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Culture

Concert : L’efficace Jazzday de Majid Bekkas


Rédigé par A.H. le Dimanche 8 Mai 2022



Du cérébral qui prend aux entrailles.
Du cérébral qui prend aux entrailles.
Le monde célébrait le 30 avril la journée du jazz. Majid Bekkas y prenait part sur la scène de la friche culturelle casablancaise L’Uzine, des planches qu’il foulait pour la première fois. A quelques minutes du coup d’envoi, une faune hétéroclite se tenait calmement devant l’entrée, quelques « vieux » dans le tas.

Une fois dans l’antre de cet espace voué à toutes les expressions de scène, les gens palabraient donnant l’impression de s’apprêter à prêter l’ouïe à des sonates ou autre musique de chambre, l’accoutrement de rigueur en moins.

Au lieu de quoi, t-shirts imprimés, baskets, jeans destroy, tatouages, piercings… Tout ce qui renvoie à une soirée de ramadan ! Quelques barbes aussi. C’est au tour de Bekkas de s’y mêler, montrant de quelle étoffe il s’étoffe.

Du cérébral, de la finesse

Tout de noir vêtu, pantalon et haut beldi, le maâlem apparaît sourire en bandoulière, foi apparente en son quintet. Un timide regard à l’endroit du public (jeune) venu en nombre respectable et c’est vers le luth qu’il courbe l’âme. Un début de set aérien s’ensuit.

Du blues-jazz arabisant suivi d’une belle incursion andalouse où de subtiles solos alternés font communier un parterre prêt à monter en puissance. Ce qui ne tarde pas à se prononcer dès que Bekkas troque l’oud contre la guitare pour un début de voyage africain. Africain et gnaoui ce qui, souvent, se confond. Le périple débouche sur une reprise racée de « Lady » de Fela Kuti : « She go say, I be lady. She go say, I no be woman… »

Dans la salle, on entretient le tempo d’un titre paru en 1972 ! Highlife, jazz, yoruba, effluves funk…, de l’Afrobeat que le Nigérian invente et nomme au lendemain de la disparition de son groupe Koola Lobitos. Le public casablancais de ce Jazzday y adhère avec mesure à quelques minutes d’une bifurcation gnaouie où la fusion instrumentale est notoirement connue des fans de Majid Bekkas.

Le chanteur-auteur-compositeur, flanqué de son hajhouj, s’y attaque crescendo, convoquant des airs connus et d’autres qui s’installent pour surprendre l’assistance, la maintenir en haleine. Du cérébral qui prend aux entrailles, une finesse du jeu qui caresse l’esprit. Un concert où le tintamarre perd sa langue, un concert où l’harmonie est partage.
 

A.H.



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