 points). Un taux qui a décru à 43% en 2019 selon les derniers chiffres de l’OCDE (avec une ambition d’atteindre 60% à l’horizon 2035, selon le NMD). Cependant, sa participation en aval a affiché une amélioration de 2,6 points entre ces deux dates en passant de 12,7% à 15,3% entre 2005 et 2018.
Un résultat qui dénote, selon la même source, d’une dépendance des entreprises nationales à l’égard des intrants étrangers, supérieure à celle des entreprises exportatrices étrangères à l’égard des produits intermédiaires marocains. Le taux de participation du Maroc aux CVM en 2018 est similaire à celui des pays tels que le Mexique, la Roumanie, la Russie ou le Chili, et est supérieur à d’autres comme la Turquie, le Brésil et l’Inde.
En revanche, des pays comme la Hongrie et la Slovaquie présentent des taux de participation plus importants que le Maroc compte tenu de leur insertion croissante dans les chaînes de valeur, notamment européennes, note Mrani Alaoui, rédactrice du rapport de la DEPF, qui explique que le taux de participation aux CVM varie selon les pays et dépend de leurs structures économiques et d’autres caractéristiques.
Cette dernière précise, en outre, que sur le plan des dépendances sectorielles, le tissu productif marocain affiche une plus grande dépendance à l’offre étrangère qu’à la demande pour plusieurs branches du secteur manufacturier.
Plusieurs secteurs industriels importants, comme le textile-habillement, la chimie, la métallurgie, l’informatique, les équipements électriques, les machines et matériel d’équipement, sont ainsi plus dépendants par l’offre, dans la mesure où ces secteurs utilisent une grande quantité d’intrants importés.
En revanche, la dépendance à la demande étrangère est plus importante pour les produits alimentaires et autres produits minéraux non métalliques. Quant au secteur de l’agriculture et pêche, il se trouve à côté de la bissectrice. Ce qui signifie qu’il présente la même dépendance à l’offre et à la demande étrangère.
Des défis à surmonter
Le Maroc dispose de marges de manoeuvre pour des économies d’échelle substantielles, soit, mais il n’en demeure pas moins qu’il reste confronté au double défi de passer à des segments à plus forte valeur ajoutée et d’impliquer davantage le tissu productif local à ces chaînes, au risque de rester confiné aux segments non porteurs, selon le Policy brief, qui affirme l’impératif de déployer des efforts supplémentaires et de relever des défis pour monter en gamme et accélérer le processus de transformation structurelle. Une mission ardue vu les incertitudes liées à la reprise économique post-Covid, toujours floue suite à l’instabilité épidémiologique au niveau mondial.
Il s’agit dans un premier temps de l’investissement dans le capital intellectuel, qui contribue non seulement à l’amélioration de la productivité, mais également et surtout à la différenciation du produit fini de la chaîne et au renforcement de sa présence sur les réseaux mondiaux (voir repères). Le renforcement de l’intégration au niveau régional pourrait également constituer un tremplin pour une meilleure insertion de notre pays dans les CVM, estime la DEPF.
L’exploitation de la complémentarité des facteurs de production et des ressources au niveau régional renforcerait la compétitivité des industries et les liens avec les économies locales, induisant ainsi des effets d’entraînement catalyseurs de croissance.
L’adaptation du code de travail est également de mise, étant donné que les réglementations strictes en termes d’embauche et de licenciement réduisent les possibilités pour les entreprises marocaines de s’adapter aux variations de leur activité économique et de s’adapter aux différents chocs exogènes.
« Elles contribuent, en outre, à retarder les processus de réallocation de la force de travail et d’adaptation aux besoins du tissu productif », note l’auteure du rapport précité, tout en insistant sur l’amélioration de la qualité des institutions et des administrations qui pourrait être déterminante dans la décision d’investissement.
En effet, le Royaume gagnerait à accélérer la réforme de l’administration à travers la mise en oeuvre des dispositions des mesures législatives et l’accélération de la miseen place de la Charte de Déconcentration Administrative en tant que jalon pour accompagner la dynamique territoriale et le soutien à la transformation digitale des institutions. Ceci devrait être accompagné par l’amélioration de la qualité de la logistique compte tenu de son rôle dans la facilitation des échanges et le développement des CVM.
In fine, le rapport insiste sur la mise en place d’une stratégie de développement du fret (maritime, aérien, routier) à l’égard des pays de l’Afrique subsaharienne afin de promouvoir les échanges intrarégionaux et favoriser l’édification des chaînes de valeur régionales, qui sont autant de sucess stories dans plusieurs régions du monde et pour le Royaume le potentiel de la ZLECAf ouvre des perspectives prometteuses de coopération, dont il faut tirer profit.
Saâd JAFRI