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International

Chine : La rue ne décolère pas encore


Rédigé par L'Opinion Mercredi 30 Novembre 2022

Des heurts ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi entre manifestants et policiers à Canton, dans le sud de la Chine, après plusieurs jours de soulèvements dans le pays contre les restrictions sanitaires.



Les images montrent des policiers vêtus de combinaisons intégrales blanches et équipés de boucliers anti-émeutes transparents, avançant en rangs serrés dans une rue du district de Haizhu, alors que des objets en verre sont projetés tout autour d'eux.

Sur les vidéos, géolocalisées par l'AFP, des cris sont entendus tandis que des barricades oranges et bleues sont renversées par terre.

Des personnes sont aussi aperçues en train de lancer des objets sur la police puis, sur un autre extrait, une douzaine d'individus, les mains liées, semblent être arrêtés par les forces de l'ordre.

Un habitant de Canton, qui a seulement donné son nom de famille - Chen -, a raconté à l'AFP avoir vu une centaine d'agents de police converger vers le village de Houjiao, qui fait partie du district de Haizhu, et arrêter au moins trois hommes mardi soir.

L'important système de sécurité chinois a vite réagi pour mettre fin aux manifestations historiques survenues ce week-end dans plusieurs villes du pays.

Confinements à répétition et PCR au quotidien
 
La colère avait éclaté après près de trois ans de restrictions anti-Covid, qui impliquent en Chine des confinements à répétition et des tests PCR quasi-quotidiens de la population.

L'élément déclencheur de cette mobilisation, d'une ampleur inédite depuis les manifestations pro-démocratie de 1989, a été l'incendie d'un immeuble d'habitation à Urumqi, capitale de la région du Xinjiang (nord-ouest), qui a fait 10 morts.

Des internautes ont accusé les restrictions sanitaires dans la ville d'avoir empêché l'arrivée rapide des secours, un argument balayé par les autorités.

Le district de Haizhu à Canton, où vivent plus d'1,8 million de personnes, est l'épicentre d'un nouveau foyer de cas de Covid-19 et est en confinement depuis fin octobre.

Plus tôt en novembre, des manifestants dans ce quartier avaient déjà exprimé leur colère, renversant les barrières de confinement et défilant dans les rues.

Les vidéos de cette manifestation, partagées sur les réseaux sociaux le 14 novembre et vérifiées par l'AFP, avaient montré des centaines de personnes dans les rues de Haizhu, certains arrachant les rubans en plastique entourant les logements des personnes placées en quarantaine.

Selon des vidéos publiées mardi soir sur le réseau social Weibo, sorte de Twitter chinois, de longues files de voitures étaient visibles alors que les habitants se pressaient de quitter le district voisin, Tianhe.
 
« L'épidémie progresse dans le district de Tianhe »

Mardi, Zhang Yi, une porte-parole de la Commission de santé de Canton, a déclaré que "l'épidémie dans le district de Tianhe progresse rapidement et le risque de transmission dans la population continue d'augmenter".

Un étudiant ayant reçu l'ordre de partir de son dortoir universitaire a livré son témoignage sur Weibo: "Je pensais que ce serait le meilleur moment de ma vie... Mais maintenant je reçois un avis urgent à 01H00 du matin, je tremble et je pleure dans le couloir à 02H00, je vois mes camarades s'enfuir avec leurs valises à 03H00. A 04H00, je m'assis tout seul sur ma valise, en larmes, en attendant que mes parents viennent".

"A 05H00, j'entre finalement dans la voiture et j'échappe à cet endroit qui dévore les hommes. J'avais l'habitude de dire que cette terre est accueillante, maintenant c'est comme l'enfer", a-t-il ajouté s'exprimant sous le pseudonyme Ludao Lizi.


 


Le président du Conseil européen à Pékin en pleines turbulences
 
Le président du Conseil européen Charles Michel part mardi soir pour Pékin où il rencontrera jeudi le président chinois Xi Jinping, confronté à des manifestations d'ampleur historique contre les restrictions sanitaires et pour plus de libertés.
 
"Charles Michel a été invité par le président Xi. Quand on est invité par le président chinois, est-ce qu'on dit non ?", a souligné un responsable européen en réponse aux critiques sur un déplacement jugé "inopportun".
 
La politique chinoise de "zéro Covid", avec ses confinements draconiens, a été ces derniers jours la cible de vastes manifestations dans plusieurs villes de Chine, le mouvement de contestation le plus étendu depuis les mobilisations en faveur de la démocratie durement réprimées en 1989, amenant le principal organe de sécurité chinois à demander mardi la "répression" des "forces hostiles".
 
Le président du Conseil européen (l'institution représentant les Etats membres du l'UE) arrivera mercredi dans la capitale chinoise, avant de rencontrer jeudi Xi Jinping, le Premier ministre Li Keqiang et le président du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire (ANP), Wu Bangguo.
 
Sa visite, qui intervient après le voyage à Pékin du chancelier allemand Olaf Scholz début novembre, fait suite au "débat stratégique sur la Chine" qu'ont eu les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE au cours d'un sommet en octobre, a précisé le responsable européen.
 
Charles Michel "a été mandaté par les Vingt-Sept et il a donné suite à une invitation personnelle du président Xi" pendant le dernier sommet du G20, a-t-il souligné.
 
Il va "défendre les intérêts de l'UE" au cours de ses entretiens, "il abordera les questions des droits de l'Homme et des libertés fondamentales" et "entend avoir un dialogue franc" avec Xi Jinping, a-t-il assuré.