Sans attendre le XXe Congrès de l'automne 2022, le PCC rassemble jusqu'à jeudi son Comité central, son "parlement" qui ne s'est pas encore réuni cette année.
Comme à l'accoutumée, ce plénum se déroule à huis clos, loin du regard des médias étrangers. Dans une brève dépêche, l'agence Chine nouvelle a simplement annoncé que le conclave avait démarré lundi matin.
A l'ordre du jour: une résolution sur l'histoire du Parti, qui a fêté en juillet dernier son centième anniversaire. Xi Jinping a "expliqué" le contenu de cette résolution devant le Comité central, selon Chine nouvelle.
"Cette résolution s'inscrit à l'évidence dans la démarche de Xi Jinping visant à prolonger sa présence à la tête du parti après le XXe congrès", observe Alice Ekman, analyste responsable de l'Asie à l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne (EUISS).
D'où la nécessité pour lui d'imposer sa vision du pouvoir: renforcer l'autorité du Parti afin de lui éviter le sort du régime communiste dans la défunte Union soviétique.
Xi Jinping pourrait profiter de cette résolution pour "faire le ménage dans les moments de l'histoire qu'il n'aime pas", notamment les excès des réformes économiques lancées à la fin des années 1970, suppose dans un podcast le sinologue Chris Johnson, du Center for Strategic International Studies, un centre de réflexion de Washington.
Faire à Deng ce que Deng a fait à Mao
Durant son siècle d'existence, le PCC n'a adopté que deux résolutions sur l'histoire: l'une en 1945, quatre ans avant la prise du pouvoir par Mao, et l'autre en 1981, lorsque Deng Xiaoping lança les réformes qui ont fait de la Chine la deuxième puissance économique mondiale.
Deng en avait profité pour tourner la page du maoïsme en critiquant les excès de son prédécesseur, comme l'industrialisation à marche forcée du "Grand bond en avant" et le chaos de la "Révolution culturelle".
Xi Jinping "va-t-il faire à Deng ce que Deng a fait à Mao en critiquant les excès de la politique de réformes et d'ouverture?", s'interroge Chris Johnson.
Cela s'inscrirait dans la logique de la mise au pas du secteur privé ces derniers mois, comme l'économie numérique ou l'immobilier, dont l'un des grands noms, le promoteur Evergande, est au bord de la faillite à la suite d'une nouvelle réglementation gouvernementale sur l'endettement.
"Le poids du PCC dans l'économie s'est renforcé très rapidement ces trois dernières années. Le processus de libéralisation engagé par les dirigeants précédents est fondamentalement remis en cause", observe Alice Ekman, auteur de "Rouge vif, l'idéal communiste chinois".
"Une nuit blanche"
Il ne fait guère de doute que Xi Jinping cherche à accroître encore son influence dans le pays, le premier frappé il y a bientôt deux ans par l'épidémie de coronavirus.
Les médias chinois répètent à l'envi que la politique de "zéro Covid" suivie depuis par les autorités est la bonne, malgré les résurgences épidémiques constatées dans plusieurs régions.
Dans une très longue dépêche diffusée samedi, l'agence Chine nouvelle rapporte que le président a passé "une nuit blanche" en janvier 2020 juste avant d'imposer une quarantaine à Wuhan (centre), la ville à l'épicentre de l'épidémie.
"Le temps a montré que cette approche stricte était la seule option viable", écrit l'agence de presse officielle.
Pour Chine nouvelle, M. Xi est "un homme déterminé et actif, un homme de réflexion et de sentiments profonds, un homme qui a hérité d'une histoire mais n'hésite pas à innover et un homme qui a une vision d'avenir et est décidé à travailler sans répit".
Le ralentissement de la chine, un « défi considérable » pour l'économie allemande
Quand la Chine éternue, l’Allemagne s’enrhume. L’expression n’est pas nouvelle : depuis 2015, l’empire du Milieu est le premier partenaire économique de l’économie allemande.
Les fortes turbulences actuelles observées dans l’économie chinoise – pandémie de Covid-19, régulation des groupes technologiques, crise immobilière, pénurie d’énergie – et le ralentissement de la croissance qui en découle auront des effets importants sur les entreprises allemandes. « Bien sûr, la croissance chinoise ne va pas s’arrêter, mais elle va nettement s’essouffler au prochain trimestre. Cela va être un défi considérable pour l’économie allemande », confirme Jörg Krämer, économiste en chef de la Commerzbank.
Cela, alors que l’Allemagne se bat déjà sur un autre front, celui des défauts d’approvisionnement en produits intermédiaires, comme les composants électroniques, les métaux ou les matières premières, qui freinent considérablement la production.
« La situation actuelle est absurde : malgré des carnets de commandes pleins, la production dans l’industrie se réduit depuis le début de l’année », souligne Timo Wollmershäuser, membre de l’institut de recherche économique de Munich Ifo. Selon les estimations de l’Ifo, ces problèmes d’approvisionnement ont causé une perte de valeur ajoutée pour l’industrie équivalente à 40 milliards d’euros.
« Cela correspond à plus de 1% de la production totale de l’Allemagne en un an », poursuit M. Wollmershäuser. Pour Jörg Krämer, le ralentissement chinois et ces problèmes d’approvisionnement pourraient conduire l’économie allemande à une stagnation au quatrième trimestre.
D’après Le Monde