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Covid-19 : Impacts socio-économiques et pistes de sortie de crise

Partie III : Réflexion sur les pistes de sortie de crise


Rédigé par Rahhal Mekkaoui le Jeudi 11 Juin 2020

La crise sanitaire de 2020 a porté un coup très dur à la situation économique et sociale du Maroc et aura des conséquences qui se feront ressentir sur plusieurs années. Sa gestion a été mitigée avec des points forts et des ratés. Elle a aussi révélé quelques lueurs d’espoir et des opportunités que le Maroc se doit de saisir. Ceci passe par un plan de déconfinement clair et des réflexions intégrées pour apporter les solutions adéquates à court, moyen et long termes.



Rahhal Mekkaoui, Membre du Comité exécutif du Parti de l’Istiqlal et Conseiller à la 2ème Chambre parlementaire
Rahhal Mekkaoui, Membre du Comité exécutif du Parti de l’Istiqlal et Conseiller à la 2ème Chambre parlementaire
Aujourd’hui, plus de trois mois après l’apparition du premier cas de Covid-19 au Maroc et deux mois et demi après l’instauration de l’état d’urgence sanitaire et le confinement total de la population, il est nécessaire de se projeter dans l’avenir, dans un cadre concerté avec l’implication et la participation de toutes les forces vives du pays pour décider de ce que sera le Maroc d’après. 

La question économique oblige à prendre des mesures urgentes pour le court terme et à mette en place un plan de relance à moyen et long termes qui tiendront compte des conséquences différenciées sur tous les secteurs d’activités.

On se retrouvera après le début de déconfinement en face de deux catégories de secteurs : 

• Les secteurs à forte composante exportatrice (tourisme, transport international, textile, aéronautique, automobile, électronique…). La reprise de ces secteurs dépendra de la rapidité du retour à leurs activités qui elle aussi est dépendante de l’offre internationale et particulièrement la demande issue des pays d’Europe, notamment la France et l’Espagne. Le retour à la normale de ces secteurs prendra entre 6 mois et quelques années et nécessiteront de ce fait un soutien étatique de longue durée. 

• Les secteurs orientés vers la demande intérieur (tourisme intérieur, bâtiment, commerce et service, transport). Pour ces secteurs, le déconfinement les fera gagner en taux d’activité et taux de retour d’emploi mais ils seront fortement impactés par l’érosion du pouvoir d’achat des ménages. Le retour à la normale de ces secteurs peut prendre seulement quelques semaines voire quelques mois et nécessiteront de la part de l’Etat une bonne organisation du déconfinement.

Toute réflexion pour la sortie de crise doit s’intégrer dans une vision globale à long terme et non sectorielle. Il faut surtout éviter des plans qui s’articulent autour de réflexions qui reprendront le modèle d’avant la crise qui a montré son inefficacité quand il s’agit de régler les problèmes de l’économie marocaine et ses conséquences sociales. Cette réflexion doit s’intégrer dans le nouveau modèle de développement en cours de conception.

Cinq axes fondamentaux doivent constituer le socle des politiques publiques de demain :

1 : Un rôle de l’Etat beaucoup plus effectif et garant de l’équité, l’égalité des chances, la transparence et un service public de qualité

2 : L’adoption d’un pacte social (Etat, entreprise, partis politiques, partenaires sociaux) basé sur la responsabilité et la solidarité. 

3: Donner au développement du capital humain la priorité qu’il mérite par une éducation de qualité, une formation le long de la vie, et le soutien à la recherche et développement. 

4 : Une économie résiliente et durable par la protection de l’emploi, la sauvegarde de la souveraineté de la décision économique et le renforcement d’un modèle économique qui tient compte des leçons apprises de la crise et notamment, la nécessité de réduire l’économie informelle créatrice de fragilité sociale, l’appui aux petites et moyennes entreprises, un système de financement de l’économie plus réactif, le développement d’une industrie marocaine intégrée, l’encouragement de la consommation du produit marocain et la protection de l’économie marocaine face aux conséquences des accords de libre échanges déséquilibrés. Le modèle économique doit aussi profiter de la distribution mondiale des investissements en faveur des régions les plus proches des marchés mondiaux. Le nouveau modèle doit aussi faire une place à l’économie numérique et l’économie verte comme nécessité et comme opportunité, et permettre une sécurité alimentaire. 

5. La protection sociale est source de sécurité et de confiance pour les citoyens. La couverture médicale universelle, la sécurité sanitaire, un système de retraite généralisé sont autant de chantiers capables de réduire la pression sur les ménages et aider à l’émergence d’une classe moyenne.

Aujourd’hui, on assiste à des mesures d’allègement du dispositif de confinement par des départements ministériels chacun en ce qui le concerne. La vision d’ensemble n’est pas présente et la communication gouvernementale n’est pas de nature à rassurer la population et les acteurs économiques qui ont besoin d’une visibilité à court, moyen et long termes pour leur permettre de pouvoir prendre les dispositions nécessaires.

 L’apport du secteur bancaire et des différents systèmes de financement de l’économie devra être au centre du dispositif de relance de l’économie nationale. 

Si un déconfinement progressif est obligatoire, il faut lui donner forme en permettant à chaque citoyen et à chaque acteur socioéconomique de visualiser la situation après la fin de la période de confinement. 

Deux questions fondamentales auxquelles le plan de déconfinement doit répondre. La première concerne le soutien aux familles qui ont souffert des conséquences du Covid-19 durant ces trois derniers mois en perdant la totalité ou une partie de leurs revenus. La deuxième concerne les secteurs de l‘économie qui auront besoin d’un soutien pour une reprise d’activité à court terme et une relance à moyen et long termes dans le but de sauvegarder et créer de l’emploi.

Le projet de loi de finances rectificative ainsi que le projet de loi de finances pour l’année 2021 seront à ce titre décisifs pour donner le contour de ce que seront les priorités de la politique publique dans les années à venir. Des mesures transversales doivent être prises mais appliquées différemment en termes d’intensité et de durée selon les secteurs d’activités. L’apport du secteur bancaire et des différents systèmes de financement de l’économie devra être au centre du dispositif de relance de l’économie nationale.

Le Maroc qui a décidé de s’intégrer dans l’économie mondiale et y jouer un rôle important doit aussi agir rapidement pour sauvegarder sa présence dans les marchés internationaux dans tous les secteurs d’activités et notamment ceux des métiers mondiaux du Maroc, au risque de perdre des acquis qui ont été le résultat de plusieurs années d’efforts de la part des acteurs de l’économie nationale.

Fin

Rahhal Mekkaoui



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